Sakura Wars est le nouveau volet de la saga Sakura Wars. Comment ça, cela n’a pas de sens ? Pas de panique : c’est en fait un reboot et cela se voit directement grâce à quelques aspects, notamment la nouvelle direction artistique signée Tite Kubo – auteur de Bleach – ainsi que des combats davantage tournés vers l’action. Cependant, le titre reste fidèle à ses principes et n’est pas un simple jeu d’action. Il est avant tout un Visual Novel, donc davantage tourné vers les dialogues, les romances, etc. Repartir de zéro était-il une bonne idée de la part de Sega ? Après avoir été séduits par diverses femmes bien différentes et combattu de nombreux démons, on a réussi à trouver un moment de liberté pour vous livrer nos impressions.
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à un code numérique fourni par l’éditeur
Elle m’aime un peu, beaucoup, passionnément…
Sorti en 2019 au Japon, Sakura Wars débarque enfin en Europe avec un nouvel aspect et, surtout, une histoire toute fraîche. Contexte : en l’an 1940, dans un Japon fictif envahi par des démons, on incarne principalement Seijuro Kamiyama, ancien capitaine de la marine. Aujourd’hui, il est nommé capitaine de la Brigade des fleurs de Tokyo, une troupe combattant les démons dans des méchas mais qui a perdu son prestige d’antan. La base de l’équipe ? Le théâtre impérial de Tokyo car oui, en plus de parfois monter dans des machines pour affronter des monstres, les membres de la Brigade montent également sur scène pour divertir le peuple tokyoïte. Sauf qu’il y a un souci majeur, c’est que les personnes sous les ordres de Kamiyama ne sont pas très douées, ni sur le champ de bataille, ni devant la foule. En tant que nouveau capitaine, il faut alors motiver les troupes afin de remporter la victoire sur de nombreux fronts et éviter à la Brigade de fermer boutique, surtout qu’il y a une compétition impliquant d’autres brigades qui menacent leur existence, les perdants devant cesser toute activité. Aussi, Kamiyama doit faire face à un autre « problème » particulier : tous les membres de la Brigade sont des femmes et à force de les côtoyer, des liens se créent évidemment mais il y a aussi des situations… cocasses, mettant souvent dans l’embarras notre pauvre capitaine. Cerise sur la gâteau, l’une des membres est son amie d’enfance de longue date, Sakura. Tout un programme.
Bien que Sakura Wars soit un reboot, il ne renie pas les autres jeux de la série. On revoit certaines têtes bien connues d’ailleurs, comme Sumire, sous un œil nouveau. Cependant, c’est effectivement un nouveau départ avec plusieurs personnages et une histoire inédits. Est-ce réussi, surtout que c’est l’un des principaux aspects du jeu ? La réponse est oui et plutôt deux fois qu’une. Les péripéties de Sakura Wars se laissent suivre avec grand plaisir tant le jeu mélange bien romantisme, humour et dramaturgie. Bien qu’il n’échappe pas à certains clichés du genre, il sait les utiliser à bon escient pour nous procurer de belles émotions. Au fil des chapitres, les relations entre Kamiyama et sa brigade s’épanouissent, pour le meilleur et aussi pour le pire mais c’est souvent drôle. Par exemple, notre bon héros peut se trouver coincé dans la salle de bain des filles (par pur hasard, évidemment) et il cherche alors plusieurs solutions pour éviter de se faire pincer, (sou)rire garanti. Les situations plus sérieuses ne sont pas en reste également grâce à une écriture efficace et des séquences bien réalisées qui ne laisseront pas les joueurs de marbre, notamment vers la fin. Il y a aussi pas mal de surprises relançant l’intérêt à plusieurs reprises, même s’il arrive souvent que le suspense soit quelque peu ruiné avec les aperçus de chapitres lorsqu’on en finit un. Vous savez, comme dans bon nombre d’animes tel que One Piece. Dans tous les cas, l’histoire de Sakura Wars est une bonne réussite et on doit cela en partie grâce à ses mécaniques de Visual Novel qui impliquent davantage le joueur dans le récit.
Gloire, amour et démons
Sakura Wars est avant tout un Visual Novel donc fortement axé sur les dialogues. Pour ce faire, on a un gameplay des plus simples : lorsqu’on n’affronte pas les démons (on y reviendra plus tard), on joue uniquement Kamiyama et on explore différents lieux, principalement le théâtre qui sert de quartier général. On peut y trouver des cartes à acheter/collectionner montrant les héroïnes sous différents angles (mais rien de pervers, si cela peut vous rassurer), se faire quelques parties d’Hanafuda – jeu de cartes japonais – quand l’envie prend mais principalement, on discute avec divers personnages, surtout ceux de son équipe. Parfois, il y a des dialogues qui ne servent pas à grand-chose si ce n’est faire passer le temps mais il arrive souvent que cela améliore les relations entre Kamiyama et sa troupe, voire l’inverse. Cela dépend de vous car il y a des moments où il faut choisir quoi dire et il y a même des passages où l’on décide avec quelle intensité on dit/fait telle ou telle chose.
Ce n’est pas non plus aussi poussé que dans un jeu tel que Detroit: Become Human ou autre mais cela fait ici parfaitement l’affaire, surtout qu’on a tout de même certains choix intéressants, notamment au niveau de la romance. Vous pouvez améliorer votre affinité avec tous les membres de la Brigade des fleurs mais si vous le souhaitez, vous n’êtes pas obligés d’aller au bout avec chacune. Le jeu vous pousse d’ailleurs à surtout être proche de Sakura, à vous de voir si cela vous correspond ou non. Lorsque vous avez assez amélioré votre relation avec un personnage, une phase de « drague » peut commencer. Cela donne lieu à des dialogues mielleux ainsi qu’à des observations plus ou moins gênantes, un plaisir (coupable) à chaque fois. Quant au comportement de Kamiyama, vous pouvez en faire un parfait gentleman ou un coquin de première selon vos envies, ce qui amène à des situations hilarantes (et c’est aussi là qu’il y a un peu de fan service… mais cela reste très soft). Il est juste dommage que certains choix n’aient pas de réelle importance vu que le scénario de base reste fixe quoi qu’il arrive. Malgré tout, le côté Visual Novel est plutôt satisfaisant, notamment grâce aux personnages attachants et la partie visuelle qui se veut réussie.
La grande nouveauté de Sakura Wars par rapport à ses ancêtres, c’est d’inclure des combats mettant l’accent sur de l’action en 3D. Dans les anciens jeux, ces parties étaient portées sur le tactique, un peu à la manière des Fire Emblem. Le choix est-il justifié et, surtout, de qualité ? Hélas, ce n’est pas tout à fait au point dans ce premier jet : à travers divers niveaux, on contrôle différents membres de la Brigade dans leurs méchas afin de terrasser de vils démons. Pour ce qui est des déplacements, ils sont simples puisqu’on peut marcher, effectuer des dashs, faire des (doubles) sauts et parfois, utiliser les murs pour aller en hauteur ou traverser des zones périlleuses. Il y a quelques phases de plates-formes mais elles sont anodines tant elles sont peu nombreuses et simples. Le principal intérêt des niveaux avec les méchas, c’est donc de combattre. Pour cela, chaque personnage possède un armement différent ainsi que des attaques spéciales qui lui sont propres. Par exemple, Kamiyama et Sakura se battent avec de grands sabres mais Azami se bat davantage comme une ninja et Clarissa utilise des pouvoirs magiques à distance grâce à un livre. Cela apporte un peu de variété aux batailles mais dans les faits, tous se jouent plus ou moins de la même manière, l’utilisation de la manette se limitant qu’à un faible nombre de boutons.
En gros, on a des attaques rapides et fortes, la possibilité de faire quelques combos au sol/aériens et une fois une barre spéciale remplie, on peut lancer une attaque ultime. Il y a également l’esquive via le dash qui, effectuée au bon moment, permet de ralentir le temps façon Bayonetta (ce qui est toujours classe, ne nous le cachons pas) mais sinon, c’est à peu près tout. Chaque ennemi se combat plus ou moins de la même manière et, surtout, la difficulté est pratiquement aux abonnés absents, les démons de base comme les boss n’ayant pas beaucoup d’attaques variées et efficaces en dehors de quelques exceptions. La barre de vie descend assez lentement et en plus, on récupère souvent de la santé, on ne s’inquiète donc pas trop par rapport à cela. Enfin, en plus de l’absence de caractéristiques RPG (il y a bien les points de vie et l’attaque qui augmentent si l’on ne se fait pas toucher un certain nombre de fois mais c’est tout, rien en dehors des batailles ne compte pour la progression des personnages), un certain manque de précision se fait ressentir au niveau de l’esquive, un poil trop rigide. Heureusement, le jeu est d’office lancé en Europe avec la version 1.01, qui a ajouté un ciblage des ennemis (oui, les joueurs japonais ont dû attendre des mois pour avoir cet ajout de taille !), rendant les combats un peu moins brouillons mais cela n’améliore que peu les choses. Bref, la partie action de Sakura Wars mérite de nombreuses améliorations encore avant de convaincre pleinement même si elle n’est pas non plus totalement ennuyante grâce à ses attaques qui en mettent plein la vue. Heureusement, le nombre des séquences d’action est bien inférieur au reste, de quoi tout de même s’amuser un minimum durant les 20-30 heures requises pour finir le jeu une première fois (vous pouvez tout à fait refaire l’aventure pour faire d’autres choix et voir d’autres romances, garantissant une belle rejouabilité si vous aimez vraiment).
Beau comme un cerisier en printemps
Qui dit jeu de 2020 sur une PlayStation 4 en fin de vie dit jeu qui devrait convaincre un minimum visuellement. Heureusement, de ce côté, Sakura Wars est bien fichu. Utilisant l’Hedgehog Engine 2 de Sonic Forces, Sega a donné vie à une ancienne Tokyo fictive avec de belles architectures (rendant parfaitement hommage à l’époque qui a servi d’inspiration tout en empruntant au genre steampunk) modélisées avec soin et des effets visuels on ne peut plus réussis. Mention spéciale aux personnages, dont le character design a été concocté par Tite Kubo, l’auteur du manga Bleach. Les différents protagonistes et antagonistes sont expressifs au possible, participant au plaisir d’interagir constamment avec eux. Bien qu’il n’y ait pas de cel shading, l’effet anime/manga se fait souvent ressentir grâce à un bon choix de contours, couleurs et textures. De plus, il n’y a pas de réel souci technique qui ressort, le tout est fluide et propre, sans oublier que les temps de chargement sont plutôt bons. On note simplement un peu d’aliasing ici et là mais rien de bien grave. Enfin, certaines cinématiques sont réalisées soit en images de synthèse, soit en dessins animés (avec quelques images fixes dans le lot), ponctuant les meilleurs passages avec beauté. Quant aux cinématiques utilisant le moteur du jeu, elles sont elles aussi bien tournées avec des animations et cadrages nous immergeant avec plaisir dans le monde de Sakura Wars. Que ce soit du coté technique ou artistique, c’est donc un résultat largement satisfaisant, ce qui est plus qu’un bon point pour un Visual Novel.
La partie sonore a également son importance dans ce genre de productions et de ce côté-là, on regrette surtout une chose : il y a encore de nombreux dialogues qui ne sont tout simplement pas doublés. Cela passerait dans un autre genre de jeux, surtout si cela concernait des dialogues anodins. Mais ici, cela fait tout de même partie intégrante du plaisir, surtout qu’il est étrange parfois de voir des dialogues qui peuvent être considérés comme importants non doublés alors que d’autres le sont sans apporter grand-chose ni à l’histoire, ni aux relations. Dur de ne pas être déçu quand les personnages bougent et parlent sans qu’aucun bruit ne soit présent, surtout que le reste se veut réussi. Cependant, quand ils parlent, cela donne de bons résultats grâce à des doublages japonais réussis et ce à chaque situation. Enfin, quant à la musique, Sega a fait appel au compositeur de Sakura Wars premier du nom qui a fait du chemin depuis et qui continue de fournir des musiques splendides : Kohei Tanaka. Ce nom vous rappelle quelque chose ? Oui, c’est bien lui qui s’occupe en grandes parties des musiques de One Piece. De ce fait, beaucoup de sons peuvent un peu rappeler ce qu’on entend dans l’aventure de Luffy au Chapeau de paille mais Tanaka et son équipe ont tout de même réalisé un joli travail. Dès l’introduction du jeu avec une reprise du thème du premier opus, nos oreilles sont gâtées avec de belles musiques orchestrales collant parfaitement à chaque moment, qu’il soit drôle, émouvant ou épique. Les bruitages aussi sont efficaces. Une bande sonore sans fausse note, dans tous les sens du terme. Dommage que le reste ne suive pas toujours.
Verdict : 7/10
Sakura Wars est donc un reboot de qualité mais terni par quelques points mauvais points, notamment sa partie action trop facile et limitée ainsi que quelques aspects gâchant le plaisir durant la partie Visual Novel. C’est dommage car on ne peut pas dire que Sega a fait le travail à moitié avec cette remise à neuf de la saga tant le reste se montre séduisant et de qualité. Au final, on vit tout de même une belle aventure, drôle et émouvante, notamment grâce à ses personnages et ses situations farfelues. De quoi pardonner, non sans une certaine difficulté, ses plus gros défauts. Cependant, si vous recherchez surtout de l’action, ce jeu n’est clairement pas fait pour vous. Quant aux fans de Sakura Wars et de Visual Novel en général, foncez, vous ne serez clairement pas déçus sur le long terme.
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