Avec deux nouveaux jeux dans la même année, le hérisson bleu est plus que jamais prêt à nous faire oublier la controverse Sonic Boom, titre qui se révèle être finalement bien plus taillé pour le cartoon. En 2017, les fans de la mascotte de SEGA ont ainsi déjà pu savourer l’excellent Sonic Mania, une réinvention des vieilles aventures 2D, construite par des passionnés. Mais pour ce qui est de la 3D, focus principal des derniers titres, Sonic Forces est désormais disponible sur PS4, Xbox One, PC et même Nintendo Switch. Un opus qui serait façonné par les équipes déjà à l’œuvre derrière Sonic Generations et Sonic Colors, tous deux bien accueillis à l’époque par les critiques. Sonic Forces court-il ainsi sur la même (bonne) voie ? Nous vous livrons nos impressions en détails et à toute vitesse.
Test réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur et sur Switch à partir d’une version commerciale
Rester sur sa faim
Dans toute l’histoire des jeux vidéo du hérisson bleu, rares sont les fois où Eggman (ou Robotnik pour les anciens) s’est vanté d’être en position de force face à Sonic. À l’instar de Bowser et Mario, pour ne citer qu’eux, la mascotte de SEGA a toujours su garder la tête haute et vaincre sans relâche le scientifique maléfique. Mais voilà, après un nombre incalculable de défaites, il fallait bien à un moment où un autre que le moustachu réussisse son coup. S’il n’était déjà pas loin du but dans Sonic Unleashed, en enclenchant la malédiction du loup-garou et en divisant la planète, le vice va beaucoup plus loin dans Sonic Forces où il contrôle une bonne fois pour toute le monde. Vous avez bien lu, Sonic s’est fait battre par Eggman et sa création – un certain « Infinite ».
En seulement deux mois, le hérisson se fait emprisonner et torturé dans l’espace pendant que son ennemi de toujours part à la conquête de 99% du monde. Une résistance est alors formée par Knuckles, Tails, Amy et l’ensemble de leurs amis afin d’essayer de survivre. Ceci incluant également le petit Classic Sonic, déjà aperçu dans Generations. Dans un conflit difficile à gérer et en sous-effectif face à la horde de robots produits en chaîne, la bande de héros va faire appel à une nouvelle recrue de taille : vous-même. En effet, pour la première fois, Sonic Forces implique directement le joueur avec la création d’un personnage de toutes pièces. Le principe est simple : il faut sélectionner une race – octroyant différents avantages – ainsi que son apparence et ses vêtements. Une feature que les fans de la franchise apprécieront particulièrement.
Sur le papier, l’histoire de cet opus se veut particulièrement intéressante dans la mesure où le concept est presque inédit, voire étonnant de n’apparaître qu’après tout ce temps. Il est toujours intriguant de voir comment se déroulerait la suite des événements si un personnage iconique perdait son éternelle bataille. Mais n’y allons pas par quatre chemins, Forces a beaucoup d’idées qu’il n’arrive malheureusement pas à développer jusqu’au bout. Avec un scénario pourtant digne d’un Sonic Adventure, l’opus se contente de quelques cinématiques, plutôt adaptées pour un film complet, et plusieurs dialogues « radio » sur l’interface principale. Des éléments pourtant importants, comme la métamorphose du monde par Eggman, le processus de création de l’entité Infinite (assez anecdotique) ou le sort de certains vieux méchants comme Chaos, restent au final un mystère tout au long du jeu. Le titre donne ainsi l’impression d’être inachevé d’un point de vue scénaristique, malgré son fort potentiel depuis son annonce et même si cet aspect n’a jamais été l’élément-clé de la série.
Pour tous les goûts ?
Les Sonic marquent avant tout les esprits pour leur jouabilité, souvent synonyme d’adrénaline. Dans Forces, ce n’est pas un, mais trois différents types de gameplay qui nous sont présentés. Sûrement un moyen pour la Sonic Team de satisfaire davantage de joueurs.
Modern Sonic se rapproche le plus des derniers épisodes de la franchise. Le hérisson aborde ici un mix de différentes aptitudes, que les inconditionnels reconnaîtront immédiatement : le boost (via les Wisp), le piétinement, la glissade, les pas latéraux de Unleashed, Colors et Generations, ainsi que le double saut de Lost World.
Pour autant, malgré la présence de ces mouvements connus, la jouabilité a été retravaillée par les équipes. Un constat qui s’observe dès les premières minutes de jeu, avec un Sonic plus « lourd » et difficile à faire changer de direction. C’est à vrai dire bizarre : Generations améliorait l’imprécision des contrôles d’Unleashed, alors qu’ici nous avons l’impression de revenir en arrière… Cela s’explique en fait par un level-design plutôt centré sur la vitesse, avec la volonté d’aller toujours plus en avant. Attention, nous ne parlons pas de linéarité, grand défaut maintes fois mentionné lors des critiques envers Sonic. Car oui, certaines étapes peuvent sembler être simplement du « boost pour gagner » mais des chemins alternatifs existent bel et bien. Nous remarquerons surtout que les développeurs ont sans doute voulu faciliter le speedrun, moins technique et plus accessible qu’avant.
En résumé, le gameplay du Modern Sonic n’a pas été modifié pour le meilleur. Et s’il devrait toujours autant perturber les joueurs occasionnels de la licence, les connaisseurs s’amuseront certainement en priorité avec ce personnage. Nerveux, les niveaux du Modern Sonic restent très divertissants à jouer et à étudier afin d’obtenir le meilleur temps (et de l’afficher fièrement dans le classement mondial).
Classic Sonic – héros mythique du passé – est celui d’une autre dimension que nous avions déjà aperçu dans Generations. Il pourrait même être celui de Mania, la théorie sur la fin de celui-ci étant crédible mais à ce jour non confirmée. Pour le coup, nous avons moins de choses à dire à son sujet, car sa jouabilité est proche des apports de Generations. Pas de changements majeurs ou d’originalités donc, ce qui nous amène à nous questionner sur le véritable intérêt de sa présence dans l’histoire, si ce n’est de satisfaire les amateurs du style 2D old-school. Bien qu’amusant à contrôler, le Classic Sonic est selon nous trop éloigné de son contexte initial et devrait à la limite bénéficier de son propre opus (graphiquement en 3D) afin de lui faire honneur.
Avatar se caractérise en revanche comme l’élément le plus intéressant de Forces, en tant que nouveauté principale du jeu. Pour revenir en détails sur ce que nous disions plus tôt, sa création est – dans un premier temps – à faire avec précaution, la race de ce dernier influençant les aptitudes possédées. Pour notre part, nous avons opté pour l’oiseau afin d’avoir le même double saut que Sonic, très efficace lors des phases de plateformes. Les autres peuvent donner un bonus d’anneaux ou d’attaque par exemple.
Hormis les éléments de customisation, l’avatar se démarque grâce aux Wisp, ces créatures de Colors conférant des pouvoirs spéciaux. Notre personnage peut ainsi au choix – toujours en exemple – avoir un lance-flammes en main, un lasso électrique, un marteau dévastateur ou un créateur de trous noirs. Chaque Wisp permet de parcourir différemment le niveau, et détruire les ennemis avec des techniques d’approches inédites. Forcément plus lents que ses homologues, les niveaux de l’avatar sont un mélange entre phases de plateformes et d’ennemis, entrecoupées de quelques QTE ou transitions avec le grappin.
Nous n’en attendions pas grand-chose et pourtant, les avatars se révèlent être l’une des bonnes surprises grâce à des mécanismes originaux, et ce malgré une jouabilité malheureusement trop imprécise. Il est important de noter que quelques autres niveaux permettent d’ailleurs d’incarner notre personnage directement aux côtés de Sonic (Tag Team) afin d’utiliser les avantages des deux héros : vitesse et attaque.
La force artistique
Sur d’autres aspects, Sonic Forces réussit heureusement à maintenir certaines des qualités de la Sonic Team, à commencer par la direction artistique totalement maîtrisée. Les trois personnages principaux nous permettent de découvrir divers décors, entre une ville assiégée, une forêt ou même l’espace pour des détails sympathiques. Le titre utilise à vrai dire le Hedgehog Engine 2, une amélioration du moteur graphique d’Unleashed, avec de meilleurs effets de lumière, des textures plus fluides et surtout l’indispensable framerate de 60 images par secondes sur PS4/Xbox One. Pour la Switch c’est un autre sujet, avec une résolution plus basse et seulement 30fps (mais la possibilité d’y jouer à n’importe quel endroit, et une bonne optimisation). Forces ne casse pas la rétine, et aurait surement pu être encore plus poussé sans la nécessité d’une sortie sur Switch, mais reste joli ainsi qu’en accord avec les épisodes de la franchise. Nous sommes aussi curieux de voir le résultat final en Ultra sur PC, que nous n’avons pas encore pu tâter.
Avec 30 étapes, l’histoire ne vous prendra pas plus de 5 à 6h au mieux selon vos habitudes de jeu. Les niveaux sont assez courts (rarement au-dessus de deux minutes) et l’ensemble s’enchaîne avec assez d’intensité pour se terminer en une journée ou deux si vous êtes motivés. De même, comme tout jeu Sonic qui se respecte, il faudra compter sur la rejouabilité – notamment sur Switch – avec notamment les chronos pour rallonger la durée de vie. Les adeptes du 100% pourront surtout se rabattre sur les trois chaînes d’objets à collecter pour la majorité de ces étapes, les succès/trophées, les challenges secrets débloqués au fur et à mesure ainsi que les missions (globales et quotidiennes). Sachez que des DLC seront disponibles gratuitement par la suite, à commencer par Shadow avec 3 missions principales.
Impossible de finir sans mentionner la bande-son, surement la plus grande force des Sonic. Plutôt que de se reposer sur l’indémodable Jun Senoue et son groupe Crush 40, SEGA a cette fois-ci fait intervenir différents artistes pour des styles de musique spécifiques par personnage. Modern Sonic se voit ainsi attribuer des morceaux rock’n’roll, Classic Sonic des tournures forcément rétro, et l’avatar de la techno/pop avec vocals, qui n’est pas sans rappeler Sonic R. Pour info, Tomoya Ohtani (Sonic Runners, Sonic Lost World) est ici le compositeur principal, accompagné de plusieurs invités dont… Douglas Robb de Hoobastank pour le thème principal.
Mention spéciale au passage, pour rester dans le domaine sonore, à Roger Craig Smith qui remplit à merveille son doublage, avec des répliques assez amusantes tout au long des niveaux. Il en est d’ailleurs de même pour l’ensemble du casting en VO, même si quelques uns d’entre vous se tourneront peut-être vers la VF, identique depuis le dessin animé Sonic X.
VERDICT : 6/10
Que de choses à dire concernant ce Sonic Forces ! Nous aurions aimé pouvoir blâmer la date de sa sortie, intervenant après la réussite entièrement méritée de Sonic Mania ou l’incroyable Super Mario Odyssey. Mais force est de constater que la dernière création de la Sonic Team ne nous aide pas à l’aimer comme il se doit. S’il sera bien entendu toujours un épisode appréciable et divertissant pour les férus du hérisson, qui n’hésiteront pas à l’acquérir, Sonic Forces n’arrive clairement pas à aller jusqu’au bout de ses idées. Et c’est bien cela que nous lui reprochons avant tout : cet opus aurait pu être le grand retour de l’ère 3D pour la mascotte, avec un scénario catastrophe et la volonté d’impliquer davantage le joueur. Cependant, durant toute l’aventure, un sentiment de quête inachevée se fait sentir avec des contrôles qui n’évoluent pas dans le bon sens et des questions encore en suspens à la fin. Sonic Forces n’est donc pas la révolution qu’il aurait pu être, et doit impérativement rappeler à ses développeurs qu’il ne suffit plus de piocher dans les bons éléments des précédents jeux pour avoir à tous les coups un cocktail gagnant. Sonic Forces n’en reste pas moins une expérience sympathique, avec une bonne direction artistique, une bande-son du tonnerre et des niveaux Modern Sonic nerveux. Reste à voir maintenant quelle sera la prochaine direction de SEGA, après un jeu de fan acclamé contre un opus à plus gros budget moins impressionnant.
FrenchyGKG
8 novembre 2017 at 17 h 33 min« Ouais le gameplay craint, c’est super court et l’histoire pue mais c’est joli au moins, 6/10 ».