La licence Spintires vous est peut-être inconnue, mais sachez que des millions de joueurs PC connaissent ce nom par coeur. En effet, cette simulation des plus originales s’est forgée une sacrée réputation avec les années, et plutôt que de finir aux oubliettes (suite notamment à de gros soucis opposant le créateur du jeu à son ancien éditeur), la structure FOCUS Home Interactive a tout simplement décidé de prendre le bébé en question sous sa houlette. Voici donc Spintires: MudRunner, une espèce de version ++ du titre originel, disponible depuis le 31 octobre dernier sur PC bien sûr, mais aussi pour la toute première fois sur consoles.
Test réalisé sur une version PS4 Pro fournie par l’éditeur
Pour ceux qui se poseraient la question (et elle est toute légitime, rassurez-vous !), si vous êtes un joueur PC qui possède d’ores et déjà dans sa bibliothèque Steam la version originelle du titre de Oovee sortie en 2014, FOCUS et Saber Interactive (la nouvelle équipe de développement, déjà à l’oeuvre sur des titres tels que Quake Champions, NBA Playgrounds, ou encore Halo: The Master Chief Collection) ont pensé à vous. En effet, vous bénéficiez d’emblée de 50% de réduction sur cet opus intitulé MudRunner. Concrètement, le tout ne vous coûtera donc que 14,99€, au lieu des 29,99€ demandés aux nouveaux arrivants. Sur consoles en revanche, pas de surprise : que vous soyez sur PlayStation 4 ou Xbox One, le titre vous demandera la somme de 39,99€, et ce que ce soit en version digitale ou bien physique. Pour terminer cette partie informative pure, notez que le tout ne prendra pas plus d’1,5Go sur votre disque dur, et ce peu importe la plateforme sur laquelle vous officiez.
On dirait que ça te gêne…
Vous le savez sans doute, des simulations, notamment sur PC, il en sort tous les jours et à toutes les sauces ! Ainsi, pour se démarquer parmi ces dizaines de titres plus ou moins bien finis, il faut obligatoirement proposer un concept qui attire le joueur féru de sensations fortes… ou disons plutôt de sensations tout court (vous allez vite comprendre pourquoi). Spintires propose donc un concept simple à comprendre : le but ultime est de livrer du bois sous forme de rondins (courts, moyens, et longs) à différentes scieries. Pour cela, il n’est pas question de phases à pied ou de quelconques cinématiques, non. Tout le jeu se passe en véhicules. Et pas n’importe lesquels puisque vous êtes -apparemment- un chauffeur émérite, capable de conduire tout un panel de poids lourds. Si vous êtes, tout comme l’auteur de ces lignes, un habitué des simulations que sont Euro Truck Simulator 2 et American Truck Simulator, il ne fait aucun doute que vous savez déjà à quel point ces grosses bestioles peuvent être capricieuses. La différence étant qu’ici, on ne roule pas sur autoroute ou toute autre ville au bitume flambant neuf. Oh que non ! Comme son nom l’indique (Mud signifiant Boue en anglais), vous allez passer un sale quart d’heure dans ce jeu de crado, du genre de ceux que l’on ne voit que dans des émissions télévisées telles que Le Convoi de l’Extrême par exemple.
Une fois arrivé sur le menu principal du titre, vous remarquerez très rapidement que le jeu n’est pas avare en contenu. En effet, outre le mode Solo classique (qui représente le coeur du jeu en quelque sorte), nous avons également droit à un mode Défis, ainsi qu’à un mode multijoueur Online. Pas de multi local à l’horizon, mais cela n’aurait de toute façon que peu d’intérêt de jouer à ce titre sur le même écran, vous pouvez nous faire confiance. Nous reviendrons un peu plus tard sur les différents segments du jeu, mais attardons-nous d’abord sur le principal pan de ce Spintires: MudRunner, à savoir son solo. Après un chargement d’une fraction de seconde, vous voilà donc lâché sur une map que l’on qualifiera de « suffisamment-grande-puisqu’elle-va-vous-en-faire-baver-toutes-les-30-secondes ». D’ailleurs, cette zone est ce que l’on appelle un environnement Sandbox (ou Bac à sable, dans la langue de Jean Rochefort). Autrement dit, vous pourrez la parcourir quand vous voulez, et comme vous le voulez. Pour l’anecdote, dans la version originelle du jeu nous ne disposions que de 5 environnements distincts.
Quoi qu’il en soit, si dans Metal Gear Solid 3: Snake Eater nous aurions sans doute pu nous en sortir sur cette map, armé uniquement de notre b*** et de notre couteau, ici il va falloir sévèrement se sortir les doigts pour espérer s’en sortir avec les honneurs. Car si, nous vous le disions, la mission se résume à aller chercher du bois à l’autre bout de la zone pour aller la livrer… à l’exact opposé (évidemment !), le chemin n’aura absolument rien d’une promenade de santé. Les obstacles naturels sont nombreux, et ce n’est pas parce que vous réussissez à traverser une rivière sans sourciller (ou que vous parviendrez à éviter de vous embourber dans une flaque géante) qu’il faudra crier victoire ! En effet, dans ce jeu vous n’êtes pour ainsi dire jamais à l’abri de rien. Panne d’essence, crevaison, dégâts critiques… Sans parler du cycle jour-nuit qui vous fera considérablement perdre en visibilité, même tous feux allumés, et qui vous amènera bien souvent à vous paumer lamentablement en plein bois.
Le concept a de quoi séduire les plus courageux, car c’est en parcourant cette zone hostile que vous débloquerez les autres véhicules notamment. Ces derniers sont les véritables stars du jeu, et ils ne sont clairement pas là pour faire tapisserie. D’aucuns représentent un apport en carburant, d’autres vous aideront à crapahuter sur des endroits qui sembleraient presque inaccessibles de prime abord… Rien n’est laissé au hasard, et sûrement pas le moteur physique. À vrai dire, tout le jeu se repose dessus. Délaissant par la même occasion, il fallait s’en douter, le côté visuel, on ne peut plus daté, ou encore l’aspect technique, terriblement décevant sur consoles. Il est pourtant à préciser que le tout est d’ores et déjà optimisé pour PS4 Pro et Xbox One X… apparemment ! Nous ne comptons pourtant plus les fois où nous avons pesté devant notre écran car le jeu subissait des ralentissements gênants. Pour résumer, disons qu’il atteint parfois les 60 images/seconde, mais qu’il est bien trop fluctuant le reste du temps pour offrir une expérience que l’on aurait aimé optimale. Passer de 60fps à 45, puis à 50 pour enfin revenir à 30, tout ça dans la même minute, avouez que l’on a vu plus stable ces dernières années. Espérons donc un patch car, sur PC, le jeu ne faiblit absolument jamais. Les consoles susnommées étant largement capables de faire tourner ce titre, il faudra voir à soigner l’optimisation de l’ensemble à l’avenir.
…de marcher dans la boue !
Si l’aspect technique laisse grandement à désirer et que les textures du jeu font vraiment peine à voir (sans même parler de cet effet de flou de mouvement absolument hideux placardé en premier plan), force est de constater que les camions, eux, sont superbement réalisés. Leur maniabilité est également à saluer car c’est finalement le plus important dans ce genre de titres. On prend beaucoup de plaisir à manier ces bestiaux sur ces chemins escarpés, et ce ne sont pas leurs sonorités moteur qui nous feront dire le contraire. Les monstres rugissent et tenteront par tous les moyens, si tant est que vous adhériez au concept et que vous ne perdiez pas patience en cours de route, de mener à bien leur mission, écrasant ça et là des petits arbustes et risquant à tout moment la crevaison en frôlant les zones pleines de caillasses. Il est à noter également que des musiques un brin rock n’roll sont présentes en arrière-plan mais que nous avons préféré les désactiver, pour être nettement plus concentré sur notre but une fois in-game. Enfin, les plus persévérants seront sans doute ravis d’apprendre que le jeu peut se faire en mode Simplifé, mais également en mode Simulation. Et alors là autant vous dire que rien ne vous sera pardonné. On vous laisse seul de A à Z, sans indication, la consommation de carburant est bien plus punitive, les dégâts également, il n’est plus possible de faire Avance Rapide lors des phases nocturnes, etc. Bon courage !
Notons avant de conclure ce test que deux points noirs seront à corriger pour le prochain opus, si suite il y a : la gestion de la caméra, ainsi que la vue cockpit. Cette dernière n’était pas présente dans le jeu de base et nous fait donc l’honneur d’être enfin jouable. Le souci étant que le volant est toujours le même peu importe le véhicule, et que le tout est esthétiquement bâclé. On pourrait sans mal croire que l’on à affaire aux voitures non-Premium de Gran Turismo 5 (si, si, rappelez-vous ces vues toutes noires ou presque). On doit d’ailleurs subir un écran noir d’une fraction de seconde chaque fois que l’on passe de la vue extérieure à la vue cockpit (et vice-versa). Terriblement frustrant, d’autant que la version PC, elle, ne subit pas le même désavantage. Quant à la caméra, eh bien… Elle est catastrophique, tout simplement ! Plutôt que d’inclure une vision d’ensemble dite classique, comme dans n’importe quel jeu du genre, les développeurs ont tenu à garder le même système -obsolète et incroyablement vomitif- que sur la version de 2014. Résultat : on passe son temps à pester et à hurler des insultes en allemand à notre téléviseur. Ce qui est fort dommage, vous en conviendrez.
Mais si malgré cela vous êtes tout de même tentés par l’aventure boueuse qu’est ce jeu, sachez que ce dernier comprend pas moins de 19 véhicules, dont 13 nouveaux. Il inclut également un mode Défis, comme précisé plus haut, comportant 9 challenges plus ou moins corsés à relever, vous octroyant une notation à la fin de chaque mission. Mais plus que tout, ce Spintires: MudRunner est sans aucun problème jouable jusqu’à 4 en coopération en ligne. Autant dire que le concept prend ici tout son sens et gagne nettement en saveur, chacun pouvant se répartir les tâches de manière équitable. Enfin, le titre de Saber Interactive et FOCUS Home Interactive comporte 59 trophées, dont un Platine. Avis aux amateurs, d’autant que ces derniers sont loin d’être faciles à débloquer.
Verdict : 6/10
Il n’est jamais évident de donner une note à un jeu qui existait déjà il y a 3 ans, mais sous une autre forme. En effet, si les joueurs PC de la première heure pourront trouver les nouveautés un brin minimalistes, il ne fait aucun doute qu’ils obtiendront malgré tout, en sautant le pas, une refonte plus que correcte du Spintires originel, et ce pour une quinzaine d’euros à peine. Les nouveaux venus auront affaire en revanche à un jeu somme toute original, bénéficiant d’un moteur physique de qualité et d’un contenu que l’on qualifiera de raisonnable. Il est toutefois bon de rappeler que si les joueurs PC bénéficieront des mods, d’un framerate infaillible, et d’un tarif maximum de 30€, les joueurs console, eux, devront payer 40€, se passer des créations de la communauté et composer avec un aspect technique légèrement balbutiant. Au moins, en ce qui concerne la caméra tout le monde sera (hélas) logé à la même enseigne. À essayer avant d’acheter, dans la mesure du possible.
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