Les jeux indépendants s’installent de plus en plus sur la scène vidéoludique et les développeurs s’y intéressent davantage, à l’instar d’Ubisoft avec des titres estampillés Ubi’Art (Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre) mais aussi Electronic Arts, avec notamment Fe, A Way Out et le dernier en date Sea of Solitude. Développé par le studio Jo-Mei Games, Sea of Solitude a débarqué il y a très peu de temps sur PlayStation 4, Xbox One et PC. Vaillants, nous sommes montés dans le bateau de Kay et avons pris le large pour découvrir cette toute nouvelle aventure.
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Une allégorie vidéoludique !
Sea of Solitude n’est pas un jeu à appréhender comme les autres, tenez le vous pour dit. Comme beaucoup de jeux indépendants, on pense notamment à A Normal Lost Phone (notre test sur Nintendo Switch) pour n’en citer qu’un seul, le jeu du studio Jo-Mei Games offre une vision particulière quant à certaines thématiques sociales actuelles. Et plus précisément, sur les sentiments ressentis par chacun d’entre nous. En effet, dans Sea of Solitude, nous sommes amenés à incarner Kay, une jeune adolescente transformée en monstre plumé, qui devra faire face à d’autres créatures étranges dans une ville submergée par les eaux. Attention, aux spoils pour ceux qui voudraient tenter l’aventure !
C’est avant tout une histoire sur la solitude : les proches de Kay, soit ses parents et son petit frère, se sont transformés en monstres, tout comme elle, car il y avait un certain mal être chez chacun d’entre eux. Par exemple, nous apprenons au cours de l’aventure que Sunny, le petit frère de Kay, a été victime de harcèlement à l’école. Alors qu’il essayait d’en parler à sa sœur, en mentionnant même le terme de suicide, celle-ci était bien trop préoccupée par sa relation amoureuse avec son petit copain. Il en va de même pour le père et la mère qui se sont querellés devant les enfants, bien avant que tout cela n’arrive. Comme sous une forme de réminiscence, la Kay actuelle doit rencontrer ses proches, transformés en monstres, afin de résoudre les problèmes du passé. Elle doit ainsi faire preuve d’écoute et prendre en considération les sentiments de chacun. Chose qu’elle n’avait pas faite auparavant. Sans oublier qu’elle doit se sauver elle même du mal qui la ronge. Réminiscence et rédemption donc ! Cette intrigue se met en place petit à petit au cours de l’aventure et ce n’est pas plus mal. Au tout début du jeu, nous avons l’impression d’un flou narratif, ne sachant pas réellement à quoi mènent nos actions, mais cela se clarifie de plus en plus et monte crescendo. C’est relativement intéressant et ça prend un peu aux tripes, il faut se le dire.
Gameplay et technique
Avec le titre de Jo-Mei Games, autant vous rassurer tout de suite, il n’y a pas besoin de mémoriser quinze mille touches pour quinze mille actions différentes. Le gameplay est très simple et plutôt intuitif. Nous y avons joué sur PlayStation 4, et le système de commandes se résume à cela : X pour sauter, L2 pour lancer la fusée, R2 pour supprimer les corruptions, Carré pour observer la baleine et bien évidemment, les deux joysticks pour se diriger ainsi que bouger la caméra. C’est à peu près tout, et ça marche à la perfection. Se présentant comme un jeu d’action aventure, Sea of Solitude propose surtout des mécanismes typés puzzle. En effet, pour chaque monstre, Kay devra résoudre des puzzles afin de supprimer les différents points de corruption tout en grimpant, en escaladant, nageant et naviguant, pour aboutir à une confrontation avec l’une des créatures fantastiques/monstres. Par exemple, en ce qui concerne le chapitre sur le père, la séquence amène le joueur à grimper dans un grand building, type gratte ciel, branlant et en proie à des souffleries de feu. Si cela peut sembler difficile dit comme cela, il n’en est absolument rien en réalité. Pour chaque monstre, de nouveaux puzzles apparaissent, tout en reprenant les codes de base. Ce qui permet de ne pas perdre le joueur en route. D’autant plus qu’une boule de lumière, soit une petite fille, en réalité, vous guide tout au long de l’aventure.
Pendant tout ce temps, que ce soit lors des résolutions d’énigmes et surtout lors de vos déplacements, il faudra bien entendu faire attention à cette fameuse baleine noire, présente sur la jaquette du jeu. Elle vous suivra à la trace et sera prête à vous dévorer si elle vous repère dans les eaux sombres de la ville. Le bateau sera ainsi un refuge permettant d’accomplir les trajets de façon sécurisée. On aurait pu penser que le jeu se voudrait très linéaire, mais il ne l’est pas tant que ça. Découpé en 12 chapitres, avec plusieurs séquences à l’intérieur, il faut bien évidemment suivre la boule de lumière (citée plus haut), mais il est également possible d’explorer un peu les lieux pour, notamment, récupérer les différents collectibles.
En ce qui concerne la technique même du soft, en dehors du gameplay, nous avons là un jeu indépendant à la direction artistique très plaisante. Elle oscille entre des couleurs très saturées, voire édulcorées et des ambiances très sombres, carrément glauques par moments. On pense notamment à la séquence dans l’école, mais ça ce sera à vous de le découvrir. On retrouve des ambiances un peu comme dans Limbo pour les environnements sombres, ou des designs édulcorés comme dans Firewatch. Tout ce que l’on peut vous dire, c’est que Jo-Mei Games ne fait pas dans la dentelle, et ils ont eu bien raison au vu de la trame narrative qui n’est pas toute rose elle non plus. La bande sonore est tout aussi bonne, sans pour autant nous transporter comme ce fut le cas notamment avec celle des opus Life is Strange.
Des points négatifs ?
Malgré tout, Sea of Solitude souffre de quelques petits points négatifs. Ce qui explique la note finale, à découvrir juste en dessous. Le jeu est disponible en anglais, sous-titré français. Pour ne pas dire les choses à moitié, nous avons clairement vu et surtout entendu mieux ailleurs, question doublage des voix. Par moment, on sent moins de conviction dans la voix des acteurs/actrices qui prêtent leurs voix aux différents personnages, notamment pour celui de Kay. En revanche, les voix des monstres sont plutôt satisfaisantes. En dehors de cela, on notera également le manque de rejouabilité pour le titre. Seuls les chasseurs de trophées pourront relancer une partie, s’ils ont loupé quelques collectibles afin d’empocher le platine. Pour les autres, une fois le jeu terminé, il est difficile d’y revenir et d’être aussi transporté que la première fois. Il faudra laisser certainement un peu de temps passer entre les deux parties…
Autre petit bémol, et après promis on arrête, on remarquera qu’il n’y a que très peu de changements au niveau architectural. Bien que le jeu propose plusieurs saisons, en fonction des différents chapitres, pour la même ville, et amène des séquences dans lesquelles les eaux n’inondent plus les lieux, on a tout de même l’impression de visiter toujours le même endroit. Le soft aurait réellement mérité de proposer plusieurs lieux, selon plusieurs météos et saisons, pour chaque monstre. Cela aurait peut être amoindri le sentiment de répétitivité. Mais il convient tout de même de rappeler que le studio de développement de Jo-Mei Games n’est composé que de 12 membres, seulement. Ce qui explique certains choix de la part des développeurs. Pour seulement 19,99€ (tarif conseillé), on ne boude tout de même pas notre plaisir, et l’expérience, que nous pouvons chiffrer à environ 5 à 6 heures de temps de jeu, s’avère correcte et satisfaisante dans l’ensemble. On attend désormais avec impatience le prochain EA Originals, maintenant que nous avons testé leurs trois premiers projets vidéoludique, Fe, A Way Out et Sea of Solitude.
Verdict : 6/10
Il ne faut pas oublier que le jeu vidéo est aussi un médium cherchant à apprendre quelque chose, ou à questionner le joueur sur sa propre vie. Un peu difficile de le faire dans le cas d’un Call of Duty, on vous l’accorde mais c’est tout autre chose avec Sea Of Solitude. Le jeu de Jo-Mei Games remet très vite en question le joueur sur sa propre vie et ses propres sentiments, grâce aux thématiques sociales et sentimentales abordées, sans pour autant en faire trop et nous mettre en PLS. C’est bien dosé ! Si vous êtes un tant soit peu attirés par les jeux indépendants et aux trames narratives fortes en émotions, comme dans Life is Strange, Sea of Solitude devrait vous plaire et vous transporter pendant quelques heures. Embarquerez-vous dans cette nouvelle aventure ?
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