Si dans la plupart des cas, il faut bien plus qu’un homme ou qu’une femme pour faire un jeu, à tel point que certaines équipes de développement sont plus d’une centaine sur un seul et même projet, il est d’autres œuvres qui sont produites par seulement deux mains. L’exemple le plus marquant, et ce depuis des années, est la success story de Stardew Valley et de son créateur, Eric Barone. Marchant dans ses pas, Nicolas Meyssonnier s’est lancé dans le projet fou de réaliser un jeu lui-même. Son nom : Pumpkin Jack. Déjà abordé par les joueurs et les joueuses sur PC, Xbox One et Nintendo Switch depuis Halloween 2020, le plateformer 3D vient débarquer sur PS4. Alors, Nicolas Meyssonnier est-il le nouveau Eric Barone français ? Son jeu est-il à la hauteur ? Décryptage dans ce qui suit.
Test réalisé sur PS5 grâce à une copie numérique pour PS4 envoyée par l’éditeur
Bienvenue à Halloween… ♬
Les gens sont heureux, les oiseaux chantent, le soleil rayonne et se trouve à son zénith… c’est idyllique mais bien trop rébarbatif pour le Diable. Ayant décidé de semer le chaos à en briser le sentiment de paix et de bien être environnant des habitants, le Diable décide d’envahir Boredome Kingdom et d’envoyer tous ses sbires pour mettre un terme à ce tableau trop bucolique. Loin d’être passifs et tenant à leur tranquillité dans ce monde, les hommes et les femmes se réunissent et font appel au plus grand des champions, le Sorcier, afin de contrecarrer les plans du Diable. Mais celui-ci n’a, lui non plus, pas dit son dernier mot. Il décide alors d’envoyer son champion à lui, un célèbre criminel et arnaqueur, Jack. Aux bottes du Diable pour sa dernière mission, Jack doit mettre les mains sur le Sorcier et l’affronter afin d’en finir et répandre le Mal dans le Royaume. De ce fait, les joueurs et les joueuses sont, cette fois-ci, amenés à incarner un anti-héros. Et le soft parvient très bien à jouer avec la célèbre dichotomie du Bien et du Mal, à tel point qu’à un moment donné dans l’histoire, on finit par se demander si on ne serait pas le héros finalement. Dans tous les cas, le scénario de Pumpkin Jack est très bien amené et se déploie progressivement au fil de cinématiques, composées de dessins et peintures, accompagnées d’une voix-off.
Si on pourrait très certainement voir dans Pumpkin Jack des inspirations issues de MediEvil, c’est tout à fait voulu par Nicolas Meyssonnier. Ce dernier ne s’en cache d’ailleurs pas du tout. D’autres pourraient tout aussi bien y voir un côté Ratchet & Clank dans un sens, ce qui est tout à fait plausible dans le cas présent également. Néanmoins, Pumpkin Jack nous a encore plus accroché grâce au rythme plutôt bien maîtrisé de l’ensemble de l’aventure et surtout son humour particulier qui en fera sourire plus d’un, à coup sûr. Comptez environ 4 à 5 heures pour traverser l’aventure qui, d’ailleurs, ne se veut pas très difficile et reste abordable pour petits et grands. Même les affrontements contre les boss ne sont pas très exigeants, hormis peut-être celui contre le Sorcier. Les amoureux de Platines et 100% pourront y passer un peu plus de temps, s’il leur est nécessaire de récupérer tous les collectibles (crânes de corbeau et gramophones), soit 1-2 heures de plus environ. Vendu à 29.99 euros sur le PlayStation Store, l’aventure Pumpkin Jack vaut clairement le coup, que vous soyez très grands fans de plateformer 3D ou nouveaux venus sur ce genre.
Du classico de chez classico ?
Si dès les toutes premières minutes du jeu, on sent que Pumpkin Jack est tout de suite très intuitif et somme toute assez classique, il y a tout de même de belles surprises. En effet, Pumpkin Jack possède une structure linéaire se référant très souvent au même schéma et ce au sein même des 6 différents niveaux (exploration et combats => mini-jeux ou casses-tête => exploration et combats => mini-jeux ou casses tête => affrontement contre un boss). Pour autant, tous les niveaux profitent d’un environnement différent et il est tout à fait plaisant d’explorer les zones non ouvertes afin de récupérer les collectibles ou bien d’en découvrir davantage quant au lore du jeu. D’ailleurs, si le schéma précédemment cité est bel et bien présent durant toute l’aventure, tous les mini-jeux ne se ressemblent pas : vous pourrez tout aussi bien jouer avec la tête de citrouille de Jack pour taper sur des boutons-taupes qu’arpenter les airs aux griffes d’une gargouille ou manier un chariot à mine sur un circuit comportant des obstacles, et bien d’autres encore dont on vous garde la surprise. Encore une fois, ce n’est pas forcément très innovant mais c’est un véritable plaisir que de les découvrir. Ces séquences sont relativement courtes mais apportent un vent de fraîcheur aux phases d’exploration, tout en restant amusantes. Là encore, rien de bien difficile et il suffit de trouver la logique de chaque casse-tête pour s’en sortir facilement et rapidement. De plus, on peut compter sur des checkpoints assez réguliers, ce qui ne nous oblige pas à recommencer le niveau à zéro après un Game-Over.
En ce qui concerne la partie exploration des niveaux, elle se découpe elle-même en plusieurs phases. Vous pourrez tout aussi bien affronter diverses créatures (le bestiaire parvient à se renouveler en fonction des niveaux) avec différentes armes que vous débloquerez progressivement comme parcourir des zones de plateformes pures en sautant dans les airs et en évitant des obstacles ou dangers multiples. D’ailleurs, le système de commandes est tout aussi plaisant car relativement intuitif : vous pourrez effectuer un double-saut avec une touche, attaquer et réaliser un combo avec une autre, effectuer un dash ou bien envoyer votre corbeau sur les ennemis. Les combats avec les mobs sont assez intéressants car le bestiaire est divers, comme nous avons pu le dire précédemment. Les affrontements avec les boss le sont davantage car il convient de remarquer les mécaniques d’attaque de l’ennemi afin de le défaire. Dans certains cas, il faudra juste esquiver celles-ci avant d’entrevoir une fenêtre d’attaque. Par exemple, et sans vouloir trop vous spoiler, l’affrontement contre Gourmandise exige une jouabilité assez passive de notre part : il faut esquiver ses attaques, afin de rentrer en lui via un portail qui s’ouvre à un certain moment et forcer un crâne de squelette à se heurter à des piliers. Pas difficile, non ? En revanche, le combat avec le Sorcier est celui qui nous a le plus marqué et qui a nécessité quelques essais supplémentaires.
Vous l’aurez compris avec ces quelques lignes, Pumpkin Jack n’est pas un plateformer 3D bien exigeant et qui vous fera suer. Il est réellement abordable mais n’en reste pas moins sympathique. D’ailleurs, s’il tient un ADN somme toute assez classique avec une progression assez linéaire, la pluralité et diversité des niveaux et des mini-jeux/casse-têtes font sa force. Le tout étant par ailleurs traité avec un ton assez léger et surtout très fun. Pumpkin Jack, c’est un jeu à découvrir qui se laisse explorer avec plaisir et ce le sourire aux lèvres.
Une affaire de fun
Si Pumpkin Jack est plaisant et fun dans son gameplay, il l’est tout autant dans sa direction artistique et sa bande sonore. Comme nous avons pu le mentionner rapidement, le titre opte pour un côté très cartoonesque, sans pour autant tirer vers l’enfantin. Côté graphismes, on a noté tout de même un manque de lissage à certains moments et dans le cas de certains plans. A l’inverse, on a franchement aimé les petits portraits des personnages apparaissant au dessus des cases de dialogues, avec un aspect un peu plus comics. D’ailleurs à propos des dialogues, ils sont franchement amusants et jouent beaucoup sur l’humour. Mention spéciale pour le Hibou, un PNJ animalier qui vous suit tout au long de l’aventure et vous guide en même temps; et bien entendu Jack. D’autres personnages pourront tout aussi bien vous faire rire mais on vous garde la surprise à ce sujet.
Quant à la bande sonore, réalisée par Yohan Jager, elle est tout aussi bien maîtrisée. Elle alterne entre des compositions originales, attitrées aux jeux et variées, et quelques remix. Pour ces premières, le ton est relativement calme tout en proposant un peu de rythme tout de même et des chœurs féminins. Les remix sont quant à eux des réécritures de classiques instrumentaux et orchestraux, introduits via les mini-jeux, comme par exemple La Chevauchée des Valkyries (Richard Wagner) qui est revisitée.
Pour finir, on notera que nous n’avons pas été victime de bugs durant toute l’aventure. Avec Pumpkin Jack, on sent que la PS4 n’est pas utilisée selon toute sa puissance mais cela a permis une expérience de jeu sans problèmes techniques ou autres. Essayé sur PS5, on a bénéficié de temps de chargements un tantinet plus réduits. Ce qui est relativement agréable, surtout quand vous voyez un Game-Over apparaître après un saut raté ou un affrontement scellé par une défaite.
Verdict : 9/10
Tout au long de l’aventure Pumpkin Jack, on sent bien que Nicolas Meyssonnier n’a pas forcément eu pour volonté de renouveler le genre mais plutôt de sortir un jeu tout aussi bon que MediEvil (pour ne citer que cet exemple) et avec une touche d’humour qui lui est propre. En témoigne la structure tout de même assez classique et linéaire du jeu. Pour autant, il parvient à se détacher du lot grâce à sa direction artistique très cartoon, son ambiance sonore, sa bande son originale et fun, et son gameplay maîtrisé. Certains aspects comme les mini-jeux/casse-têtes et dialogues apportent d’ailleurs encore plus de rythme et de variété au jeu. Autant dire que ce fut quelques heures de jeu très amusantes de notre côté et on ne pourrait que vous le recommander pour son aspect fun et « feel good ».
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