Scott Pilgrim vs. The World: The Game est une adaptation d’un comics quelque peu farfelu. Considéré comme culte par un certain nombre de joueurs, il a fêté ses 10 ans l’année dernière et Ubisoft a préparé Scott Pilgrim vs. The World: The Game – Complete Edition pour célébrer cela comme il se doit sur les machines modernes. On a décidé de se joindre aux festivités, après tout, (re)casser des figures à Toronto promet d’être amusant. Virtuellement, bien entendu, on respecte les règles sanitaires actuelles au sein de la rédaction.
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une copie numérique fourni par l’éditeur
Power of Love
Scott Pilgrim vs. The World: The Game – Complete Edition reprend donc rapidement l’histoire du comics Scott Pilgrim ainsi que celle du film éponyme, si ça parle davantage à certaines personnes (l’adaptation avec Michael Cera en tête d’affiche). Pour ceux qui ne connaissent guère l’œuvre, il n’y a pas grand chose à dire pour cerner ce qui en fait le charme : Scott Pilgrim est un jeune Canadien de 23 ans vivant à Toronto, un peu fainéant sur les bords et qui tombe éperdument amoureux d’une étrange fille, Ramona Flowers. Le souci, c’est qu’elle a des ex-petits amis… maléfiques, ce qui pose quelque peu problème, vous en conviendrez. Scott doit alors les affronter afin de pouvoir vivre tranquillement avec sa chère Ramona.
L’histoire du comics est un peu plus complexe que cela mais dans Scott Pilgrim vs. The World: The Game – Complete Edition, le scénario n’a qu’une place secondaire : chaque niveau est introduit par de simples cinématiques courtes et à peine animées, donnant davantage le ton qu’autre chose. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur Scott et sa curieuse bande, ce n’est clairement pas l’adaptation idéale car le jeu se sert davantage du comics pour créer des niveaux intéressants plutôt que pour raconter quelque chose. De plus, n’espérez pas voir de nouvelles scènes, on a affaire ici à une édition qui rajoute principalement tout le contenu rajouté avec le temps, dont les DLC, tout en ayant une technique rehaussée. Heureusement, l’intérêt est ailleurs et les multiples clins d’œil aux comics devraient tout de même ravir les fans de la bande dessinée.
Old school is cool
Manette en main, on découvre bien vite que Scott Pilgrim vs. The World: The Game – Complete Edition est un Beat Them All (BTA pour les intimes) 2D à l’ancienne qui s’assume totalement. Via une carte façon Super Mario Bros., on accède à quelques niveaux horizontaux – avec un peu de verticalité ici et là – où l’on se contente principalement de frapper divers loubards et personnes étranges avant d’affronter l’un des ex maléfiques de Ramona, qui font office de boss. Une formule simple, basique, mais qui fait mouche lorsqu’elle est bien maitrisée, ce qui est le cas de cette adaptation. Scott et les autres personnages – 6 au total, dont 2 qui sont des DLC dans l’ancienne version – sont un plaisir à contrôler et les différents ennemis croisés sur le chemin sont assez variés pour que le sentiment de répétition ne s’installe pas trop rapidement, ce qui est assez commun dans le genre. Si l’on affronte des voyous quelque peu classiques, on a également dans le lot des chiens, des hommes de main, des chauve-souris, des cameramen, des personnes déguisées (dont un en kaiju qui crache du feu pour de vrai, un cosplay pour le moins réussi), des zombies, et pour couronner le tout, les fameux ex sont tous aussi dérangés qu’uniques, ce qui donne lieu à des combats de boss forts sympathiques où la moindre erreur peut mener à l’échec.
Au départ, on a un faible nombre de coups, donnant un certain sentiment de faiblesse et de frustration mais le titre possède un petit côté RPG via une montée de niveaux ainsi que l’achat d’objets/nourriture, permettant de renforcer les personnages et de débloquer des mouvements inédits comme un double saut, des roulades, contres et meilleurs coups. Le fun est constamment présent grâce à ces mécaniques introduites au fil du temps, la puissance ressentie lors des affrontements et les niveaux que l’on traverse participent également à cela. On passe des rues de Toronto embellies par la neige à un tournage de film qui demande parfois des tâches particulières, tout en faisant face à une foule en délire lors d’un concert et bien d’autres surprises du genre. Scott Pilgrim vs. The World: The Game – Complete Edition ne manque clairement pas d’idées amusantes, de quoi plaire à ceux qui veulent (re)vivre les folles péripéties de Scott.
Malheureusement, les soucis d’époque persistent car Ubisoft a surtout effectué un portage avec cette version. Point de contenu inédit et de correctifs rajoutés au programme, ce qui est dommage car il y a tout de même quelques petits problèmes qui auraient pu être retirés afin de parfaire l’expérience. On note principalement quelques manques de visibilité, avec des ennemis restant coincés au bord de l’écran par exemple, ainsi que des hitboxes ratées en défaveur de Scott et de ses alliés, menant parfois à des points de vie qui chutent de manière injuste. Aussi, la légendaire difficulté du jeu n’a pas été retouchée et même en « Novice », il faut s’accrocher pour en voir le bout. Certes, du challenge, cela fait plaisir, mais Scott Pilgrim vs. The World: The Game – Complete Edition ne fait clairement pas de cadeaux avec des niveaux souvent longs, des pièges redoutables ainsi que des adversaires qui peuvent facilement enlever une bonne partie de votre santé en quelques coups. De plus, si vous jouez en solo, certaines zones remplies d’ennemis vous donneront du fil à retordre, là où en multijoueur (local ou en ligne), c’est déjà plus aisé. Il faut donc alors refaire des niveaux pour collecter de l’argent et améliorer ses personnages, ce qui pourrait ennuyer certains joueurs souhaitant davantage de baston pure et dure sans se soucier de l’aspect RPG clairement important. Un poil de recalibrage n’aurait pas été de refus. Enfin, lorsqu’on effectue des achats, il n’y a toujours aucune description quant aux effets procurés par tel ou tel objet, ce qui reste une curieuse décision, car on est alors forcé de dépenser pour savoir ce qu’on va acquérir.
Malgré tout, le contenu de Scott Pilgrim vs. The World: The Game – Complete Edition est assez conséquent. Finir l’aventure de base avec un seul personnage demande déjà un certain effort et si le jeu vous plait, vous pouvez le refaire avec 5 autres personnages qui proposent chacun des spécificités uniques, même s’ils ne sont guère différents au niveau de la jouabilité, contrairement au récent Streets of Rage 4 et autres jeux similaires. En outre, on a les bonus rajoutés avec les mises à jour et les DLC : jeu en ligne jusqu’à 4, mode consacré aux boss, survie avec une tonne de zombies, Battle Royale (non, ce n’est pas 1 contre 99) et balle au prisonnier, de quoi s’amuser un peu plus longtemps, surtout à plusieurs. Scott Pilgrim vs. The World: The Game – Complete Edition conserve donc un gameplay agréable mais aussi ses faiblesses, ce qui est regrettable car avec quelques changements, on serait proche de la perfection.
Du pixel art et de la musique à l’épreuve du temps
Pour une adaptation de comics tel que Scott Pilgrim, il est courant de voir de la 3D usant du cel shading mais pour Scott Pilgrim vs. The World: The Game – Complete Edition ainsi que l’ancienne version, Ubisoft a préféré utiliser un style 2D à l’ancienne, avec de gros pixels et des animations dignes d’antan. Pourtant, nous sommes loin d’avoir un rendu proche d’un titre Super NES : les personnages et décors ressemblent trait pour trait à la bande dessinée, ce style couplé à un pixel art de qualité donne un résultat qui ravit toujours autant les pupilles, encore plus aujourd’hui avec une haute définition et un framerate irréprochable. Il y a beaucoup de détails dans chaque lieu, les animations sont classes et drôles (même si on peut reprocher un léger abus avec les… rebondissements de certains attributs féminins), il y a de la vie et de la couleur partout… bref, un régal. Mention spéciale aux combats de boss, totalement exagérés, avec des effets qui prennent parfois tout l’écran.
Enfin, on ne peut parler de Scott Pilgrim vs. The World: The Game – Complete Edition sans mentionner sa délicieuse bande sonore. Outre les effets rétro, on a des musiques composées par le groupe de rock chiptune Anamanaguchi, ce qui colle parfaitement à l’œuvre. Chaque niveau a un morceau unique qui évolue à mesure qu’on avance, passant de tons purement 8-bits à un savant mélange de rock. Cela donne encore plus envie de distribuer des baffes à tout-va, mission réussie donc. De ce côté, aucune retouche n’a été effectuée mais pour le coup, il y en avait vraiment pas besoin. Enfin, presque : il y a de temps en temps des bugs sonores et un mixage pas toujours optimal.
Verdict : 7/10
Scott Pilgrim vs. The World: The Game – Complete Edition reste un jeu jouissif qui devrait ravir les fans qui ont envie de rejouer à ce petit classique de 2010, ainsi que les nouveaux joueurs en manque de bagarres à l’ancienne. Son rendu, son ambiance et son gamepIay n’ont quasiment pas vieillis d’un pouce, on prend toujours un malin plaisir à explorer un Toronto extravagant et à affronter ces ex plutôt timbrés sur les bords. ll est juste regrettable qu’Ubisoft n’ait pas daigné corriger les soucis ici et là, ce qui aurait pu donner une édition quasiment irréprochable. Bon anniversaire, Scott (avec un léger retard).
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