Après 2 premiers jeux faisant directement concurrence à GTA, la série Saints Row a pris un gros virage avec ses suites, notamment dans Saints Row IV où le boss des Saints est devenu président et a mis fin à une menace extraterrestre, rien que cela. Si pour certains, ce n’était que la suite logique des choses, pour d’autres, c’était l’inverse et on se demandait alors si les limites seraient dépassées avec Saints Row 5. Eh bien non : Volition a fait le choix du reboot et nous livre donc en cette année 2022 Saints Row, qui nous fait découvrir un nouvel univers ainsi qu’un cadre de jeu plus exotique. Préparez vos lunettes de soleil et vos crèmes solaires, puisqu’on va faire un petit tour dans la chaleureuse ville de Santo Ileso.
Test réalisé sur PlayStation 5 à l’aide d’un code fourni par l’éditeur
Le second début des Saints
Saints Row version 2022 nous fait donc incarner un tout nouveau boss (qui peut avoir n’importe quel genre, pour ce test, ce sera un homme), du moins, pas au début. En effet, au départ, les Saints n’existent pas et notre personnage travaille pour Marshall, une milice privée un peu dingue sur les bords mais aux résultats efficaces. Si l’adrénaline et le devoir ne manquent pas au rendez-vous, l’argent, lui, pose problème, que ce soit au boss ou à ses fidèles amis Kevin, Neenah et Eli, qui vivent tous en collocation dans un appartement miteux. Chacun possède ses propres rêves et ambitions mais il n’est pas facile de se faire un nom dans le monde d’aujourd’hui. Après une mission qui tourne mal, le boss est viré des Marshall et forcément, il n’est pas super content. Suite à d’autres événements, les 4 amis décident de monter leur propre gang et après avoir pris pour base une église à l’abandon, ils se trouvent un nom : les Saints. Ainsi commence leur épopée vers les sommets du monde criminel de Santo Ileso.
Lors de son annonce, Saints Row a quelque peu inquiété les fans avec des personnages plus jeunes et un cadre un poil plus réaliste, ce qui pouvait faire penser que l’ambiance particulière de la licence serait dénaturée. Toutefois, dès les premiers instants, il y a de quoi être rassuré et comme nous l’avaient promis les développeurs, on a un ton entre Saints Row 2 et Saints Row: The Third, ce qui donne une histoire aux moments délirants mais avec une pincée de scènes plus sérieuses, dont une assez étonnante dès les premières minutes de jeu dont on vous garde la surprise. La recette de Saints Row fonctionne plutôt bien, puisqu’on peut par exemple avoir une mission où il faut sauver l’un de nos amis en mauvaise posture tout en interrogeant un ennemi en lui collant la tête dans un juke-box et parfois, les amis du boss partagent leurs passés et émotions avec sincérité, ce qui fait qu’on s’y attache de plus en plus au fil de l’aventure.
Concernant le boss, il reste fou comme celui de l’ancienne saga et il a la gâchette facile, ce qui amène à des séquences drôles pour peu qu’on aime l’humour absurde. Preuve en est lorsqu’on le contrarie et qu’il préfère cribler de balles une personne plutôt que de discuter tranquillement avec. Cela dit, ce n’est pas toujours efficace à 100% et on regrette alors un peu l’écriture d’antan, qui se permettait vraiment d’être dingue et davantage satirique. Aussi, même si les amis du boss sont intéressants, ils n’ont pas encore les auras de personnages comme Johnny Gat ou Shaundi et il manque des personnages secondaires un minimum impactant. Toutefois, on passe un bon moment en compagnie des nouveaux Saints et l’histoire se laisse suivre avec un certain plaisir, ce qui est largement suffisant, surtout que l’on manque de jeux de ce type en ce moment.
Saintes claques et explosions
Même s’il est un reboot, Saints Row garde le gameplay de ses aînés, non sans oublier d’inclure quelques nouveautés bienvenues. Tout d’abord, il faut saluer la personnalisation, plus poussée que jamais et qui permet de créer le boss de vos rêves grâce à une ribambelle d’options. Envie d’un personnage qui vous ressemble ou d’une création totalement surréaliste et effrayante ? Pratiquement tout est possible, même de créer un héros ou une héroïne avec une prothèse, chose plus que rare dans le milieu. En plus, si vous avez envie de changer de look rapidement, cela peut se faire en quelques clics via le menu dédié du téléphone, nul besoin de se rendre dans un endroit en particulier, de quoi se faire plaisir à changer régulièrement d’allure. Il en est de même pour les armes et les véhicules, dont il est possible de changer les aspects grâce aux peintures, stickers, etc. Même la base des Saints peut être en partie remodelée selon vos goûts mais de ce côté, ça se limite à quelques décorations que l’on peut placer à certains endroits, dommage mais c’est toujours mieux que rien. En tout cas, la création fait partie des charmes de la série et le reboot y fait plus qu’honneur.
Quant au gameplay pur et dur, les habitués ne seront pas non plus dépaysés de ce côté car Saint Row reste un jeu de tir à la troisième personne bien arcade comme il faut et si nous n’avons pas de révolution, on a des rajouts assez plaisants. Pour ce qui est du tir, cela reste classique mais on a désormais la possibilité de faire des roulades, rendant les affrontements plus dynamiques, surtout contre des ennemis plus résistants et agressifs que par le passé même s’il ne faut pas s’attendre non plus à une IA qui va vous faire suer. Si le côté sacs à PV est perturbant au départ, on peut améliorer ses armes pour faire plus de dégâts et la personnalisation de l’expérience de jeu peut se faire via les options, que ce soit pour rendre les ennemis moins forts ou le contraire. Pour le coup, Volition n’a pas chômé et a livré divers outils afin que chaque joueur ait l’aventure lui convenant le mieux. Il est tout de même regrettable que l’on ait pas tant de variété que cela chez les ennemis et que les boss se comptent sur les doigts d’une main, ce qui peut créer un sentiment de répétitivité lorsqu’on enchaîne les missions qui proposent principalement des combats. Heureusement, la réjouissance reste au rendez-vous grâce au spectacle bourrin de l’ensemble. Cependant, pour les armes extravagantes comme le fameux dubstep gun du volet précédent, il y en a légèrement moins et c’est triste, même si on a des exceptions comme un gadget qui permet de tirer à travers les surfaces.
Là où les choses deviennent plus intéressantes, c’est via les aptitudes à débloquer en montant de niveau, permettant de faire des actions comme coller une bombe à un vilain gangster avant de le balancer sur ses copains ou bien même d’enflammer son poing. Pas de doute, Saints Row reste Saints Row et cela se voit également dans les habituelles animations aussi brutales que déjantées pour tuer/mettre KO ceux qui ont le malheur de croiser votre chemin. Coup de tête après un saut rotatif, série de claques humiliantes, gun fu à la John Wick et on en passe, on ne s’en lasse jamais. La conduite a également été revue, avec des drifts faciles à faire et la possibilité d’effectuer des takedowns à la Burnout pour faire exploser les véhicules des autres, ce qui est amusant. En parlant de voiture, si l’envie vous prend de vous mettre sur le toit afin de mieux tirer, cela peut se faire et c’est grisant, surtout quand on fait exploser des dizaines de véhicules autour de soi. Hélas, certains véhicules sont plus rigides que d’autres et la physique ne joue pas toujours en notre faveur mais cela reste mineur.
En ce qui concerne la liberté de mouvements, Saints Row se débrouille mieux que ses grands frères via l’ajout d’une wingsuit permettant de planer à haute vitesse dans les différents quartiers de Santo Ileso. Cela rend l’exploration plus divertissante, surtout que les activités annexes ne manquent pas : fraude à l’assurance qui signe son retour, vol de camionnettes, missions secondaires plus ou moins folles, drogue à récupérer, photos à prendre pour débloquer de la décoration et des voyages rapides, construction de divers établissements afin de camoufler vos activités illégales... On relève au passage une série de quêtes où le boss et ses amis participent à un jeu de rôle parodiant avec succès Game of Thrones et Mad Max, avec des ennemis faisant semblant de mourir. Certes, la majeure partie du temps, on conduit d’un point A à Z ou on décime des dizaines de lascars mais la boucle de gameplay est prenante grâce à une jouabilité simple, efficace et motivant le joueur à créer le meilleur empire criminel de Santo Ileso. Si la quête principale se finit assez rapidement, tout faire à Santo Ileso demande un temps considérable, facilement plus d’une trentaine d’heures. Saints Row est également jouable en coopération avec un autre joueur afin de faire davantage de carnage mais nous n’avons pas pu tester cela encore.
Santo Ileso, est-ce merveilloso ?
Avec Saints Row, Volition change d’air. Santo Ileso, c’est une ville inspirée du sud-ouest des États-Unis avec plusieurs quartiers aux allures et architectures différentes les unes des autres. Outre un coin ressemblant à Las Vegas et un quartier malfamé aux multiples tags colorés, on retrouve une montagne en forme de félin féroce, un désert et des canyons nous faisant transpirer, des coins urbains remplis de bâtiments gigantesques, des enseignes et publicités complètement décalées, etc. La direction artistique de Saints Row se veut plus recherchée et cela donne un résultat agréable à l’œil, notamment grâce aux couleurs chatoyantes et un rendu aussi stylisé que réaliste. Certains panoramas nous ont fait lâcher la manette quelques instants, nous faisant presque ressentir les vents chauds frappant Santo Ileso. Un bon dépaysement malheureusement gâché par une technique imparfaite.
Si Saints Row n’est pas non plus vilain graphiquement parlant, s’en sortant même plutôt bien la plupart du temps, son côté cross-gen se fait ressentir à de multiples reprises et gâche un tantinet le tableau dans sa globalité. Outre le pop-in et des ombres pas toujours optimales, les modèles et textures pourraient être de meilleure facture. De plus, certains bugs restent de la partie malgré une première mise à jour et il y en a qui peuvent vous faire relancer le jeu, comme le bouton précédent qui ne marche plus soudainement quand on est dans un menu, nous y bloquant alors. Heureusement, on a le choix entre plusieurs options graphiques – 1080p et 60 images par secondes, 4K et haute qualité d’image, etc. – et malgré les nombreuses explosions récurrentes, ça reste fluide sans baisses perturbantes, tout en offrant quelques belles mises en scène à la fois dans les cinématiques ainsi que certaines séquences de jeu. Pour ce qui est de la DualSense sur la version PS5, elle n’est pas exploitée à fond mais on a tout de même de bonnes vibrations ici et là.
Passons désormais à la bande-son, aspect important de la franchise car grâce à l’utilisation de musiques sous licence cultes, les jeux Saints Row ont su créer des moments mémorables. Sauver quelqu’un avec en fond sonore Holding Out For A Hero de Bonnie Tyler ou tuer des catcheurs à coups de tronçonneuses en écoutant You’re The Best de Joe « Bean » Esposito, ça fait quand même son effet. Si le reboot offre moins de trouvailles percutantes, il y a tout de même quelques passages devenant plus rigolos grâce à certaines musiques enclenchées et en général, les morceaux des différentes radios sont de qualité, avec des genres allant de la country au rap, tout en passant par du classique ou des sons latinos. La musique propre au jeu est plus générique en dehors de quelques exceptions mélangeant habilement techno et instruments d’Amérique latine, collant ainsi au cadre de Santo Ileso.
Enfin, côté doublage, on se retrouve avec uniquement des voix anglaises et comme toujours, Saints Row propose différentes voix pour les boss possibles. Les nouveaux acteurs se débrouillent de manière adéquate en général et une fois de plus, les injures coulent à flot mais ça manque de prestige par rapport aux castings de Saints Row: The Third et Saints Row IV qui avaient des pointures comme Troy Baker, Nolan North, Laura Bailey et même l’acteur de renom Keith David, entre autres. Le Saints Row de 2022 propose quelques dialogues plus plats que d’autres mais après tout, ils offrent souvent le sourire aux lèvres, comme le reste du soft.
Verdict : 8/10
Volition a pris quelques risques en rebootant Saints Row mais le résultat final reste fidèle à ce que l’on attend d’un jeu de cette franchise, à savoir de l’adrénaline et du fun. Bien qu’imparfait et ne proposant pas toujours la folie de ses prédécesseurs, l’aventure des Saints de Santo Ileso ne manque pas de charme et devrait plaire aux amateurs de GTA-like souhaitant des expériences ridicules et explosives. Actuellement, c’est surtout l’aspect technique et les bugs qui posent le plus de soucis mais nul doute que quelques mises à jour sauront corriger un tant soit peu le tir. Dans tous les cas, avec Saints Row, les anciens comme les nouveaux joueurs y trouveront sûrement un défouloir adéquat. Prenez un ticket pour Santo Ileso, vous ne le regretterez pas.
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