Développé par Reflections et édité par Psygnosis en 1989, Shadow of the Beast a contribué à l’époque de gloire de l’Amiga. En effet, le titre fut un véritable succès critique, considéré comme l’une des plus belles prouesses réalisées durant l’ère des machines 16 bits. Il en découlera donc pas moins de 10 portages, tous en deçà de la version Amiga, mais qui profitèrent néanmoins d’ajustements lui permettant d’être un peu plus accessible aux joueurs, le jeu étant réputé pour proposer un challenge de taille. Deux suites virent le jour, avant que la licence ne sombre dans l’oubli. Jusqu’à la Gamescom 2013, durant laquelle Sony a dévoilé le reboot de ce jeu culte sur PS4, provoquant l’émoi chez les joueurs nostalgiques et la curiosité chez les néophytes.
Reboot of the Beast
Les reboots sont devenus monnaie courante, vous connaissez la chanson. On en mange désormais à toutes les sauces, toutes les licences y passent, des plus cultes aux plus oubliées, comme c’est aujourd’hui le cas. Il faut dire que si Shadow of the Beast fut, lors de sa sortie, un succès critique, peu de joueurs possédant une PS4 peuvent se vanter d’avoir joué au titre original. C’est donc l’occasion pour la licence de revenir sur le devant de la scène et pour le grand public de faire connaissance avec cet anti-héros qu’est Aarbron. Pourtant, après de nombreux reports, il y avait de quoi se poser des questions sur la qualité de ce reboot. Rassurez-vous, l’attente en valait la peine.
Visiblement, les développeurs de chez Heavy Spectrum Entertainment Labs ont souhaité peaufiner au mieux leur titre. Une décision compréhensible, puisque c’est le plus gros projet du studio à ce jour, après deux titres sortis sur le PSN et réservés à la PS VITA. Il est d’ailleurs étonnant de voir avec quelle aisance ils sont parvenus à passer de titres mineurs à l’une des exclusivités PS4 de l’année. D’autant que les regards tournés vers Shadow of the Beast se font de plus en plus nombreux, et cela se comprend. Le jeu a la lourde charge de proposer un reboot digne de l’original, tout en offrant un gameplay actualisé et revu spécialement pour l’occasion, sans parler des graphismes qui doivent évidemment s’accorder avec les standards actuels pour attirer les joueurs moins regardants sur les qualités intrinsèques des jeux dont ils font l’acquisition.
Beast of Blood
Si l’on entre globalement assez facilement dans l’aventure, le gameplay évolue petit à petit et s’étoffe afin de proposer plus de choix dans les affrontements. Un fait important, car le côté beat’em all à l’ancienne de Shadow of the Beast peut lui procurer une certaine répétitivité, pour peu que l’on ne soit pas coutumier de ce genre ayant fait les belles heures des consoles 16 bits. Pour autant, le jeu ne se résume pas uniquement à avancer et à masher les boutons de nos pauvres DualShock 4 afin de faire pleuvoir l’hémoglobine dans les différents environnements que l’on sera amenés à visiter. D’ailleurs, et c’est un peu surprenant au début, le jeu ne distille pas vraiment les ennemis à travers les niveaux mais propose des vagues d’ennemis, appelées « rencontres », à des points définis. Des portails permettant aux monstres d’apparaître vous barreront la route et il s’agira de tous les éliminer afin de pouvoir continuer votre progression.
Chaque rencontre se soldera par un score, ainsi qu’une médaille attribuée en fonction de ce score et des points de vie perdus durant le combat. La façon dont on utilise les capacités d’Aarbron conditionnent grandement le score, mais il faut également veiller à maintenir le multiplicateur au maximum pour effectuer le meilleur score possible. Puisque chaque coup reçu annule le multiplicateur en cours, il faut gérer de façon audacieuse nos attaques et attaques spéciales, mais aussi les roulades et blocages. Bloquer sera d’ailleurs l’une des actions primordiales à maitriser dès le début car une fois que l’on parvient à bloquer la majorité des coups, il est plus facilement possible de réaliser des combos impressionnants.
En dehors de l’action frénétique des combats, les niveaux proposent diverses petites énigmes, qui se résolvent sans aucun soucis mais parviennent néanmoins à briser l’aspect monotone d’un beat’em all traditionnel. Quelques petits passages dans le plus pur style des plateformers 16 bits seront aussi de la partie, et on aurait d’ailleurs apprécié en croiser un peu plus, afin de mettre à profit la capacité de notre anti-héros à gravir les murs avec ses griffes, entre autres. Il faut dire que le level design est réussi et épaulé par une direction artistique de qualité, tout droit inspirée de l’opus sorti sur Amiga. Si ce reboot n’est pas extraordinaire visuellement parlant, il n’en reste pas moins agréable à l’œil. Certains environnements rendent évidemment mieux que d’autres, mais la diversité des lieux visités permet de relancer l’intérêt à chaque stage. Le bestiaire se renouvelle tout autant que les décors, et offre des boss charismatiques. Bien que les affrontements contre ces derniers sont un brin simplistes dans leur déroulement, ils ne se résument pas à des enchaînements de QTE.
Unleash the Beast
Lorsqu’on lance Shadow of the Beast, on tombe directement sur la map qui représente le hub principal du jeu. On y trouve le chemin tracé par les différents niveaux (au nombre de 7) ainsi que le chemin tracé par de courtes vidéos débloquées au fur et à mesure de notre progression et qui dévoilent l’histoire. C’est probablement l’aspect le plus étrange du jeu, et pourtant cela fonctionne totalement. Les joueurs qui souhaiteront découvrir les moindres détails du scénario pourront creuser la chose et s’informer en lisant les fiches des personnages, tandis que les autres pourront foncer tête baissée sans être dérangés par des cinématiques trop envahissantes.
Toujours depuis cette map, on peut accéder à l’écran permettant d’améliorer l’arbre de compétences, acheter des talismans – que l’on équipe au lancement de chaque niveau -, des illustrations, et autres bonus comme le jeu original ou la bande-son du jeu sur Amiga. C’est ici que le score obtenu à chaque stage terminé devient utile, car il est converti en Mana, permettant d’acheter ce que bon nous semble. Autant dire qu’il faudra faire et refaire un certain nombre de fois l’ensemble des mondes qui composent la map si l’on souhaite compléter le jeu à 100%.
Seulement 2 modes de difficulté sont disponibles au début de chaque niveau. N’envisagez pas le mode Facile, car le mode Normal ne devrait déjà vous opposer aucune résistance. En effet, à chaque mort 3 options vous sont proposées : dévorer une âme innocente, utiliser un élixir ou recommencer le niveau. Les élixirs sont à conserver pour le mode de difficulté supérieur et il serait stupide de gâcher ces objets quand on peut dévorer des âmes à l’infini. Le mode Bête devient disponible une fois un niveau complété en mode normal, et les choses se compliquent un peu plus, puisqu’il est uniquement possible d’utiliser un élixir si l’on ne souhaite pas recommencer un niveau depuis le début. Autant dire que le challenge est tout de suite plus intéressant. Dommage que les temps de chargement soient aussi longs, cela ruinerait presque l’envie de faire et refaire nos niveaux préférés afin d’obtenir la fin alternative.
À l’instar du titre original, Shadow of the Beast est un jeu court. Comptez entre 2 et 3 heures environ pour un premier run. C’est court certes, mais le jeu possède une replay value assez importante. Tout d’abord, bien qu’ils soient peu nombreux, les différents dialogues du jeu sont codés et il faudra débloquer les langages des différentes races qui s’adresseront à Aarbron durant son aventure afin d’obtenir les sous-titres. De plus, chaque niveau possède son lot d’objets cachés et de rencontres secrètes. Ajoutez ceci à l’important aspect scoring du jeu, et vous pourrez aisément doubler la durée de vie du jeu. Pour peu que vous accrochiez au titre, vous devriez y revenir avec plaisir, histoire d’éclater les scores de vos amis, ou de dévorer leurs âmes.
Verdict : 7/10
Pari réussi pour les développeurs de Heavy Spectrum sur les épaules desquels reposait une lourde tache. Ressusciter une licence culte n’est pas à la portée de tout le monde, surtout lorsqu’il faut la moderniser. Si le jeu affiche des environnements variés et un level design inspiré, son gameplay n’est pas en reste et offre assez de profondeur pour proposer des affrontements dynamiques. Nostalgiques comme néophytes sauront trouver leur plaisir dans ce reboot, d’autant qu’il contient le premier Shadow of the Beast émulé dans sa version Amiga. On espère que le succès commercial sera au rendez-vous, afin de motiver les développeurs à offrir un remake des deux autres volets de la série.
seb
16 mai 2016 at 21 h 26 mininversion de frappe au début du texte, c est 1989 et pas 1998
VadorLuke
18 mai 2016 at 20 h 59 minTrès sympathique un excellent jeu de scoring. 🙂