Cinquième opus de la série, Sniper Elite 5 se voit reprendre le flambeau d’un quatrième volet un peu plus novateur sorti en 2017 et celui d’une licence vieille de presque 20 ans. Bien que la recette originale soit restée inchangée, au fil des années, le studio Rebellion a su faire une place à ses titres Sniper Elite dans l’univers très compétitif des jeu de tir tactique à la troisième personne, en particulier grâce à des aspects de gameplay iconiques qui sont devenus leur marque de fabrique. Si le quatrième opus avait su réinventer la roue grâce à ses missions en monde ouvert et à des mécaniques enrichies, en sera-t-il le cas pour Sniper Elite 5 ? La réponse dans notre test.
Test réalisé sur Xbox Series X grâce à une version numérique envoyée par l’éditeur
C’est reparti comme en 40 !
Promettant une expérience de tir tactique inégalée, Sniper Elite nous ramène une fois de plus à l’époque de la Seconde Guerre mondiale. Cette fois-ci, ce sera aux côtés de Karl Fairburne, combattant hors-pair et allemand de naissance qui a fait le choix de mettre ses talents au profit des alliés et de tourner les talons aux forces de l’Axe. L’histoire se déroule sur les côtes normandes et bretonnes dans les jours qui précèdent le célèbre D-DAY, alias le débarquement du 6 juin 1944. Votre mission est simple, affaiblir les défenses le long des côtes de la Manche et de l’Atlantique pour permettre l’arrivée massive des troupes. De connivence avec la résistance française, les alliés vous transmettent des renseignements précieux vous permettant de remonter la piste de ce qui semble être une opération d’envergure nazi : l’opération Kraken.
Cette dernière pourrait bien faire basculer la guerre en faveur des forces d’occupation ennemies. S’en suivra alors une investigation dans laquelle vous devrez découvrir ce que les forces de l’Axe manigancent réellement pour y mettre un terme et tout cela, bien sûr, à l’aide de votre lunette de précision. Très classique, le scénario ne brille pas mais cela n’a jamais été le point fort de la licence. Nous noterons cependant les nombreux efforts de Rebellion sur le sujet. En effet, bien que l’opération Kraken n’ait – en théorie – jamais existé, l’aventure se déroule parfois dans des lieux qui, quant à eux, existent bel et bien comme c’est le cas notamment pour la ville de Saint Nazaire et ses célèbres chantiers navals sur la côte atlantique ou encore, celui de la ville de Beaumont Saint Denis qui est fortement inspirée du célèbre Mont Saint-Michel. Avec des procédés de photogrammétrie, certains décors ont été fortement inspirés, renforçant ainsi l’immersion du joueur et créant des environnements plus vrais que nature.
Comme c’était déjà le cas dans Sniper Elite 4, les missions se déroulent dans des zones ouvertes assez vastes et avec de multiples points d’infiltration et d’extraction, des objectifs annexes et des cibles facultatives à abattre. Le jeu dénombre neuf missions principales mais en réalité, la dernière n’a de mission que de nom puisqu’il s’agit là d’une formalité se terminant en à peine 5 minutes, donc plutôt huit missions. Comptez dix heures en difficulté normale pour venir à bout des missions principales et d’une majorité des objectifs secondaires. Un peu léger pour un jeu au prix conseillé de 59,99€. Fort heureusement, on en redemande et les missions peuvent facilement être relancées. Malgré un scénario assez classique, la variété des objectifs principaux et annexes ne manque pas de surprendre dans le bon sens, ce qui permet de pratiquement faire oublier la redondance des mécaniques (s’infiltrer, tuer, saboter).
Pour renouveler le genre, quelques nouvelles fantaisies ont également vu le jour avec Sniper Elite 5 telles que des tyroliennes, des glissades sur des pentes raides ou encore, la possibilité de se faufiler le long de corniches pour atteindre des lieux stratégiques et y abattre vos cibles. Bien que cela puisse sembler être une bonne idée, à côté de ça, il n’est toujours pas possible pour notre héros de sauter sur place et il faut se contenter d’une animation et d’un script (franchir) pour passer outre un obstacle, lorsque le jeu nous y autorise (ce qui n’est pas toujours le cas…). Bien qu’optionnel, l’accomplissement d’objectifs alternatifs débloque des renseignements sur l’objectif principal, permettant ainsi de parvenir à ses fins par différents moyens. Non seulement cela permet une grande liberté d’action mais cela dote aussi le titre d’une grande rejouabilité. Sans oublier que des éléments à collectionner et des ateliers d’armes sont éparpillés aux quatre coins des cartes : trouver ces derniers tout comme accomplir des objectifs secondaires permet de débloquer des éléments cosmétiques ainsi que des armes et des accessoires pour votre personnage principal.
Chaque mission, exécution ou objectif vous rapportera des points d’expérience qui pourront être dépensés dans trois catégories différentes de compétences, débloquant ici et là des avantages parfois non négligeables en combat. Issue des RPG, nous pourrions croire que cette mécanique apporte un lot de complexité inutile au titre, cependant ce n’est pas le cas. Elle permet au contraire de se donner des buts à atteindre et de ressentir un sentiment de progression constant au fil de l’aventure. Donnant parfois l’envie de relancer une mission pour l’accomplir par un autre moyen grâce à une nouvelle arme ou une nouvelle compétence. La tactique des armes ayant été elle aussi complexifiée, en fonction du mode de difficulté sélectionné, certains paramètres devront être plus ou moins pris en compte : la gravité, le vent et le rythme cardiaque du héros principal.
La difficulté est par ailleurs assez bien maîtrisée, la sélection de tel ou tel niveau de difficulté vous forcera à adopter des stratégies différentes. Plus la difficulté sera élevée, plus votre ATH se videra de toute assistance. Un niveau d’alerte élevé vous assurera des difficultés dans l’accomplissement de vos objectifs. Parfois parce que les ennemis sont trop nombreux ou bien alors parfois pour de mauvaises raisons, mais nous y reviendrons plus tard. Par ailleurs, la dimension multijoueur est on ne peut plus mise en avant dans Sniper Elite 5. Nous y retrouvons les traditionnels modes de matchmaking – que nous n’avons pas pu essayer pour cause d’accès anticipé – le mode survie, le mode coop mais aussi et surtout un petit nouveau : le mode invasion. Véritable nouveauté, ce mode permet d’envahir la campagne d’un autre joueur en tant que sniper de l’Axe avec pour objectif de le traquer et de l’éliminer. De nombreux accessoires cosmétiques ainsi que des armes sont à débloquer grâce à ce mode qui peut être activé/désactivé à tout moment.
Un tireur d’élite mais une arme enrayée
Malheureusement, et tout comme ses prédécesseurs, le titre est teinté de nombreuses incohérences et n’est pas exempt de défauts. Pour un jeu mettant l’accent sur l’infiltration, le gameplay est beaucoup trop rigide et donne parfois l’impression d’être aux commandes d’un poids lourd sans direction assistée ce qui, nous devons l’avouer, n’est pas très pratique lorsqu’il s’agit d’être discret. À l’inverse, un corps mort ou inconscient se déplace comme une poupée de chiffon – un peu lourde mais pas trop – ce qui donne naissance à des chorégraphies désarticulées lorsqu’il faut les dissimuler. En plus de se déplacer comme un bœuf, notre héros est sans aucun doute sourd comme un pot car il parle seul, sans arrêt et à voix haute qui plus est. En passant à côté d’herbes hautes, d’armes ou pire… d’ennemis, Karl Fairburne y va toujours de son petit commentaire.
Ce qui a le don d’être très agaçant lorsque la cohérence et le réalisme sont les fers de lance des jeux mettant l’accent sur l’infiltration. Fort heureusement, cela n’alerte pas les ennemis à proximité qui ne sont guère plus malins. L’IA a tendance à vite oublier le joueur où à se jeter dans la gueule du loup. Par exemple, lorsqu’il nous arrivait d’être acculé, il nous suffisait de monter en haut d’une plateforme et d’attendre en haut de l’échelle les ennemis pour les cueillir les uns après les autres, empilant les cadavres au pied de notre perchoir. L’écriture est elle aussi l’un des points négatifs du titre, les échanges ne volent pas haut et n’apportent pas beaucoup d’informations sur les personnages principaux ni sur les éléments de la mission, les cinématiques sont de fait, inutilement longues et ennuyeuses. Les personnages sont survolés, leur histoire peu voire pas travaillée et caricaturée. Les doublages sont cependant assez réussis dans ces échanges potaches et sont majoritairement cohérents, en particulier lorsqu’un résistant français doit parler en anglais, nous vous laisseront deviner pourquoi.
En plus de ne pas avoir beaucoup d’informations à disposition, les premières missions sont très lassantes. En cause : le manque de compétences débloquées et le manque d’équipement adapté car uniquement déblocable plus tard dans le jeu. Dès le début, nous prenons donc en main un héros, un peu ballot, sans équipement d’infiltration digne de ce nom et qui s’est donné pour simple et humble objectif de faciliter l’opération militaire amphibie la plus ambitieuse et la plus importante jamais réalisée ; rien que ça. Fort heureusement, un peu comme le ferait un bon vin qui se raffine avec l’âge, les mécaniques de Sniper Elite 5 sont bien huilées et le gameplay reste malgré tout grisant.
Assez vite, après avoir réalisé quelques tirs dans la tête avec les fameux ralentis qui sont chers à la licence, on débloque de nouveaux équipements et de nouvelles compétences qui permettent de plus facilement appréhender les missions qui s’offrent à nous. Par ailleurs, les décors des premières missions sont on ne peut plus classiques pour les jeux du genre. À partir de la 3ème et dans les suivantes, Rebellion a su nous surprendre en offrant parfois des panoramas à couper le souffle, des environnements somptueux où chaos ambiant et nature foisonnante tentent de trouver une harmonie avec parfois, de véritables dédales au level design maîtrisé.
Accompagné d’une bande originale frôlant parfois l’excellence pour certaines missions, il est cependant dommage que le jeu soit si peu attrayant graphiquement car il en a pourtant le potentiel. Nous n’avons pas constaté d’amélioration graphique flagrante depuis le dernier opus, daté de 2017. Le fait que le titre soit cross-génération se ressent malheureusement trop fortement et ce dernier n’aurait pu sortir que sur Xbox One et PlayStation 4 que cela se comprendrait.
Verdict : 7/10
Cinq années après le précédent opus, les fans de la licence Sniper Elite et des bullet times sauront se réjouir de ce nouvel opus qui apporte quelques nouveautés au gameplay sans pour autant réinventer la formule. Seule drastique nouveauté : le mode invasion qui permet d’envahir la campagne d’un autre joueur pour tenter de l’éliminer. Très grisante, cette mécanique augmente d’un coup et drastiquement la difficulté car on ne fait plus face à des IA – pas très malignes – mais à un joueur à la gâchette facile. Le plaisir est cependant souvent nuancé, la faute à des mécaniques trop lourdes, un scénario bien trop classique et des incohérences dans le gameplay. Cependant, la recette fonctionne et c’est avec plaisir qu’on se surprend à relancer une partie pour tester de nouvelles formules. Nous aurions également apprécié que Sniper Elite 5 bénéficie de meilleurs graphismes car la différence n’est pas flagrante avec son cadet, y compris sur la dernière génération de console. Fort heureusement, ce faux pas graphique est pratiquement pardonné tant la direction artistique nous a parfois subjugué avec très souvent, un level design et une bande originale maîtrisés.
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