Onze années et quatre épisodes au compteur, la série Sniper: Ghost Warrior a accouché de son cinquième opus il y a tout juste quelques jours. Après être passée par diverses approches, parfois tumultueuses, la série semble avoir trouvé un certain équilibre avec Sniper: Ghost Warrior – Contracts. Un peu moins de deux ans après et voilà que Sniper: Ghost Warrior – Contracts 2 vient toquer à nos portes. Ce sequel prétend reprendre les grandes lignes de son aîné tout en améliorant la formule. Un pari gagné par CI Games ?
Test réalisé sur PS4 grâce à un code numérique envoyé par l’éditeur
Sniper: Ghost Warrior, une série atypique
Sniper: Ghost Warrior n’est décidément pas une série comme les autres et il est intéressant de se pencher sur son historique. Pendant des années, CI Games fut connoté comme un petit studio offrant des expériences « Low Cost » inspirées de d’autres grands noms du jeu vidéo. Code of Honor, Terrorist Takedown, Combat Wings… Il est possible de retrouver l’équivalent chez de nombreux éditeurs concurrents. Sniper: Ghost Warrior ne déroge pas à cette règle. Tout commence avec Sniper: Art of Victory sorti en 2008 et fortement inspiré par Sniper Elite sorti trois ans auparavant. Comme très souvent à cette époque, le jeu se révèle particulièrement médiocre. Cela ne semble pas décourager le studio polonais qui nous proposera une suite indirecte deux ans plus tard : Sniper: Ghost Warrior. Abandonnant la seconde guerre mondiale pour quelque chose de plus actuel, le titre fera de nouveau un four en accusant de nombreuses lacunes.
Décidément, on a les épaules solides chez CI Games et le studio ira copiner chez Square Enix afin de faire financer le prochain épisode de la saga. Avec plus de moyens entre leurs mains, CI Games parvient à proposer du mieux sans réellement faire du bien avec Sniper: Ghost Warrior 2. Zones beaucoup plus restreintes et assistanat à outrance, le jeu nous donne l’impression de vivre pendant 8 heures cette légendaire mission issue de Call of Duty: Modern Warfare, le talent en moins. Ce « mieux » de la série motivera le studio à nous pondre un troisième volet et, cette fois-ci, CI Games voit les choses en grand. Fini les couloirs, on passe à un open-world inspiré de la Géorgie Soviétique, mêlant missions principales, secondaires ainsi que des éléments de RPG avec présence d’un arbre de compétences. Le jeu se veut également plus libre dans ses approches avec la possibilité d’accomplir une même mission de diverses façons. Alléchant sur le papier, Sniper: Ghost Warrior 3 peinera à convaincre sans être catastrophique néanmoins.
Malgré ses hauts et ses bas, il y a bien quelque chose que la saga a taché de toujours améliorer : l’expérience du parfait sniper. Là-dessus, la série a toujours été en constante progression, offrant une immersion et sensations toujours plus proches du réel. Décidé à ne plus trop s’éparpiller et à se concentrer sur les côtés positifs de la licence, CI Games met la série canonique sur le banc de touche et propose son premier spin-off: Sniper: Ghost Warrior – Contracts. Au travers d’un agent nommé Seeker, Contracts nous fait revenir à quelque chose d’un peu plus minimaliste, sans pour autant délaisser certains éléments en provenance de l’épisode précédent. Envoyé en Sibérie, vous devrez mener à bien une vingtaine d’objectifs disséminée sur cinq zones. Sans être la consécration, la formule s’avérera suffisamment convaincante pour satisfaire les critiques et attirer l’œil des joueurs, même des plus sceptiques. CI Games ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin. Un peu moins de deux ans sont passés et voilà que Sniper: Ghost Warrior – Contracts se voit honorer d’une suite.
Votre mission, si vous l’acceptez…
Au revoir Seeker et bonjour Raven, notre nouvel agent pour ce Sniper: Ghost Warrior – Contracts 2. Nous quittons également le froid sibérien pour les zones arides de la frontière entre la Syrie et le Liban. Tout comme pour son aîné, le scénario, bien que présent, s’avère beaucoup plus en retrait et sert plus de prétexte pour justifier la présence de Raven dans la région. La finalité de cette dernière est de faire tomber les têtes derrière le régime tyrannique de Bibi Rashida et sa tentative d’invasion d’un pays limitrophe. Tout comme dans son prédécesseur, tout ceci se tiendra sur cinq zones à nettoyer, pour un total de vingt objectifs à remplir allant de l’assassinat au sabotage d’installations. Certains objectifs additionnels viendront se greffer à la liste lorsque vous vous approchez de ces derniers. Vous l’aurez compris, Sniper: Ghost Warrior – Contracts 2 conserve les bases du premier opus. On y retrouve un arbre de compétences séparé en quatre sections, dans lequel vous pourrez améliorer l’équipement et gadgets de Raven grâces aux Tokens débloqués au fur et à mesure de votre progression. L’argent des contrats, quant à lui, vous permettra d’acheter ou d’améliorer votre arsenal afin de retenter les missions avec des armes toujours plus destructrices et silencieuses par la suite. Car oui, contrairement à la série canonique, les épisodes « Contracts » s’orientent beaucoup plus sur une multitude de challenges à résoudre, ce qui devrait devrait ravir les amateurs de scoring.
Mais finalement, qu’apporte ce Sniper: Ghost Warrior – Contracts 2 comparé à son prédécesseur ? Sa principale, et unique, nouveauté réside dans l’assassinat de cibles à longue distance. Si certains contrats vous y obligent, il sera néanmoins possible de trouver des spots de tirs dans les différentes régions afin de pacifier une zone à bonne distance. Certains contrats vous demanderont d’éliminer une cible à plus d’un kilomètre de distance. Hormis ce maigre mais appréciable ajout, le titre conserve son principe de zones semi-ouvertes où il sera possible de combiner furtivité et méthodes d’approches plus agressives, bien que le titre ne vous y invite pas vraiment. Les différents modes de difficulté proposés permettent de trouver une expérience à son pied, des apprentis snipers aux vétérans acharnés avec une réduction des aides sur le HUD en difficile. Tout comme dans Sniper: Ghost Warrior – Contracts, il y a à boire et à manger dans les zones proposées, certaines beaucoup plus attrayantes que d’autres. La dernière zone fait d’ailleurs pâle figure avec seulement deux objectifs sans réelle imagination et dans un périmètre extrêmement réduit, à croire que l’équipe de développement était arrivée à court d’idées pour boucler son jeu. Ce peu de zones peut paraître léger pour un joueur lambda qui mettra entre 8 et 10 heures pour faire le tour du soft. Mais pour ceux qui veulent faire le 100% pour chaque carte, on atteindra aisément la quinzaine d’heures. Il est conseillé de fouiller une zone à son maximum si vous souhaitez dénicher tous les collectibles ainsi que des peintures de camouflage pour votre sniper.
Achieved with CryEngine
Depuis son acquisition pour Sniper: Ghost Warrior 2, la série n’aura jamais lâché le CryEngine, fameux moteur de Crytek, un porte-étendard depuis plus ou moins délaissé avec l’arrivé de l’Unreal Engine 4. Si le CryEngine ne semble plus avoir autant la cote, il propose encore tout de même de très jolies choses. Des forêts montagneuses aux déserts arides, on peut compter sur une réalisation soignée de la part de CI Games. Mention spéciale pour la région du Mont Kuamar, probablement la carte la plus immersive et variée, proposant un level-design intelligent et propice à diverses approches. La retransmission des conditions d’un tir à longue distance est également très bonne avec la prise en compte de l’effet de Coriolis, des tremblements selon si vous êtes debout, un genou à terre, couché, si votre respiration est retenue ou non, ou encore de l’impact du vent sur la trajectoire de la balle à longue portée. Certes, il ne s’agit pas ici d’une simulation 100% fidèle car Sniper: Ghost Warrior conserve des mécaniques relativement arcades, malgré tout, les sensations s’avèrent assez bonnes pour nous faire passer un bon moment à pratiquer le tir aux pigeons. Évidemment, que serait Sniper: Ghost Warrior sans ses mouvements de caméra stylisés qui suivent la balle jusqu’à faire mouche ? Le jeu s’avère toujours aussi gore avec la possibilité de démembrer un affreux jojo, ou pire, de faire voler sa tête en éclats.
Cependant, si le moteur arrive encore à produire un contenu convaincant, cela ne se fait pas sans accrocs. Décidément, CI Games galère à nous proposer une IA qui tient la route. Tantôt aveugle lorsque vous vous situez à côté d’elle, tantôt capable de vous localiser à 100 mètres, elle s’avère particulièrement frustrante par son inconstance. Le plus irritant réside surtout dans la manière dont l’alerte est donnée. Contrairement à d’autres FPS similaires, si vous ratez votre cible ou qu’elle passe en mode alerte après découverte d’un corps, c’est l’entièreté de la zone qui sera à vos trousses en à peine une poignée de secondes. On pourrait croire que cela proviendrait du mode de difficulté et que cela s’améliore avec un degré plus faible ? Que nenni ! Et comme mentionné plus haut, si cela ne concernait que les ennemis dans un rayon d’une dizaine de mettre autour de la cible en alerte ! Mais non, chez CI Games on n’opère pas comme ça, quitte à donner dans le ridicule.
Si le jeu semble relativement stable sur PC, les choses sont un poil plus compliquées sur PS4 classique. Le titre est miné de ralentissements. Loin de rendre Sniper: Ghost Warrior – Contracts 2 injouable, ils peuvent se montrer agaçants et nous sortir de l’immersion. Les temps de chargement sont également interminables avec l’impossibilité de passer les briefings avant d’entrer dans une région. On comprend mieux pourquoi par la suite, ces briefings faisaient office de cache misère pour masquer une barre de chargement qui se remplie en arrière-plan. Afin de conclure sur une note positive, bien que la présence du doublage VF soit passée à la trappe depuis Sniper: Ghost Warrior – Contracts, la version anglaise s’avère être de bonne facture et convaincante. Les dialogues résidant principalement entre Raven et son supérieur hiérarchique.
Verdict : 6/10
Malgré ses défauts, l’expérience s’est avérée suffisamment satisfaisante pour faire de Sniper: Ghost Warrior – Contracts 2 un jeu convaincant. Sans ces ralentissements sur les consoles de la génération précédente et une IA plus soignée, nul doute que nous aurions ici un tactical shooter de qualité. Sorti seulement deux ans après Sniper: Ghost Warrior – Contracts, le titre aurait peut-être mérité un temps de développement supplémentaire afin de corriger ses quelques errances. On regrettera aussi le peu de nouveauté comparé à son prédécesseur. Probablement que CI Games n’a pas souhaité s’éparpiller de trop, remarquant que la nouvelle direction entamée par Sniper: Ghost Warrior – Contracts semblait porter ses fruits. Si vous disposez d’un PC qui tient la route ou bien encore d’une console de dernière génération, nous saurions que trop vous conseiller de passer par ces supports sur lesquels le titre semble montrer son réel potentiel. D’ailleurs, vous pouvez ajouter 1 à 2 points de plus à la note de ce test si vous jouez sur les machines suggérées.
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