Qu’est-ce qu’un jeu dit « indépendant » ? Voilà une question à laquelle il est difficile de répondre tant aujourd’hui ce terme s’emploie à tort et à travers. Il existe autant de définitions pour « jeu indépendant » qu’il y a de joueurs, et comme aujourd’hui nous vous proposons le test de Rebel Galaxy Outlaw, nous allons vous proposer la nôtre. Alors avant que nous nous mettions sur la tronche dans les commentaires, Rebel Galaxy Outlaw c’est quoi ? C’est un simulateur spatial qui n’a de simulation que le genre, où nous passons notre temps à déglinguer tous vaisseaux indiqués. Vendu comme ça, ça ne vole pas haut, mais heureusement pour nous, le jeu est développé par Double Damage qui a à son bord deux têtes primordiales : Travis Baldree et Erich Schaefer, des pionniers du Hack’n’Slash en vue isométrique qui donnent leurs impressions des combats spatiaux. Si en surface cela semble simple, la magie de l’indépendance dévoile une profondeur inattendue.
Test réalisé avec plusieurs bouteilles jaunes, malodorantes, à partir d’une version PC fournie par l’éditeur
Du scénar’ dans les étoiles !
Sans chercher à être réducteur, le space opera s’est développé sur trois branches ces dernières années : le farm à outrance, un arc narratif donné au compte goutte et un monde ouvert toujours plus grand. Rebel Galaxy Outlaw c’est l’inverse, il préfère l’intimité d’un espace plus confiné pour favoriser l’insertion d’une trame narrative. En jeu nous incarnons Juno Markev, une femme au fort caractère qui a une vengeance à assouvir. Le hic c’est qu’après une légère erreur, Juno se retrouve sans le sous, une situation périlleuse qui l’oblige à contacter l’un de ses amis afin de sortir de cette mauvaise passe. Nous l’accorderons, cela ne casse pas des briques mais a le mérite de poser un contexte qui justifiera vos nombreuses rencontres. En effet, ce prétexte de quête vous fera arpenter le monde ouvert que propose Rebel Galaxy Outlaw, en passant au travers des différents secteurs. C’est à ce moment qu’une dualité rencontre le blaster : si d’un côté les quêtes principales vont s’enchaîner sans problème, vous faisant croiser de multiples personnages tous plus hauts en couleurs les uns que les autres, c’est le vide absolu du côté des secondaires. Dans une majorité des cas, les missions disponibles chez les guildes et panneaux sont des objectifs génériques qui n’approfondissent en rien l’histoire du jeu, elles n’ont pour but que d’élargir votre portefeuille.
Côté mise en place scénique, une construction identique s’observe à plusieurs reprises : un contact vous appelle, vous donne rendez-vous dans un bar, vous discutez, vous avez une mission et vous le suivez. Une façon de procéder particulièrement redondante sur la durée, et plus singulièrement quand vous devez traverser plusieurs secteurs pour trouver le contact ou le lieu de l’objectif. Dans le même acabit, les missions ont tendance à tourner autour de « détruis X » ou « détruis Y », parfois avec des alliés, mais généralement seul. Fait étrange, au vu du soin de chercher à mettre le joueur dans différentes situations, comme aider à la libération d’un prisonnier dans un centre carcéral de haute sécurité. Si le bot s’éclate à voler un vaisseau pour s’infiltrer, vous, vous devrez « retenir les forces de l’ordre le plus longtemps possible », à comprendre « détruire tout ce qui peut, de loin ou de près, vous tirer dessus ».
« Une simu.. Quoi ? »
Point fort de la série, le gameplay est toujours aussi simple et efficace que son aîné, à quelques différences près. Si dans Rebel Galaxy il est seulement possible de virer à droite ou à gauche, Outlaw offre une liberté de cabrioles totale en plongeant ou relevant le nez de votre appareil. De plus, deux vues sont disponibles : cockpit et troisième personne, immergeant un peu plus le joueur dans l’action effrénée que propose le soft. Car cela ne change pas, l’action est omniprésente et dès que vous arrivez à destination il n’est pas rare que quelques chasseurs pirates soient prêts à vous accueillir. C’est ici qu’intervient l’expérience des deux têtes d’affiche et fondateurs de la société Double Damage, Travis Baldree (Torchlight) et Erich Schaefer (Diablo), dévoilant un gameplay s’approchant plus du Hack’n’Slash que du simulateur spatial. Les cibles sont nombreuses et le radar n’est pas là pour vous soutenir (nous reviendrons dessus). À partir de là, un système de pause active est proposé pour vous aider à voir qui attaquer et pour que vous choisissiez sur qui vider vos chargeurs. En plus d’être pratique, cette option permet de ralentir l’action intense que les combats créent. Pour vous épauler davantage, un maintien de la gâchette gauche permet de suivre automatiquement votre cible. Vous n’aurez alors plus qu’à axer vos tirs avec le réticule de prédilection. Cette aide, optionnelle, fait suivre des vaisseaux toujours plus nerveux et laisse le joueur se focaliser sur la répartition de puissance qui est centrale. Effectivement, pour être optimal, vous devrez répartir votre énergie au travers des systèmes de votre vaisseau, à savoir les moteurs, le bouclier ou l’armement. Si de base, chacun est à 33 %, en fonction des situations vous pouvez monter d’un cran les boucliers au détriment de votre puissance de feu, ou de votre vitesse et vice-versa. Cette pause active est un véritable ajout bénéfique permettant au joueur de mieux comprendre ses opposants, afin de s’adapter pour augmenter ses chances de survie. Les pilotes chevronnés l’auront sûrement remarqué, mais Rebel Galaxy Outlaw est clairement optimisé pour la manette, même si un HOTAS peut-être utilisé, les sensations ainsi que l’ergonomie sont clairement pensés pour cette dernière.
Combattre est une chose, choisir pour qui ou quoi risquer sa vie en est une autre. Nous l’évoquions, le monde de Rebel Galaxy Outlaw est ouvert, offrant un panel de possibilités. Chaque secteur dispose d’une ou plusieurs bases, des endroits où l’on peut se poser et où il y a des points d’intérêts à visiter. L’objectif étant de gagner de l’argent, le joueur sera libre de procéder comme il le souhaite : miner une zone pleine d’astéroïdes, faire de la chasse à la prime sauvage (sans contrat) ou à contrat, ou encore faire des échanges commerciaux. Si cela occupe pendant quelque temps, la répétitivité s’installe très vite. À noter qu’une jauge de réputation est également présente, stipulant si vous êtes plutôt du côté des forces de l’ordre ou des pirates. Pour faire bouger cette barre, vous devrez réaliser des missions pour l’un ou l’autre. Une fois cette dernière arrivée à un certain niveau, vous aurez accès à des stations et armes uniques de votre choix. Qui plus est, il arrivera que certaines des missions principales vous laissent la possibilité de faire le « bon » ou le « mauvais » choix afin de faire grimper votre renommée. Mais cela n’a pas forcément un impact significatif sur le déroulement de la campagne, ce qui rend cette possibilité un peu plate.
« Un space opera ? C’est genre un opéra bizarre ? »
Exploitant l’OGRE, moteur de jeu libre et open source, qui favorise l’utilisation d’effets pour soulager la machine, Double Damage s’en tire à merveille sur ce point. Ne pesant pas grand-chose, préférant utiliser peu de textures pour favoriser la mise en avant d’effets particules, nous nous retrouvons face à un jeu qui tournera sur des configurations modestes. Les couleurs sont éclatantes du fait de la croisée du noir de l’espace et du dégradé rouge au jaune des explosions. Mais ce n’est pas tout. Les surfaces (vaisseaux et bases) arborent également les couleurs primaires, faisant sortir les entités du décor et collant avec l’univers souhaité d’un space western. Dans l’ensemble, le soft se montre convaincant graphiquement, sans jamais véritablement décalquer la rétine. À noter qu’un peu d’aliasing se fait sentir sans raison apparente, mais cela n’entache pas l’expérience. Quelques mots sur la vue cockpit : cette dernière propose plus d’immersion, principalement par l’activité de Juno. Effectivement, chaque action (changer la répartition de l’énergie, passer en vitesse supérieure, etc.) active une animation des mains, en plus d’un petit commentaire sur sa façon de piloter, ou encore ce qu’elle pense du pilote qu’elle affronte. En plus de ça nous retrouvons les couleurs néons vives, les boutons colorés et autres joyeusetés kitsch à souhait s’incrustant très bien à la verrière.
Du côté de l’ambiance sonore, Double Damage maîtrise son sujet en accompagnant les effets visuels de sons d’impacts lourds et autres bruits d’armes. Tout est réglé pour ne pas gêner la compréhension globale de la situation : les bruits ambiants, la musique ainsi que les voix, tout s’accorde en temps voulu. Cela se traduit par un mixage pensé en conséquence : si une voix entre dans votre système de communication, les sons ambiants et la musique seront abaissés afin que vous compreniez ce que raconte votre interlocuteur. Soulignons que le jeu est exclusivement doublé en anglais mais sous-titré au besoin. Également, vous aurez accès à pas moins d’une vingtaine d’heures de musique dispatchées sur plusieurs stations radio. Dark Country, Latino, Emo, Classique ou encore Électro, vous en trouverez forcément une à votre goût.
Les zones d’atterrissages sont variées et proposent des panoramiques sympa
Un petit tour et puis s’en vont
Il faudra une courte dizaine d’heures pour venir à bout de l’histoire. Bien entendu, il faudra compter plus pour le titre dans son ensemble, le soft imposant des « pauses » farming entre certaines missions. En effet, vous devrez gérer votre équipement et plus vous avancerez, plus vous devrez mettre le prix dans des armes et composants. C’est à ce moment que vous avez le choix de miner, chasser la prime ou faire du commerce, ce qui vient à facilement doubler votre temps de jeu. Enfin, nous ne pouvons pas vous laisser partir sans signaler que de nombreux jeux, comme le billard, les jeux de dés ou la borne d’arcade sont disponibles. Un plus qui fait découvrir quelques surprises !
Verdict : 7/10
Si Rebel Galaxy Outlaw joue dans la même catégorie que Star Citizen ou Elite Dangerous, à savoir le simulateur spatial, il se démarque par son côté atypique et arcade de la chose. S’il est possible d’y voir à de nombreux points un manque de contenu, il ne faut pas oublier que Double Damage est constitué d’uniquement cinq personnes, qu’ils sont éditeur et développeur à la fois. De fait Rebel Galaxy Outlaw est à prendre comme un jeu indépendant, forçant sur les combats et l’ambiance générale, plutôt que la multiplication de contenu. Mais cela n’excuse pas tout : cinq vaisseaux pilotables ainsi que peu d’armes et de composants font qu’une insuffisance se fait réellement sentir assez rapidement, surtout avec la profondeur des combats. Quelques éléments supplémentaires n’auraient pas été de trop. Mais vendu au prix de 25€ sur l’Epic Store, proposant une vingtaine d’heures de jeu intense, nous n’allons pas bouder notre plaisir, surtout qu’un space opera avec un solo n’est pas monnaie courante !
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