Si League of Legends est déjà une licence fort connue dans le milieu, depuis cette année, elle a pris du galon avec la série Arcane sur Netflix et la multitude de projets à part. Ruined King: A League of Legends Story en fait partie : cette fois, point de MOBA mais un RPG pur et dur. Développé par Airship Syndicate, équipe composée par d’anciens membres ayant travaillé sur les jeux Darksiders et qui a fourni Battle Chasers: Nightwar, Ruined King: A League of Legends Story pourrait être la preuve que l’univers de League of Legends mérite d’être davantage exploité.
Test réalisé sur PlayStation 4 – via la rétrocompatibilité PS5 – grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
League of Legends, en avant les histoires !
Qui dit RPG dit normalement histoire importante et pour Ruined King: A League of Legends Story, c’est bien le cas. Avant toute chose, il faut savoir s’il est essentiel de connaître le lore de League of Legends ou si le titre d’Airship Syndicate est fait pour les néophytes. Soyez rassurés, nul besoin de connaître tous les détails sur chaque région de Runeterra – monde de la série imaginée par Riot Games – pour pleinement plonger dans le jeu. Bien sûr, les fans apprécieront les nombreuses références et voir certains personnages sous un nouveau jour mais le scénario est original et hautement accessible aux nouveaux venus. Ainsi, on se retrouve à Bilgewater et dans les Îles obscures : tout commence avec la ravissante mais terrible Miss Fortune, qui dirige Bilgewater après s’être vengée de Gangplank, sombre pirate qui a tué sa mère. Un problème de taille se pointe rapidement, à savoir la Brume noire, phénomène de magie noire qui met à mal bon nombre d’îles du coin. Miss Fortune doit y faire face mais elle n’est pas la seule, puisque l’on retrouve également Illaoi, Braum, Yasuo, Pyke et Ahri, bien connus des fans de la saga. Chaque personnage a ses raisons d’être présent à Bilgewater et ses environs. Au cours de l’aventure, l’équipe augmente petit à petit et la menace de la Brume noire également, surtout quand on découvre qui se cache derrière (on ne dit rien de spécifique mais… tout est dans le titre du jeu et la cinématique d’introduction).
Avec Ruined King: A League of Legends Story, on aurait pu craindre que le côté annexe du tout – d’après les développeurs, ce n’est pas canon, même si fidèle à l’esprit de League of Legends – diminue l’intérêt du récit mais en réalité, il n’en est rien car on se retrouve avec une histoire plutôt captivante du début jusqu’à la fin. La qualité des dialogues et les interactions entre les personnages n’y sont pas étrangères, que l’on soit puriste de la licence ou non. Il est toujours plaisant d’écouter Braum parler avec un mélange de première et troisième personne, de voir le fort tempérament d’Illaoi en action, les remarques particulières de Miss Fortune et on en passe. Si l’équipe choisie par Riot Games avait de quoi faire lever un tantinet les sourcils au départ, l’alchimie fonctionne pleinement grâce à des personnalités qui ne sont pas toujours compatibles mais c’est ça qui fait le charme d’une bonne troupe. De plus, il est intéressant de voir ces héros qui n’auraient jamais dû finir ensemble faire face à un danger bien réel. Ruined King: A League of Legends Story mélange habilement de subtiles traces d’humour et partages de diverses émotions, particulièrement dans les petites scènes de repas où ils renforcent leurs liens, avec une histoire sombre. Pas trop mais juste ce qu’il faut.
Cependant, on regrette l’absence de mise en scène digne de ce nom dans Ruined King: A League of Legends Story. Manque de budget ou choix artistique ? On ne sait pas mais en l’état, en dehors de l’introduction en images de synthèse qui rappelle un peu le rendu d’Arcane ainsi que quelques images dessinées certes belles mais peu animées, on a surtout des dialogues et animations basiques. On aurait pas été contre davantage de cinématiques travaillées, afin de s’immerger à un plus haut degré. Passé cela, on a tout de même une narration qui vaut le tour et il en est de même pour le gameplay.
RPG of Legends?
Si vous avez joué à Battle Chasers: Nightwar, alors Ruined King: A League of Legends Story vous paraîtra d’ores et déjà familier car Airship Syndicate en a repris les bases. Est-ce un mal pour autant ? Pas vraiment, surtout que le dérivé de League of Legends se permet quelques nouveautés qui font la différence. Dans sa structure, il ressemble à beaucoup de RPG en vue de dessus. Explications : on a tout d’abord Bilgewater, qui est la ville principale du soft où l’on a diverses missions, des boutiques, plusieurs découvertes à faire (notes, trésors…), etc. La routine, en somme mais c’est loin d’être déplaisant car la cité de pirates ne manque pas de choses à faire. En dehors de Bilgewater, on a des niveaux qui font office de donjons et ces derniers sont élaborés avec soin. L’exploration n’y est pas complexe mais cela ne veut pas dire que tout est fourni sur un plateau d’argent, puisqu’il y a quelques énigmes, des pièges à éviter grâce à certaines capacités spéciales et des chemins secrets menant à de belles trouvailles. Entre ça et les combats (on y arrive), on a une boucle de gameplay qui aurait pu être très prenante s’il n’y avait pas un problème côté déplacements. Déjà, les personnages ne courent pas très vite et en prime, il n’y a quasiment pas de voyages rapides en dehors de quelques exceptions. Autant vous dire que pour certaines quêtes annexes qui demandent de revisiter d’anciens lieux, cela peut vite devenir problématique. C’est dommage car en dehors de cela, il n’y aurait pas grand chose à reprocher.
Pour ce qui est des combats, la partie majeure de Ruined King: A League of Legends Story, c’est une réussite. Sur le papier, on pourrait penser qu’il n’y a rien de bien original puisque c’est du tour par tour avec des héros aux attaques et habilités multiples mais rien que de ce côté, c’est soigné. Chaque personnage jouable a des caractéristiques, coups et pouvoirs uniques, les possibilités sont alors abondantes. Par exemple, Illaoi peut soigner ses alliés et invoquer des tentacules tandis qu’Yasuo est spécialisé dans l’art du sabre, aimant porter des coups dévastateurs. Quant à Braum, il se bat avec un énorme bouclier et souhaite protéger ses amis. Rajoutez à cela quelques effets, offensives critiques et autres éléments du genre comme les améliorations avec l’équipement ainsi que des runes à équiper, entre autres, on obtient alors un système amusant, surtout que les ennemis n’hésitent pas à faire des tactiques qui peuvent rapidement mettre à mal votre équipe. Les boss sont d’ailleurs sans pitié et quelques uns d’entre eux donnent lieu à des phases de réflexion attrayantes, puisqu’il faut exploiter leurs faiblesses tout en faisant attention à ce que nos héros ne périssent pas en quelques coups à peine.
Là où Ruined King: A League of Legends Story tire son épingle du jeu, c’est avec son système de voies. À chaque tour, on voit sur 3 barres – Célérité, Équilibre ou Puissance – la position des alliés et des ennemis et selon nos décisions, un héros peut être placé plus ou moins loin, ce qui fait qu’on peut agir soit plus tôt, soit plus tard. On a déjà vu ce genre d’idées dans d’autres jeux comme Child of Light. Ici, il y a une petite particularité en plus, à savoir que cela influe également sur la puissance de notre attaque/aptitude. En outre, selon certains facteurs, on peut avoir du malus ou du bonus (boost de défense, défense en moins et autres) si on place notre personnage à la bonne barre au bon moment. Grâce aux voies, le gameplay n’en devient que plus tactique et donc alléchant. De ce côté, c’est un quasi sans faute en dehors d’un manque de clarté au départ mais une fois qu’on a saisi toutes les subtilités, chaque affrontement est un plaisir. De ce fait, si l’on excepte les aléas de l’exploration, on parcourt Ruined King: A League of Legends Story avec une joie certaine et vu qu’il demande au moins 20-25 heures en ligne droite, plus encore si l’on fait les quêtes annexes et que l’on collecte les armes légendaires, il y a largement de quoi s’amuser un bon moment. Point à souligner, le jeu ne coûte que 29,99€ à sa sortie, un prix plus que raisonnable au vu du contenu et de la qualité globale.
Une ambiance qui n’est pas pour les marins d’eau douce
Avec League of Legends, Riot Games a créé un monde des plus fascinants, remplis de personnages hauts en couleurs et Airship Syndicate a su y rendre hommage avec Ruined King: A League of Legends Story. Graphiquement, on a peut-être pas le top du moment avec notamment, on le répète, une mise en scène en deçà et des animations pas toujours optimales. Mêmes les attaques ultimes, qui sont censées en mettre plein la vue dans un RPG habituellement, sont à peine passables, surtout quand on compare cela à ce qu’on voit dans le jeu de cartes de la série, à savoir Legends of Runeterra. Aussi, l’interface n’est pas toujours des plus claires et sur PlayStation 4, on note des temps de chargements trop longs et trop nombreux. Sachant qu’il y en a à chaque changement de zone ou quand on entre dans n’importe quel bâtiment, c’est vite épuisant. Enfin, lors des dialogues, les personnages n’ont qu’une pose et expression, ce qui est regrettable.
Néanmoins, la direction artistique rattrape largement le tout grâce à des textures et modélisations se rapprochant de concept arts, avec beaucoup de décors faisant « dessinés ». L’atmosphère pirate du tout, couplée à du fantastique, participe également grandement au ravissement que l’on éprouve en passant d’un lieu à un autre. Taverne malfamée, rues bondées exotiques, palace digne d’une impératrice pirate, ports des plus étranges, ruines maudites, cimetières lugubres… En outre, la diversité des personnages et des monstres que l’on rencontre est à saluer. Bref, sans être une claque graphique, Ruined King: A League of Legends Story sait malgré tout contenter les yeux et c’est d’autant plus malencontreux qu’il ne soit pas abouti sur tous les points.
Et que dire de sa performance sonore ? Outre de belles voix françaises, avec des acteurs qui se sont impliqués dans leurs rôles, les musiques sont un délice et on doit cela à Gareth Coker. Ce nom vous dit rien ? Mais si, il a composé pour les jeux Ori, Immortals Fenyx Rising, Darksiders Genesis, etc. Une fois de plus, le monsieur et le reste des musiciens ont livré un travail des plus exquis avec divers thèmes qui font à la fois pirate et mystique. C’est tantôt joyeux, du genre à donner envie de se bagarrer dans un bar après avoir ingurgité une bonne bouteille de rhum et tantôt pesant, comme lorsqu’on affronte une araignée géante ou bien un énorme monstre marin prêt à faire couler un navire. Un régal, tout simplement.
Verdict : 8/10
Ruined King: A League of Legends Story est l’une des bonnes surprises de cette fin d’année. Grâce au savoir-faire d’Airship Syndicate et du monde imaginé par Riot Games, ce spin-off RPG a de quoi plaire aux aficionados de League of Legends comme à ceux qui recherchent une production qualitative. S’il n’est pas peaufiné comme il faut sur quelques points, l’empêchant d’atteindre le statut d’excellence, pour un premier jet, c’est plus qu’engageant. On ne demande qu’une chose : un autre jeu dans la même vaine et en plus ambitieux car on tient vraiment quelque chose avec ce Ruined King: A League of Legends Story. Dans tous les cas, amateurs de RPG, n’hésitez pas, surtout au vu du rapport qualité-prix.
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