L’univers de la piraterie est fascinant, il a inspiré de nombreux ouvrages et films tandis que le jeu vidéo, lui, ne s’y était pas beaucoup intéressé jusqu’ici. Avec Sea of Thieves, tous les ingrédients semblent réunis sur le papier pour se mettre dans la peau d’un pirate et parcourir les mers du monde inventé par les développeurs de Rare. Après de très nombreuses phases d’alpha et de bêta, la version finale du jeu est enfin arrivée et nous avions hâte de prendre la mer et d’explorer la soixantaine d’îles qui composent la map.
Test réalisé sur Xbox One X à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
Plutôt Barbe Noire ou Jack Sparrow ?
Affronter les mers demande bien sûr un peu de préparation. Au premier lancement du jeu, Sea of Thieves vous demande de choisir votre personnage parmi des avatars prédéfinis. Pour la création d’un Barbe Noire à notre image avec une jambe, un oeil et un perroquet sur l’épaule, c’est raté, même si de nombreux physiques homme et femme sont proposés. Une fois choisi, ce sera de façon définitive (sauf si vous prévoyez de faire une croix sur votre progression avec votre premier personnage). Vient ensuite le moment de faire un choix très important, celui de votre embarcation, qui implique le nombre de joueurs avec lequel vous évoluerez. Pas de panique cette fois, chaque re-connexion au jeu vous proposera à nouveau le choix, suivant vos amis connectés ou vos envies de progression solo.
Deux embarcations vous sont donc présentées, le Sloop avec son unique voile et ses deux canons, impliquant que vous jouerez obligatoirement seul ou en duo, ou le gros galion permettant de naviguer à 3 ou 4 marins. Celui-ci disposant de 3 voiles et pas moins de 6 canons. Passé ce choix, il vous est alors proposé d’inviter vos amis connectés ou de lancer un matchmaking qui vous fera rejoindre autant de joueurs qu’il y a de places disponibles selon votre choix de l’étape précédente.
Vous voilà donc enfin propulsé dans ce monde de pirates, soit sur un bateau dans le cas où vous rejoignez une partie en cours, soit dans la taverne de l’un des avant-postes de la carte. Ces avant-postes sont essentiels puisque c’est depuis ces îles que vous récupérez vos quêtes, que vous devez déposer vos butins, et que vous pouvez faire vos achats d’armes, de vêtements et d’éléments de personnalisation pour votre rafiot.
Trésors, poules et squelettes
Quel titre aguicheur, n’est-ce pas ? Ces trois éléments sont pourtant tout simplement les objectifs de vos premières quêtes. Celles-ci vous sont données par trois marchands appartenant chacun à une guilde. L’Ordre des âmes, tout d’abord, vous missionne pour aller régler le compte de chefs squelettes sur des îles précises et ramener leur crâne phosphorescent. Il s’agit des seuls ennemis PNJ du jeu (en plus des serpents). L’Alliance des marchands, elle, vous demandera plutôt de capturer des animaux : poules de différentes couleurs ou cochons, à l’aide de caisses vides que vous devrez ensuite rapporter dans un temps imparti. Il s’agit clairement des quêtes les moins intéressantes puisqu’elles ne comportent aucune difficulté. La dernière guilde, la plus prenante, est celle des Collectionneurs d’or. Les premières missions vous seront données sous la forme d’un parchemin avec le dessin d’une île et une ou plusieurs croix rouges. À vous de repérer sur la carte présente sur votre navire l’emplacement exact de cette île grâce à sa forme et de vous y rendre. Sur place, vous devrez alors vous repérer sur cette île et creuser à l’endroit de la marque rouge avec votre pelle. Rassurez-vous, le jeu n’est pas punitif sur ce point et autorise certaines largesses dans la précision. Les missions les plus intéressantes de cette guilde, et de tout le jeu, sont la résolution d’énigmes. Grâce à un parchemin vous guidant sur une île, vous découvrez arrivé sur place un second indice, puis un troisième une fois que vous aurez résolu le précédent en trouvant un endroit précis ou en ayant réalisé une action spécifique. Là aussi, un trésor est à la clé. Comme pour toutes les missions, ces coffres sont à rapporter à un avant-poste pour que vous soyez crédité en Or. Par contre, vous pouvez enchaînez avec une autre quête une fois le coffre, les poules ou le crâne trouvé. Si vous jouez à plusieurs, chacun peut proposer sa quête personnelle et un système de vote permet de valider l’objectif commun. Chose très gênante par contre, seul trois emplacements sont disponibles dans votre liste personnelle et impossible d’abandonner une quête une fois qu’elle a été prise. Vous êtes donc obligé de l’effectuer pour libérer l’espace.
Malheureusement, toutes ces quêtes manquent de variété et vont vite vous sembler répétitives. Chacune d’entre elles comporte son propre niveau d’expérience et vous êtes obligés d’augmenter simultanément (ou presque) les trois guildes pour pouvoir résoudre le mystère de Sea of Thieves. Un mystérieux personnage vous demandera en effet de revenir lorsque vous aurez atteint le niveau 5 dans les trois branches. Une fois que cela sera fait, il vous demandera le niveau 10, puis le 15 etc… Sans aucune récompense à la clef à chacun de ces niveaux. Niveau motivation, on a vu mieux, et il faudra atteindre le lvl 50 partout pour accéder à du contenu supplémentaire. Même constat en ce qui concerne les nombreux éléments à acheter chez les différents marchands qui sont tous purement visuels et qui ne changent absolument rien à la vitesse de votre bateau, à votre puissance de feu… Dommage, d’autant que les prix pratiqués nécessiteront des dizaines d’heures de jeu pour débloquer les équipements les plus chers.
Pour briser cette répétitivité, Rare a ajouté quelques places fortes, des forts, remplis de squelettes qui vous donneront tout de même du fil à retordre. Lorsqu’une tête de mort illumine le ciel au-dessus de l’un de ces forts, vous pourrez alors y récupérer une clef qui vous ouvrira l’accès à l’île aux squelettes. Notez que cet événement est visible de n’importe quel endroit de la carte et que plusieurs embarcations s’y dirigeront peut-être. Des épaves sont également présentes en pleine mer et seront indiquées par des mouettes. Le jeu ne vous prend toutefois absolument pas par la main et ce genre d’astuces n’est absolument pas expliqué.
Il était un petit navire
Qui dit pirate dit évidemment bateau ! Si les îles et surtout les avant-postes sont très représentatives de l’ambiance pirate, c’est avec la navigation que l’immersion dans ce monde prend tout son sens. Que ce soit le petit ou le grand bateau, il y a plusieurs points essentiels pour naviguer et remplir vos quêtes :
- L’encre qui permet de maintenir votre bateau en place ou freiner à l’approche d’une île.
- Les voiles qui peuvent être déployées, rangées et orientées dans le sens du vent et qui influeront sur votre vitesse.
- Les canons pour attaquer en y chargeant des boulets mais ils peuvent également être utilisés pour vous propulser sur une île ou un bateau ennemi.
- La barre qui permet évidemment de donner la direction à votre bateau avec la boussole à ses côtés
- La carte avec toutes les îles situées dans la câle de votre bateau.
- Les différents tonneaux de votre câle avec vos objets personnels et vos matières premières (planche de bois pour les réparations, bananes pour votre vie, boulets de canon et munitions).
Vous l’aurez peut-être compris, la coordination entre matelots est primordiale, surtout en ce qui concerne le galion puisqu’il faut coordonner la levée de l’encre avec la direction du bateau et le déploiement des voiles. Chose d’autant plus vraie lors de la navigation puisque le joueur à la barre ne voit pas la map et il a la vue obstruée par les voiles. Il faut donc qu’un autre joueur aille régulièrement consulter cette carte et indique la direction, qu’un autre surveille les éventuels rochers arrivant en face, sans oublier de scruter l’horizon et d’éventuels ennemis.
Le gameplay de Sea of Thieves est donc vraiment exceptionnel en ce qui concerne la coopération et l’idéal est évidemment de jouer entre amis, mais dans le cas contraire, un grain de sable peut très vite tout faire capoter. Premièrement, le matchmaking est automatique et absolument pas géographique. Il vous faudra donc pas mal de chance pour tomber sur un équipage français. Ceux qui ne parlent pas un seul mot d’anglais pourront toujours se débrouiller grâce à des textes prédéfinis mais qui ne comportent pas les quatre points cardinaux par exemple… Enfin, et cela nous est arrivé, si vous tombez avec des joueurs ayant tout simplement décidé de rigoler sans faire aucun objectif, vous ne pourrez pas faire grand-chose de productif. Nous sommes par exemple tombés sur un joueur qui ne faisait que de jeter l’ancre à n’importe quel moment. Pour l’exclure, la seule solution est un vote mais encore faut-il que le troisième homme embarqué comprenne quelque chose au jeu.
Parlons aussi, bien évidemment, des combats entre navires qui sont également un point essentiel du jeu et qui font monter l’adrénaline lorsque vous apercevez une voile au loin. Vous aurez alors le choix de changer de route ou de partir au combat pour piller l’éventuel butin de votre ennemi. Si les galions ont une énorme force de frappe, les Sloop sont en revanche bien plus maniables et rapides. Pour coulez votre adversaire, les canons sont évidemment de mise mais il n’est pas rare non plus de voir un bateau s’abîmer sur une île dans ses manœuvres. Touché par un boulet ou abîmé par un rocher, votre navire prendra immédiatement l’eau. À vous de réparer dans les temps la coque de l’intérieur à l’aide de planches de bois mais également d’écoper l’eau grâce à votre sceau avant qu’il ne soit trop tard. Nous avions un peu peur de voir beaucoup trop de bateaux sur chaque serveur, vous empêchant ainsi de réaliser correctement vos quêtes, mais c’est plutôt l’inverse. Il est fort possible de passer plusieurs heures de jeu sans croiser de navire ennemi et l’organisation d’équipage étant primordiale lors de ces phases, il n’est pas rare de simplement s’ignorer.
Paysage de rêve
Lors des différentes phases de bêta, la direction artistique du jeu avec ses graphismes façon “cartoon” nous avait déjà bluffés. Le résultat final est dans la même veine, avec des couleurs et des effets de lumières somptueux, notamment lors des couchers de soleils avec les reflets sur la mer. Une mer d’huile qui devient impressionnante en pleine tempête lorsque le ciel s’assombrit et que les vagues se déchaînent. Si les possesseurs de la Xbox One X auront en plus la chance d’avoir les graphismes en qualité 4K, ils seront en revanche limités aux 30 images par seconde comme tout le monde.
Nous sommes également obligés de faire un petit laïus sur l’ambiance musicale du jeu puisqu’elle est tout simplement proche de la perfection. Elle colle parfaitement avec les images affichées à l’écran et participe grandement à l’immersion. Les différents instruments vous permettent également de jouer des airs qui sentent bon la piraterie et, chose très plaisante, ils s’accordent entre eux pour jouer la même mélodie lorsque plusieurs joueurs s’y mettent.
Verdict : 6/10
Sea of Thieves nous faisait de l’oeil pour son simple univers de piraterie et de ce côté-là, nous n’avons vraiment pas été déçus du résultat tant la beauté visuelle et l’immersion sonore sont au rendez-vous. En ce qui concerne le multijoueur, nous étions en revanche un peu sceptique sur le fait que certains joueurs ne chercheraient qu’à aller à l’affrontement ou à faire n’importe quoi. Effectivement le problème se pose et le jeu en solo, même s’il est possible, dénature vraiment l’expérience de jeu et pose des questions de répétitivité des quêtes et de manque de motivation. Si vous comptez jouer seul ou entre amis, votre ressenti pourra donc être soit tout blanc, soit tout noir.
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