Testé lors du Steam Next Fest, SCHiM est l’un des jeux indépendants les plus attendus, en raison de son style graphique et de sa proposition relaxante tout en abordant un sujet philosophique : l’âme. Parcourant les différents tableaux en sautant d’ombres en ombres, SCHiM nous transporte dans son univers et ses diverses représentations de villes et de campagnes néerlandaises. Pour autant, est-ce un jeu qui plaira à tout le monde ? La réponse est plus complexe qu’il n’y paraît…
Test réalisé sur PC grâce à une version numérique fournie par l’éditeur
Un jeu d’ombres et de lumières
L’histoire de SCHiM pourrait tenir sur un post-it, tant la proposition du titre se focalise avant tout sur un gameplay simple et des décors composés d’une palette de couleurs réduite. Mais avant de parler plus en détail du scénario, il faut comprendre ce qu’est un SCHiM. Chacun aura sa propre représentation de ce qu’il est, que cela soit l’âme d’une personne, d’un objet ou tout simplement une simple ombre provoquée par la lumière. Ce qui est sûr, c’est qu’un SCHiM ne doit jamais perdre son lien avec son propriétaire, que cela soit un humain, un animal ou encore un objet. Ainsi, vous êtes le SCHiM d’un humain, et cela, depuis sa plus tendre enfance.
Ayant connu la joie de jouer avec son frère aux pompiers, d’explorer le quartier, de faire de hautes études ou encore connaître sa première relation amoureuse, tout se déroule pour le mieux jusqu’au jour où, devant faire un choix professionnel, votre humain décide de ne pas suivre son rêve d’être pompier. Malheureusement pour lui, tout ne se passe pas comme prévu et il se retrouve rapidement à la rue, enchaînant les mauvaises passes jusqu’à briser son lien avec son SCHiM, c’est à dire vous, le joueur. Votre objectif est clair : vous devez retrouver le chemin de votre humain à travers nombre de tableaux en sautant d’ombres en ombres tout en aidant des SCHiM qui, comme vous, ont perdu la trace de leur attache.
Avec un pitch aussi simple, Ewoud van der Werf et Nils Slijkerman, seuls développeurs sur le jeu, ont pu se focaliser essentiellement sur la conception des différents tableaux ainsi que les énigmes qui les composent. Et côté inspiration vidéoludique, difficile de ne pas y voir en SCHiM une référence à un titre iconique de l’histoire du jeu vidéo d’arcade : Frogger. Pour les plus jeunes d’entre nous, Frogger est un jeu sorti en 1981 sur Atari où vous incarnez tout simplement une grenouille devant traverser une route ainsi qu’une rivière pour atteindre sa maison. On y voit alors ici un parallèle clair avec SCHiM, similaire à une grenouille en slime, devant voyager de plateforme en plateforme, ici représentée par des ombres, pour retrouver sa maison. Seule différence avec sa référence : si vous ratez votre saut et que vous vous retrouvez en plein milieu du passage, vous ne mourrez pas, mais reviendrez facilement à un point de sauvegarde proche, représenté par une ombre en pointillé.
Ce dernier point est dans un premier temps rassurant, mais deviendra vite frustrant lorsque le jeu décidera pour vous de placer un point de sauvegarde à plusieurs ombres de votre saut raté. Cette frustration sera davantage accentuée par des traversées de route ou encore des parcours liés à un timing, devant parfois attendre quelques secondes qu’une voiture ou un vélo passent, sans pour autant proposer une alternative ou alors un rythme bien distinct. Mais un point qui rattrape la chose est l’accessibilité, avec une prise en main simplifiée au possible, rappelant aussi ce choix si particulier de direction artistique.
Une petite ombre au tableau
Ce que l’on retiendra surtout de SCHiM, c’est avant tout son aspect artistique, proposant ainsi différents tableaux composés seulement d’une palette de couleurs restreinte. Un choix qui le démarque ainsi de ses potentiels concurrents, mais qui est avant tout pratique, notamment via la possibilité de changer les couleurs de cette même palette lors d’un niveau. En effet, comme l’explique si bien Ewoud van der Werf, ce choix esthétique a essentiellement été guidé par son daltonisme, l’empêchant de percevoir certaines couleurs.
De ce fait, proposer une palette restreinte lui permet de rendre le jeu très clair et facilement distinguable, et cela, même pour les joueurs qui ont une forme de daltonisme similaire à la sienne. Mais avec une palette aussi réduite, d’autres contraintes sont apparues, apportant alors le choix de réaliser des contours plus ou moins épais sur les différents éléments du jeu ou encore de réduire les détails des éléments au strict nécessaire. Un choix qui n’est pas plus mal, tant le titre n’est pas gourmand en espace de stockage (moins de 1Go) et peut ainsi tourner sur n’importe quelle configuration.
Avec un aspect minimaliste dans ses environnements, SCHiM propose alors la possibilité de faire pivoter le monde via deux touches, permettant alors de choisir un point de vue plus intéressant avant d’effectuer un saut ou alors de découvrir des passages cachés derrière un mur. Et lorsque l’on prend en compte le gameplay, s’axant alors autour de sauts à travers les ombres régies par la position de la lumière ou de toute source lumineuse, cette option devient alors indispensable pour trouver son chemin. Mais une première ombre au tableau apparaît alors ici : la caméra peut certes se déplacer de haut en bas, mais elle ne sera pas libre, contraignant alors la vue de notre SCHiM à une seule position.
Ce choix apportera alors des angles de caméra parfois obstrués par les décors ou alors des angles de vue pas des plus agréables, poussant à réaliser des sauts parfois totalement à l’aveugle. Il aurait peut-être été intéressant d’avoir une caméra libre avec un axe sur notre personnage au lieu de simplement faire tourner le monde, à la manière d’un Captain Toad. Passé cette petite déconvenue, le jeu applique parfaitement la logique de position d’ombres via différentes sources lumineuses. Il vous sera de temps en temps demandé, lors de niveaux en pleine nuit, d’activer les phares de voitures ou alors de sauter au bon timing lorsqu’un détecteur de mouvement éclairera la route. Un renouveau dans le gameplay qui est plutôt bien amené, poussant de nombreuses fois à la réflexion.
Vivre une expérience avant le gameplay
SCHiM est avant tout le genre de jeu qui se vit plutôt que l’on n’y joue pour son gameplay. En effet, avec une histoire simple, un gameplay efficace, mais répétitif à la longue, ne se renouvelant qu’à travers l’activation de nouveaux objets ou alors d’événements météorologiques (par l’exemple de la phase orageuse), ou encore un style graphique épuré, SCHiM ne joue pas sur la même branche que les jeux à connotation relaxante ou encore tranche de vie, à la manière d’un Toem qui reprend légèrement l’esthétique de ce que nous propose SCHiM. Ici, le titre nous propose avant tout de suivre la vie d’un humain subissant de nombreux changements, que cela soit de sa perte de travail, d’un déménagement, de la question de la place de la famille ou encore du fait de se vider l’esprit à travers des choses simples.
Ce choix d’aborder un sujet de prime abord classique, touchera n’importe quel joueur, pouvant ainsi se retrouver dans l’une des nombreuses petites histoires que nous présentera le jeu. Des histoires qui suivront une trame principale, mais qui peuvent être prises indépendamment de celle-ci, et cela à travers chaque tableau, représenté par un changement de palette de couleurs et d’environnements. Un terme qui n’est pas anodin, tant certains endroits seront construits en suivant les principes de composition d’image, avec des éléments visuels forts tout en gardant ce brin de légèreté.
Mais parfois, l’expérience ne suffira pas à maintenir l’attention d’un joueur si celui-ci ne se donne pas les moyens de comprendre au-delà de ce que le récit laisse transparaître. Difficile alors pour SCHiM de capter notre attention sur une longue partie de jeu, tant les niveaux se ressemblent en matière d’assets ou encore de mécaniques, ayant que très rarement des effets « Wow » ou encore de vrais casses-têtes à proprement parler. Même si le jeu poussera le joueur à l’exploration, et cela, surtout lorsque vous presserez le bouton pour afficher la destination et que la caméra se positionnera sur un SCHiM en détresse plutôt que la quête principale, le titre aura du mal à maintenir son audience sur la longueur. Nous vous conseillons alors de profiter de SCHiM sous le coup de plusieurs sessions pour ne pas avoir une overdose de niveaux qui se ressemblent ou alors de frustration à cause d’un saut mal calculé. Vous apprécierez alors davantage les thèmes abordés par le titre ainsi que les environnements d’une douceur et d’une simplicité fortement agréable à l’œil.
Verdict : 6/10
Si nous devions ainsi répondre à la question posée dans le chapeau, SCHiM est avant tout une expérience qui parlera à tout le monde plutôt qu’un jeu qui brillera par son histoire ou son gameplay. Avec une jouabilité simplifiée au maximum, se résumant alors à sauter et à interagir avec quelques éléments du décor, SCHiM s’adresse à n’importe quel membre de la famille qui interprétera l’histoire en fonction de son âge, tant le sujet touchera toutes les générations. On regrettera de temps en temps un angle de caméra qui n’est pas des plus pratiques ou encore des sauts approximatifs, mais ces points seront contrebalancés par un choix artistique très sobre qui marquera à coup sûr les esprits. Avec une sortie officielle sur l’ensemble des plateformes, soit sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X|S, Switch et PC, le titre se destine avant tout à la console portable de chez Nintendo tant sa construction en chapitre peut être appréciable lors de courtes sessions. Avec un prix aussi réduit de 24,99€, il serait dommage de ne pas lui laisser une chance ou alors de vous laisser tenter par sa démo, vous offrant alors les 20 premières minutes du jeu et une bonne vision de ce qu’il aura à vous proposer.
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