Pour beaucoup 2014 aura été synonyme d’un vaste désert vidéoludique, accumulant les reports et les déceptions. Néanmoins ce mois de Septembre amorce une vague de jeux fortement attendus et qui sauront sans aucun doute relever le niveau de ces derniers mois plutôt moroses. Et dans le tas, se cache le discret Sherlock Holmes : Crimes & Punishments que les fans attendaient avec grande impatience. Saura-t-il s’imposer comme le meilleur épisode pour célébrer l’arriver la série sur consoles next-gen ?
Elementaire mon cher Watson !
Depuis son arrivée sur PC, la série des jeux Sherlock Holmes développée par le studio Frogwares a parcouru un joli bout de chemin. Partants d’un simple Point & Click passable, les développeurs ont su tirer profit de toutes les critiques faîtes depuis pour améliorer les opus suivants. C’est donc tout naturellement que la licence s’est transformée en un jeu d’aventure à la troisième personne depuis le dernier opus en date sur PS3. Crimes & Punishments suit donc la voie tracée par son ainé et se permet même d’améliorer de nombreuses choses, comme le moteur graphique ou encore la durée de vie. Le programme des réjouissances s’annonce donc plutôt bien, et on constatera très vite que le passage à la next-gen est plus que profitable au studio ukrainien. Car oui, n’oublions pas que Sherlock Holmes : Crimes & Punishments est un titre indépendant de A à Z. Ce qui ne l’empêche pas d’être relativement ambitieux, au point de faire de l’ombre à certains titres à la carrure plus imposante.
C’est donc dans la peau du plus célèbre détective au monde que vous aurez à résoudre non pas une enquête, mais six ! Les cas présentés sont d’ailleurs tirés de nouvelles écrites par Sir Conan Doyle, ce qui nous donne déjà une indication concernant la qualité des scénarios qui seront mis en place. Par ailleurs si les développeurs ont souhaité moderniser Sherlock Holmes, c’est surtout dans le but de proposer un ensemble pertinent aux joueurs sans pour autant renier le personnage tel qu’il est dans l’œuvre littéraire. Ne vous attendez donc pas à voir un personnage aussi insipide que l’on a pu le voir dans l’adaptation cinématographique mettant en scène Robert Downey Jr. Cette modernisation du personnage pourra faire grincer les dents des amateurs du détective mais il faut bien comprendre que cela va de pair avec l’une des nouvelles fonctionnalités du jeu qui repose sur la possibilité d’émettre une conclusion erronée et de choisir le sort de notre coupable présumé.
Grâce à cela, le joueur n’est plus spectateur de l’affaire mais en est bel et bien l’acteur principal. Une véritable force pour ce jeu car comme nous l’avons déjà vu plus tôt au cours de l’année avec Murdered : Soul Suspect, il n’est pas donné à tout le monde de faire un jeu d’enquête sans que le joueur ne finisse au second plan. Crimes & Punishments n’échappe néanmoins pas à ce dirigisme propre aux jeux du genre mais peut se féliciter d’être assez prenant pour donner envie au joueur d’avancer et d’en savoir toujours plus. Il sera en effet difficile de passer à côté d’un indice et impossible de rater une phase d’interrogatoire, sauf si l’on omet de revenir vers un PNJ après avoir appris quelques informations cruciales pour le déroulement de l’enquête. Cela dit, on en vient à se demander si il serait possible de créer un jeu dans lequel l’investigation pourrait être freinée dans le cas ou le joueur ne trouverait pas les indices ou ne réaliserait pas un dialogue comme il le faudrait. Dans le cas présent la difficulté générale en pâtit, mais le véritable challenge du jeu est ailleurs en réalité.
Investigator Simulator
En bon détective qu’il est, Sherlock Holmes mettra ses talents à contribution afin que la vérité éclate au grand jour. Ces talents ne seront utilisables qu’à certains moments, et cela sera d’ailleurs indiqué à l’écran par l’icône de la capacité en question. On aurait aimé pouvoir déterminer de nous même à quel moment il est judicieux d’employer le 6ème sens ou encore l’imagination/la reconstruction car cela aurait forcé le joueur à réfléchir encore plus. Néanmoins ces talents ne sont pas tant là pour tenter d’étayer le gameplay mais surtout pour souligner le côté très observateur du détective. Grâce à ces derniers, il pourra ainsi remarquer une trace dans le sol ou un objet dissimulé sous des débris, reconstruire une scène à partir d’un objet ou d’un témoignage… Quoi que l’on en dise, utiliser ces aptitudes est vraiment grisant, donnant une véritable impression de grandeur quant au personnage que l’on incarne.
Les interrogatoires seront eux aussi très linéaires. Quelques scènes QTE surviendront lorsque des personnages tenteront d’enfumer Mr Holmes, lors desquelles il suffira d’appuyer sur Carré sans avoir à trop se presser pour prouver à l’interlocuteur que l’on ne dupe pas le plus grand détective du monde aussi facilement. Ces derniers pourront sembler rébarbatifs par moments, mais il faudra faire preuve d’attention car certains détails pourraient être essentiels pour la suite des événements. Fort heureusement, tous les dialogues de l’affaire en cours seront répertoriés dans le carnet, consultable à tout moment, et ce, même lors des chargements lorsque vous voyagerez d’un point à un autre de la carte. N’oublions pas l’analyse de personnage qui vous donnera l’occasion d’en apprendre plus sur ceux que vous aurez en face de vous et sur ce qu’ils pourraient tenter de vous cacher. Une bonne idée mais puisque l’on sait combien de détails sont à découvrir lorsque l’on lance l’analyse, elle reste un peu mal exploitée.
Mais oui c’est clair !
Si l’on met de côté les points abordés, il faut reconnaître que le jeu est agréable à jouer. Le gameplay est forcément très épuré, investigation oblige, mais reste très intuitif. L’un des points forts du jeu réside dans le fait que l’on ne se trouve jamais perdu face à un objectif que l’on aurait mal compris. À tout moment, Holmes peut dégainer son carnet et avoir accès à moultes informations concernant l’affaire qui se déroule. Des mini-jeux viendront même faire leur apparition, et ce, de façon tout à fait pertinente, sans jamais prendre le risque de rompre le rythme. Toujours assez courts et relativement faciles, ils arrivent toujours à point nommé afin de renouveler l’expérience de jeu et donnent véritablement l’impression de jouer le personnage puisqu’il faudra crocheter des portes ou procéder à quelques expériences dans le but de lever le voile sur certains mystères. Si la possibilité de passer ces mini-jeux est à noter, on ne saura que trop vous déconseiller d’utiliser cette option car ces derniers font partie intégrante de l’aventure et doivent être joués pour savourer pleinement l’immersion.
Le système de déduction quant à lui est bien pensé. En effet, ces dernières n’arriveront pas par la force du Saint Esprit et il vous faudra utiliser judicieusement vos indices pour donner naissances aux multiples déductions qui vous permettront, peut-être, d’incriminer le criminel. « Peut-être », car comme mentionné plus haut il sera tout à fait possible que votre raisonnement soit erroné même si il tient la route. Il faudra bien prendre en compte les différents éléments et ne pas hésiter à revenir sur ses précédents hypothèses pour parvenir à la conclusion réelle de l’affaire. Une fois une conclusion émise, il sera possible de revenir sur son choix afin de le modifier. Cela ruine complètement la replay value du jeu, qui n’était déjà pas forcément de mise étant donnée que malgré les choix cruciaux que vous aurez à faire, l’incidence sera minime en dehors du sort que vous choisirez pour le coupable.
N’est pas Holmes qui veut
Dans l’ensemble la direction artistique du jeu s’en sort avec les honneurs. Il faut dire que l’exploitation de l’Unreal Engine 3 a permis au studio Frogwares de se détacher de leur ancien outil de travail visiblement trop peu en adéquation avec ce qui se fait à côté. On se retrouve avec des graphismes très léchés et un soucis du détail vraiment marquant. Les décors en extérieurs bénéficient d’un traitement un peu moins favorable que les intérieurs mais pour un jeu indépendant on ne peut que s’incliner face au travail fourni. Le souci du détail se retrouve notamment dans les visages, qui sont très réalistes bien qu’un peu trop brillants parfois, ce qui donne presque l’étrange impression que les personnages transpirent constamment. Les animations, manquent de fluidité et de précision. En effet, tandis que les visages resteront trop souvent stoïques et manqueront bien souvent d’émotions, on notera au niveau des mouvements des corps des personnages une rigidité très particulière.
Sur le plan technique, nous avons noté un framerate en légère baisse par moments. Rien de bien grave car les déplacements des personnages manquent déjà de souplesse ce qui permet de masquer les pots cassés. En revanche, la présence de murs invisibles laisse une impression un peu désagréable, comme celle d’un jeu qui tente de se défaire de ses défauts techniques mais qui reste malgré tout ancré dans le passé. Il convient cependant de nuancer ces propos en indiquant qu’ils n’affectent en rien le ressenti en termes de sensations de jeu. Ces problèmes sont présents, on ne le niera pas, mais soyez sûrs qu’ils ne gâcheront pas le jeu, ni même l’immersion. La vue à la première personne permet d’ailleurs d’éviter ce genre d’écueils et reste une jolie pirouette pour le studio qui permet aux joueurs de rentrer directement dans la peau de Sherlock Holmes.
L’immersion d’ailleurs n’est pas altérée par la construction épisodique du jeu. Cette dernière permet non seulement de doter le titre d’une durée de vie considérable, mais en plus de ça elle permettra au joueur de visiter de nombreux endroits tous plus somptueux les uns que les autres. Entre les locaux de Scotland Yard en passant par des paysages plus campagnards et un site de fouilles archéologique il serait bien difficile de dresser la liste complète des lieux tant il y aura à voir. Autant d’endroits différents que de cas peu ordinaires à résoudre. Et si les meurtres communs ne vous font plus sourciller, que diriez-vous d’enquêter sur la d’étranges disparitions ou encore des vols mystérieux ?
Verdict : 8/10
Quel plaisir de voir ce Crimes & Punishments tenir toutes ses promesses, ou presque. Frogwares games a effectué un travail colossal afin d’offrir aux consoles next-gen un jeu d’enquête tel qu’on ne l’espérait plus. Malgré son côté dirigiste, la richesse du jeu et l’immersion qu’il propose nous proposent une aventure hors du commun, ou plutôt six aventures pour être précis, rythmés par des mini-eux pertinents et une bande-son un peu effacée mais toujours dans le thème abordé. Difficile de ne pas le comparer avec L.A NOIRE bien que les deux soient encore assez différent dans l’esprit. Néanmoins Sherlock Holmes : Crimes & Punishments vaut bel et bien que l’on se penche sur son cas même si la facilité est au rendez-vous. Les 18 heures de jeu qui vous attendent devraient parvenir à vous scotcher devant votre écran pour vous offrir une expérience qui, pour l’instant, n’a visiblement pas son égal sur consoles de salon.
Zarkoff
30 septembre 2014 at 13 h 36 minA défaut d’avoir un Ace Attorney sur notre chère PS4, je crois que celui-là fera l’affaire pour combler mon besoin d’investigation 🙂
J’ai bien aimé Muderer Soul Suspect ainsi que L.A. Noire malgrès les faiblesses techniques du premier et le côté dirigiste du second. Donc si ce SHC&P est un mix des deux, ce que je comprends à la lecture de ce test, ça me convient.
PS: désolé, j’ai mis une note au jeu sans le vouloir en cliquant (en fait 2 même, possible de remettre à zéro ?)