Sorti à l’origine en novembre 2014 sur PC, Randal’s Monday est le premier bébé du studio indépendant espagnol Nexus Game. Édité par Daedelic Entertainment, c’est avec grand plaisir que nous vous donnons aujourd’hui notre verdict sur ce titre complètement barré, disponible depuis quelques semaines à peine sur le PlayStation Store de la PlayStation 4, à un tarif constaté de 13,99 €, soit dix euros de moins que la version PC à son lancement.
Si vous n’avez pas connu les jeux vidéo et autres films des années 1990-2000, il y a fort à parier que vous ne soyez familiers ni avec le concept des jeux d’aventure point and click façon Lucasarts, ni avec les œuvres cinématographiques de Kevin Smith. C’est pourtant un énorme mix de tout ça que nous propose Randal’s Monday. Dans ce jeu à l’ancienne au style cartoonesque, tout commence bien pour Randal, son pote Matt, et la fiancée de ce dernier. En effet, Matt va se marier et compte offrir à sa dulcinée une bague tout droit sortie d’un livre de Tolkien. D’ailleurs, il le dit lui-même : « le SDF qui me l’a refilé m’a dit qu’elle était maudite ! ».
C’est donc ainsi que les ennuis vont commencer pour notre Randal national. Après avoir ramassé le portefeuille de son meilleur ami (contenant forcément l’anneau en question), le continuum espace-temps n’aura de cesse de se jouer du personnage principal, et ce durant toute l’aventure. L’intitulé du jeu, Randal’s Monday, fait évidemment référence au cultissime « Un jour sans fin » de 1993, interprété par Bill Murray et Andie McDowell, et réalisé par feu Harold Ramis (SOS Fantômes 1 et 2, L’an 1, etc…). Vous l’aurez deviné, on revivra donc dans le jeu le sempiternel lundi par lequel nos problèmes vont débarquer. Il nous incombera donc de « réparer » nos erreurs commises afin de sortir définitivement de cette boucle infernale.
Le scénario est extrêmement loufoque et les dialogues sont tout simplement grandioses pour qui aime ce genre d’humour. Il est à noter que les doublages sont disponibles en anglais, en allemand, et en espagnol. Non, ne nous demandez pas pourquoi le français a été oublié, nous cherchons encore la réponse nous-mêmes. Fort heureusement, les sous-titres sont, eux, bel et bien disponibles dans la langue de Molière. L’avantage avec la VOST, c’est que ce n’est autre que Jeff Anderson qui tient le rôle de Randal dans le jeu… Comment ça, vous ne savez pas qui est ce monsieur ? Eh bien c’est tout simplement l’acteur américain qui interprète le très atypique Randal Graves dans le génial film Clerks et sa suite, Clerks II. Deux des œuvres les plus emblématiques de Kevin Smith (cf. notre paragraphe précédent). Le personnage principal du jeu est donc une référence directe à ce rôle mythique, d’autant que les deux individus partagent les mêmes traits de caractère, à commencer par la fainéantise et l’humour bien gras.
Et puisque l’on parle d’hommage, notez tout de même que Randal’s Monday est un immense hommage à la culture pop/geek de ces 30 dernières années, rien que ça ! De Super Mario à Pulp Fiction en passant par Les Simpson, Batman, Orange Mécanique, Half-Life, Retour Vers Le Futur, The Big Bang Theory ou encore X-Files, les plus cultivés d’entre vous passeront des heures à analyser la moindre scène du jeu, en rigolant et en se demandant ce que les développeurs ont bien pu inclure d’autre au fil des heures. C’est bien simple, jusqu’ici seul Retro City Rampage avait su faire aussi complet. Pourtant, et contrairement à ce dernier, Randal’s Monday souffre d’un énorme défaut lié à toutes ces références : l’overdose. Oui, car remplir son jeu de clins d’oeil peut sembler être une idée géniale sur le papier, mais lorsque ceux-ci sont placés par dizaines en moins de quelques minutes, le souci se pose clairement. On aurait apprécié des easter eggs mieux distillés, laissant un peu retomber la « hype » au fil des chapitres, plutôt que de nous gaver comme des oies durant le moindre tableau jouable…
D’autant que, mis à part ce défaut un brin fatiguant, Randal’s Monday en énervera sûrement plus d’un en raison d’un autre gros point noir, bien plus handicapant à nos yeux : l’illogisme extrême de ses énigmes ! En effet, vous vous en doutez, à la manière d’un Monkey Island ou d’un Day of the Tentacle, le premier jeu de Nexus Game Studios est avant tout un jeu d’aventure basé sur des enchaînements de dialogues et autres fouilles d’inventaire en bonne et due forme. Seulement voilà, on a beau faire le tour des lieux à la recherche d’indices, dans 90% des cas il faudra passer par les solutions trouvables sur internet. Pourquoi ? Tout simplement parce que même en se creusant les méninges durant des heures, seuls les développeurs du jeu sont capables de trouver les chemins à suivre. Mixer dans l’inventaire des objets tels qu’un journal et une pièce de monnaie pour former une arme contre des pigeons, avouez qu’il fallait y penser…
C’est ce qui aura tendance à énerver la plupart des joueurs, et c’est là le seul vrai défaut qui empêche, selon nous en tout cas, le jeu d’être un véritable hit. Car, ne l’oublions pas, cette version PlayStation 4 arrive à une époque où les point and click ne sont pas forcément nombreux sur consoles. Bien sûr, The Walking Dead, The Wolf Among Us et King’s Quest se portent bien, merci pour eux. Mais leur gameplay n’est pas aussi old-school que celui proposé par les espagnols de chez Nexus Game Studios. Ici point de 3D, de QTE ou de scènes de combat par exemple. On est typiquement dans une version modernisée de ce que pourrait proposer les studios Lucasarts en 2016. D’ailleurs, pour ceux qui se poseraient la question, oui le jeu est très facilement maniable au pad DualShock 4 et ne souffre d’aucune comparaison avec son homologue clavier / souris. Un bon point, donc.
Enfin, sachez que si les doublages, nous vous le disions plus haut, sont une réussite totale (en ce qui concerne l’anglais), on ne pourra pas en dire autant des musiques distillées ça et là au fur et à mesure de notre périple. Loin d’être à jeter, disons simplement qu’elles ne marqueront pas l’esprit des joueurs, et qu’elles auront même plutôt tendance à nous énerver plus rapidement que prévu. Trop répétitives, sans doute. En terme d’ambiance visuelle en revanche, Randal’s Monday est un exemple à suivre pour quiconque voudrait se lancer dans le développement d’un jeu à ambiance « dessinée » rendant hommage à la pop-culture que nous connaissons.
Le jeu fourmille de détails et se présente, sous certains airs, comme un comic-book géant, dans lequel on prendra forcément plaisir à déambuler. Les plus observateurs d’entre vous remarqueront sans doute quelques similitudes, dans la colorisation notamment, avec des séries animées telles qu’American Dad, Family Guy, Aqua Teen Hunger Force, ou encore Futurama. A prendre comme un compliment, bien entendu. Sachez également que si le concept du jeu vous fait rire (dans le bon sens du terme), et que vous mourrez d’envie de savoir ce que la vie va bien pouvoir réserver à notre ami sociopathe Randal, les développeurs ont fait en sorte que le jeu se termine en une vingtaine d’heures en moyenne. Une bonne pioche, donc.
VERDICT : 7/10
Randal’s Monday est un jeu coincé entre deux notes. Imparfait de par sa mise en scène nous inondant d’easter eggs à ne plus savoir qu’en faire, ce premier jeu des espagnols de Nexus Game Studios est une franche réussite pour qui aime l’humour potache. Pourtant, si cet immense hommage à la culture-pop est rafraîchissant, on ne pourra s’empêcher de pester contre des énigmes bien trop farfelues et un manque de finition parfois gênant (les musiques et le mixage sonore en sont un exemple flagrant). Toutefois, pour moins de 14 euros sur PlayStation 4, le geek/cinéphile averti aurait tort de se priver de cette bonne tranche de rigolade que seul Retro City Rampage avait su nous apporter jusqu’à maintenant.
Vous pouvez également consulter notre test vidéo de Randal’s Monday !
Laisser un commentaire