Si la Suède est un pays réputé pour ses jolies blondes ainsi que pour ses petits pains dorés au four (dont nous tairons la marque), il faut savoir que cette nation nordique abrite également un studio de développement indépendant très connu, à savoir Frictional Games. Pour ceux qui n’auraient pas l’habitude de jouer sur PC ou encore sur Mac, sachez que cette structure est à l’origine de la saga Penumbra (à travers 3 jeux sortis entre 2007 et 2008), mais aussi et surtout de la licence Amnesia.
Si le premier opus (The Dark Descent, en 2010) avait su effrayer bon nombre de joueurs à travers le monde, il faut bien avouer que sa suite (A Machine for Pigs, en 2013) avait au contraire reçu un accueil somme toute glacial de la part des critiques mais aussi du public. En effet, le développement de ce dernier avait été laissé à l’époque à The Chinese Room (en charge de l’excellent Everybody’s Gone to the Rapture), plus friands de jeux contemplatifs que de véritables survival-horror.
Ainsi, lorsque Frictional Games a annoncé revenir sur le devant de la scène via une toute nouvelle IP horrifique, c’est toute une communauté d’aficionados qui à commencer à s’intéresser au jeu en question. SOMA, puisque c’est son nom, marque donc à la fois le retour du studio après 5 ans d’absence, mais aussi et surtout son arrivée dans le monde tant convoité du gaming console. C’est donc Sony et sa PlayStation 4 qui ont été choisis pour accueillir SOMA dans le salon des joueurs consoles. Pour l’anecdote, sachez que le jeu est disponible depuis le 22 septembre de cette année sur les deux supports, les joueurs PC n’ont donc pas bénéficié cette fois-ci (comme c’est trop souvent le cas) d’une quelconque exclusivité temporaire. Enfin, il est à noter que le tarif conseillé, que ce soit sur PC ou sur PS4, est d’environ 25 €. Un prix que l’on pourra rapidement trouver abusif après quelques heures de jeu. En effet, si SOMA est loin d’être à jeter, force est de constater que rarement un jeu indépendant aura vu le jour à un tel tarif à son lancement. De plus, si les développeurs ont réellement mis 5 ans à peaufiner leur bébé, on aura beaucoup de mal à cerner comment l’aspect technique de ce dernier peut être raté à ce point. Comprenons-nous bien, l’ambiance du titre ainsi que sa direction artistique plairont sans doute à bon nombre de joueurs. Mais il est évident que des textures aussi grossières, des chargements aussi longs, et des baisses de framerate aussi importantes auront toutes les peines du monde à nous rassurer sur les qualités du jeu en question.
Pourtant, soyons honnêtes, SOMA est une expérience à vivre. Au moins une fois, serions-nous tentés de vous dire. Ne serait-ce que pour son scénario un brin loufoque, parfois complètement incohérent, mais toujours très intéressant. On sent parfaitement que Frictional Games est un studio peuplé de fans de science-fiction, et l’on ne sera pas choqués, de fait, d’évoluer dans un univers où le transhumanisme est la priorité. En effet, SOMA est un survival-horror (notion toute relative ici, mais nous y reviendrons) en vue FPS dans lequel, tout comme dans un Outlast, nous ne sommes pas armés. Tout commence au Canada lorsque le personnage que l’on incarne (Simon) est convoqué par un savant un brin effrayant, histoire de tester une toute nouvelle technique scientifique visant à « soigner » les gens malades du cerveau. Une fois assis sur le siège qui nous fait face, l’expérience tourne mal et l’on se retrouve projeté dans ce qui nous semble être de prime abord une dimension parallèle. Même endroit, même siège, pourtant tout est en ruines, on ne voit pas à 3 mètres tant l’obscurité se fait pesante, tout est futuriste, des bruits étranges vont et viennent dans les couloirs alentours… En bref, nous ne sommes plus chez nous, et ça, mon capitaine, ça sent mauvais, très mauvais ! A mi-chemin entre Half-Life et Bioshock, cette introduction a au moins le mérite de nous donner envie d’avancer dans l’aventure. Bioshock, dites-vous ? Oui car sachez que SOMA se passe, tout comme les événements de Rapture, dans un univers sous-marin. D’abord dans des bâtiments, puis sous l’eau directement, l’ambiance pourra se montrer quelque peu étouffante pour qui ne supporte pas de déambuler dans les fonds marins.
Et puisque l’on en est à parler d’oppression, il est maintenant temps d’évoquer le côté horrifique de SOMA, voulez-vous ? Car depuis l’annonce de son développement, puis de son lancement, le titre aura depuis le début été vendu comme tel, à savoir une expérience effrayante à vivre au fond de l’eau… Pour autant, il sera très difficile d’avoir peur dans ce jeu. Nous tenons d’ailleurs à préciser que l’auteur de ces lignes a d’habitude tendance à être effrayé extrêmement facilement, que ce soit par un film d’horreur ou par, justement, un jeu vidéo un peu trop sombre. Outlast, SIREN, Silent Hill, la vie de testeur n’est pas toujours de tout repos lorsque l’on est sujet au sursaut intempestif. Et c’est bien là que le problème se pose concernant SOMA. En effet, si l’ambiance a parfois de quoi nous inquiéter, on comprendra bien vite que le jeu n’a finalement rien dans le slip. Si des robots tueurs feront leur apparition ici et là tout au long de l’aventure (il suffit de les contourner pour ne plus être embêté), on restera en revanche plus que dubitatif face aux « autres » ennemis du jeu (que nous vous laissons le soin de découvrir par vous-même). A aucun moment nous ne nous sommes sentis réellement traqués. Nombreuses ont d’ailleurs été les scènes où des robots occupaient la même pièce que nous. Pourtant, il nous a été extrêmement facile de faire notre petit bonhomme de chemin (ouvrir une vanne, débloquer une porte, pirater un ordinateur…) sans même que l’on se sente observé. Déroutant, vraiment, surtout lorsqu’on nous annonce un jeu à faire frissonner même les moins frileux. Bien évidemment, le fait que SOMA n’utilise pas de jumpscares pour nous faire peur est une excellente nouvelle. Until Dawn avait, lui, par exemple eu beaucoup de mal à comprendre que les blagues les plus courtes sont les meilleures. Trop de sursauts tue le sursaut ! Hélas, le nouveau bébé de Frictional Games loupe le coche en ce qui concerne le trouillomètre et cela reste, selon nous, dommageable.
La bande-son sauve malgré tout le côté dérangeant du titre. En effet, le studio suédois a eu l’excellente idée de ne quasiment incorporer aucune musique à leur jeu. Un très bon point selon nous, car l’ensemble n’en paraît que plus réaliste. Comprenons-nous bien, nous ne crachons pas ici sur les compositions que l’on peut retrouver dans tout un tas de jeux vidéo, qu’ils soient à cataloguer dans la colonne des survival-horror ou non. Mais force est de constater que l’on se sentira forcément plus immergé dans une aventure (à plus forte raison lorsqu’elle se déroule en vue FPS) si cette dernière n’est pas parsemée de morceaux musicaux ici et là. Jusqu’à preuve du contraire, aucune mélodie ne vient interférer dans notre quotidien IRL, vous en conviendrez ? SOMA réussit donc ce pari-là, et c’est avec un plaisir immense que l’on avance dans le jeu tant les petits bruits qui vous entourent semblent presque caresser vos tympans. Les doublages anglais sont également de bonne facture (seuls les sous-titres apparaissent dans la langue de Molière). C’est donc une ambiance sonore extrêmement bien travaillée qui nous est proposée ici. Il n’en fallait d’ailleurs pas moins pour compenser, nous vous le disions, le potentiel plutôt faiblard de l’aspect visuel.
Si les effets de lumière sont la plupart du temps très agréables à l’oeil (les clairs-obscurs ressortent à merveille et la saturation des couleurs n’en est que plus flagrante sur le jaune, le vert ou encore le rouge), force est de constater que l’aspect graphique / technique d’une manière générale laisse franchement à désirer. Certes, on est ici face à un jeu indépendant. Pourtant, après 5 ans de développement et puisque, mine de rien, nous sommes sur PlayStation 4, n’ayons pas peur de dire que SOMA est moche. Les textures sont vraiment très grossières, l’aliasing est visible à 2 kilomètres, sans parler du clipping, du tearing ou encore des ralentissements (presque tous dus aux sauvegardes automatiques d’ailleurs). Alors bien sûr, certains diront que, pour une fois, on a droit à un jeu indépendant qui ne prône pas le pixel-art ou la culture 8-bits, et ils auraient entièrement raison. Mais nous continuons de penser qu’un jeu fait avec peu de moyens (et à plus forte raison sur cette génération) paraître inévitablement vilain. En parallèle à ça, SOMA est tellement sombre (on ne voit parfois pas à plus de 10 centimètres) que ce côté un peu limite visuellement ne se ressentira pas toujours. Mais nul doute qu’il vous sautera aux yeux dès lors que vous vous approcherez de certains éléments du décor, notamment.
Nous vous le disions, le jeu ne propose pas de combats. Ici, tout est fait pour que vous fuyiez les éventuelles menaces vous faisant face. Ainsi, Simon peut sans souci sprinter avec la touche L2 (mais pas à n’importe quel prix puisque le bruit de vos pas attirera les problèmes), ou encore s’accroupir avec la touche Cercle. Vous pourrez parfois vous servir d’objets ramassés ici et là, et il vous sera impossible de vous tromper quant à l’utilisation de ces derniers. En effet, SOMA ne propose aucun inventaire. L’objet en question sortira donc de lui-même de votre poche au moment où le jeu en aura besoin. Pratique, mais presque vexant pour quiconque voudrait trouver dans ce jeu un minimum de challenge. En effet, le jeu est très facile, c’est le moins que l’on puisse dire. Nous n’avons connu, par ailleurs, aucune mort durant notre session de test, et ce du début à la fin. En parallèle à ça, les développeurs ont tenu à nous rendre la tâche un minimum difficile en nous privant de map. Si cette feature n’est pas indispensable en soi, on pourra pester de temps à autre contre un level-design un brin labyrinthique, ne laissant aucune place à l’improvisation. Pour continuer dans cette optique, sachez que SOMA ne vous aidera jamais. Concrètement, si vous avez mal écouté la conversation mise en lumière quelques minutes auparavant, ou si vous n’avez pas noté le code à quatre chiffres aperçus il y a 30 minutes de ça, autant vous dire que vous allez devoir rebrousser chemin jusqu’à trouver le fameux sésame et ainsi continuer votre escapade. La durée de vie du titre n’en sera que plus longue, et même s’il peut s’avérer troublant de devoir tout faire soi-même (un mal pour un bien donc, à une époque où l’on a tendance à être bien trop souvent pris par la main), on appréciera ces quelques moments d’errance (et de stress qui en résultera). Les plus vifs et les plus aventuriers d’entre vous pourront trouver le jeu un peu court, mais sachez qu’il nous a fallu un peu moins de 8 heures pour en faire le tour. A noter que quelques trophées PSN sont à débloquer, mais rien de réellement gratifiant.
VERDICT : 6/10
SOMA est un jeu difficile à noter, voire même à résumer. En effet, si l’aventure se laisse parcourir sans déplaisir, il nous restera à l’issue de tout ça un goût d’inachevé. On aurait aimé y trouver un gameplay plus riche, des décors plus variés ou même tout simplement avoir peur. A la place, le titre nous emmène dans un trip assez vilain sur le transhumanisme, parsemé de problèmes techniques en tout genre, et surtout bien trop facile. Reste une ambiance troublante, une bande-son magistrale, et un scénario que l’on qualifiera d’intéressant. Seul le tarif pourra réellement être vu comme un frein.
ThePapyGeek
6 octobre 2015 at 19 h 46 minEncore une note de complaisance vide de sens si l’on tient compte des attentes des joueurs. Pour faire plus clair ce jeu est en dessous de ce que l’on est en droit d’attendre et bien inférieur au standart actuel en la matiere (until dawn). Une belle deception.