On connaissait Team Ninja, filiale de Koei Tecmo, pour ses sérieux Ninja Gaiden et Dead or Alive ainsi que la déclinaison polissonne Xtreme Beach Volleyball ; qui elle n’a de sérieux que les grains de sable qui s’infiltrent dans le bikini de Kasumi et autres héroïnes davantage présentes pour leur plastique que pour leur talent au sport de plage. Mais depuis un peu plus de 10 ans, ce studio s’implante davantage dans la ludothèque des joueurs, notamment avec son incursion dans les Action RPG exigeants, non sans rappeler la franchise phare de From Software. Avec Rise of the Rōnin, les japonais nous présentent une nouvelle licence, pour l’instant exclusive à la PS5. Après avoir adapté le classique de la littérature chinoise, Les Trois Royaumes, avec Wo Long: Fallen Dynasty, il est temps de retourner au Pays du Soleil Levant le temps d’une aventure moins fantasque que les derniers titres du studio.
Test réalisé sur PS5 via une version numérique fournie par l’éditeur
Que des numéros 10 chez Team Ninja ?
Difficile d’ouvrir une revue de ce Rise of the Rōnin sans revenir sur les événements qui ont mené à la gestation de ce projet. Nous tâcherons quand même d’éviter les poncifs voulant que Team Ninja se soit engouffré dans la brèche béante des Souls-like ouverte par les jeux de From Software. Il y a foncièrement du vrai là-dedans, mais ce n’est pas ce qui nous intéresse ici. En effet, il ne faudrait pas oublier que la squad de Koei Tecmo a enfanté plusieurs Ninja Gaiden, réputés pour leur exigence, et, osons le dire, leur difficulté. Les aventures de Ryu Hayabusa furent de véritables marqueurs de leur époque, démontrant le savoir-faire de développeurs expérimentés, et ce, malgré un 3ᵉ opus un brin décrié.
Une fois le ninja également présent dans la licence Dead or Alive remis au placard, Team Ninja viendra au secours du projet Nioh. Initié en 2004 par Koei avant la fusion avec Tecmo et prévu pour coïncider avec la sortie au cinéma d’un film portant le même nom en 2006, rien ne se passera comme prévu. C’est le studio Omega Force qui reprendra le projet et transformera le RPG en un jeu d’action semblable aux Dynasty Warriors. Ce qui mènera à nouveau le jeu dans une impasse, la ressemblance avec la licence susnommée étant beaucoup trop flagrante. Arrivant tel un messie au cœur d’un chaos qu’un miracle n’aurait su sauver, Team Ninja redoublera d’efforts et ne gardera du Nioh, tel qu’initialement prévu, que le concept du samouraï caucasien et le cadre historique. Le résultat sera sans appel : malgré un développement tumultueux, les critiques sont unanimes et avec un Metascore de 88 sur Metacritic, tandis que les joueurs lui ont accordé une moyenne de 8,3/10.
Dans de telles conditions, le studio se verra confier le développement d’un 2ᵉ opus, prolongeant l’aspect Hack & Slash déjà instauré dans le premier opus, pendant que Square Enix confiera au studio un certain Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin. Le dernier haut fait du studio réside donc dans Wo Long: Fallen Dynasty, une adaptation du classique de la littérature chinoise Les Trois Royaumes qui a convaincu plus de 5 millions de joueurs. Une performance notable pour un titre qui, il y a encore quelques années, aurait été qualifié de jeu de niche. De quoi confirmer un réel savoir-faire et la volonté d’apporter sa pierre à l’édifice des productions qui donnent parfois envie de mordre dans son contrôleur, mais qui savent aussi récompenser la persévérance et le beau jeu.
From Japan with love
Au même titre que Nioh et sa suite, Rise of the Rōnin prend place au Japon mais dans un univers différent de ce dernier. Tandis que les deux précédents titres avaient pour spécificité d’être assez fantasques, emprunts d’un mysticisme certain faisant la part belle au folklore nippon, la nouvelle IP de Team Ninja voit ses racines directement implantées dans l’histoire japonaise. Le jeu se déroule au XIXe siècle, pendant la période tumultueuse du Bakumatsu, marquant la fin de l’ère Edo. Il s’agit d’une époque de grands changements, de conflits et de bouleversements sociaux qui vont impacter le pays. C’est également la période où l’Occident va imposer au Japon des traités commerciaux qui vont déplaire à une partie du peuple (notamment les expulsionnistes) tandis que le choléra continue de se répandre au travers des archipels.
Nous y incarnons donc un Rōnin, un samouraï sans maître, sans attaches et sans famille qui a grandi en tant que lame jumelle. Ces guerriers, entraînés pour attaquer toujours en duo, sont réputés pour être des assassins redoutables tant qu’ils se trouvent toujours ensemble. Notre protagoniste fera évidemment office d’exception, puisqu’il se verra rapidement séparé de son acolyte, ce qui marquera le point de départ de l’aventure. Une histoire rythmée par les défis d’une nation luttant contre des dirigeants oppressifs (à commencer par Naosuke Li) et l’influence croissante de l’Occident tout en ayant pour toile de fond la guerre civile entre le Shogunat Tokugawa et les groupes Anti-Shogunat. Mais contrairement à ce qu’il pourrait laisser croire au premier abord, Rise of the Rōnin n’est pas un jeu sombre, où la souffrance de la nation japonaise est mise au premier plan et qui nous rappelle sans cesse la période de crise endurée par le pays.
D’ailleurs, si le contexte historique est bel et bien respecté, avec notamment la chronologie des événements et la présence de grandes figures de l’époque, le studio s’est permis de romancer légèrement l’ensemble. N’étant nous-même pas des spécialistes de la chose, nous ne nous hasarderons pas à vous démêler le vrai du faux. Sachez tout de même que, pour rendre le jeu relativement accessible et agréable, un brin d’humour, parfois typique de celui que l’on peut retrouver dans les productions animées japonaises, a été ajouté ici et là. Ils ne sont pas trop nombreux et ne prennent pas le risque de désamorcer les moments de tension, soyez donc sans crainte.
Un héros nippon, ni mauvais
À l’instar du récent Wo Long : Fallen Dynasty, Rise of the Rōnin s’ouvre sur la création de notre avatar. Ou plutôt de nos avatars. Oui, le titre vous invitera à concevoir 2 personnages, mais il est tout à fait possible de se contenter des modèles de base pour quiconque souhaiterait rentrer directement dans le vif de l’action. On notera un éditeur de personnages plutôt complet et permissif, qui s’inscrit dans la lignée de ce que l’on peut voir chez les éditeurs relativement poussés. Il y aura largement de quoi faire pour donner libre cours à son inspiration. Quant à vos envies, si elles sont changeantes, il convient de préciser qu’il est possible, à partir d’un certain moment du jeu, de revenir sur l’apparence physique intégrale de notre protagoniste. Les indécis seront rassurés.
Le jeu parvient rapidement à nous mettre dans l’ambiance malgré de nombreux tutoriels dans la première ligne droite du jeu. Couplés à la narration un brin abrupte, faisant intervenir des ellipses de plusieurs années comme si de rien n’était, il faut s’accrocher un peu plus qu’à l’accoutumée le temps de la première heure de jeu. Une fois celle-ci passée, on finit vite par comprendre que le scénario se déroulera sur plusieurs années et que le procédé visant à faire s’écouler plusieurs années d’un coup sera utilisé à plusieurs reprises. On aurait tout de même apprécié que les développeurs eussent l’idée de représenter cela de façon plus marquée. Par exemple en marquant davantage la rupture entre deux périodes.
Ceci étant dit, il faut reconnaître que le studio a eu le nez creux en proposant un compendium complet des événements, protagonistes rencontrés et tutoriels, permettant à n’importe quel moment de combler un éventuel oubli. Mieux encore, à la façon d’un Final Fantasy XVI, il est possible de consulter en pleine cinématique des éléments d’histoire permettant de raccrocher les wagons. Le jeu étant d’une relative densité et nous présentant sans cesse de nouveaux visages récurrents qui s’imposeront comme de véritables piliers pour le volet des quêtes annexes et activités secondaires, c’est forcément une idée que l’on se doit de saluer et que l’on apprécierait retrouver dans davantage de titres. Il suffit de se placer dans la peau d’un joueur n’ayant pas l’occasion d’allumer sa console pendant plusieurs semaines pour savoir à quel point cela peut être pénible de replonger dans une aventure bien entamée, mais dont le système de jeu et les enjeux nous ont filés entre les doigts.
C’est d’ailleurs probablement l’une des plus grosses forces de Team Ninja que de réussir à puiser dans tout un tas de bonnes idées sans pour autant se contenter de créer le simulacre d’un Souls-like sans ADN. C’est sans aucun doute parce qu’ils parviennent sans mal à s’approprier des concepts pour les adapter à leur sauce. Une philosophie qui leur réussit et qui permet de propulser Rise of the Rōnin parmi les Action RPG incontournables pour les amateurs de gameplay exigeant.
Plans à trois
Bien que Rise of the Rōnin soit un titre purement solo, la plupart des missions principales pourront être réalisées avec un ou deux coéquipiers. Ces coéquipiers pourront être choisis dans la liste des alliés disponibles, d’où le fait d’améliorer le lien qui nous unit à eux. Un niveau de lien plus élevé maximisera l’efficacité du frère d’armes en question et offrira des boosts divers et variés.
Mais le plus intéressant réside sans conteste dans le fait de pouvoir faire du matchmaking afin d’aider un joueur dans le besoin ou de réclamer de l’aide, ou encore de rejoindre un ou deux amis – et vice versa. La composante multijoueur du titre se voit donc assez limitée, mais reste malgré tout assez présente pour ne pas la passer sous silence. D’autant que c’est sans aucun doute la présence d’alliés, qu’il s’agisse de l’IA comme de véritables joueurs, qui permet de rendre le jeu un poil plus accessible. Et puisque l’on peut même modifier la difficulté, même les Youtubers gaming les plus acerbes face à la moindre once d’exigence dans le gameplay pourront croiser le fer sans risquer de perdre leur crédibilité face à une communauté un peu taquine.
D’ailleurs, on apprécie grandement la possibilité d’appréhender la majorité des situations de façon frontale ou plus discrète. Les ennemis sous leur forme la plus basique, pourront être assassinés lorsqu’attaqués par-derrière ou depuis un point en hauteur. Avec la présence d’un grappin, aussi utilisable en combat, le jeu propose un level design faisant la part belle à la verticalité. Ne vous attendez pas à passer votre temps suspendu ou à vous faufiler sur les toits, le jeu nous rappelle toujours à un moment ou à l’autre que les affrontements se déroulent au sol, et que les boss ne sont pas sensibles aux assassinats. Ce serait évidemment trop beau pour être vrai. Mais cela a le mérite d’éviter des phases de jeu où les ennemis à distance et plus rapprochés nous attaquent simultanément. Sans pour autant parler d’un titre accessible, il y a des chances pour qu’un joueur très moyen, mais ayant un tant soit peu de capacité d’attention et de rythme, sache se débrouiller. Et il ne suffit que de quelques parades bien sorties, assaisonnées de sauts, d’attaques et d’esquive, pour donner naissance à de vrais ballets mortels.
My way (of the samurai)
En revanche, les férus d’open world seront peut-être laissés sur la touche. Non pas que celui taillé par Team Ninja soit mauvais, mais disons qu’il s’avère être principalement de la partie pour permettre au joueur de davantage s’immerger au sein de cette époque. Son exécution reste donc classique en somme, mais le fait correctement. Le studio n’étant pas encore coutumier de ces vastes étendues, nous ne leur en tiendrons pas rigueur. C’est d’ailleurs sans doute ce qui les a poussés à segmenter le jeu en immenses chapitres qui seront chacun le théâtre d’événements qui se dérouleront dans des régions qui leur sont bien spécifiques. La possibilité de revisiter les zones vues dans un chapitre précédent sera de la partie, ce qui ne laissera pas sur la faim les joueurs se focalisant sur la quête principale.
De toute façon, le jeu ne nous invite que rarement à suivre le scénario en ligne droite. Rise of the Rōnin dispose de bon nombre d’activités annexes qui pourront être distribuées tant par des PNJ que vous ne reverrez plus, que par des personnages secondaires avec qui des liens se tisseront au fur et à mesure des interactions avec eux et des missions réalisées en leur compagnie. La notion de lien est d’ailleurs omniprésente dans le titre de Team Ninja, puisqu’elle s’interpose notamment entre le joueur et les personnages secondaires comme évoqué, mais aussi entre le joueur et les différentes villes et quartiers qu’il explorera, ainsi qu’avec les factions (Anti-Shogunat/Pro-Shogunat), ayant alors un impact sur certains éléments de l’histoire.
De manière générale, un lien plus fort impliquera davantage de récompenses, et ce dernier se muscle en réalisant diverses actions comme retrouver des chats perdus (oui, on peut les caresser, arrêtons d’en faire toute une histoire sur les réseaux sociaux ou achetez-vous une peluche), libérer des villages sous le joug de brigands, éliminer des samouraïs errants, trouver des caches et coffres ou encore allumer les bannières des lames. Ces équivalents des feux – ou bonfires – dans Dark Souls font office de checkpoint et permettent notamment de convertir le karma en points de compétences.
La dimension RPG du titre prend place à travers un arbre de compétences divisé en 4 traits : la Force, l’Intelligence, la Dextérité et le Charisme. Chacun de ces traits possède des points de compétence qui leur sont propres, en marge des points basiques, et chacun permettra de débloquer aptitudes et nouvelles capacités. Il sera évidemment indispensable d’améliorer son personnage en choisissant les habilités qui correspondent le plus à notre style de jeu, mais encore une fois, il y a la possibilité de récupérer tous les points d’aptitudes dépenses pour les redistribuer et changer l’orientation de notre personnage. Pas à foison, puisque cela requiert l’utilisation d’un objet consommable.
Ceci étant dit, bien que l’on choisisse un affûtage d’origine, qui définit notamment les statistiques du début et nous donne des pistes sur les équipements offensifs à utiliser, notre héros peut s’équiper de tous les types d’armes disponibles dans le jeu. Cerise sur le gâteau, il existe 9 types d’armes principales en plus de la possibilité de se battre à mains nues, ainsi que plusieurs styles de combat pour chacune d’entre elles. Si la plupart proposent jusqu’à 3 styles de combat, certaines comme l’Odachi ou le Katana en offrent plus de 6 différents. Voyez les styles de combats comme l’équivalent des poses dans Nioh, offrant un système de forces et de faiblesses en fonction de l’arme utilisée par l’adversaire visé et de son style de combat utilisé. Précisons que les styles de combat sont à débloquer et qu’ils ont tous 25 niveaux de maîtrise. Ils gratifient tous le joueur d’un bonus, sous la forme d’une hausse de la puissance d’attaque, d’un point de compétence ou tout simplement d’une nouvelle compétence.
Ki gud
Avec de telles bases, Rise of the Rōnin profite évidemment d’une jouabilité aux petits oignons comme on aime en voir dans les Action-RPG. Et une fois encore, Team Ninja va puiser ici et là pour proposer sa propre copie. Bonne nouvelle, c’est presque un sans-faute encore une fois. Il est toujours question d’avoir l’équivalent d’une barre d’endurance, ici une barre de ki, symbolisant la quantité de mouvements offensifs ou défensifs que l’on peut effectuer. Une jauge de ki vide rend notre personnage tétanisé pendant quelques instants, ce qui le rend particulièrement vulnérable. Puisque le même concept s’applique aux ennemis, vous aurez vite compris que l’idéal sera de vider cette barre de ki pour infliger des dégâts significatifs à l’adversaire. Un adversaire ayant sa posture brisée peut recevoir un coup critique, et c’est généralement ce que vous viserez, notamment lors des combats contre des adversaires redoutables ou contre des boss.
L’esquive, la garde et les contres éclair sont autant de moyens mis à disposition du joueur pour essayer de maintenir sa barre de vie la plus haute possible. L’idéal étant sans conteste de jouer du contre éclair pour bénéficier de tous les avantages que peut offrir cette technique, si l’input est réalisé dans le timing adéquat. Et c’est peut-être le seul reproche que l’on pourra faire à Team Ninja, puisqu’en cas de combo d’un adversaire, réussir à parer tous les coups peut vite s’avérer délicat, d’autant que l’IA du jeu bénéficie d’un panel d’armes encore plus vaste que celui du joueur. Il faudra parfois un certains temps d’adaptation face à un type d’arme en particulier ou un gabarit donné, les ennemis plus massifs ne se meuvent pas de la même façon que les plus sveltes.
Ce travail d’orfèvre de Team Ninja donne à Rise of the Rōnin une saveur exaltante aux possibilités énormes et qui permet sans cesse de renouveler l’expérience de jeu en alternant entre les différentes armes et styles de combat. C’est d’autant plus vrai lorsque l’on prend en considération que notre protagoniste peut s’équiper de 2 armes principales et deux armes secondaires afin de permuter à n’importe quel moment. Passé un certain moment du jeu, on peut même changer d’arme en plein combo pour le prolonger, voire même changer de style en plein combo. On vous laisse imaginer le champ des possibles, mais le gameplay étant dynamique et vif, les affrontements sont toujours l’occasion de faire l’étalage de la maitrise de son équipement.
Loot : à qui le tour ?
Un équipement qui se renouvellera sans cesse, puisqu’une forte composante Hack & Slash est ici présente. Le grand méchant loot est clairement dans la bergerie, et il ne va pas vous lâcher de toute votre partie. Les opposants vaincus lâcheront régulièrement des objets mais également des pièces d’équipement, ce qui vient très vite gonfler notre inventaire. À un tel point que les options du jeu proposent une fonctionnalité intéressante, permettant de démonter ou vendre tous les équipements en deçà d’une certaine rareté donnée. C’est la raison pour laquelle il ne sert à rien de vouloir uniquement utiliser un type d’arme spécifique, puisqu’il sera tout à fait possible d’en récupérer sur bon nombre de corps, sans compter les récompenses de missions principales et secondaires, le contenu des coffres et sacs éparpillés à travers le Japon.
Et c’est un Japon particulièrement bien représenté que Team Ninja nous dépeint ici. Le dépaysement est total, alternant petites bourgades nipponnes, vastes plaines de fleurs, des monts élevés et des grandes villes où l’influence de l’occident se fait grandement ressentir, comme à Yokohama. Visuellement, le jeu se classe dans la moyenne de ce qui se fait dans le AAA de qualité. Sans être flatteur, il s’avère être loin d’être laid. Et si l’effet Wow n’est pas de la partie, c’est notamment car Team Ninja n’a eu que peu de latitude pour la représentation de ce Japon inspiré de l’histoire du pays. Exit les couleurs trop flashy et les effets spéciaux dans tous les sens. Rise of the Rōnin fait dans la sobriété visuelle, ce qui ne l’empêche pas de se payer quelques panoramas sublimés par une bonne gestion des effets de lumière. Baladez-vous donc à cheval en forêt lors du coucher de soleil et vous comprendrez tout à fait ce que l’on veut dire.
Pour autant, et en dépit de 3 modes graphiques différents (Performances, Qualité et Ray Tracing), c’est le premier que nous avons privilégié durant les plus de 50 heures durant lesquelles nous avons joué du katana. Le mode Qualité induit malheureusement une baisse de framerate, ce qui se confirme notamment avec le mode Ray Tracing, dont les performances sont seulement honorables lorsque l’action n’est pas de la partie : le moindre combat fera frétiller la fréquence d’images par secondes, ce qui n’est définitivement pas souhaitable pour un jeu au gameplay aussi fin que Rise of the Rōnin.
On dressera un peu le même constat concernant la partie musicale, car l’OST, bien que tout à fait dans le ton, ne nous a pas semblé des plus fulgurantes. Il y a bien quelques thèmes épiques pour accompagner des combats de boss, mais on aurait bien apprécié davantage de prise de risque dans la composition de certains thèmes. Les arrangements joués durant l’exploration par exemple s’avèrent être assez convenus. On se prend à les siffler, mais davantage par mimétisme et par réflexe que pour leur caractère inoubliable. Qu’importe, on ne demande pas à tous les titres de se payer une OST mémorable, et précisons-le à nouveau : certaines musiques sont véritablement prenantes et sauront sans doute s’introduire dans vos meilleures playlists de d’OST du jeu vidéo. Le sound design est, en revanche, bien plus convaincant et permet de mettre largement en avant l’utilisation d’un casque pour profiter de l’aventure.
Moins spectaculaire que Wo Long: Fallen Dynasty dans son exécution, moins fantaisiste qu’un Nioh, Rise of the Rōnin n’en reste pas moins épique à sa façon. Plus mesuré, moins agressif, il respire ici toute la culture nipponne dans l’élégance que l’on peut lui connaître sans pour autant délaisser l’esprit combatif des samouraïs qui régnait à cette époque. Un vrai régal, malgré quelques petits moments frustrants contre des boss énervants (et énervés) nécessitant une concentration de tous les instants, ainsi qu’un monde ouvert qui aurait gagné à être plus vivant et organique.
Verdict : 8/10
On peut dire qu’ils ont eu le nez creux chez PlayStation. Il s’agit indéniablement d’un grand et beau jeu qui, tel un Rōnin solitaire, trace son chemin sans se laisser distraire par la concurrence, avançant à son rythme et dévoilant ses qualités au fur et à mesure, plutôt que de verser dans le sensationnalisme à outrance, qui pourrait vite lasser par la suite. Il manque encore un peu de finesse dans la narration et le déroulé d’une partie des quêtes annexes; pour autant, Team Ninja continue d’élever son œuvre au rang d’art avec un travail d’orfèvre que les plus grands forgerons japonais du Bakumatsu n’auraient su renier. Incisif et prenant, Rise of the Rōnin est une lame fatale qui fait mouche et ne déçoit pas.
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