Peut-être pas aussi important que ne l’aura été un Silent Hill ou un Resident Evil, Project Zero aura tout de même marqué l’esprit des joueurs s’y étant frotté. Cette saga horrifique se démarque à la fois de par son gameplay mais aussi par son ambiance qui nous plonge dans les mythes et légendes asiatiques. Démarrée sous l’ère 128 bits, c’est surtout sur la machine de Sony que la licence s’épanouira, accouchant de trois épisodes. Malheureusement pour les fans, Project Zero sera amené à quitter la PlayStation pour s’acoquiner avec Nintendo, sortant ses prochains opus exclusivement sur Wii, Wii U et 3DS, ainsi qu’un remaster du second volet (Project Zero II: Crimson Butterfly), épisode grandement apprécié. Afin de souffler les 20 bougies de la série, Koei Tecmo Games nous propose un remaster de Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires, épisode jusqu’alors exclusif à la Nintendo Wii U. Plus qu’un remaster, il est aussi une manière de prendre la température de la fanbase afin de potentiellement relancer la licence Project Zero.
Test réalisé sur PS4 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Pourtant, que la montagne est belle
Les jeux s’enchaînent, la recette reste la même. Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires met en scène trois protagonistes : Yuri, Ren et Miu. Chacun d’entre eux possède ses propres tourments et hantises. Cependant, tous sont unis et à la recherche de réponses au mont Hikami. Autrefois un lieu touristique, le mont Hikami est maintenant à l’origine de phénomènes paranormaux et de disparitions le soir venu. C’est ainsi que le titre va vous plonger dans une aventure angoissante et malsaine au travers de 14 chapitres dans lesquels vous serez amené à incarner nos différents héros dans la résolution de leurs objectifs personnels. Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires devrait aisément vous tenir en haleine pendant une petite dizaine d’heures en ligne droite. Son aspect scoring avec son système de ranking pour chaque chapitre devrait même pousser les plus acharnés à faire le meilleur score. Une fois la trame scénaristique complétée, le endgame vous offrira la possibilité d’incarner Ayane (Ninja Gaiden, Dead or Alive) pour une mini campagne supplémentaire s’étalant sur 4 chapitres – mais déjà disponible dans la version Wii U du jeu. Un contenu somme toute honnête pour un remaster qui ne dépasse pas les 40 euros, mais tout de même radin pour une édition censée fêter la deuxième décennie d’existence de la licence de Koei Tecmo.
Project Zero, le Pokémon Snap à Papa
Dans la grande habitude de la série, c’est avec un appareil photo que vous partirez à la chasse aux fantômes. L’Obscura à le pouvoir de repousser les défunts, et mieux, de les conjurer une bonne fois pour toute. En vous baladant dans les différents lieux proposés, vous serez amené à rencontrer différents types d’esprits. Certains totalement passifs et d’autres bien plus agressifs. Lorsqu’un fantôme malfaisant s’en prend à vous, c’est là que l’Obscura entre en jeu. Activable par une pression dans la touche Triangle sur PlayStation, vous passez de la vue à la 3ème personne à une vue subjective. Se forme alors une cible centrale entourée d’un rectangle qui correspond au sens que prendra votre cliché. Le but, dans un premier temps, est de faire en sorte à ce que votre cible centrale passe au rouge au moment de la prise en photo de l’esprit. Cela aura pour cause de lui infliger un petit pourcentage de dégâts, mais aussi de libérer des fragments du fantôme qui prendront l’apparence de son visage. Répétez l’action pour en libérer davantage. Une fois ceci fait, vous remarquerez bien vite que de petites orbes s’illumineront sous votre objectif. Au nombre de cinq, elles s’illumineront en corrélation avec le nombre de cibles que l’Obscura détectera. Si vous parvenez à ciblez au moins quatre fragments en plus de l’esprit, votre objectif entier passera au rouge et infligera beaucoup plus de dégâts qu’avec un cliché normal. Évidemment, il ne sera pas si simple que ça de produire ces clichés, les esprits et leurs fragments étant en mouvement quasi permanent. Il faudra donc se déplacer constamment et ne pas hésiter à faire pivoter le cadre de votre photo avec les touches L1 et R1. Une fois un esprit vaincu, et si vous êtes assez rapide, il sera possible d’appliquer un Regard Fatal à ce dernier en le touchant. Dans certains cas, vous pourrez y voir les derniers instants du défunt dans sa vie humaine, sinon vous aurez toujours en guise de prime un petit pécule de points que vous pourrez dépenser plus tard dans la boutique du jeu.
Afin de repousser les esprits au mieux, on retrouve les traditionnelles pellicules qui vous serviront de munitions, chaque type ayant ses particularités propres. Il en est de même avec les différents objectifs à collecter pour l’Obscura, chaque protagoniste pouvant en associer jusqu’à trois à leur appareil photo. Mais Project Zero ce n’est pas juste combattre des fantômes, c’est aussi beaucoup d’ambiance. En parcourant les divers lieux proposés, vous pourrez aussi prendre en photo des esprits inoffensifs ou encore des évènements particuliers concernant un personnage au cœur du chapitre. Certains évènements ou fantômes seront plus ou moins faciles à capturer, ce qui vous demandera d’être sur le qui-vive. Chaque photo vous rapportera une petite somme de points, points qui seront essentiels dans l’acquisition d’objets avant de partir en mission. Bien que le jeu soit relativement généreux, on n’est jamais contre 2 ou 3 petites bricoles en plus ! Accessoirement, ils pourront aussi influer sur votre rank en fin de chapitre. L’Obscura vous servira aussi à résoudre quelques petites énigmes et à faire apparaitre des éléments invisibles à l’œil nu.
Un remaster anniversaire qui aurait mérité un peu plus
On ne va pas cracher dans la soupe, voir cet épisode exclusif à la Wii U débarquer sur tous les supports actuels est une aubaine et rend justice aux fans de la série qui n’avaient pas spécialement envies d’investir dans une Wii U à l’époque. Peut-être pas le meilleur épisode de la franchise, Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires promet tout de même ses petits instants de frissons. Néanmoins, et pour un remaster censé célébrer les 20 ans de Project Zero, le résultat s’avère tout de même relativement fainéant. Techniquement, le remaster est loin de nous faire tomber à la renverse. Si la résolution globale a été revue à la hausse et les modèles 3D semblent avoir reçu un très léger dépoussiérage, le remaster ne se démarque pas beaucoup de la version Wii U sorti en 2014. Bon nombre de textures en basse résolution sont à déplorer et le framerate, bien que plus fluide que sur la machine de Nintendo, compte son petit lot de micro freezes, surtout quand votre personnage est en mode course. En l’état, Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires aurez pu être un remaster dédié à la PS3 et Xbox 360.
Il faudra aussi se coltiner un gameplay lourdeau. Pensé pour la Wii U en son temps, il s’adapte mal aux machines et aux usages d’aujourd’hui. Pour preuve : l’utilisation par défaut du gyroscope des manettes PlayStation pour contrôler l’appareil photo. Si cette utilisation prenait tout son sens sur l’ancienne console de Nintendo grâce à l’écran intégré dans sa manette, le rendu s’avère beaucoup plus bancal sur la machine de Sony. Fort heureusement, cette feature est désactivable dans les options et remplaçable par l’utilisation du stick droit à la place. Le maniement des protagonistes est lui aussi assez laborieux par moment. Il est surtout vrai lors des phases de combats ou se (re)tourner nous fait nous demander si nous contrôlons vraiment un être humain ou un 38 tonnes. Les environnements souvent exigus n’aident pas et peuvent rendre certains combats pénibles et brouillons, surtout quand plusieurs esprits s’attaquent à vous. Le choix dans l’utilisation de certaines touches se révèle un poil douteux également. À titre d’exemple, interagir avec un élément du décor peut s’effectuer avec Rond ou R2. Ramasser un objet s’effectue avec R2… mais R2 sert aussi à utiliser une feature vous permettant de retrouver votre chemin quand vous avez perdu votre objectif. Bref, un sacré bazar. On regrettera la lenteur dans l’animation d’ouverture des portes qui, si elles participent à l’angoisse ambiante du titre, se montre frustrante après quelques heures, surtout quand vous faites une mauvaise manipulation et cette dernière se referme, vous obligeant à répéter l’action.
Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires a aussi tendance à nous infliger un nombre de « Stop » considérable. Entendez par-là l’impossibilité de vraiment allez où bon nous semble si le jeu en a décidé autrement. Il vous arrivera à maintes reprises de vous heurter à un mur invisible, ou bien d’être interpellé par une personne vous accompagnant si vous prenez la mauvaise direction. Plusieurs zones étant interconnectées au mont Hikami, il est un poil frustrant de ne pas pouvoir s’éloigner un peu de l’objectif principal en vue de faire quelques rencontres. Ces mécaniques faisaient déjà vieilles ficelles en 2014, elles paraissent encore un peu plus d’un autre temps aujourd’hui. Malgré ces quelques points noires au tableau, Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires reste néanmoins un petit plaisir à parcourir. Déjà pour son ambiance atypique sur les croyances nippones si peu reproduit (l’exemple le plus proche étant DreadOut, petit jeu indé indonésien marchant sur les pas de Project Zero). Le tout est servi par un doublage japonais convaincant et une B.O. composée d’ambiance dérangeante. Pour ce remaster célébrant les 20 ans de la série, le titre drop les costumes à l’effigie des héros de Nintendo pour ceux des différents opus Project Zero. Sans surprise, l’incontournable mode photo vient s’inviter à la fête et vous permettra de mettre en scène vos rencontres de la manière la plus artistique qu’il soit.
Verdict : 7/10
Absent des radars depuis plusieurs années, quel plaisir de voir Project Zero de nouveau sous le feu des projecteurs avec ce remaster de Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires. Loin d’être parfait, pour cause son gameplay poussif et son lifting graphique digne du minimum syndical, l’expérience en vaut tout de même la chandelle pour son ambiance réussie. Vendu à un prix correct, Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires fait office de petit bonbon parfait pour Halloween. De plus, il serait dommage de bouder le titre, les bonnes ventes pouvant favoriser un retour de Project Zero avec à la fois d’autres remasters mais aussi des opus inédits. Avec les technologies actuelles, il serait intéressant de voir ce que Koei Tecmo Games pourrait nous proposer afin d’imposer Project Zero comme LA licence du Survival Horror la plus effrayante du moment.
Laisser un commentaire