Considéré par certains comme étant un objet culte du FPS des années 90, Shadow Warrior premier du nom était aussi apprécié que décrié. Quel ne fut pas notre étonnement alors, lorsque Flying Wild Hog et Devolver ont annoncé travailler sur un reboot de ce même jeu en 2013. Sorti depuis sur PC, PlayStation 4 et Xbox One, il s’avère qu’il était contre toute attente une franche réussie, car mêlant habilement humour bien beauf et séquences d’actions frénétiques et fun au possible. Aujourd’hui sûrs de leur fait, les développeurs entendent frapper de nouveau un grand coup en nous proposant un Shadow Warrior 2 dans la continuité de son ainé, sans pour autant que ce dernier ne se repose sur ses lauriers. Et si on retrouve tout ce qu’on a aimé du premier opus, certaines petites nouveautés, que l’on pensait au départ justifiées, viennent ternir quelque peu le tableau de ce qui reste tout de même un très bon jeu.
The return of the Wang
Pour commencer, le scénario timbre poste de cet épisode prend place cinq ans après les événements narrés dans Shadow Warrior et nous permet toujours d’incarner Lo Wang, un guerrier de l’ombre vendant ses services au plus offrant. L’histoire en elle-même n’est pas très importante, car tout comme dans l’épisode précédent, elle n’est ici qu’un prétexte pour découper tout ce qui bouge en balançant quelques insultes au passage. Les événements ayant eu lieu dans le premier épisode ont radicalement changé la face du monde, humains et démons devant maintenant se partager la Terre sans que l’on ne puisse rien y faire. Il est ici donc toujours question de mysticisme, de vilaine organisation contre qui lutter en la présence de Zilla et d’une voix dans notre tête. En effet, si le démon Hoji est aux abonnés absents, on se retrouve maintenant à devoir se trimbaler l’âme d’une jeune fille, Kamiko, durant notre périple. Si cela change radicalement la donne en termes de dialogues entre ces deux personnages aux caractères diamétralement opposés, le ton du jeu ne change pas pour autant. Toujours porté par un humour lourd et bien gras, on a plaisir à retrouver les punchlines bien senties de Lo Wang que cela soit en combat, durant les conversations avec différents interlocuteurs ou pendant les cut-scènes. À l’instar d’un Duke Nukem à son meilleur, ou encore des actionners décomplexés des années 80, Shadow Warrior 2 instille une ambiance très nanardesque dès son commencement et nous rappelle avant tout qu’il est un DOOM-like plus qu’un FPS comme on l’entend aujourd’hui.
Un Katana bien affûté
Niveau gameplay, on retrouve tout ce qui faisait le sel du premier opus. C’est fun, nerveux, bordélique et on prend son pied à découper, exploser, cribler de balles et anéantir tout ennemi faisant obstacle à notre avancée. Lo Wang bouge toujours avec une fluidité exemplaire et passée la phase d’apprentissage, on se surprend à effectuer des actions d’une grande finesse dans un jeu mettant clairement en avant le bourrinage intensif. On danse avec son Katana, effectuant une valse des plus macabres en utilisant les différentes compétences de Wang, un véritable show artistique gore et puissant qui demande tout de même une bonne maîtrise des différents skill du monsieur. Le Katana est d’ailleurs au centre des débats, puisque l’on dispose toujours d’un panel de coups différents impressionnants. Hormis le fait de pouvoir frapper dans toutes les directions, ce qui est aussi valable pour d’autres armes de CAC, on peut aussi utiliser des compétences qui lui sont propres comme un coup d’estoc redonnant de la vie au passage ou un balayage sur 360°. C’est intuitif, instinctif même et en cela on retrouve dans Shadow Warrior 2 un digne successeur des FPS d’antan.
L’une de ses autres forces est sa diversité dans tout ce qui concerne de près ou de loin l’armement. On a donc le droit à tout un tas de fusils, de flingues et de mitrailleuses en tout genre, sans oublier d’innombrables armes pour le combat rapproché. Parmi elles se trouve une bien belle tronçonneuse qui tranche littéralement dans le vif, mais s’avère pour le coup vraiment trop puissante de notre point de vue, même les boss y succombent rapidement. Plusieurs lames sont aussi au rendez-vous et il ne faut pas se borner à garder son Katana coûte que coûte, surtout que certaines épées valent très clairement le coup en comparaison, comme ce fameux Z45 Katana qui est une tuerie totale. Au niveau des pétoires, toutes ne se valent pas, certaines manquent vraiment de punch et sont franchement inutiles, alors que d’autres comme le shotgun à double canon ou encore le lance-grenades sont de véritables objets de destruction massive. La quantité n’est pas toujours gage de qualité en somme, mais on ne va s’en plaindre plus que ça, après tout cela permet de varier les plaisirs.
BorderWang
À côté de cet armement impressionnant, Wang dispose de trois pouvoirs pouvant être utilisés dès lors que l’on a assez de Chi. Le premier consiste en la capacité à repousser les ennemis trop proches de nous, chose bien utile lorsque cerné. Le deuxième offre la possibilité de littéralement empaler ses adversaires en faisant surgir des pieux du sol, ils n’en meurent pas, mais restent stunt dessus quelques instants à la merci de votre lame. Enfin, le troisième est l’invisibilité, laquelle vous permet de surprendre vos ennemis et de vous la jouer furtif durant quelques secondes tout du moins. Ces pouvoirs sont plutôt cool à l’utilisation et peuvent même être améliorés via le système d’expérience du jeu, tout comme les bonus passifs qui proposent diverses choses comme l’augmentation de la barre de vie ou de Chi. Il y a énormément de possibilités offertes au joueur pour monter son personnage comme il l’entend, même si tout n’est pas forcément utile, on préfère vite se tourner vers ce qui augmente en priorité nos différents pouvoirs et nos attributs santé et Chi.
Ce petit côté customisation ne s’arrête pas là puisqu’un véritable système permettant d’augmenter les dégâts de ses armes, mais aussi les attributs de Wang fait son apparition. En effet, les ennemis lâchent énormément de loot et c’est à tel point que l’on se croirait dans un Diablo-like ou un Borderlands. Il y en a même trop et l’interface menu très pénible à la longue de notre inventaire devient très souvent un foutoir intégral dans lequel il est dur de se repérer. Cela dit, parmi ces drops se trouvent bien souvent des gemmes permettant à Wang d’augmenter les dégâts de son armement, d’y associer des effets élémentaux et même de pouvoir améliorer quelques caractéristiques de notre héros. Le problème étant que l’on passe un temps fou dans les menus pour sertir nos armes, comparer nos nouveaux objets avec les anciens et cela casse vraiment le rythme du jeu. C’est si peu intuitif comparé au gameplay que cela nuit littéralement à l’immersion et fini par agacer, si bien que l’on fait parfois l’impasse pendant quelque temps sur tout l’aspect customisation d’armes, sauf lorsque cela devient une nécessité absolue. Bien entendu, il est aussi possible de récupérer toutes ces petites choses en accomplissant des quêtes annexes, en dénichant des coffres et des secrets ou bien en allant faire un petit tour chez les marchands. Car Shadow Warrior 2 s’est étoffé d’un petit côté RPG bienvenu, mais quelque peu maladroit.
Le Wang procédural
Et pour aborder ce côté role playing que propose le jeu, il nous faut parler de sa structure. La campagne n’est plus linéaire comme auparavant, mais s’articule autour d’une petite ville faisant office de HUB et dans laquelle on a accès à des marchands, des donneurs de quêtes et de laquelle on rejoint les zones de missions via téléportation. Si c’est au départ une bonne idée, on regrette par contre l’instauration par la même d’un côté très répétitif dans la mécanique de jeu : on se barre en mission, on revient, on repart pour mieux revenir encore, et tout cela que rien ne vienne casser la monotonie ambiante. Reste que l’apport de quêtes annexes rendant l’aventure moins linéaire et l’arrivée du procédural dans la construction des zones sont de bonnes idées. D’autant plus que le level design est des plus aboutis et bien plus vertical que dans l’épisode précédent, on remercie alors l’apparition d’un double saut plus qu’utile. Il y a mille et un chemin, des dizaines de secrets à découvrir sur chaque portion de jeu et on apprécie la petite touche labyrinthique de chaque lieu à explorer. Néanmoins, le procédural donne des environnements très peu variés – quatre à cinq à tout casser – et s’ils ne sont pas moches, bien au contraire, ils manquent ce dépaysement constant que nous offrait Shadow Warrior en son temps. Les quêtes proposées par les différents personnages en place sont elles des plus sommaires, car si certaines paraissent au départ quelque peu différentes, on se retrouve au final à devoir dézinguer tout ce qui bouge. Au moins, on sait à quoi s’attendre, Shadow Warrior 2 est clairement un défouloir ne cherchant pas à s’enquiquiner de choses qu’il juge secondaires.
Les ennemis ont aussi subi une évolution en conséquence, s’ils ne possèdent pas de niveaux à proprement parler, certains d’entre eux sont à considérer comme élites et sont donc bien plus coriaces à mettre à terre. Là encore il y a un manque de variété, le bestiaire a la fâcheuse tendance à se répéter, même si on reconnait sans forcer que le character design est des plus aboutis, mais on aurait aimé être plus surpris. Cependant, on note aussi l’apparition de dégâts élémentaux – feu, poison, électricité et glace – et dans un même pack d’ennemis, il est possible d’affronter aussi bien du démon lambda, qu’un autre possédant une grosse hache de feu et prêt à nous brûler le derrière. On peut alors riposter en exploitant par la même les faiblesses aux divers éléments qu’ils arborent en incrustant des gemmes dans nos armes. Dans les faits cela fonctionne plutôt bien une fois la difficulté montée d’un cran vis-à-vis du mode normal et cela incite fortement à se créer un pack d’armes homogène pouvant faire face à toutes menaces. Les boss sont quant à eux plutôt décevants dans l’ensemble du fait qu’ils n’offrent pas de réels challenges, car la stratégie consiste la plupart du temps à simplement attaquer et esquiver comme on le ferait contre un élite. Certains peuvent aussi appeler des mobs lambda à la rescousse et devenir invulnérables tant que nous ne les avons pas rayés de la carte. Cela manque d’idées et très peu d’entre eux se démarquent donc, et cela même si leur design global est plutôt réussi, mais ce dernier point est à l’image du jeu dans son entier.
La beauté du Wang se partage
Shadow Warrior 2 est clairement plus abouti techniquement que son aîné. S’il demande tout de même une bonne machine pour se montrer sous son plus beau jour, et si on fait fi des quelques soucis d’optimisation et autres bugs qui devraient être prochainement patchés, il affiche de biens jolies choses. Alors certes, passés deux heures de jeu, le manque de variété des environnements se fait très grandement ressentir, entre les bois, les temples, le design rétro futuriste typé année 80 de certains lieux et les quelques villages reculés ou petites bourgades citadines, on a vite fait le tour. Mais c’est plutôt joli, le choix des couleurs est des plus réussis, les différents effets volumétriques, de particules, d’explosions et autres sont de bon aloi, il n’y a rien à y redire. L’artistique est de base léchée et le gore omniprésent sans être vomitif, le jeu n’en fait pas trop et a su trouver le bon dosage sur cet aspect précis. Alors oui, on n’est pas en présence d’une nouvelle référence, mais un cap graphique a été franchi depuis le remake, on sent beaucoup plus de maîtrise technique et le côté kitch de certains endroits forme un excellent contraste avec l’aspect plus mystique qui en habille d’autres. Les effets météos sont aussi surprenants de beautés, alors qu’encore une fois la destruction des décors est une grande satisfaction. De toute façon, on attend pas de Shadow Warrior 2 qu’il nous explose la rétine et nous en mette plein la vue avec des panoramas carte postale à encadrer. On veut avant tout un bon exutoire, qui nous permette de nous relaxer après une sale journée de boulot et sur ce point, il réussit très bien son coup.
Seul ou à plusieurs, car maintenant jouable en coopération jusqu’à quatre joueurs, Shadow Warrior 2 est des plus brutales et jouissifs. L’aspect multijoueurs ajoute en durée de vie et est un vrai plaisir, que vous connaissiez ou non la personne avec laquelle vous partagez l’expérience, tout se passe à merveille. Alors oui, à quatre cela devient peut-être parfois assez facile, mais le level design et surtout la conception même du procédural, ainsi que l’arrivée du loot en pagaille gagnent en clarté dès lors que l’on se plonge dans l’aventure à plusieurs. Périple qui de base dure d’ailleurs une petite dizaine d’heures, mais qui peut être rejoué sans déplaisir. Un vrai plus que cette coopération qui permet aussi à chaque joueur d’adopter un style se montrant complémentaire avec ceux de ses coéquipiers. Globalement le jeu devient même un chouïa plus difficile, les packs d’ennemis sont plus nombreux et résistants, on retrouve alors cette difficulté propre à Shadow Warrior, chose qui fait défaut en solo et en mode normal, même si quelques passages restent pas mal ardus. De notre avis ce multijoueurs est donc bienvenu, mais nul doute qu’il divisera au sein des fans, tout comme certaines autres nouveautés aussi.
VERDICT
Shadow Warrior 2 est excellent lorsqu’il joue sur le même tableau que son ainé, le gameplay se retrouve ici plus fin et varié qu’auparavant, tout en gardant son côté dynamique et jouissif. Cependant, si on ne peut que saluer la prise de risque que prend Flying Wild Hog en voulant changer et apporter du neuf à sa recette, on ne peut pas dire que tout est maitrisé. Que ce soit en ce qui concerne les petits ajouts RPG, le procédural et même le loot, on perçoit bien les intentions, mais le résultat final est en demi-teinte. L’ajout du multijoueurs est lui un très bon point, car il permet de rendre les choses moins redondantes qu’en solo et de prolonger la durée de vie. Mais malgré quelques errements, on prend tout de même son pied durant toute l’aventure et la partager avec un Lo Wang à l’humour toujours plus lourd et crade est un véritable plaisir qu’on espère revivre le plus tôt possible. C’est fun et totalement décomplexé, que demander d’autre ?
Cryo
4 novembre 2016 at 20 h 34 minMultijoueur local en offline possible?
Riku
4 novembre 2016 at 21 h 20 minNop, désolé.
Cryo
5 novembre 2016 at 15 h 15 minMerci de la réponse. J’ai l’impression qu’il y a de moins en moins de jeu co-op locaux 🙁