Sumo Digital est un studio de développement britannique créé en 2003. Si ce nom ne vous dit rien de prime abord, sachez que c’est à ces passionnés que nous devons notamment Virtua Tennis 3 (sorti en 2007 sur PC, PSP, PlayStation 3 et Xbox 360) ou encore les deux opus de la licence SEGA & Sonic All-Stars Racing (sortis en 2010 et 2012). Hélas, c’est également à ces programmeurs anglais que nous devons le très moyen LittleBigPlanet 3 (sorti sur PS3 et PS4 en 2014), ainsi que l’exécrable version Xbox 360 de Forza Horizon 2. Vous l’aurez compris, cette structure indépendante est capable du pire comme du meilleur… Il faut dire aussi qu’ils n’étaient habitués jusque-là qu’à travailler sur des licences déjà existantes. 14 ans après la création du studio, voici donc le tout premier « vrai » jeu de Sumo Digital créé ex nihilo, à savoir Snake Pass.
Test réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur
On imagine sans mal la frustration engendrée au sein du studio britannique durant toutes ces années. Celle de ne pas pouvoir laisser libre cours à son imagination/son talent, sous prétexte que l’on travaille avant tout pour les autres, et ce, que ce soit pour Sony, SEGA ou encore Microsoft. C’est donc avec une joie immense que les employés du bureau de Sheffield nous ont annoncé l’arrivée de leur bébé il y a de cela quelques mois. En effet, après une bien longue gestation, Snake Pass pouvait enfin se montrer au grand public. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que leur jeu a grandement évolué depuis son stade de prototype créé il y a de cela quelques années par Seb Liese.
Sssserpentard !
Ce dernier, tout droit venu des Pays-Bas, s’est installé en Angleterre pour travailler sur LittleBigPlanet 3 au sein de Sumo Digital. Heureux hasard, Seb en a profité pour montrer à ses nouveaux collègues le jeu qu’il s’était amusé à réaliser tout seul quelques mois auparavant. Et PAF, ça a fait des Chocapic (ou presque) ! En réalité, le prototype initial a fini lauréat du concours Game Jam, et c’est grâce à cette victoire que Sumo Digital a pu financer le « vrai » développement du titre que nous avons aujourd’hui entre les mains. Nous avons d’ailleurs tenu à vous montrer, via l’image ci-dessous, à quoi ressemblait Snake Pass durant les premiers mois de sa création. Le concept était déjà là, bien évidemment, mais il est clairement difficile d’imaginer la masse gargantuesque de travail que Sumo Digital a dû fournir pour arriver au résultat que nous connaissons aujourd’hui (la partie droite représentant la version PlayStation 4 actuelle). Pour notre part, nous ne vous l’avons jamais caché, nous sommes clairement tombés amoureux du projet dès la fin de l’année 2016. Nous ne savions pas encore grand-chose du soft, mais nous avions été séduits par la direction artistique du titre, son ambiance, mais aussi et surtout par son originalité. Oui car Snake Pass est ce que l’on appelle communément un vent de fraîcheur sur la scène gaming actuelle. Explications.
Snake Pass n’est pas un vulgaire platformer 3D, oh que non ! En effet, plutôt que de nous faire simplement incarner un serpent dans un monde ô combien coloré, les papas de LBP 3 ont tenu à créer ce que l’on appelle un puzzle-platformer. L’intitulé du genre est, nous l’imaginons, suffisamment équivoque. Pour autant, laissez-nous vous décrire Snake Pass plus en profondeur. Dans ce jeu des plus atypiques, vous êtes l’animal à sang froid Noodle. Tout magnifique reptile orange, jaune, et noir que vous êtes, votre mission si vous l’acceptez sera de parcourir les 15 niveaux qui composent le jeu. Ces derniers sont dispatchés sur 4 mondes différents, et trois difficultés : Easy levels, Normal levels, et enfin Hard levels. L’objectif in-game sera de réussir à atteindre le sommet d’Haven Tor, tout en récupérant 3 pierres magiques par niveau ainsi que des « cercles » flottants.
♫ Ssssous l’océan ♫
Au nombre de 20 par level, ces ornements bleutés vous permettront, entre autres, de déverrouiller les portails magiques de chaque niveau, vous octroyant ainsi le droit de continuer votre périple. Le but ultime étant bien évidemment de faire la lumière sur les sombres événements causés tout récemment par le grand méchant du jeu, autrement baptisé « l’abominable intrus ». En sus, notons également sur notre terrain de jeu la présence de divers collectibles, tels que des pièces dorées notamment. L’aspect scoring est extrêmement présent ici, et cela aura au moins le mérite de gonfler encore un peu plus la durée de vie du jeu, d’autant qu’il faudra explorer le moindre recoin des maps parcourues afin de les débusquer. Et c’est justement le moment idéal pour nous de vous parler du coeur du jeu : son moteur physique. Noodle aura effectivement fort à faire dans la mesure où, bien qu’aucun ennemi ne soit à déplorer dans Snake Pass, ce sont les milliers d’obstacles lui barrant la route qu’il faudra apprendre à arpenter. Le jeu de Sumo Digital réussit en effet un véritable tour de force en proposant un gameplay absolument unique, basé sur les mouvements réels d’un serpent. La touche Triangle de votre manette DualShock 4 sera même mise à contribution, dans le cas de figure où, bloqué, vous devrez faire appel à votre ami colibri Doodle. Ce dernier vous soulèvera par la queue afin de vous sortir du pétrin. Sympa comme tout, ce zozio !
Ainsi, si la gâchette droite (R2 sur cette version PS4) vous fera avancer, il vous incombera de penser comme un serpent pour espérer ne serait-ce que dépasser le premier niveau. S’enrouler autour des bambous, forcer sur vos muscles pour tenir en équilibre (grâce à la touche L2), gérer l’inclinaison de votre tête… Snake Pass propose une jouabilité ingénieuse comme on n’en avait jamais vue auparavant. Comprenez-nous bien, au départ, les très sympathiques jeux que sont Octodad: Dadliest Catch ou encore Surgeon Simulator se basent sur le même concept initial. Mais là où ces deux titres complètement barrés misent sur l’humour et la physique improbable au possible, Noodle, lui, se comporte réellement comme un vrai serpent. Il vous suffira d’à peine quelques minutes de jeu manette en mains pour vous en rendre compte. Serpenter dans l’herbe ou encore nager (sur et même sous l’eau) devient un véritable plaisir une fois passée la torture qu’est l’apprentissage des commandes. Oui car, tenez-vous le pour dit : le bébé de Sumo Digital n’est pas du tout pensé pour vous tenir la main. Les échecs seront nombreux, et les moins persévérants d’entre vous abandonneront probablement rapidement (ou joueront absolument n’importe comment, c’est selon).
Ssssplendide !
Oh, vous pensiez que le jeu s’adressait avant tout aux bambins, c’est ça ? Eh bien désolé, messieurs dames, mais vous vous êtes faits avoir ! Non pas que les plus jeunes n’y trouveront pas leur compte, non. Mais disons que le challenge à relever en terme de physique et/ou d’énigmes ne sera pas à la portée de tout le monde (à plus forte raison si vous ne possédez qu’une seule manette et que celle-ci vient malencontreusement s’écraser contre un mur durant votre session…). Profitons-en d’ailleurs pour relayer deux infos, publiées par le studio de développement, à nos amis PCistes. La première étant, vous vous en doutez sûrement, que l’utilisation d’une manette est fortement conseillée, pour ne pas dire obligatoire. Là encore, on imagine sans mal à quel point le jeu pourrait se montrer rageant en le parcourant intégralement au combo clavier/souris (nous vous laissons le soin de vérifier, bien entendu). Enfin, la seconde info, et non des moindres, est tout simplement que Snake Pass n’est hélas jouable que sur les PC équipés de Windows 10. Si vous êtes sous Windows 7 ou 8, il faut bien avouer que cette nouvelle n’est pas des plus réjouissantes. Si en revanche vous choisissez d’y jouer sur console, vous aurez le choix entre la PS4, la Xbox One, et même la Switch. Pour notre part, c’est sur PS4 Pro que nous avons parcouru les contrées d’Haven Tor, et autant vous dire que la claque est réelle !
Alors qu’en 2017 bon nombre de studios indépendants s’entêtent encore à développer leurs jeux via le moteur graphique vieillissant Unity, Sumo Digital a fait le pari de voir les choses en grand. Ainsi, Snake Pass bénéficie du fameux moteur baptisé Unreal Engine 4 sur lequel tournent de très nombreux AAA sortis ces dernières années ou à venir. Parmi eux, Final Fantasy VII Remake, Gears of War 4, Kingdom Hearts III, Street Fighter V, ou encore Tekken 7. Autant dire que nous étions confiants quant à la qualité visuelle de ce fameux Snake Pass avant de le voir tourner de nos propres yeux… Rassurez-vous, c’est finalement encore mieux que ce que nous espérions !
Que ce soit en terme de jeux de lumière, de couleurs (et faites-nous confiance, elles sont vraiment chatoyantes !), ou bien même de textures, notamment sur l’herbe, le jeu est vraiment bluffant graphiquement, et ne connaît aucun souci technique. Mieux, le soft se permet même de tourner à 60 images/seconde sur PlayStation 4 et apparaît vraiment comme l’un des jeux indépendants les plus « propres » qu’il nous ait été donné de voir. D’ailleurs, si le jeu tourne très convenablement sur une PlayStation 4 classique, sachez qu’il a été optimisé dès le mois de décembre dernier (en plein développement donc) pour faire encore mieux sur PS4 Pro. Dans cette optique, et afin de proposer le meilleur rendu possible selon l’équipement de tout un chacun, Sumo Digital a tenu à être clair sur le sujet :
- Si vous êtes pourvu d’un écran dont la résolution maximale est de 1080p, les améliorations liées à votre PS4 Pro seront évidemment moins flagrantes, mais bel et bien visibles malgré tout ;
- Si vous êtes pourvu d’un écran 4K, il est clair que vous risquez fortement de vous croire en pleine jungle, notamment grâce à une netteté et une colorimétrie somptueuses ;
- Enfin, si vous possédez un écran 4K prenant en charge la technologie HDR, les développeurs affirment que vous n’aurez plus du tout l’impression d’être dans un simple jeu vidéo ;
Ssssomptueuses ssssonorités
Et s’il est évident que la version Nintendo Switch, de son côté, ne risque pas de vous décoller la rétine (la faute notamment à des textures plus grossières et un framerate bloqué à 30 images/seconde), il est au moins un aspect de Snake Pass qui mettra tout le monde d’accord, et ce que ce soit sur Switch, sur PS4, sur Xbox One, ou encore sur PC. En effet, vous vous en doutez sûrement, la bande-son du jeu a été tout particulièrement soignée. Les compositions que l’on entend du début à la fin de l’aventure de Noodle et Doodle sont d’une incroyable fraîcheur. Le responsable de cette prouesse ? David Wise ! Et si son nom ne vous dit peut-être rien, sachez que son CV parle pour lui. Ce musicien de renom était en effet déjà à l’oeuvre sur bon nombre de grands classiques, à l’époque où il travaillait chez Rare. Parmi eux : Donkey Kong Country (1, 2, 3 et Tropical Freeze), Diddy Kong Racing, Star Fox Adventures, Donkey Kong 64, ou encore le très attendu Yooka-Laylee (que nous sommes justement en train de tester à la rédaction) aux côtés de Grant Kirkhope et Steve Burke. Concernant Snake Pass donc, on retiendra notamment les thèmes World Map, et Earth Realm. Même si, d’une manière générale c’est toute la bande originale qui nous a fait un bien fou.
Enfin, côté durée de vie, s’il est très difficile de chiffrer un périple à la maniabilité aussi exigeante, nous pouvons en revanche vous assurer que Snake Pass a de quoi vous occuper de longues soirées. Il est d’ailleurs à noter qu’un mode Time Trial (Contre-la-Montre en français) est de la partie, et qu’il mettra sans nul doute votre patience à toute épreuve… pour peu que vous ayez envie de tenter la version chronométrée du jeu, cela va sans dire ! Pour les plus téméraires, toujours, Sumo Digital a fort heureusement pensé à inclure 34 trophées PSN (dont un trophée Platine) à Snake Pass. Bonne nouvelle, donc, d’autant que de très (trop ?) nombreux jeux indépendants « oublient » cet aspect communautaire des plus appréciés. On pense notamment à 2Dark qui, en plus de ne proposer qu’une quinzaine de trophées PSN, n’incluait aucun Platine. Un point noir qui n’enlevait rien aux qualités intrinsèques du jeu, mais qui pouvait s’avérer frustrant pour le joueur/collectionneur. Les développeurs britanniques, eux, ont pensé à tout, et on ne peut pas dire que pour une vingtaine d’euros maximum le joueur ait de quoi se sentir lésé.
Verdict
Et dire qu’à la base, Seb Liese tenait simplement à développer un jeu qui rendrait hommage aux jeux de son enfance et à son serpent apprivoisé… Que de chemin parcouru depuis le prototype initial ! Les employés de chez Sumo Digital réussissent leur pari avec brio, et forcent même le respect. Effectivement, pour leur premier « vrai » jeu original, le studio britannique n’y va pas avec le dos de la cuillère. Visuellement très joli grâce à l’Unreal Engine 4, Snake Pass se paye même le luxe de faire vibrer nos tympans aux sons de monsieur David Wise en personne. Finalement, seul son gameplay ultra-exigeant pourra freiner les ardeurs des reptiles les moins téméraires. Toutefois, le jeu est doté d’un concept original, frais, et basé sur un moteur physique à toute épreuve. En résulte un projet que l’on prend plaisir à parcourir, et ce pour moins de 20€, que ce soit sur PC, sur PS4, sur Xbox One, ou sur Switch. Ssssplendide !!!
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