Lorsque l’on est un petit studio de développement indépendant, il n’est jamais aisé de se démarquer de la masse. Des tonnes de jeux vidéo sortent chaque jour, qu’ils proviennent de grosses boîtes ou de structures au budget serré, c’est donc généralement l’originalité qui prime au moment de sortir son tout premier soft. Un concept que ne semblent pas avoir voulu suivre les suédois de chez Right Nice Games. Leur premier bébé sort ce vendredi sur PC, PlayStation 4 et Xbox One, et il y a de (très) fortes chances pour qu’il vous rappelle quelque chose.
Test réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur
En effet, que vous soyez tombés sur des images du jeu, sur des trailers, ou même tout simplement en analysant son nom, il ne vous aura probablement pas échappé que Skylar & Plux est un hommage aux platformers 3D bien connus que sont Jak & Daxter ou encore Ratchet & Clank. Tout du moins, sur le papier… Non parce que manette en mains, on a tout de même beaucoup plus le sentiment d’être face à un plagiat des premiers Ratchet que face à une lettre d’amour envers la licence. Alors bien sûr, à aucun moment la copie n’arrive à se hisser à la hauteur de l’original, mais il est à noter que certaines « ressemblances » sont des plus troublantes. En effet, dès l’intro du jeu, la féline Skylar s’écrase sur une planète inconnue, faisant par la même occasion la connaissance de son nouvel acolyte… Un peu plus tard, on apprendra la capacité permettant de se balancer dans les airs grâce à un grappin futuriste… Bref, vous l’aurez compris, Ratchet et Clank ne sont jamais très loin.
Deux héros félin pour l’autre
Pour autant, soyez rassurés, le jeu est loin d’être à jeter (bon, ok, peut-être un peu, c’est vrai…). Disons simplement qu’il ne bénéficie d’aucune réelle identité, et donc fatalement d’aucune âme. Un sentiment renforcé par la relative redondance du gameplay, nous faisant sans cesse sauter, taper, sauter, taper, sauter, taper, sauter… et parfois taper ! Certes, les 5 environnements qu’il nous incombera de parcourir sont somme toute plaisants à regarder, mais il est rare de devoir réfléchir, voire même simplement de varier les plaisirs. Nous avons d’ailleurs été choqués par deux aspects du jeu qui nous ont semblé bien trop peu travaillés.
Tout d’abord, le bestiaire. Dans Skylar & Plux, tenez-vous bien, vous ne rencontrerez que 3 types d’ennemis du début à la fin de l’aventure : les espèces de petits chiens robotiques, les tourelles lance-missiles, et les tourelles à mitrailleuse. C’est tout. Vous trouvez ça risible ? Eh bien sachez qu’il y a pire… Effectivement, le deuxième point le plus choquant de ce titre indé suédois provient de Plux, le piaf qui accompagne la chatte Skylar durant tout son périple. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, ce personnage à plumes ne sert strictement à rien ! Il vous suit partout, mais on ne sait absolument pas pourquoi. Évidemment, c’est lui la pipelette de service (car notre héroïne est évidemment muette) et on se doute qu’il a été rajouté au casting pour distiller de l’humour ça et là. Mais il ne rentre en ligne de compte à aucun moment du jeu. Skylar plane grâce à un vrai jet-pack, se bat grâce à un bras bionique… Jamais Plux ne viendra s’immiscer dans ses affaires, il reste là, planant à côté de vous, attendant que les choses se passent… Ce qui fait donc de ce protagoniste l’allié le plus inutile de tous les temps. Bravo messieurs, nous avons même du mal à réaliser !
Signé Cat’s Eyes
Toujours au rayon des points négatifs (vous ne nous croirez pas si l’on vous dit qu’il y a quand même un minimum de positif dans ce jeu, n’est-ce pas ?), il est à noter que Skylar & Plux: Adventure on Clover Island n’est disponible qu’en anglais. Que ce soit concernant les sous-titres, les menus, ou les doublages, aucun mot français n’est à signaler ! Toutefois, il faut bien reconnaître que le jeu se parcourra sans aucun mal, que vous soyez anglophone ou non. Nous sommes ici face à un platformer 3D des plus classiques, et vous ne serez pour ainsi dire jamais bloqués par telle ou telle phrase que vous n’auriez pas comprise. En revanche, force est de constater que les dialogues (tous doublés par des comédiens britanniques) sont très bien écrits, et très bien joués ! Un gros point fort pour quiconque est à l’aise avec la langue de Shakespeare. D’ailleurs, les cut-scenes sont proposées sous forme d’illustrations dessinées à la main, fort sympathiques au demeurant, mais bien trop peu nombreuses (on les voit surtout au tout début du jeu, puis à la toute fin).
Les musiques, quant à elles, sont toutes excellentes et correspondent à merveille à ce que l’on est en droit d’attendre d’un platformer. Le compositeur Kevin Martinez nous propose ici un melting-pot d’ambiances, qu’elles soient enjouées ou plutôt sombres, et c’est à nos yeux (ou plutôt à nos oreilles) LE point fort de ce jeu pourtant extrêmement banal de base. Côté visuel d’ailleurs, Skylar & Plux n’a clairement pas à rougir de jeux développés avec de plus gros budgets. Le titre de Right Nice Games tourne sous Unreal Engine 4, et ce à 60 images/seconde (chose que ne fait pas le dernier Ratchet & Clank par exemple, même sur PS4 Pro). Le jeu ne vous décollera pas la rétine, c’est certain, mais avouons que les couleurs sont chatoyantes, que les paysages sont cohérents (usine, montagne enneigée, désert…), et que les textures ne piquent pas autant les yeux que sur certaines grosses productions. Bref, le moteur graphique fait son boulot et le jeu ne nous a pas déçu sur ce point. Toutefois, il est à noter que le soft subit quelques gros ralentissements dès lors que les ennemis arrivent en nombre face à vous. Le jeu étant encore en version 1.00 (pour un total de 4,44 Go), il est probable qu’un coup de polish soit donné à l’ensemble prochainement.
Les chats, c’est vraiment des branleurs !
Nous avons d’ailleurs noté quelques bugs durant nos sessions de test. Des phrases qui se coupaient, un mixage sonore très mal réglé, des micro-freezes ou encore une musique qui ralentissait violemment après une chute de framerate du jeu… Effet garanti ! Concernant la durée de vie du titre, n’y allons pas par quatre chemins, le titre édité par Grip Digital est un tout petit jeu. Aucun niveau de difficulté n’est proposé lorsqu’on lance une partie, et le titre ne présente pour ainsi dire aucun vrai challenge. Dans cette optique, il nous a fallu à peine 4 heures pour en venir à bout et déverrouiller 80% des trophées PSN qui vont avec. Ces derniers sont d’ailleurs au nombre de 18 (aucun Platine), et ils ne vous demanderont vraiment pas longtemps pour être débloqués. In-game, Skylar apprendra progressivement 3 capacités : l’art de manier le jetpack (permettant de planer et d’atteindre des plates-formes éloignées), celui de manier l’aimant (permettant de faire bouger tout ce qui est métallique), et enfin la feature nous octroyant le droit de ralentir le temps (coucou Ratchet & Clank: A Crack In Time). Le tout se déverrouille extrêmement vite, et si l’on ajoute à ça le fait qu’il n’y ait qu’un seul boss dans tout le jeu, le compte n’est pas vraiment bon. Dommage !
Verdict
N’est pas Ratchet & Clank qui veut ! Voilà tout ce que l’on retiendra de ce Skylar & Plux: Adventure on Clover Island. Pourtant, derrière son manque d’identité, son manque de finition, ainsi que son manque d’ambition, se cache un petit soft vendu 14,99€ qui pourra peut-être convenir aux plus jeunes, et/ou à ceux qui ne souhaitent pas (s’)investir dans une aventure plus longue et plus complexe, mettant en scène un lombax et son robot. De notre côté, le jeu sera vite oublié, mais nous retiendrons tout de même une bande-son des plus réussies, ainsi que des dialogues à se tordre de rire (en anglais, hélas). Nous croisons les doigts pour que les développeurs reviennent dans quelques années avec des projets du même genre, mais cette fois plus aboutis, et moins plagiés sur des licences déjà connues et reconnues.
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