Outre la saga de jeux Gothic, les développeurs allemands de chez Piranha Bytes sont aussi et surtout les créateurs d’une licence qui divise grandement les joueurs du monde entier, à savoir Risen. Après un premier opus encourageant en 2009, il était évident que Risen 2 pointerait tôt ou tard le bout de son nez. Ce dernier ayant déçu une grande majorité de fans à sa sortie en 2012, c’est en 2014 que les programmeurs germaniques décidèrent d’opérer un retour aux sources, et ce sous la forme d’un troisième volet.
Risen 3 : Titan Lords vit donc le jour sur PC, PlayStation 3 et Xbox 360 il y a de cela un an. Étrangement, et alors que le titre n’avait pas spécialement su convaincre les déçus du deuxième opus, Risen 3 nous revient cet été exclusivement sur PlayStation 4 dans une mouture sobrement appelée Enhanced Edition (disponible pour une quarantaine d’euros en digital et en version boîte). Une version qui porte finalement assez bien son nom puisqu’elle comprend non seulement tous les DLC parus à ce jour (L’île brumeuse, La tenue d’aventurier, et La révolte des petits hommes), mais propose également un lifting graphique conséquent… En tous les cas sur le papier. En effet, le descriptif théorique est clair : l’édition Enhanced de Risen 3 équivaut aux paramètres Ultra de la version PC de base. Au programme, du 1080p, des effets de postprocessing, des textures supérieures à la version Steam, une nouvelle profondeur de champ, un effet de flou HDR, ainsi qu’un cycle nuageux bien plus réaliste qu’auparavant.
Pourtant, force est de constater qu’en lançant le jeu pour la première fois, on hésitera très vite entre rire et pleurer. Si, comme nous, vous êtes habitués aux Action-RPG tels que The Witcher 3 ou encore Skyrim, vous risquez de tomber de (très) haut. Car si l’ambiance met à l’honneur la piraterie, on est ici plus proche de Waterworld que de Hook. Textures baveuses, aliasing à en perdre la vue, clipping, tearing, ralentissements, contrastes trop prononcés, temps de chargements nombreux et très longs, mixage sonore à en faire saigner vos tympans (le personnage que vous incarnez bénéficie d’un caisson de basse à lui tout seul et fera hurler vos voisins à chaque ligne de dialogue)… De quoi rapidement regretter son acquisition. Mais c’était sans compter sur un souci bien plus grave et handicapant. En effet, si les jeux loupés techniquement ne sont pas forcément mauvais, on aura en revanche bien du mal à avaler la pilule ici puisque le soft propose, en plus de tout ça, un gameplay complètement dépassé et entièrement à revoir. Que ce soit au niveau des déplacements du personnage principal (qui n’a pas de nom) imposant sa lenteur encore et toujours, ou bien en ce qui concerne les combats, tout dans Risen 3 porte à croire que les développeurs auraient mieux fait de vouloir retravailler le fond de leur titre plutôt que la forme. Notre héros est d’une rigidité sans fin et n’aura de cesse de se faire martyriser par ses ennemis à chaque altercation. En effet, si l’esquive fonctionne plutôt bien, il faut bien prendre en compte la latence tout simplement atroce qui nous est imposée lors de nos phases d’action. En d’autres termes, avant même que vous ayez le temps d’asséner un coup à votre opposant, ce dernier aura déjà quasiment vidé toute votre barre de vie (oui car les ennemis n’ont pas été codés de la même manière que nous…). Ajoutez à cela le fait que la santé ne remonte pas toute seule, et vous comprendrez aisément que la frustration viendra rapidement s’ajouter à la longue liste de points négatifs cités plus haut.
C’est d’autant plus dommage que Risen 3 a dans son sac de quoi vous tenir en haleine des mois durant. Des quêtes, des quêtes, et encore des quêtes… Si c’est du contenu que vous cherchiez, vous êtes au bon endroit. Hélas, on ne peut pas dire, là non plus, que les missions proposées soient des plus captivantes. Pire, l’inventaire et le journal de quêtes sont tout bonnement d’un autre âge. Un menu un peu plus intuitif ne nous aurait clairement pas fait de mal. Heureusement, l’humour, lui, reste omniprésent et fera sans doute passer un bon moment aux plus persévérants (et aux moins exigeants) d’entre vous. Il est également appréciable de voir que l’on peut parcourir n’importe quelle zone de jeu dès le début de l’aventure. A vos risques et périls cela dit. Il sera en effet courant d’être attiré par telle ou telle île à l’horizon. Néanmoins, vous vous en doutez probablement, les ennemis qui s’y trouvent ont de fortes chances d’avoir un level bien plus élevé que le votre. Ce sera à vous, donc, de bien faire attention à vos éventuels déplacements en zone dite hostile.
La bande-son, quant à elle, reste correcte sans faire d’étincelles. Les musiques collent plutôt bien à l’univers du jeu, là où les doublages, nous vous le disions un peu plus haut, sont complètement bâclés. On retiendra aussi et surtout le fait que ce Risen 3 : Titan Lords Enhanced Edition (!) est hélas le copié-collé de son grand frère Risen 2 : Dark Waters, sorti nous vous le disions il y a de cela trois ans. Hormis l’utilisation des sorts de magie qui font leur « grand » retour dans cet opus (lui-même déjà sorti en 2014), cette édition améliorée ne plaira qu’aux fans absolus de la licence. Tout du moins à ceux qui n’ont pas déjà le soft sur PlayStation 3, Xbox 360 ou PC. Cette dernière plate-forme propose d’ailleurs depuis peu une mise à jour gratuite du jeu, permettant ainsi aux joueurs PC de profiter des mêmes améliorations visuelles que les joueurs PlayStation 4.
Verdict : 4/10
Malgré des efforts réalisés sur le papier par Piranha Bytes, Risen 3 : Titan Lords ne nous séduira pas, et ce, même par le biais de cette Enhanced Edition. Vilain, lent, rempli de bugs, et proposant un gameplay d’un autre âge, le jeu des développeurs allemands ne réconciliera pas les sceptiques avec la licence. Si les fans pourront y jeter un œil à tout petit prix (et à condition de ne pas avoir déjà parcouru l’opus originel), les nouveaux venus peuvent sans aucun regret passer leur chemin et retourner, le cas échéant, sur The Witcher 3 en attendant d’autres Action-RPG prochainement.
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