Lancé par une sinistre nuit d’Halloween en octobre 2019, Song of Horror nous aura hanté par la douce mélodie de sa mystérieuse boîte à musique tout au long des derniers mois. Mais toutes les bonnes choses ont une fin et en ce mois de mai 2020, Protocol Games nous a ainsi livré le cinquième et dernier épisode de son jeu d’horreur épisodique édité par Raiser Games.
Test réalisé sur PC à partir d’une copie numérique non-maudite fournie par l’éditeur
► Retrouvez dès maintenant notre test des différents épisodes :
Épisodes 1 et 2 | Épisode 3 | Épisode 4
Dans les épisodes précédents…
Vous connaissez désormais la chanson (sans mauvais jeu de mot) : avant d’entrer dans le cœur même du propos de ce test, une petite remise au point s’impose. Néanmoins, si vous estimez que les événements sont encore frais dans votre mémoire et que vous n’avez pas besoin de cette petite piqûre de rappel, vous pouvez dès maintenant passer à la partie suivante deux paragraphes plus loin. Évidemment, inutile de préciser au passage que ce résumé contient quelques spoilers sur les épisodes précédents.
L’histoire de Song of Horror débute alors que Daniel Noyer, employé chez la maison d’édition Wake Publishing, est chargé par son patron d’aller enquêter au domicile d’un de leurs auteurs. En effet, Sebastian P. Husher n’a pas donné de ses nouvelles depuis plusieurs semaines. Une fois sur place, il est confronté à une mystérieuse entité nommée La Présence dont l’existence semble rattachée à une étrange boîte à musique maudite (épisode 1). Afin de faire la lumière sur cette affaire, Daniel décide de retrouver son précédent propriétaire dans l’idée d’obtenir, il l’espère, de précieuses informations. Cela le conduira jusqu’à Ariadne LeGrant-Amsberg, à qui il finit par rendre l’objet. Malheureusement, la malédiction continue de sévir (épisode 2).
Changement de plan pour le héros donc, qui décide de reprendre sa quête initiale et de retrouver la trace d’Husher. Étant le dernier à avoir eu la boîte à musique en sa possession, il sera sans doute le plus à même d’expliquer ces étranges événements. Pour cela, il se rend à l’université où travaille l’auteur dans l’espoir de trouver des indices sur l’endroit où il se trouve (épisode 3). Il met la main sur des informations lui indiquant l’adresse d’un monastère, l’Abbaye de Ste Cécilia, où il décide de se rendre le plus rapidement possible avant qu’une nouvelle catastrophe ne se produise. Cependant, Daniel arrive trop tard. Husher, au même titre que tous les précédents propriétaires de la boîte à musique, exception faite d’Ariadne et lui, est mort (épisode 4).
La mélodie qui tue
Ce dernier événement tragique détermine alors ce qui sera l’étape finale du cauchemar de ce héros malgré lui. Au cours de ce cinquième et dernier épisode intitulé « L’horreur et la chanson », Daniel Noyer décide de remonter aux origines même de l’histoire de la boîte à musique afin d’en comprendre la malédiction. Pour ce faire, il n’a d’autre choix que de se plonger dans le passé d’Ariadne LeGrant-Amsberg, ce qui l’amène à arpenter les couloirs abandonnés de l’hôpital psychiatrique Jeremy Hartwood. Une nouvelle fois, plusieurs personnages jouables sont disponibles : Sophie van Denend, Érica Färber et Lidia Salgari, le dernier étant inédit. À noter que cet épisode est cependant marqué par une spécificité : Daniel ne peut choisir que l’un d’entre eux pour l’accompagner. Autrement dit, vous n’aurez droit qu’à une seule erreur avant de devoir recommencer l’ensemble du chapitre, contre trois auparavant.
Durant les quatre épisodes précédents, Protocol Games a parfois modifié l’approche narrative de son aventure. En effet, alors que les épisodes 1, 2 et 4 privilégiaient l’expérience de jeu à la progression de l’histoire, qui ne se faisait qu’en début et en fin de chapitre, l’épisode 3 multipliait quant à lui les cinématiques pour donner davantage d’ampleur et de consistance au scénario. Un choix que nous avions réellement apprécié et que nous sommes donc ravis de retrouver ici. En effet, tout comme dans « Un sentier sinueux », « L’horreur et la chanson » adopte tout du long une approche segmentée pour sa narration afin de nourrir le suspense et de maintenir l’intérêt du joueur jusqu’à la fin. Cela permet ainsi à Song of Horror de se conclure en beauté avec une intrigue mystérieuse dont on découvre enfin les tenants et les aboutissants… en tout cas en partie.
À défaut d’avoir été le point fort tout au long des épisodes, l’histoire du jeu se termine donc sur une note très positive et ne nous fait en aucun cas regretter d’avoir vécu tous ces événements pour en arriver là. C’est d’autant plus agréable que la fin en elle-même, qui peut facilement avoir tendance à décevoir dans le cadre des productions horrifiques, parvient ici brillamment à nous surprendre autant qu’elle nous déroute. Un bien joli coup qui permet au passage d’assurer un minimum de rejouabilité à l’ensemble du titre, qui s’étend donc sur 15 à 20 heures de durée de vie au total. Pour cause, cela en poussera certainement certains à revivre l’aventure dans son ensemble dans l’idée de repérer de nouveaux détails pouvant apporter un regard différent sur son épilogue.
D’ailleurs, précisons au passage qu’à l’occasion d’une récente mise à jour, le studio a implémenté un nouveau mode de jeu : « E.T.A. Hoffmann ». Celui-ci désactive la mort permanente et vous permet ainsi de reprendre votre route au dernier point de passage sans avoir obligatoirement besoin de changer de personnage. Néanmoins, rappelons que la peur de perdre définitivement l’un des héros fait partie intégrante de l’expérience. De ce fait, nous vous recommandons vivement de réserver ce mode pour d’éventuelles nouvelles runs, et non pour votre première partie.
On ne change pas une formule qui gagne
Pour le reste, comme on pouvait s’y attendre, Song of Horror ne bouleverse en aucun cas les codes de son gameplay dans le cadre de cet épisode final. Tellement pas qu’il est le seul de tous à ne proposer aucune nouvelle sorte de manifestation de la part de La Présence, qui se contente donc de nous attaquer de la même manière que par le passé malgré deux ou trois apparitions scriptées du plus bel effet. Heureusement, le manque de réelles nouveautés et, par conséquent, l’absence totale de tension une nouvelle fois, est compensé par une parfaite maîtrise de la progression au sein des lieux et par la mise en place d’énigmes très réussies dans la majorité des cas. Sans compter que l’approche narrative choisie sert le gameplay à plus d’un titre et donne lieu à des séquences plutôt ingénieuses jouant parfois avec les codes précédemment instaurés.
En revanche, si nous avons souligné la qualité des différentes énigmes, nous devons malheureusement aussi évoquer le fait que l’une d’entre elles est tout simplement impossible à résoudre sans la solution, qui a d’ailleurs été fournie par les développeurs eux-mêmes. Une erreur de conception assez cocasse (bien que frustrante sur le moment) qui devrait heureusement être corrigée via une prochaine mise à jour. Malgré ce problème de taille, cet ultime épisode fait néanmoins fi de tous les problèmes techniques étant survenus lors du précédent. Ainsi, Protocol Games nous offre un chapitre à l’ambiance savoureuse (bien qu’elle aurait pu être un chouilla plus inspirée), aux plans de caméras toujours soigneusement choisis et à l’ambiance sonore des plus agréables. Mais sur ce point, nous n’en attendions pas moins de ce titre qui aura réussi à maîtriser sa copie du début à la fin.
Verdict : 7/10
Après cinq épisodes et sept mois de bons et loyaux services, l’histoire de Daniel Noyer est donc arrivée à son terme. Pensé par Protocol Games comme un véritable hommage aux grands noms de l’horreur à l’ancienne (Resident Evil, Silent Hill, Project Zero, etc.), Song of Horror s’est révélé être une expérience de qualité qui plaira assurément aux amateurs de jeux horrifiques. Et ce en dépit des quelques inégalités présentes entre les différents épisodes, des ambitions qu’il peine parfois à atteindre ou encore surtout, de son incapacité à réellement nous faire peur. Studio à surveiller, donc.
Laisser un commentaire