Démarrée à l’origine en 2012, la campagne Kickstarter de République se solda à l’époque par une franche réussite : plus de 550 000 dollars récoltés et un jeu sorti depuis sur iOS, Android, Mac ou encore PC, notamment. Découpé en cinq épisodes (le premier ayant vu le jour fin 2013), le titre de chez Camouflaj a donc droit depuis quelques jours à sa version PlayStation 4 (digitale, mais aussi physique) regroupant l’aventure dans sa totalité. Verdict ?
Hope, la jeune fille se trouvant au centre du jeu, est ce que l’on appelle une PreCal. Si elle ne se tient pas à carreau et/ou tente de fuir l’institut géré par les Prizrak dans lequel elle se trouve (Metamorphosis, c’est son petit nom), elle finira par se faire « recalibrer ». Une bien étrange façon de faire, pour un bien étrange scénario cela dit. Mireille Prideaux, la directrice adjointe, vous a à l’oeil et tentera tant bien que mal de vous empêcher de jouer les Che Guevara en jupons. Il faut dire aussi que vous avez une fâcheuse tendance à lire des livres « proscrits » dès que vous en trouvez un, vilaine gamine que vous êtes ! Vous l’aurez compris, République bénéficie d’un synopsis de départ tout particulier. Pour être franc, nous l’avons trouvé quelque peu capillotracté sur les bords. Difficile à appréhender, certes, mais également incroyablement confus pour… pas grand-chose finalement.
Mais puisque vous avez maintenant entre vos mains les bases de ce pitch (non, nous ne vous dirons rien de plus, soyez rassurés !), il est temps de vous donner une info capitale dont vous n’auriez peut-être pas soupçonné l’existence en regardant simplement les trailers du jeu. Oui car, contre toute attente, Hope n’est pas « vraiment » le personnage principal. Entendez par là que ce n’est pas le protagoniste que l’on incarne dans République, du moins pas entièrement. Nous vous avons perdu, c’est ça ? Alors reprenons : à l’origine, les premières versions du jeu (sur smartphones, donc) ne permettaient pas de jouer Hope. On la dirigeait indirectement via un système de caméras de surveillance (appelé OMNI View), de sas, et autres scanners rétiniens. Ce procédé est le même ici, mais cette version PlayStation 4 introduit une donnée tout à fait nouvelle en guise de cadeau de bienvenue : Hope est gérable directement via les sticks de la manette. On peut donc marcher, courir, se cacher, ouvrir des placards, ramasser des objets, ramper ou encore s’accroupir. La base pour un jeu d’aventure/infiltration, nous direz-vous. C’est donc avec un grand plaisir que nous avons parcouru les moindres recoins des décors imposés par le jeu.
En terme de direction artistique, République fait d’ailleurs des merveilles. Mélange parfois (un peu trop) flagrant entre Remember Me et Metal Gear Solid (sur lequel les développeurs avaient déjà travaillé), le ton désaturé de l’ensemble fait plaisir à voir. Les salles qui jonchent notre chemin sont réellement travaillées et l’ambiance générale qui s’en dégage vous collera à coup sûr des sueurs froides à maintes reprises. Ce ne sont d’ailleurs pas les quelques événements « hors du commun » du jeu qui viendront nous contredire. Mais alors, à part diriger Hope et le réseau de vidéo-surveillance, que fait-on dans République ? Eh bien, on s’infiltre tant bien que mal !
Simulateur grandeur nature de cache-cache et d’autres allers-retours intempestifs, le soft de Camouflaj pourra sembler très répétitif au bout d’à peine quelques heures. En effet, son gameplay (et son approche) n’étant pour ainsi dire jamais mis à mal, c’est surtout l’intrigue du jeu qui nous tiendra en haleine, ou en tous les cas nous poussera à voir plus loin. L’aspect épisodique renforce d’ailleurs cet aspect, ou en tout cas c’est ce que l’on imagine. Oui car cette version PlayStation 4 ne nous permet pas de ressentir l’attente qu’ont connu les joueurs découvrant, à l’époque, les différents segments de l’oeuvre au compte-gouttes. En parlant d’oeuvre, il nous semble primordial de rappeler que République pourra grandement faire penser à quelques romans cultes tels que 1984 (de George Orwell, 1949) ou encore Fahrenheit 451 (de Ray Bradbury, 1953). La dystopie (ou contre-utopie pour certains), voilà un genre des plus intéressants, traité avec grand soin dans le jeu dont nous vous parlons aujourd’hui. Il ne sera en effet pas rare d’assimiler l’institut Metamorphosis à un bâtiment du Troisième Reich, par exemple. Les uniformes et autres teintes de couleur choisies par les développeurs n’auront d’ailleurs de cesse d’aller dans ce sens.
Si le gameplay nous a semblé assez fonctionnel, soyons clairs, il vous faudra acquérir quelques réflexes rapidement sous peine d’être perdu entre la gestion des caméras et la gestion de Hope elle-même. Nous vous faisons confiance à ce niveau-là, d’autant que ce n’est pas l’IA qui risque de vous gêner dans votre aventure, tout du moins pas souvent. En effet, aussi étrange que cela puisse paraître pour un jeu d’infiltration pure comme celui-ci (non, n’espérez pas tout dézinguer au bazooka si cela tourne mal), l’Intelligence Artificielle vous choquera la plupart du temps par sa cécité assez inquiétante. Pour autant, ne soyons pas mauvaise langue tant certains passages prouvent que cette fameuse IA peut tout aussi nous harasser durant de longues minutes… avant d’abandonner toute poursuite une fois arrivée en face de nous. Une gestion des ennemis à revoir, donc. Mais nous avons estimé que cette problématique n’avait pas été de nature à gâcher notre expérience globale. République nous a plu, réellement, et ce malgré deux défauts bien plus fâcheux eux.
Le premier est sans aucun doute, nous vous le disions un peu plus haut, sa relative répétitivité. Les cinq épisodes se suivent et se ressemblent globalement un poil trop. Évidemment, le gameplay fonctionne de telle manière qu’il eût été de mauvais ton de chambouler toutes nos habitudes à chaque changement de chapitre. Cela dit, un peu plus de variété dans l’approche n’aurait pas été de trop, selon nous. Enfin, sachez qu’un détail nous a énormément gêné dans ce titre pour le moins atypique : Mireille Prideaux (la tyrannique directrice adjointe de l’institut Metamorphosis que nous évoquions en début de test) est, comme vous l’aurez peut-être deviné, censée être française. Pour autant, doublage oblige, l’actrice se chargeant de ses lignes de texte le fait en anglais. Le personnage parlera bien la langue de Molière à plusieurs reprises, certes, mais avec un fort accent qui ne vient clairement pas de chez nous. Plus incohérent, tu meurs ! Il est d’ailleurs à noter, pour l’anecdote, que les joueurs ayant financé le jeu sur Kickstarter (ou en tout cas les plus généreux), se voient ici intégrés au jeu, sous forme de PNJ (amusez-vous à lire les passeports des gardes, vous ne serez pas déçus).
On pourra en revanche noter les trop nombreuses références au site de financement participatif, disséminées ça et là durant les cinq épisodes composant l’aventure. De quoi, parfois, frôler l’overdose. Si cela vous arrive, les objets récupérables viendront fort heureusement vous redonner le sourire dès lors que vous les trouverez. Oui, nul doute que les plus curieux, les plus cultivés, mais également les joueurs les plus anciens prendront un malin plaisir à collecter tout ce que le jeu a à nous offrir, et ce, que ce soit les cassettes audio fleurant bon les années 1980, ou encore les disquettes (de la même époque) faisant l’apologie de jeux indés (bien récents, eux) tels que Shovel Knight, Gone Home, ou encore ce chef d’oeuvre d’Axiom Verge. Un « petit plus » non-négligeable, brisant un chouïa la monotonie ambiante. En effet, République vous demandera entre 8 et 10 heures pour en faire le tour (sans compter les trophées PSN, parfois coriaces), il est donc judicieux d’avoir pensé à nous tenir en éveil durant tout ce temps.
VERDICT : 7/10
Disponible pour moins de 30 euros en édition normale, et à environ 50 euros en édition collector, République réussit son arrivée sur PlayStation 4. Beau, original, intelligent, le titre de Camouflaj a tout du jeu que l’on aura plaisir à parcourir comme les bons vieux jeux solo des années 1990-2000. Mais tout n’est pas parfait dans cette dystopie, non. Son IA inconstante, sa répétitivité flagrante, et sa mise en scène ultra-rigide l’empêchent de prétendre au titre de véritable incontournable. En lieu et place, vous aurez droit à un très bon jeu vendu à prix plus que correct, que nous n’avons donc aucun mal à vous conseiller.
Cryo
3 avril 2016 at 12 h 05 min« capillotracté »
Lol
Mr_Toc
4 avril 2016 at 17 h 06 minAucun copyright, non ^^ Merci bien pour ce commentaire encourageant !
MrBarzal
4 avril 2016 at 9 h 09 minMerci pour ce bon test, toujours agréable à lire.Je vais guetter une baisse de prix pour ce jeu, je pense qu’il va vite decsendre.
Mr_Toc
4 avril 2016 at 17 h 05 minA n’en pas douter, oui 😉 Merci en tout cas pour ce commentaire !