A l’occasion de la Gamescom 2015, Rainbow Six Siege nous avait fait une bonne première impression. Néanmoins, à la vue des événements survenus lors de ses différentes phases de test, nous étions en droit d’émettre certaines réserves. Ubisoft a-t-il finalement manqué le coche ? Les défauts relevés ça et là ont-ils finalement été corrigés ? Réponse dans notre test !
Règle Numéro 1 : Réfléchir avant d’agir
Face à une menace terroriste de plus en plus présente et oppressante, l’Angleterre, les États-Unis, la France, l’Allemagne et la Russie ont uni leurs forces afin de créer l’unité Rainbow, un escadron de soldats sur-entraînés aux compétences uniques, ayant pour objectif d’endiguer la propagation de ce fléau. Un enrobage quelque peu futile, mais qui a au moins le mérite de poser les bases d’un conflit au coeur de notre génération. La cinématique de lancement du titre passée, seules les vidéos de présentation des différents opérateurs vous permettront d’en apprendre un peu plus sur le background du jeu. Rainbow Six Siege est au final un titre qui souhaite se focaliser sur le cœur de l’action, en omettant les fioritures habituelles dont on pourrait aisément se passer.
À défaut de devoir se coltiner une campagne solo bâclée et sans saveur, les développeurs d’Ubisoft ont eu la bonne idée de nous proposer une sorte de didacticiel interactif composé de dix chapitres, appelés pour l’occasion « Situations ». Ces derniers vous invitent à prendre le contrôle de l’un des opérateurs qui devra remplir un objectif précis : défense / prise d’otage, capture de zone, élimination d’un groupe de terroristes… Chaque nouvelle circonstance vous demandera de maîtriser des outils d’une classe différente. Une mise en situation ludique, vous permettant de découvrir les rudiments d’un gameplay rigoureux, avant de vous plonger à corps perdu dans la « vraie » bataille. Ces missions vous rapporteront des crédits utiles à l’achat d’opérateurs pour les modes multijoueur, en sachant que trois niveaux de difficultés sont disponibles pour chaque chapitre de ce didacticiel, et qu’il vous est possible de remporter des sommes « d’argent » plus importantes en augmentant le challenge ainsi qu’en remplissant les objectifs secondaires : tuer deux terroristes à la grenade à fragmentation, terminer l’assaut avec au minimum 50% de votre barre de santé… Malheureusement, force est de constater que les missions qui vous sont assignées sont d’une répétitivité affligeante et ce, même si l’on considère le point de vue de l’équipe de développement, qui souhaitait par ce biais, démontrer les nombreuses possibilités offertes au joueur pour mener à bien son objectif, dans une seule et même situation. On regrettera bien évidemment le comportement de l’IA, que l’on pourrait qualifier de schizophrène. Vous serez tantôt confronté à un ramassis d’écervelés constamment à découvert, attendant sagement que votre balle vienne se loger gentiment dans leur crâne vide de toute matière cérébrale. Dans l’autre cas (le moins fréquent…), vous affronterez des bêtes assoiffées de sang qui vous pousseront dans vos derniers retranchements, vous demandant ainsi de faire preuve de précision, rapidité et intelligence. Une situation paradoxale et frustrante, qui nous a particulièrement agacé.
Après avoir fait vos preuves sur le terrain d’entraînement, vous serez en mesure de véritablement prendre part au combat, à moins de vouloir au préalable affûter votre esprit d’équipe, en exploitant au mieux le mode « Chasse aux terroristes ». Pas innovant pour un sous (on reprend les même bases que pour les situations – jouable seul ou à plusieurs), le Terrohunt aura au moins l’avantage de vous permettre d’améliorer votre team play, en tentant de mettre en place des stratégies solides avec votre équipe. Malgré la nonchalance d’une Intelligence Artificielle bien trop souvent dépassée par les événements, vous serez en mesure d’user de tous les stratagèmes pour mener à bien votre mission. Après tout, vous êtes là pour faire le job !
Règle Numéro 2 : Toujours couvrir ses arrières
À l’instar d’un Counter Strike, Rainbow Six Siege souhaite véhiculer l’image d’un titre taillé pour la compétition. Et si la licence de Valve n’a plus à faire ses preuves, celle d’Ubisoft a tout à prouver. À ce propos, le soft a semble-t-il été travaillé dans ce sens, si l’on en croit les nombreux outils mis à disposition des joueurs et de leurs équipes : création d’escouades et parties personnalisées, chat vocal in game… Deux équipes de cinq joueurs s’affrontent ainsi à travers trois modes de jeu (contrôler une zone, prendre/protéger un otage ou désamorcer/conserver une bombe radioactive), en alternant phases de défense et d’attaque. Durant les phases préparatoires d’une durée de trente secondes, les premiers doivent à tout prix maintenir leur position inconnue, tout en barricadant les portes, en renforçant les murs, en posant des mines et/ou fils barbelés… Les assaillants seront quant à eux en mesure de débusquer l’équipe adverse et ce, à l’aide de leur drone télécommandé. Une préparation stratégique qui, d’un côté demande de peaufiner sa ligne de défense, tandis que de l’autre suggère de déterminer l’ensemble des alternatives viables au bon déroulement des opérations. Une prise de connaissance approfondie du terrain et des adversaires s’impose, à vous d’en apprendre davantage sur les forces (et faiblesses) en présence. Et s’il faut reconnaître que la phase défensive est tout à fait intéressante, voire excitante, il nous faut admettre qu’à l’inverse, nos innombrables escapades « robotiques » ont eu quelque peu raison de notre engouement, du fait de sa répétitivité… Dommage.
Chaque manche débute de la même manière, avec le choix de votre opérateur. Durant notre session de gameplay à Cologne, nous avions déjà abordé ce mécanisme visant à déterminer une classe unique par joueur, avec l’impossibilité d’avoir deux personnes du même clan, avec le même type de « capacités ». Une volonté de la part d’Ubisoft de forcer les équipes à communiquer, tout en tirant le meilleur de chacun de ses partenaires. Un concept globalement bien pensé mais qui laisse transparaître quelques limites. La classe « Recrue » tout d’abord. Cette dernière bénéficie d’un arsenal similaire aux opérateurs, mais ne dispose pas de leurs atouts, ce qui la désavantage clairement par rapport aux autres membres de l’équipe. Au jeu du Premier venu, premier servi, ce ne sont pas toujours les meilleurs qui gagnent… Vous l’apprendrez à vos dépends. Dans Rainbow Six Siege, il faut être vigilant, même lorsqu’il s’agit de choisir son avatar. Un moment d’inattention, et vous voilà contraint de prendre une classe que vous ne vouliez pas… Un scénario cruel, injuste et totalement à l’encontre de la volonté d’un FPS, qui consiste à amasser de l’expérience afin d’être le meilleur combattant. Mais comme on le dit trop souvent, c’est le jeu ma pauvre Lucette. Vous reste alors deux solutions : la première, vous contenter de ce qui s’offre à vous, gagner en expérience et échanger vos crédits contre l’une des vingt classes disponibles (dix pour l’attaque et pour la défense) : chacune d’entre elles dispose d’un arsenal restreint mais suffisant que vous pourrez personnaliser (lunette, poignée, peinture…). Sinon, passez à la caisse, et achetez un booster d’XP (avec votre argent réel bien sûr). Une solution simple, rapide mais coûteuse, qui accélérera votre progression.
Rainbow Six Siege a pourtant d’excellents arguments à faire valoir, en commençant par son moteur de destruction, lequel peut radicalement bouleverser le cours d’une partie. En offrant un dynamisme très prononcé, il influence le level design en créant de la verticalité. Faites exploser une brèche au dessus de vos assaillants tandis que votre équipe se charge de les prendre en tenaille, utilisez la crosse de votre arme pour percer un mur en contreplaqué afin de débusquer un ennemi qui se trouve de l’autre côté… Les possibilités ne manquent pas et permettent d’exprimer au mieux son côté stratège. Exploitant parfaitement ce concept sans en faire trop, Ubisoft est parvenu à trouver un juste équilibre entre les décors destructibles et ceux qui ne le sont pas. On aurait apprécié en revanche que la carte génère aléatoirement les surfaces dommageables, permettant de conserver une pointe de mystère et d’intérêt à moyen / long terme. Hormis des détonations omniprésentes, chaque opérateur dispose d’une large palette d’outils et techniques d’insertion en milieu hostile. Vous pourrez notamment utiliser votre grappin afin d’escalader le mur d’une bâtisse, descendre en rappel, vous suspendre dans le vide la tête la première afin de vous faufiler discrètement à l’intérieur du bâtiment à travers une fenêtre. Vous serez en mesure d’utiliser des grenades (flash, fragmentation, fumigène et même IEM), tout en contrecarrant les pièges laissés ça et là par l’équipe en phase défensive. Créez une brèche dans un mur et faites parler la poudre, ou restez à distance, en attendant le moment propice et jouez avec les nerfs de votre adversaire. Rainbow Six Siege ne vous impose qu’une seule règle : à la fin, l’une des deux équipes doit l’emporter. Aucun fair-play, aucune limite (si ce n’est celle fixée par la limite spatiale de la carte), bref un défouloir tactique dans un environnement confiné. Outre certains bugs de collision ainsi que des déconnexions intempestives, on note un certain nombre de dysfonctionnements qui freinent le dynamisme général du titre. On notera notamment la lenteur du système de matchmaking, rendant toute recherche de partie atroce, ainsi qu’une dispersion anormale des balles manquent – trop – souvent leur objectif. Un ensemble de défauts inconcevables pour un titre de cette trempe. Au final, on passerait presque plus de temps dans les chargements ou à relancer son jeu, plutôt qu’à tenter d’écraser l’équipe adversaire. Une bien belle déception, surtout lorsqu’on connait le potentiel d’un tel titre. Fort heureusement, ces problèmes devraient (nous l’espérons) être corrigés dans les semaines à venir, à grand coup de mises à jour !
Règle Numéro 3 : La meilleure défense, c’est l’attaque
Entre fluidité et rendu graphique, Ubisoft a semble-t-il été obligé de devoir trancher. En-deçà des titres de la génération actuelle, Rainbow Six Siege n’en est pas moche pour autant. Une modélisation correcte des armes et de leurs opérateurs, un moteur gérant des explosions réussies, des animations et des cinématiques de qualité, mais un rendu général malheureusement trop faible. Côté fluidité, le titre reste dans les standards, avec un taux de rafraîchissement constant à 60 images par seconde. On regrettera néanmoins l’absence de distinction entre les différentes équipes présentes sur le terrain (Quels deux points ?). Il semble déjà aberrant de constater qu’il s’agit bel et bien de deux équipes du même camp qui s’affrontent (SAS, Spetsnaz, GIGN contre GIGN, SAS et Spetsnaz par exemple)… Et comme si ce n’était pas suffisant, il vous sera difficile, lorsque vous êtes véritablement concentré dans le feu de l’action, de ne pas tirer sur un de coéquipier, par erreur, parce que vous l’aviez pris pour l’ennemi ! Côté bande son par contre, aucun problème. La spatialisation du son est parfaitement maîtrisée, au point que l’on parvienne parfaitement à distinguer les gouttes d’eau qui coulent dans l’évier qui se trouve juste à côté de nous. Le bruitage des armes est lui réussi, et l’on apprécie de pouvoir profiter pleinement du casque qui se trouve sur nos deux oreilles.
Malgré un nombre d’opérateurs au final limité, nous sommes ravis d’apprendre qu’Ubisoft poursuivra le développement de sa licence, en proposant du contenu supplémentaire gratuit. De nouvelles armes, cartes et soldats viendront s’ajouter à cette courte liste. Une sorte de goût d’inachevé, moins amère, suite à l’annonce de ces DLC gratuits. Malgré tout, force est de constater que le contenu actuel est un peu « light ». Onze cartes, vingt opérateurs, trois véritables modes de jeu… le tout facturé au prix conseillé de 69,99€. Un pilule peut-être dure à avaler, qui plus est en cette période de fêtes. Et comme si cela ne suffisait pas, Ubisoft vous propose d’acheter des boosters qui vous permettront de réduire encore plus votre temps de jeu en vous offrant la possibilité de gagner plus rapidement en expérience. Ou comment se tirer une balle dans le pied…
Verdict : 8/10
Si Rainbow Six Siege est bourré de qualités indéniables qui pourraient le rendre incontournable (destruction des décors, outils taillés pour le e-sport, dynamisme et côté stratégique des parties), il n’en est pas moins exempt de défauts. Outre un contenu pauvre et un système douteux de micro-transactions, ce Tactical-FPS développé par Ubisoft manque de profondeur et subit de nombreux bugs à répétition. Déconnexions incessantes, matchmaking aléatoire, bugs de collisions, IA schizophrène… Un travail inachevé mais terriblement jouissif qui sera sans doute rectifié suite aux prochaines mises à jour. Nous tâcherons de surveiller ce titre, afin de vous délivrer un retour plus probant durant les prochaines semaines.
Crick
10 décembre 2015 at 7 h 39 minMagnifique test, ça donne l’impression d’avoir testé le jeu nous même. un constat s’impose une fois de plus à nous, Ubisoft ne s’associe plus qu’avec casseur de rêve, leurs jeux me déçoivent de plus en plus, après m’avoir fait briller les yeux sur un trailer, gameplay en HD Ultra sorti d’un pc qui n’existe pas encore sur terre, le downgrade est devenu leur marque de fabrique.
walmouss
10 décembre 2015 at 14 h 24 minJe te remercie pour ce retour mon cher Crick 🙂 À vrai dire, de souvenirs, Rainbow Six Siege est l’un des seuls titres proposés par Ubisoft qui n’a jamais subit de véritable Downgrade. On savait dès le départ qu’il n’était pas très beau. Encore une fois, ça ne remet pas en cause les qualités du titre. Malheureusement, c’est au niveau du gameplay que ça pèche un peu, et c’est bien dommage. Subjectivement, j’aurais pu mettre 8/10 à ce titre, tout simplement parce qu’il est tout ce que je recherche dans un FPS et parce que j’y prends finalement un certain plaisir. Mais notre déontologie nous impose (et c’est bien normal) de rester totalement impartial !
Crick
10 décembre 2015 at 14 h 33 minEffectivement, un des rares titres ubi où la qualité graphique a toujours montré en reel. Par contre, pas de news concernant wildlands
walmouss
10 décembre 2015 at 22 h 29 minJe pense qu’ils se concentrent avant tout sur Far Cry Primal et The Division qui sortiront très prochainement. Mais on aura des nouvelles prochainement, ne t’inquiète pas pour ça 😉