Au moins de juin 2021, soit à peine plus d’un mois après la sortie du 8ème épisode canonique de Resident Evil, aussi et surtout connu sous le nom de Resident Evil Village, Capcom annonçait travailler sur une extension qui mettrait en avant Rose, la fille d’Ethan Winters. On vous rassure, jusqu’ici, il n’y a pas de grande révélation. Dès ses premières présentations, le jeu nous annonçait que l’aventure nous mènerait dans un petit village pour aller la sauver, après la descente d’un Chris Redfield un brin armé jusqu’aux dents. Un plot qui n’est pas sans rappeler le contexte de Resident Evil 4 (un village perdu, un héros qui vient pour sauver une fille – en l’occurrence, il s’agit de la sienne dans le cas présent) et qui a reçu un succès critique ainsi que commercial. Pas question donc d’en rester là, d’autant qu’il faut mettre un terme à la page blanche laissée par l’épilogue de Resident Evil Village.
Test réalisé à l’aide d’une édition Gold numérique sur PS5 fournie par l’éditeur en amont de la sortie
► Notre test de Resident Evil Village est à retrouver ici
Here comes a new challenger
Quoi de mieux pour commencer un test qu’un court préambule visant à se dédouaner de toute responsabilité ? Dans le cas présent, on ne se protégera pas d’un quelconque trop plein d’informations – que l’on appelle aussi communément spoilers -, pour la simple et bonne raison qu’il s’agit plutôt du contraire. Vous parler de cette extension, c’est s’astreindre à vous en dire le moins possible, puisqu’il nous a été demandé de passer sous silence certaines choses et même d’éviter les captures d’écran passé les 40 premières minutes de l’extension. Cela part d’une belle volonté, qui est celle de vous préserver la surprise des rebondissements dont le scénario de Resident Evil Village est le témoin. Néanmoins, on explique un peu moins facilement pourquoi quasiment toute la fin du jeu a alors été spoilée. Probablement pour mieux vendre Resident Evil Village Gold Edition.
On est taquins, mais le fait est qu’il y a pas mal de bonnes idées dans cette extension ainsi que des moments plutôt marquants, qu’il ne nous viendrait pas à l’esprit de vous divulgâcher, mais qu’il aurait fallu, selon nous, mettre en avant. Bien plus que certaines révélations qui auraient tout à fait pu ne pas être dévoilées au grand jour.
L’extension Winters se découpe donc en 3 grands axes : un nouveau chapitre scénarisé, venant mettre un terme aux questions laissées en suspens à la fin de Resident Evil Village, du contenu supplémentaire pour le mode Mercenaires et enfin le mode vue à la troisième personne tant attendu pour l’histoire principale. Pour le commun des joueurs, le plus intéressant restera donc le chapitre Les ombres de Rose (Shadows of Rose pour les partisans de la langue de Shakespeare), puisqu’il s’agit d’une courte campagne d’un peu moins de 3h. Jugez donc : il ne nous a guère fallu plus de 2h50 pour y venir à bout en mode standard et sans trop se presser). Le premier constat est qu’il s’agit d’un chapitre à la durée de vie somme toute correcte, étant donnée le prix de l’extension et sachant que les Resident Evil ne sont pas connus pour proposer des aventures relativement longue.
En revanche, la question de la rejouabilité se posera moins puisque ce mode additionnel ne proposer pas de New Game +. Et en dépit de la sympathie que l’on peut lui attribuer, une fois cette campagne close, il y a fort à parier que vous n’y retoucherez plus. Ici, il est donc question d’incarner Rose, la fille d’Ethan Winters, qui souhaite se débarrasser de ses pouvoirs afin de mener une vie d’adolescente tranquille et sans harcèlement ni conséquences peu enviables quant au fait d’être différente. Après avoir appris qu’il existe un moyen d’annihiler ses pouvoirs, la jeune Rose va se lancer dans une aventure qui la conduira sur les traces de la dernière aventure de son père.
Shadows of Rose nous emmène effectivement en terrain connu, mais encore une fois, rien de très surprenant ici si l’on a suivi le dernier Resident Evil Showcase ou mieux encore, terminé Resident Evil Village. Cette dernière option reste la plus conseillée, bien que le chapitre additionnel dédié à Rose ne nécessite pas d’avoir terminé l’histoire principale. La jeune fille va donc se retrouver à déambuler dans des lieux marquants de Resident Evil Village, à commencer par le château Dimitrescu, avec toutefois quelques nuances. Connaître l’endroit comme sa poche n’apportera pas grand chose puisque la progression de Rose ne suit en rien celle d’Ethan, et elle va d’ailleurs avoir l’opportunité d’utiliser ses pouvoirs pour progresser tout au long de sa courte histoire.
Il est toujours question de mutamycète et de moisissure ici, l’un des principaux piliers de Resident Evil depuis le 7ème opus, donnant naissance à des créatures humanoïdes ayant peu ou prou autant de réflexes qu’un zombie. Les pouvoirs de la jeune fille servent alors partiellement contre les ennemis, mais leur principale rôle est d’ouvrir la voie en venant purifier des noyaux de moisissure qui l’empêchent d’avancer. De ce fait, l’utilisation d’arme se fera nécessaire à plusieurs reprises, bien que des phases sans aucun moyen de se défendre soient de la partie. Et si l’on se retrouve presque à paniquer en râlant qu’une ou deux pétoires ne seraient pas de trop, ce sont finalement les meilleurs moments du mode additionnel Les ombres de Rose. On y retrouve ce savant mélange d’ambiance qui fait froid dans le dos avec assez de tension, le tout dans une atmosphère réussie. On a beau connaître les moindres recoins du château Dimitrescu, ce dernier fait toujours son petit effet, surtout lorsque la lumière n’est pas présente dans certaine pièces.
Du fait de sa courte durée de vie, l’extension parvient à jongler assez justement entre les moments d’action, les énigmes propres à la saga (mais qui ne vous demanderont guère de réfléchir) et les passages ou, plus démuni, il ne nous reste qu’à nous cacher ou à courir pour tenter de ne pas voir l’écran de fin de partie apparaître. L’ambiance sonore est toujours aussi réussie, bien qu’étrangement, le doublage de Rose soit légèrement en deçà de tout ce dont on a pu avoir l’habitude dans Resident Evil VII et Resident Evil Village. Nous ne saurions finalement que trop vous recommander de jouer au casque, pour les plus téméraires d’entre vous, afin de profiter comme il se doit du sound design, toujours aussi délectable. En grande partie sur toute une section du chapitre additionnel, dont on ne vous dira rien de plus pour ne pas gâcher la surprise.
Au final, l’arc Winters aura permis à la franchise de souffler un vent nouveau et d’offrir un peu de fraîcheur dans une suite d’opus qui commençait à s’enliser dans certains poncifs qui ne lui faisaient guère du bien. On pourra encore trouver à redire sur la vue à la première personne (encore que le souci est réglé pour quiconque fera l’acquisition de Resident Evil Village Gold Edition ou de l’Extension Winters), mais c’est un fait : les qualités des 7ème et 8ème épisodes de la saga sont indéniables et ont permis de relancer les dés de l’horreur. Mais étrangement, c’est un aussi un certain soulagement de savoir que – logiquement – on en a fini avec le mutamycète et toute autre forme de moisissure. Parce qu’il est temps, une fois de plus, que Resident Evil se réinvente. La franchise a le potentiel d’aborder bien d’autres thèmes de l’horreur, et si l’on se souvient avec nostalgie de l’époque ou Resident Evil 4 devait faire appel à une ambiance paranormale, on ne peut qu’espérer que les esprits créatifs de chez Capcom, qui travaillent sans nul doute sur un neuvième opus, sauront explorer d’autres pistes. Resident Evil VII et Resident Evil Village leur auront prouver que tenter de se réinventer ne peut qu’être une bonne chose pour une franchise qui s’essouffle, gageons qu’ils n’attendrons pas que les joueurs se lassent une fois de plus de gimmicks qui fonctionnent.
Oui, mais après ?
Le mode Mercenaires se voit lui aussi agrémenté de contenu supplémentaires : désormais nommé Mode Mercenaire Additional Orders, il propose notamment plusieurs personnages jouables. Jusque là, seul Ethan était jouable, mais il est maintenant rejoint par Chris Redfield, Karl Heisenberg et Alcina Dimitrescu (aka Lady D). Chacun dispose de caractéristiques qui lui sont propre, comme Chris qui dispose d’une barre de rage. Celle-ci se remplira évidemment en enchaînant les éliminations et permet durant quelques instants de bénéficier d’une vitesse et d’une force accrue. Heisenberg et Lady Dimitrescu seront cependant à débloquer par le biais de défi à compléter. De nouveaux ont d’ailleurs fait leur apparition, conjointement avec les nouveaux niveaux inclus dans l’extension. En revanche, Capcom avait annoncé avoir travaillé sur l’IA afin de la faire chasser le joueur pour ne pas se retrouver avec un ou plusieurs ennemis à côté desquels nous serions passés. Dans les faits, nous n’avons guère vu d’évolution, ce qui pousse toujours à adapter son rythme d’élimination pour se donner le temps de récupérer les éventuels bonus de temps et de compétences afin d’atteindre les prochains ennemis, sans remettre à zéro le compteur de combo.
D’ailleurs, on déplore maintenant que le jeu ne permette plus d’écouter de musique en fond, via l’application Spotify par exemple. Ce qui était fort agréable auparavant pour s’envoyer quelques parties du mode Mercenaires tout en écoutant de la dark synthwave un peu énervée ou du bon métal qui tâche. En soi, n’importe quoi passe toujours mieux que les quelques morceaux qui passent en fond musical et qui n’offrent pas de réelle ambiance propice à l’action. On chipote un peu, mais le principe de faire deux pas en avant et un pas en arrière reste assez dommageable.
Enfin, l’éditeur nippon nous propose avec l’Extension Winters de (re)découvrir Resident Evil Village en vue à la troisième personne. Un bel ajout qui fait probablement suite aux échos des trois râleurs du fond qui s’époumonaient à base de « C’était mieux avant » ou encore « Resident Evil, ce n’est pas un FPS ». L’’histoire ne nous dira probablement jamais si c’est à eux que l’on doit l’arrivée de cette fonctionnalité, mais quoi qu’il en soit, elle est évidemment la bienvenue. Elle laisse le choix à ceux qui n’auraient pas encore craqué pour Resident Evil Village et qui se procureront l’édition Gold et permet à ceux qui ont déjà bouclé les aventures d’Ethan de les redécouvrir sous un jour nouveau. Quoi qu’il en soit, on ne peut que vous enjoindre à l’essayer, au moins par curiosité.
Verdict : 7/10
L’extension Winters parvient à clore l’arc d’Ethan (et donc de sa fille) de façon assez efficace, avec un dernier chapitre que certains pourront trouver court, mais qui finalement, fait sens quand on se souvient que les Resident Evil n’ont jamais été des jeux très longs. On pourra cependant lui reprocher un manque de rejouabilité certain (il n’y a ni New Game +, ni bonus à utiliser pour une nouvelle run), mais on pourra heureusement se consoler avec le mode Mercenaires qui voit son contenu gonflé par l’ajout de nouveaux personnages et de nouvelles zones. Reste aussi la vue à la troisième personne pour Resident Evil Village, une bonne occasion pour redécouvrir l’aventure sous un regard nouveau, parfait pour attendre la sortie du très attendu remake de Resident Evil 4.
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