Samurai Warriors revient avec un 5ème volet, sobrement intitulé Samurai Warriors 5. Toutefois, il ne s’agit pas d’une simple suite : en effet, Koei Tecmo et Omega Force ont décidé de donner un petit coup de frais à la licence, que ce soit en reprenant l’histoire depuis le début ou en changeant de style graphique. Une décision qui a de quoi renouveler l’expérience et plaire au plus grand monde, du moins en théorie.
Test réalisé sur PS5 grâce à une copie numérique PS4 envoyée par l’éditeur
Nobunaga, c’est plus fort que toi
Durant les années suivant 1467 après J.-C, tout le Japon est en guerre et l’ère Sengoku n’a pas encore débutée. Une longue période de conflits et de complots prend alors place, sans qu’aucun seigneur ne domine vraiment les autres. Plusieurs décennies plus tard, en 1546, les plus puissants souhaitent devenir Shogun et parmi une galerie de personnages aussi illustres que forts, un certain Nobunaga Oda émerge petit à petit. Le jeune chef du clan Oda est téméraire, têtu et imprévisible, aimant foncer dans les batailles mais au fond de lui, il a bon cœur et s’il fait tout cela, c’est dans le but d’apporter la paix au Japon. Une pensée noble et juste mais le comportement de Nobunaga est loin d’être accepté par tous les membres de son clan. Heureusement, il va croiser le chemin (ainsi que le fer) avec de futurs potentiels alliés, dont Mitsuhide Akechi, afin de mettre fin à cette époque sanglante.
Les fans de Samurai Warriors auront tout de suite remarqué que Samurai Warriors 5 est une sorte de reboot pour la franchise. En effet, on revient quelques années en arrière et on recommence tout, en suivant notamment la montée en puissance du charismatique Nobunaga Oda. Cela permet de reposer les bases et aussi d’accueillir à bras ouverts les nouveaux venus. Naturellement, bien qu’Omega Force reprend des faits réels, il y a toujours une certaine liberté prise, de quoi s’extasier devant certaines scènes tantôt ridicules, tantôt épiques. Il est amusant de voir bon nombre de figures historiques sous un nouveau jour, aussi exagérées que possibles, bien que l’on n’échappe pas à certains clichés qui font forcés sur les bords, notamment du côté des femmes. La mise en scène est bien fichue lors des meilleurs passages et à côté, les dialogues plus basiques ne sont certes pas transcendants mais on suit tout de même l’histoire avec un minimum de plaisir. De plus, ce n’est pas toujours aussi explosif que ce que l’on pourrait imaginer, il y a quelques moments plus graves et surprenants, de quoi tenir un minimum en haleine les joueurs. Rien de bien fou ou innovant mais cela fait largement l’affaire, chose qu’on ne peut tout à fait dire à propos du gameplay.
One Million Troops
En tant que Musou d’une longue série, Samurai Warriors 5 n’avait pas de quoi trop étonner côté jouabilité et level design mais après les récentes tentatives comme Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau ainsi que Persona 5 Strikers, il faut avouer l’on espérait du changement. Hélas, ce n’est pas le cas : ainsi, on a l’habituelle structure de niveaux séparés avec des cartes plus ou moins grandes, des objectifs (pas très variés) à accomplir, des centaines et des centaines de larbins à décimer et quelques boss à affronter. Du revu et du revu, en somme, surtout que le level design se veut simple une fois encore, à savoir des couloirs où l’on se contente d’aller d’un bout à l’autre lorsqu’on nous le demande. Il y a bien des petites missions secondaires ainsi que des objets à trouver mais c’est relativement anodin. On ne demandait peut-être pas de retenter l’expérience du monde ouvert comme avec Dynasty Warriors 9, qui a largement divisé les fans mais un peu plus d’ambition n’aurait pas été du luxe, surtout pour un opus qui réimagine la saga.
Pour ce qui est du combat pur et dur, là aussi, Samurai Warriors 5 ne tente pas trop le renouvellement et on garde un gameplay classique. Nous avons plus de 30 personnages mais en dehors des coups/éléments spéciaux (feu pour Nobunaga, clonage ninja pour Hanzō Hattori, etc.) et de petits attributs comme la vitesse de déplacement, le maniement change surtout en fonction de l’arme équipée. Il y a de quoi faire entre la grosse épée, le katana, l’arc, la lance et bien d’autres, ce qui varie un minimum l’expérience. On retrouve des attaques rapides et fortes à mélanger pour effectuer des combos, une esquive, une garde, des compétences spéciales à activer – inspirés des dernières productions Omega Force – et les fameux coups ultimes qui en mettent plein la vue grâce à 2 jauges spéciales, de quoi enchainer des centaines et des centaines d’ennemis sans trop suer. La jouabilité se veut sans prise de tête, fun et efficace, comme d’habitude dans les Musou. En outre, avec un allié spécial sur le terrain, on peut faire des techniques à 2 et il est possible de monter à cheval pour aller un peu plus vite, tout en écrasant de pauvres soldats sur le chemin, évidemment.
Malgré tout, Samurai Warriors 5 manque un peu de vélocité et de sentiment de puissance dans ses batailles, Omega Force souhaitant revenir vers quelque chose de plus conventionnel et posé. Certains apprécieront mais après les dernières productions du studio, on souhaitait un Samurai Warriors qui ose aller plus loin dans la folie. Ne vous attendez donc pas à voir de la destruction dans les décors, des déplacements à la vitesse de la lumière ou à envoyer vos adversaires valdinguer sur des dizaines de mètres. Aussi, comme d’habitude, les soldats de base ne sont que très rarement un danger et servent davantage de chair à canon, faire face à eux devient rapidement une simple habitude plus qu’un enchantement, même si cela reste un tantinet rigolo d’en dézinguer des dizaines d’un coup de sabre. Quant aux boss, ils sont un peu plus ardus mais rien de fortement complexe pour autant. Alors oui, des sensations, on en a, surtout quand on enchaine des combos dépassant facilement les 1000 mais dans les faits, on reste sur un gameplay qui n’a guère évolué depuis les premiers opus.
En dehors des affrontements, il n’y a pas grand chose à faire mais il y a tout de même une petite composante gestion loin d’être déplaisante, permettant de souffler un peu entre chaque bataille. En effet, il faut gérer chaque personnage : compétences à équiper, arbre d’amélioration, armes à perfectionner, entrainement via un système de points permettant de monter de niveaux… Là aussi, Samurai Warriors 5 ne prétend pas réinventer la roue mais il fait les choses de manière correcte. Un peu trop, peut-être, l’empêchant réellement de se démarquer mais que les fans se rassurent, il reste tout de même un minimum entrainant, pour peu qu’on aime le genre. La durée de vie est suffisante (entre 10 à 20h pour l’histoire principale, davantage pour tout faire et tout voir), avec plusieurs chapitres par personnages ainsi qu’un mode supplémentaire en dehors de l’Histoire et on peut jouer à 2.
Une présentation revue
Là où Samurai Warriors 5 était attendu au tournant, c’est avec sa direction artistique, s’éloignant du rendu semi-réaliste des anciens volets. Pour le coup, Omega Force n’a pas chômé : chaque personnage a le droit à un design inédit et on passe à un style anime mélangé avec ce que l’on voit dans les peintures japonaises traditionnelles. Le résultat est plutôt agréable à l’œil, avec des héros et méchants assez classes, des effets visuels inspirés et quelques décors au rendu plus que correct. Le changement ne choque pas, au contraire, il colle parfaitement à ce qu’a souhaité retranscrire le studio en terme d’ambiance, à savoir la rencontre entre l’histoire et l’exubérance des jeux d’action japonais. Mention spéciale, comme toujours, aux coups ultimes qui envoient dans les airs des dizaines d’ennemis avec des mouvements qui en imposent avant de finir sur une pose des plus appréciables, avec des illustrations de toute beauté.
Cependant, si on reste sur la pure technique, ce n’est pas très folichon. Graphiquement parlant, malgré la nouvelle direction artistique, Omega Force a toujours du mal à faire plus que ce qui est requis et on a donc quelques textures ratées (certaines restent d’ailleurs un poil trop réalistes, jurant avec les personnages), des distances d’affichage pas toujours au top, des modèles anguleux, des décors parfois pauvres, des ombres étranges… Aussi, on se retrouve avec un curieux effet de flou sur les côtés, rappelant un peu l’aberration chromatique mais ici, ce n’est pas justifié. C’est potable, sans l’ombre d’un doute mais on dirait une fois de plus qu’on est sur une génération en arrière (voire 2 même, maintenant). Heureusement, sur la version PlayStation 4, le framerate reste majoritairement impeccable, à 60 images par seconde et les temps de chargement sont assez courts.
Enfin, pour la bande-son de Samurai Warriors 5, Omega Force remplace l’electro par du rock et de l’orchestral, tout en gardant un mix avec les musiques japonaises traditionnelles. Pour le coup, on a rien à redire, les morceaux sont de qualité et mettent en valeur l’action dépeinte à l’écran, que ce soit dans les moments calmes ou les batailles les plus folles. Il n’y a pas spécialement de musique qui a retenu notre attention plus que d’autres mais chacune contribue à l’immersion comme il faut, ce qui est déjà pas mal. Quant aux voix japonaises, là aussi, c’est du bon travail et les acteurs s’en donnent à cœur joie pour nous plonger davantage dans cette guerre atypique. Dommage que le reste ne suive pas autant.
Verdict : 6/10
On prend les mêmes et on recommence : avec Samurai Warriors 5, Omega Force a tenté de renouveler la formule mais le résultat est encore loin d’être pleinement convaincant. Si on apprécie le retour à la case départ concernant le scénario, sans oublier un style graphique plus original, les défauts habituels de la licence (et du genre) l’empêchent de briller de 1000 feux. Les fans de toujours seront sans doute satisfaits de voir les débuts de ce cher Nobunaga Oda sous un nouveau jour mais les autres risquent de s’ennuyer assez rapidement. Pour le prochain opus, on espère de véritables changements et un moteur graphique revu à la hausse afin d’enfin offrir des batailles dignes de ce nom.
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