Début 2019, Capcom offrait enfin aux fans de Resident Evil ce qu’ils avaient réclamé pendant de nombreuses années : un remake de Resident Evil 2. Ils profitaient également de l’occasion pour tendre une petite carotte aux joueurs : si le succès était au rendez-vous, alors un remake du troisième opus pourrait rapidement lui emboîter le pas. Un an et près de 6 millions d’exemplaires vendus plus tard, l’éditeur a ainsi appliqué le fameux proverbe qui affirme que « chose promise, chose due » : la version 2020 de Resident Evil 3 arrive. Et c’est non sans une grande excitation (mais surtout beaucoup de frissons) que nous avons repris la route direction Raccoon City afin de retrouver le plus grand cauchemar de toute une génération de joueurs, à savoir le terrible Nemesis.
Test réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur, avec les remerciements d’Umbrella Corporation
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The Last Escape
28 septembre 1998, Raccoon City. Deux mois se sont écoulés depuis l’incident du manoir Spencer survenu dans Resident Evil premier du nom tandis que nous sommes à seulement 24h du début des événements de Resident Evil 2. Jill Valentine, membre rescapée de l’unité des S.T.A.R.S. envoyée dans le manoir, continue d’œuvrer dans la petite bourgade du mid-ouest américain afin d’enquêter sur les activités menées par la société pharmaceutique Umbrella Corporation. Son objectif : révéler au grand jour son implication dans la catastrophe. Malheureusement pour elle, son enquête va être mise à mal lorsque l’épidémie du virus-T va se propager dans les rues de la ville, transformant alors la majeure partie de la population en zombies affamés de chair. Pire encore, elle se retrouve traquée par une redoutable arme biologique envoyée par Umbrella, le Nemesis, qui ne s’arrêtera pas avant d’avoir fait ce pourquoi il a été conçu : tuer tous les survivants des S.T.A.R.S. Ceci marque ainsi le début d’une course poursuite acharnée au cours de laquelle Jill va devoir chercher par tous les moyens à quitter cet enfer chaotique qu’est devenue Raccoon City.
Un scénario revisité… avec du plus et du moins
À l’instar de Resident Evil (2002) mais également de Resident Evil 2 (2019), le remake de Resident Evil 3 reprend en grande partie les matériaux scénaristiques utilisés dans le titre original qui, rappelons-le, est sorti en 1999. Toutefois, il ne procède pas tout à fait de la même manière que les précédents remakes en adoptant une approche à mi-chemin entre les deux. En effet, probablement par volonté de répondre aux quelques critiques émises à l’encontre du remake de Resident Evil 2, Capcom a réellement voulu surprendre les fans en réimaginant de manière plus prononcée certains des éléments de l’histoire, parfois même parmi les plus marquants, en établissant au passage quelques liens judicieux avec ce dernier. Ainsi, dès l’introduction, le joueur se retrouve confronté à des événements totalement inédits par rapport au jeu de l’époque. Ces changements sont d’autant plus appréciables qu’ils permettent d’offrir au récit une dimension plus moderne et actuelle en termes de narration, tout en nous faisant profiter d’une mise en scène plus spectaculaire et époustouflante encore. C’est probablement la raison pour laquelle les développeurs ont opté pour une seule et unique trame possible, supprimant toutes les séquences à choix présentes à l’origine. Enfin, on notera également la présence d’une bande originale qui se veut plus intense et marquante que celle de l’an dernier, sans possibilité cette fois de jouer avec la version de 1999.
Malheureusement pour nous, les changements n’ont pas toujours été réalisés pour le mieux. Mais soyons clairs à ce sujet, le problème ne vient absolument pas de ce qui se trouve en jeu. En réalité, c’est même tout le contraire. Si Resident Evil 3 nous fait le plaisir de rajouter des portions inédites à la manière de Resident Evil (2002), il se montre toutefois beaucoup moins fidèle au matériau original que ne l’était Resident Evil 2 (2019). Cela se traduit alors parfois par la suppression pure et simple de certains passages présents dans la version de 1999. Il est évident que ce choix en décevra plus d’un, surtout que le jeu bénéficie d’une durée de vie légèrement plus courte que son prédécesseur : 5-6h maximum suffisent à en voir le bout, même en prenant son temps. Autant dire que pour le coup, on n’aurait absolument pas craché sur la présence de ces portions supprimées pour pouvoir déambuler quelques heures supplémentaires dans les rues de Raccoon City, aussi dangereuses soient-elles.
Nemesis, véritable STAAAAR(S) de cet opus
C’est d’ailleurs l’un des reproches que l’on pourrait également appliquer au gameplay d’un point de vue plus général. Ne vous attendez pas à retrouver l’ambiance mortellement calme et angoissante du commissariat de Resident Evil 2 car nous en sommes très loin. Pour coller aux propos du scénario, cet opus adopte une approche drastiquement plus dynamique et vous placera de ce fait constamment dans une position d’urgence effrénée. Tout va extrêmement vite : vous passerez beaucoup de temps à courir et serez ainsi par extension davantage dans l’action que dans la peur. Si ce choix est éminemment compréhensible et effectivement fidèle à l’expérience proposée en 1999, on aurait quand même aimé retrouver à certains moments des séquences plus calmes et plus posées où l’action laisserait davantage de place à ce qui fait tout le sel d’un bon Resident Evil, à savoir l’exploration de vastes lieux ainsi que la résolution d’énigmes. Ce sont malheureusement deux éléments qui manquent cruellement tout au long de l’aventure, dont l’allure se veut beaucoup moins tortueuse. C’est dommage car on aurait pu s’attendre à se perdre dans le dédale des rues de Raccoon City, ce qui est loin d’être le cas tant l’ensemble des environnements sont en fait très confinés.
Pour autant, comme nous avons pu le mentionner plus haut, la dimension plus action du titre est plus que largement maîtrisée. En effet, le titre de Capcom ne manque absolument pas de séquences sensationnelles au cours desquelles le joueur est fortement mis sous pression, dont la majorité sont évidemment marquées par la présence d’un Nemesis plus classe, mais surtout plus acharné et déterminé que jamais. Il a été conçu pour traquer et tuer les derniers membres de l’unité des S.T.A.R.S et force est de constater qu’il prend son rôle très à cœur. Tout au long du jeu, vous serez ainsi confronté à des passages nécessitant de lui échapper ce qui, rassurez-vous, est en fait loin d’être aussi difficile que ce qu’on aurait pu penser au premier abord. Il est vrai qu’il est extrêmement véloce, particulièrement agressif et qu’il ne laisse que très peu le droit à l’erreur mais les techniques pour parvenir à le distancer restent assez nombreuses. Entre les bidons explosifs, les générateurs électriques et les grenades qui permettent de le ralentir durant un (trop) long moment mais aussi le système d’esquive qui, une fois maîtrisé, s’avère particulièrement utile, vous avez largement de quoi vous en sortir. C’est même presque regrettable que ce soit aussi facile puisqu’entre cela et le fait que ses apparitions, contrairement à celles d’un Mr. X, sont scriptées, le jeu nous apparaît finalement beaucoup moins anxiogène.
On ne change pas une formule qui gagne
Nous évoquions un peu plus haut le fait que cet épisode était assez peu tortueux dans sa construction. Cela vaut également pour le déroulement de l’aventure. Conséquence probablement directe de sa dimension davantage orientée sur l’action, Resident Evil 3 se parcourt de manière plus facile dans son ensemble, au point qu’il est finalement assez rare de mourir en mode Normal. Sans oublier les ressources, qui pleuvent à tel point qu’il semble quasi-impossible d’en manquer lorsque l’on fait bien attention. De ce fait, si vous souhaitez vous confronter à un défi un peu plus relevé dès votre première partie, nous vous recommandons de passer directement par le mode Hardcore. Pour les autres, ne vous inquiétez pas : le jeu reste loin d’être une balade de santé pour autant. Fidèle au jeu de 1999, le bestiaire est plutôt bien fourni et vous confrontera à de nombreux ennemis aussi résistants que redoutables. Les zombies sont par exemple beaucoup plus nombreux que dans l’épisode de l’an dernier mais toujours aussi gourmands en munitions. On retrouve aussi les fameux cerbères, chiens zombies extrêmement agiles, ainsi que de nouveaux types d’ennemis plus terrifiants encore qu’à l’époque. On pense notamment aux Brain Sucker, sortes d’araignées capables d’infecter Jill mais surtout aux Hunters Beta et Gamma qui ne vous feront pas le moindre cadeau : laissez-les vous approcher de trop près et c’est la mort instantanée qui vous attend.
En termes de prise en main et de mécaniques de gameplay, vous ne serez aucunement dépaysé si vous avez joué au remake de Resident Evil 2. Il ne s’agit ni plus ni moins que de la même formule avec un temps d’adaptation toujours aussi rapide et agréable. Toutefois, quelques petits ajustements ont tout de même été effectués. Parmi les principaux, on note l’intégration d’un système d’esquive qui était déjà présent dans le matériau original. Permettant à Jill d’effectuer un mouvement latéral pour éviter un ennemi se trouvant un peu trop près, il permet surtout de s’en sortir avec une roulade et, au besoin, un bullet time de quelques secondes lorsqu’il est enclenché avec le timing parfait. Mais ne vous méprenez pas, cela reste plus facile à dire qu’à faire et vous n’échapperez pas à de nombreuses morsures comme vous l’auriez espéré. Pour contrebalancer cette nouveauté, il n’est d’ailleurs plus possible d’échapper à un croc en utilisant le couteau ou une grenade comme c’était le cas auparavant. Désormais, la seule chose que vous pouvez faire c’est de marteler une touche pour réduire le temps que le monstre passera à faire de vous son goûter. Enfin, le couteau ne possède plus d’utilisation limitée dans le temps. Il n’y a donc plus de raison de ne pas en user et en abuser pour économiser quelques balles.
Une belle ville peuplée de beaux monstres
À l’instar de tous les jeux sortis depuis Resident Evil 7: Biohazard, ce nouvel opus a été développé à partir du moteur maison de Capcom, c’est-à-dire le RE Engine. Et tout comme sur ces derniers, il réalise de véritables merveilles à tous les niveaux sur le plan technique. Resident Evil 3 est en effet un titre incroyablement beau qui nous offre son lot de panoramas particulièrement percutants, dont l’ambiance est sublimée par des effets de lumière et des jeux de clair-obscur toujours aussi maîtrisés. Sans oublier la modélisation des personnages et de leurs expressions faciales, des plus saisissantes, ou encore le design monstrueusement épatant de l’ensemble du bestiaire. Arpenter les rues dévastées de Raccoon City n’a jamais été aussi plaisant, surtout en compagnie d’une Jill Valentine réellement magnifique. Elle est de loin le personnage qui a le mieux passé l’étape du « photoréalisme » voulu par Capcom depuis 2017, ce qui est d’autant plus agréable qu’elle bénéficie d’un charisme à toute épreuve dans ce remake. À ce propos, il convient d’ailleurs de souligner la qualité de la performance réalisée par les doubleurs français qui parviennent sans difficulté à donner vie aux personnages qu’ils incarnent.
Pourtant, le jeu n’est évidemment pas irréprochable et quelques petits soucis techniques, heureusement très légers, pointent parfois le bout de leur nez. Pour continuer au sujet du doublage, il y a par exemple un léger souci au niveau de l’audio durant certaines cinématiques où les voix semblent être quelque peu étouffées. Sur le plan visuel, si le jeu reste parfaitement fluide dans son ensemble, il n’échappe tout de même pas à un léger clipping à de rares occasions, à des effets de scintillement et d’aliasing assez bizarres sur certaines surfaces ou encore à des zombies quant à eux assez peu fluides lorsqu’ils sont très éloignés de notre position. Rien de bien alarmant en soi donc.
Resident Evil Resistance : Un multijoueur imparfait qui fonctionne bien
Pour accompagner la sortie de la campagne, un mode multijoueur a également été inclus par Capcom via une application distincte. Il s’agit d’un mode asymétrique dans lequel quatre joueurs incarnent des Survivants tandis que le cinquième, seul contre tous, incarne le Mastermind de la partie. Pensé comme une sorte d’« Escape Game » à la sauce Resident Evil, le but des premiers est alors de coopérer pour réussir à s’échapper d’une succession de trois pièces quand le dernier doit tout faire pour les en empêcher.
Du côté des Survivants, les joueurs ont le choix entre six personnages aux capacités qui leur sont propres (corps-à-corps, hack, soin, armes à feu, pièges). Une fois la partie lancée, ils peuvent acheter différents objets (armes supplémentaires, grenades, soins, munitions) dans la zone de départ avec des crédits Umbrella trouvables sur les lieux et partir à la recherche des trois clés nécessaires à l’ouverture de la porte de sortie. Pendant ce temps-là, le Mastermind, qui a le choix entre quatre personnages (Annette Birkin, Ozwell E. Spencer, Alex Wesker et Daniel Fabron) peut les suivre à travers de multiples caméras et entraver leur progression de nombreuses manières grâce à un système de cartes aléatoires. Il peut ainsi faire apparaître tout un tas d’ennemis (zombies, cerbères, lickers et même Mr. X avec une carte spéciale), des pièges (explosifs, mitrailleuses, etc.) tout en plaçant différents obstacles (verrouiller temporairement des portes et éteindre les lumières par exemple).
Bien entendu, le temps est compté. Les Survivants disposent de quelques minutes seulement pour parvenir à s’en sortir. Afin de gagner de précieuses secondes, il est donc dans leur intérêt de tuer le maximum d’ennemis tout en ne perdant pas trop de temps à explorer les différentes zones, plutôt grandes, pour débusquer les clés. A contrario, prendre des dégâts ou mourir entraîne une pénalisation qui leur fait perdre du temps et place donc le Mastermind en position de force. Petite mécanique assez sympathique, il est possible de vivre l’expérience en « mode live ». Avec cette configuration, les phrases pré-enregistrées du Mastermind peuvent être remplacées par la voix du joueur qui s’adresse directement aux Survivants. C’est bête mais il y a largement de quoi s’amuser de cette manière.
Malheureusement, nous n’avons pas encore eu l’occasion de profiter de l’expérience de jeu dans les meilleures conditions possibles. De ce fait, le test sera éventuellement mis à jour ultérieurement si de nouvelles remarques nécessitent d’être ajoutées. En l’état, le mode Resistance nous est quand même apparu comme étant plutôt convaincant dans l’ensemble : la formule fonctionne bien, c’est addictif et vraiment très amusant. Néanmoins, le jeu souffre quand même d’un certain déséquilibre de difficulté en faveur du Mastermind. À moins de jouer avec une équipe complète pour pouvoir communiquer efficacement et mettre en place de véritables stratégies, il est très difficile pour les Survivants de s’en sortir, bien que ce ne soit pas impossible non plus. De ce fait, nous recommandons davantage les sessions entre amis que les sessions en solo.
Enfin, le contenu du multijoueur reste assez pauvre pour le moment. Débloquer de nouvelles habiletés et de nouveaux équipements nécessitera préalablement de monter un certain nombre de niveaux (ou de réaliser plusieurs défis afin de dépenser des points PR dans la boutique) tandis que seules quatre maps sont actuellement disponibles. Toutefois, Capcom a d’ores et déjà annoncé que du nouveau contenu sera déployé au cours des prochains mois. On a par exemple récemment appris que Jill intégrerait ultérieurement le casting des Survivants. À voir donc si l’intérêt parviendra à être suffisamment entretenu sur le long terme par les développeurs.
Verdict : 8/10
Comme on pouvait s’y attendre de la part de Capcom, ce remake de Resident Evil 3 est une véritable réussite à bien des égards. Replonger dans le cauchemar de Raccoon City avec une Jill Valentine des plus charismatiques et un Nemesis plus acharné que jamais se retrouvant au cœur d’une aventure au rythme effréné et spectaculaire est un bonheur qui ne se refuse pas. Toutefois, il faut tout de même avouer qu’on aurait pu espérer un peu plus de la part du studio, qui avait matière à aller encore plus loin afin de nous proposer une expérience plus oppressante, plus anxiogène et plus complète encore. Sans être aussi parfait qu’un Resident Evil (2002) ou un Resident Evil 2 (2019), Resident Evil 3 s’en sort donc néanmoins plus que largement avec les honneurs et s’annonce incontestablement comme l’un des hits de cette année.
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