L’univers des rogue-likes fonctionne plutôt bien en ce moment, avec l’excellente Early Access de Hades II ou encore The Rogue Prince of Persia et son ultime mise à jour graphique. Dans cette flopée de titres, difficile de se faire un nom parmi les légendes. C’est ainsi qu’est né Ravenswatch, un titre s’inspirant des plus grands, tout en usant de ses propres références pour créer un univers basé sur les contes et les légendes. Installez-vous bien confortablement sous la couette et prenez une bonne tasse de chocolat chaud, il est temps de vous raconter l’histoire d’un titre bien particulier.
Test réalisé sur PC grâce à une version numérique fournie par l’éditeur
Qu’est-ce que cela donnerait si…
Développé par les Lyonnais de Passtech Games et édité par Nacon, Ravenswatch n’est plus tout jeune sur le marché vidéoludique. Sorti une première fois en accès anticipé l’année dernière, avec de plutôt bons retours venant des joueurs PC, dont 600 000 sont actifs via la plateforme Steam, le titre s’ouvre enfin aux consoles de salon. Surfant sur les plates-bandes de titres comme Hades ou encore Curse of the Dead Gods, une ancienne production du studio, Ravenswatch se différencie de ses homologues en puisant dans les contes et les légendes de notre enfance. Autre point de différence à noter, et pas des moindres, sa possibilité de multijoueur rappelant les vieux titres comme Gauntlet ou encore Trine. Il est juste dommage que celui-ci ne soit réservé qu’aux joueurs en ligne et non en local, mais on se contentera toutefois de sa possibilité de cross-plateforme. De ce fait, trois autres compagnons de voyage pourront tout de même vous accompagner dans la chasse aux cauchemars, et cela sera très utile pour compléter certaines quêtes. Mais avant de nous éparpiller, ouvrons nos bouquins pour comprendre ses enjeux.
Il était une fois un monde rempli de rêves, envahi par de terribles cauchemars, terrorisant et annonçant la fin des temps. Pour y faire face, neuf héros se dressent contre le mal et forment les principaux membres du groupe des Corbeaux, protecteurs de Rêverie. Ce groupe, composé de héros de grande renommée comme le Petit Chaperon rouge, Aladdin ou encore Sun Wukong, forme ainsi le principal rempart face aux hordes de monstres envoyés par des Maître-Cauchemar. Et… eh bien, c’est tout. L’histoire de Ravenswatch semble être assez pauvre tant elle se dévoilera difficilement aux joueurs. Seule solution : achever les quêtes personnelles de ses personnages ou, après chaque run, des morceaux de leur histoire viendront étoffer celle bien sombre du titre. De même, certaines quêtes secondaires assombriront davantage cet univers, à l’image du roi Arthur qui se transforme en chevalier maudit dans l’une d’elles. Même s’il est difficile de s’investir dans l’univers au premier abord, ses personnages ainsi que sa prise en main sont de très bonne facture, nous incitant toujours plus à revenir.
Que tu as de grandes dents !
Après avoir choisi son aventurier parmi les quatre personnages de départ, à savoir : le Petit Chaperon rouge, Beowulf, le joueur de flûte et la Reine des neiges. Vous êtes transporté dans le premier chapitre du titre nommé La Colline sombre. La première chose qui marque, au-delà de sa prise en main et de sa caméra en vue du dessus, sont les informations visuelles que le jeu nous donne. On fait face à une carte, découpée en plusieurs zones et générée procéduralement avec plus ou moins de points d’intérêt à découvrir ou alors à révéler. Mais ce qui attire à coup sûr notre attention est une barre indiquant le temps qui passe et seul repère sur l’élément le plus important du titre : le temps restant avant l’apparition d’un Maître-Cauchemar sur la carte. Boss ultime qui, une fois vaincu, vous permet de continuer jusqu’au prochain chapitre. Une barre affichant ainsi trois jours, équivalant à vingt minutes de jeu, complétée par un système de jour et de nuit influant sur les capacités de nos personnages, mais aussi sur celles des ennemis, à l’image des loups, actifs le jour et qui dorment la nuit. Avec un temps assez court, il faudra bien réfléchir pour faire évoluer de niveau notre personnage, mais aussi pour trouver des équipements adéquats avant de lancer un nouveau combat. Heureusement, tant que vous ne sortez pas du cercle d’invocation, le compteur n’est pas lancé. Il est donc primordial d’analyser la carte et les différents points d’intérêt, de planifier ses déplacements avant même de se lancer dans l’aventure. Concernant la carte, de nombreuses icônes s’afficheront allant du simple coffre à ouvrir, d’un grimoire de compétences, de talents à améliorer et jusqu’aux quêtes secondaires plus ou moins longues, mais aux récompenses alléchantes. On aimera tout particulièrement ces évènements secondaires, complètement optionnels, qui feront intervenir d’autres personnages bien connus comme Les Trois Petits Cochons ou Simba.
Une fois le chemin choisi par notre équipe, il est temps de se lancer et de combattre les nombreux ennemis qui se dresseront devant nous. Pour nous aider dans l’oblitération de ces viles créatures, nos différents personnages pourront lancer quatre sorts principaux, améliorables au fil de nos explorations, ainsi qu’une compétence ultime qui se débloque au niveau 5. Ces cinq compétences, allant d’un sort de zone à celui de corps à corps, seront complétées par une ruée faisant office d’esquive. L’ensemble sera complété d’un principe de cooldown, empêchant le spam intempestif des sorts les plus létaux. Même si nous ne pouvons que trop vous conseiller de tester tous les personnages et toutes les combinaisons possibles, et ainsi trouver celui qui vous conviendra le mieux, il y en a certains qui semblent être largement plus avantagés que d’autres. Cela se confirme surtout en solo, où des personnages comme Gepetto ou encore Sun Wukong seront avantagés par leurs capacités. Le premier pouvant invoquer des marionnettes pour l’aider à faire face aux ennemis et le second pouvant alterner entre se donner de la vie ou taper plus fort. Il est donc primordial, avant même de lancer un chapitre, de trouver chaussure à son pied et ainsi être plus à l’aise au combat, car ceux-ci seront assez rudes, même venant de simples petits mobs.
Rogue-like oblige, une mort signera l’arrêt total de votre aventure ainsi que la perte de l’ensemble de vos équipements durement acquis. Et des morts, vous en aurez à travers les trois seuls chapitres du titre. Même si le jeu reste assez tolérant en solo en vous octroyant la possibilité de revivre six fois. Il sera donc important de trouver l’équilibre entre combattre des ennemis pour monter son niveau, récupérer des objets intéressants, voire affronter des boss secondaires pour tenter de faire baisser la vie du Maître-Cauchemars de la zone. Si toutes ces conditions sont réunies et que vous terminez sans encombre le premier chapitre, le titre vous proposera alors la possibilité de sauvegarder et d’arrêter le niveau ou alors de continuer vers le second chapitre. En prenant la deuxième option, et après un chargement un peu long, on se retrouve dans un nouveau biome avec à nouveau le système de gestion de temps. Mais là où, dans la première run, la planification pouvait se faire assez rapidement, le second chapitre introduit un nouvel élément : celui du Marchand de Sable, présent à l’endroit de l’apparition et vous permettant de dépenser l’argent glané lors de vos expéditions. Ainsi, en plus de devoir alterner entre augmenter son niveau ou alors récupérer des équipements, il faudra aussi chercher de l’argent pour acheter des améliorations de talent dans le chapitre suivant. De l’argent qui, à l’inverse de titres plus connus, devra être trouvé et récupéré sur des pierres durement gardées. À nous alors de réfléchir à nos actions avant chaque début d’aventure, de tracer notre chemin tels des aventuriers partant à l’exploration. Une exploration se faisant au niveau du gameplay et de son système de planification, mais aussi à travers ses décors riches en histoire.
Et que tu as de beaux yeux !
Au-delà d’un gameplay simple sur le papier, mais difficile à maîtriser, Ravenswatch se démarque avec un style très prononcé à mi-chemin entre dessin à la main et rendu dans le style comic book. Cela rappellera forcément Darkest Dungeon tant les deux styles se rapprochent. Ainsi, avec une patte artistique marquée, l’univers de Ravenswatch l’est tout autant avec des créatures difformes et des héros bien sombres. Nous nous retrouvons alors avec un Petit Chaperon rouge roublard pouvant se transformer en loup-garou la nuit, un Gepetto inventeur fou s’imaginant pouvant enfermer un cauchemar dans une de ses marionnettes ou encore un Aladin en prince déchu de son royaume. On ressent ainsi le souci du détail des développeurs aussi bien dans l’esthétique, qui sert de toile de fond à l’histoire grâce à ses décors, que dans les histoires racontées par les personnages. En effet, les héros augmentent de niveau et développent alors leur propre histoire, cela sous forme de textes romancés et parfois sous forme de poèmes. Le souci du détail que l’on appréciera, même si le texte est quelque peu petit sur une télévision.
En plus de l’esthétique et du développement des héros, les trois chapitres nous présentent plusieurs biomes allant d’obscures forêts à un château en proie à de la corruption. On regrettera cependant le traitement de certaines zones, parfois un peu brouillonnes en raison du style choisi, ce qui peut rendre les ennemis difficiles à distinguer. Mais, ce détail n’est que mineur par rapport à la beauté graphique que nous propose Ravenswatch. Que cela soit à travers les personnages et le bestiaire, les décors, mais aussi les nombreux effets de sort qui apporteront un jeu d’ombre et de lumière plutôt intéressant, le jeu reste stable et fluide sur l’ensemble de notre session.
Du côté de la bande sonore, celle-ci sera signée par Joonas Turner, déjà compositeur pour Curse of the Dead Gods. Il réalise alors des pistes pour chaque région explorée de types orchestraux, reflétant l’ambiance et l’atmosphère si sombre de Ravenswatch. Pour ce qui est des musiques en combat, bien qu’elles soient moins mémorables que celles contre les boss, elles seront assez efficaces pour traduire l’adrénaline des affrontements, mixée à un bruitage de plutôt bonne facture.
Verdict : 7/10
Ravenswatch est une bonne surprise sur console, en partant du principe qu’il était déjà bon sur PC. La prise en main à la manette s’avère assez intuitive, bien qu’un poil tendu lors d’activations de nombreux sorts. Outre son gameplay efficace et sa patte artistique marquante, on notera la prise de risque des développeurs en retravaillant des personnages de contes iconiques, quitte à les rendre plus sombres qu’ils ne l’étaient déjà. Ce choix, particulièrement bien amené, aurait néanmoins gagné à être davantage exploité à travers davantage de chapitres, plutôt que seulement sur trois. Même si cette dernière offre beaucoup de rejouabilité via son système de génération procédurale. Autre gros point positif : son multijoueur, qui propose du cross-plateforme et permet à n’importe qui de rejoindre une session. Côté durée de vie, si vous êtes des joueurs aguerris, le titre pourra se terminer en seulement 3-4 heures. Mais, si vous êtes un néophyte du genre ou un complétionniste, comptez 7 à 10 heures de jeu. Lorsque l’on compare son temps de jeu avec son prix, cela reste tout à fait raisonnable. Ravenswatch est une bonne petite pépite qui plaira tant aux fans du genre qu’au débutant. Difficile à appréhender au départ, il attire néanmoins les joueurs grâce à son esthétique, tel un loup déguisé en grand-mère.
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