Il est vrai que Prey se preyte parfaitement à de nombreux jeux de mots plus ou moins douteux. En ce qui nous concerne, nous allons nous arrêter là, afin de se laisser le temps d’évoquer pleinement tout le potentiel de ce titre signé Arkane Studios (Dishonored). Cette licence, dont le premier jeu est arrivé en 2006, a été mise en suspend avec l’annulation du second épisode il y a plusieurs années. Cet opus inédit n’est pas une suite mais bien une sorte de reboot qui revoit tous les fondements de cette bien courte saga. Alors sans plus attendre, direction l’espace infini pour se frotter à une menace alien qui n’est pas là pour plaisanter !
Test effectué sur PS4 à partir d’une version éditeur
Nous contrôlons donc Morgan Yu qui se réveille un beau matin dans son appartement situé tout en haut d’un gratte-ciel. Après avoir choisi le sexe de notre héros, nous pouvons directement explorer cette petite demeure pour y lire quelques documents et e-mails tout en sirotant un peu de bon vin. Une fois notre tenue enfilée, il est temps de se rendre à l’extérieur où un hélicoptère nous attend. C’est alors que l’introduction se lance avec une musique signée Mick Gordon qui met totalement dans l’ambiance. Ces premières minutes sont calmes, contemplatives mais aussi très intrigantes. Une fois notre protagoniste arrivé au laboratoire, il passe des tests qui servent en réalité de mini tutoriel. Cependant, les choses tournent rapidement au vinaigre lorsqu’une créature noire ressemblant à une grosse araignée attaque les scientifiques… Morgan se réveille une fois encore dans son lit et c’est maintenant que la véritable aventure peut commencer. Les apparences sont trompeuses et nous découvrons rapidement que quelque chose ne tourne pas rond dans cette « réalité ». Il faut donc s’extirper de notre confort pour espérer sortir vivant de la station spatiale Talos I. Hélas, des envahisseurs pour le moins coriaces ne comptent pas nous épargner et les présentations sont plutôt directes.
Clair net et preycis !
La menace Typhoon n’est pas là pour rigoler. La station renferme bien des secrets mais ces derniers ont un prix. Chaque pérégrination peut s’avérer mortelle car les aliens sont absolument partout. Les fameuses Mimics peuvent se cacher dans n’importe quels objets, les Fantômes sont bien visibles mais aussi très dangereux et comme si ça ne suffisait pas, des robots veulent aussi nous faire la peau. Il n’y a pas de temps mort car lorsqu’une zone est nettoyée, elle peut se retrouver encore une fois pleine de monstres si vous décidez d’y revenir plus tard pour terminer une quête secondaire par exemple. La survie regagne ses lettre de noblesses dans Prey. Les munitions ne sont pas très abondantes et nos adversaires sont pour le moins solides. C’est pourquoi il faut savoir exploiter leurs faiblesses. Les vilaines Mimic peuvent être aisément immobilisées avec le canon GLUE puis vous pouvez ensuite leur infliger de lourds dégâts avec la clé à griffe. Il faut savoir faire preuve de tactique plutôt que de foncer dans le tas. Cette dernière option se résumant souvent par un échec cuisant. Explorer l’environnement est tout aussi important pour trouver de nouvelles armes, des kits de soin, des munitions ainsi que des documents essentiels ou qui approfondissent un peu plus le background du jeu. Tout cela est stocké dans un inventaire avec emplacements limités, très inspiré par la mallette de Resident Evil 4.
Dans ses mécaniques, Prey n’en reste pas moins un FPS classique mais exigeant. Il faut viser, tirer ou même utiliser ses pouvoirs à la manière d’un Bioshock. Les déplacements de Morgan Yu sont assez lents et cet effet est accentué par la présence d’une jauge d’endurance qui se vide lors des quelques courses ou lorsque nous assénons des coups au corps à corps. Si elle se remplie avec le temps, il faut aussi apprendre à la gérer pour ne pas se retrouver épuisé en plein combat. Heureusement, les capacités de notre héros peuvent être améliorées via plusieurs arbres de compétences. Il faut ramasser et utiliser des Neuromods pour déverrouiller de nouvelles habiletés. Il est alors possible de soulever des objets plus lourd (permettant parfois d’accéder à des zones cachées), d’augmenter sa barre de santé, de réparer des tourelles ou d’optimiser l’utilisation des kits de soin. Plus tard dans l’aventure, des pouvoirs surnaturels seront aussi de la partie. Libre à nous de les utiliser ou non. Car dès le début du jeu, les développeurs de chez Arkane Studios nous confrontent à nos choix, qui peuvent décider de la suite de l’aventure.
C’est mon choix !
Ainsi, sans pour autant entrer dans les détails, plusieurs fins s’offriront à nous et les chemins empruntés peuvent également être différents. Par exemple, il est possible de trouver la carte d’accès d’une porte pour l’ouvrir ou bien de contourner l’obstacle par un conduit d’aération pouvant déboucher sur une nouvelle zone. Pour en revenir aux pouvoirs, le joueur peut décider de les utiliser ou non. En effet, les tourelles deviendront hostiles en nous identifiant comme un alien si trop de capacités surnaturelles ont été débloquées, alors qu’elles seront de notre côté si nous n’exploitons pas ces capacités venues d’ailleurs. Voilà qui offre des perspectives bien différentes. Même s’il est possible de déambuler librement dans la station, beaucoup de lieux restent inaccessibles si nous ne possédons pas encore le pouvoir, la clé ou le code nécessaire. Des récompenses peuvent s’y cacher mais rebrousser chemin est souvent synonyme de nouveaux affrontements. Encore une fois, c’est au joueur de compter ses munitions pour savoir s’il est judicieux d’y aller ou non. Comme quoi, il n’y a pas besoin d’un monde ouvert immense pour justement ouvrir des choix multiples. Esquiver certaines zones peut être dommageable car il est alors possible de laisser de côté des pans de scénario ou même des armes que nous ne retrouverons pas forcément plus tard. Il est donc nécessaire de prendre son temps et d’explorer minutieusement l’environnement plutôt que d’avancer sans précautions.
Dans Prey, la narration se fait aussi par ce qui nous entoure. De nombreuses notes, enregistrements audio ou mails sont dissimulés un peu partout et peuvent contenir des informations non négligeables, comme un code pour ouvrir un coffre-fort. Rien n’est laissé au hasard et cette narration passive participe pleinement à imposer une atmosphère oppressante, lugubre et même parfois effrayante. Les jeux de lumière, les cadavres et les aliens qui sortent de nulle part font planer une menace constante qui nous pousse à rester sur nos gardes. Le tout est magnifié par une superbe bande son qui, aussi bien dans ses musiques qu’avec ses bruitages, parvient à donner vie à la station Talos I. Il est vivement conseillé de jouer avec un casque pour pleinement apprécier le travail des développeurs et du compositeur Mick Gordon, qui avait déjà oeuvré l’année dernière sur la bande originale de DOOM. La réussite est bien au rendez-vous mais l’aspect technique n’est hélas pas exempt d’imperfections. Les textures paraissent souvent assez datées même si certains environnements sont très agréables à admirer. Mention spéciale pour les phases à l’extérieur de la station qui, si elles s’avèrent bien frustrantes en termes de maniabilité, parviennent tout de même parfaitement à nous plonger dans l’infinité de notre univers. Elles apportent aussi un peu plus de variété au gameplay. On regrettera aussi de très longs temps de chargement entre les zones qui cassent le rythme de l’aventure.
Il faut bien l’avouer, Prey est un jeu d’une intelligence rare. De par son level design, les choix laissés au joueur ou même son bestiaire original, le titre de Arkane Studios parvient sans mal à s’asseoir à la table des prétendants au prix du jeu de l’année. Si des inspirations se font clairement sentir et que le scénario n’est pas non plus haletant, l’ensemble s’avère très harmonieux et rudement bien pensé. Certes, le genre ne va pas connaître une révolution avec ce jeu mais il prouve une nouvelle fois qu’il est possible de faire un FPS autrement que Call of Duty et compagnie. Surtout, la difficulté est plutôt relevée car chaque combat mal négocié peut radicalement détruire notre barre de vie. Ici, attendre dans un coin qu’elle se régénère n’est pas la solution. Il faudra donc trouver des trousses de soin ou bien en fabriquer. Car en plus de tous les aspects évoqués ci-dessus, Prey se la joue aussi écolo avec un système de recyclage très bien fichu. Beaucoup d’objets anodins peuvent être ramassés puis transformés, à l’aide d’une machine, en ressources. Il est alors possible de créer des munitions, des soins ou même carrément des armes. Rien n’a été laissé au hasard puisque chaque trouvaille peut avoir son importance. L’expérimentation est la clé même si en cas d’erreur il faudra parfois recharger la partie. Heureusement, un système de sauvegarde rapide est là pour nous sauver et il sera bien le seul. Malgré plusieurs interlocuteurs, Morgan Yu (et le joueur) se sent souvent seul et désemparé devant l’ampleur de la catastrophe, pour notre plus grand plaisir…
DLC pour Prey
VERDICT
Prey était attendu au tournant et il n’a pas déçu. Arkane Studios livre sans doute son jeu le plus abouti et redonne ses lettres de noblesse au FPS scénarisé mâtiné d’une pointe de RPG. Si le scénario n’est pas des plus recherchés et les graphismes des plus travaillés, tout le reste est mené d’une main de maître. Du gameplay, à la bande son, aux choix, en passant par les aliens et à l’ambiance, ce titre édité par Bethesda est une des plus belles réussites de cette année 2017. Rien d’autre à ajouter, si ce n’est que nous sommes preyssés de découvrir une hypothétique suite.
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