À moins d’avoir passé les 25 dernières années dans une grotte, toute personne ayant grandi dans les années 90/2000 a forcément entendu le nom Power Rangers une fois dans sa vie. Devenue rapidement culte, la série n’est en fait que l’adaptation américaine des séries super sentai qui forment avec Kamen Rider et Ultraman la figure de proue des programmes dédiés à la jeunesse nipponne. En effet, si cela fait plus de 25 ans que la série sévit en Occident, les japonais ont dépassé la quarantaine de saisons désormais. Autant dire que cela fait un sacré paquet d’histoires racontées et encore plus de personnages mis en scène. Avec Power Rangers : Battle for the Grid, nWay se lance dans un pari audacieux : offrir un jeu venant célébrer les 25 ans d’une licence toujours florissante et qui évoque de nombreux souvenirs pour ceux qui ont grandi avec le programme.
Test réalisé sur Playstation 4 Pro grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Une grande licence implique de grandes responsabilités
Dire que Power Rangers est une véritable institution en Occident n’a absolument rien de l’euphémisme, tant le succès de la série est au rendez-vous. S’il se mesure moins avec les dernières saisons, l’engouement était tellement présent au début qu’il convient de rappeler que Saban, la firme ayant exporté le super sentai chez nous, est parvenu à produire 20 épisodes de plus que prévu pour la saison 1. Avec tout ce que cela pouvait impliquer : négociations avec la Toei (la firme nipponne à laquelle appartient la licence), tournage de nouvelles scènes et montage millimétré. Rappelons en effet que la série Power Rangers est tournée aux Etats-Unis pour les scènes impliquant les rangers en civil, tandis que les scènes de combat utilisées sont celles que l’on retrouve dans la série japonaise. Le tout est peut-être un peu compliqué à comprendre pour les néophytes, d’autant qu’il faudra attendre quelques années avant que la version américaine se calque sur la version japonaise pour ce qui concerne les costumes et les intrigues. Mais cette introduction permet de mieux comprendre pourquoi on célèbre là le 25ème anniversaire de la franchise, en mettant toujours en avant la première vague de rangers occidentaux.
C’est donc sous la forme d’un jeu de combat en 3v3 que les Rangers font leur grand retour sur consoles. Il faut dire que mis à part un jeu mobile sorti en même temps que le film reboot de 2017, ces derniers sont restés fort discrets ces dernières années. Peut-être était-ce pour le meilleur, puisque la première fois que l’on lance Power Rangers : Battle for the Grid, une désagréable impression de vide s’installe. En effet, le jeu fait le strict minimum d’emblée, en proposant simplement d’affronter des adversaires en ligne ou en local, d’affronter l’IA par le biais de combats simples ou via le mode Arcade ou encore de s’entraîner. Et ne vous attendez pas à ce que le mode Arcade vous fasse revivre les plus grands moments des Rangers composant le roster, puisque mis à part 3 à 4 bulles de dialogues en tout et pour tout, ce dernier ne consiste qu’à un enchaînement de 7 combats. Si encore le titre proposait du contenu à débloquer, des cinématiques ou bien quelque chose qui donne ne serait-ce qu’une once de motivation quant à le compléter au moins une fois, peut-être aurait-il été plus engageant. Mais il n’en est malheureusement rien.
Enfin, ça c’était jusqu’à ce que le jeu reçoive sa dernière mise à jour en date, apportant du contenu supplémentaire, à commencer par un mode histoire intégralement scénarisé. Lorsque ce ne sont pas de simples dialogues qui viennent ponctuer les combats, des mini cut-scenes dans un style proche du comics permettent de suivre l’histoire dans laquelle Lord Drakkon tente d’éliminer les Rangers de toutes les époques. Elles sont d’ailleurs toutes doublées et certains acteurs de l’époque reprennent leur rôle en interprétant le ranger qu’ils incarnaient à l’écran ce qui offre tout de suite une certaine plus-value à ce mode. On notera que le scénario s’inspire du crossover event Shattered Grid publié l’année dernière, ce qui devrait parler aux amateurs de la franchise.
Le jeu peut miser sur un gameplay facile d’accès et efficace, permettant de délivrer des combats sympathiques, mais clairement loin de rivaliser avec les ténors du genre. On y retrouve un système d’attaques faibles, moyennes et fortes, tout ce qu’il y a de plus basique en somme, couplé à quelques coups et attaques spéciales permettant de donner naissance à des combos intéressants. On regrettera que les personnages manquent un peu de fluidité dans leurs mouvements. Ce qui empêche le gameplay de gagner en fluidité et de réellement jouer avec les juggles par exemple. Comme tout bon versus fighting imposant des combats à 3 contre 3, les assist et changements de personnage en plein affrontement sont possibles et sont évidemment à utiliser de façon stratégique. Malgré son prix et son esthétique un peu dépassée, le jeu propose des affrontements assez intéressants mais aurait gagné à être légèrement approfondi. Et c’est malheureusement ce qu’il en ressort globalement. Le titre aurait gagné a être peaufiné sur bien des aspects.
Contenu où t’es ?
À commencer par les graphismes, qui proposent des décors assez vides. Et ce ne sont pas les maigres animations en dernier plan qui viendront cacher la misère. Pourtant les différents rangers sont plutôt bien modélisés et relativement bien animés. D’ailleurs, chacun de ces derniers propose son propre panel de coups et d’attaques spéciales, offrant un véritable intérêt aux affrontements en 3v3. Une chance, car avec un roster comprenant seulement 12 personnages, on fait vite le tour de toutes les possibilités qui nous sont offertes. Précisons d’ailleurs que ce chiffre était initialement moins élevé, puisque 9 Rangers étaient disponibles à la sortie de Power Rangers: Battle for the Grid. Ce qui est dérangeant avec un nombre de personnages aussi peu élevé, c’est qu’il y a énormément de possibilités étant donné que la franchise compte un sacré paquet de saisons à son actif. Entre les différents Power Rangers, les formes alternatives de certains, les Rangers spéciaux ainsi que les antagonistes on ne peut pas vraiment dire que les développeurs manquaient d’inspiration.
Concrètement les chances de jouer avec son personnage préféré, toutes saisons confondues, est assez faible d’autant que pour l’instant la première saison occidentale est la plus mise en avant avec pas moins de 5 personnages qui en sont tirés. On ne peut qu’espérer qu’en marge du premier Season Pass qui ajoutera 3 personnages supplémentaires nWay aura le bon sens de proposer de nouvelles mises à jour qui apporteront plus de contenu. Certes, le jeu ne coûte que 20€ mais il prend place dans un lore tellement vaste que l’on a du mal a lui pardonner les nombreux manques. Il en est de même pour les stages qui s’ils sont au nombre de 7 en comptant l’arène d’entraînement. Si encore ils étaient assez bien réalisés, on aurait pu passer sur ce point moyennement dérangeant. Sauf que comme évoqué juste avant, les décors sont fades et les textures des éléments de l’environnement s’avèrent être assez grossières.
Finalement si nous n’avions pas de réelles attentes concernant Power Rangers: Battle for the Grid, on espérait secrètement que le titre permettrait à ces figures iconiques du petit écran de briller sur consoles et PC. Ne vous y trompez pas, le jeu n’est pas mauvais en soi et possède quelques atouts qui séduiront sans nul doute les amateurs et autres nostalgiques. D’autant que ressortir le titre lors d’une soirée entre amis qui ont tous connu la franchise Power Rangers, c’est l’assurance de passer un bon moment en compagnie d’un jeu accessible et efficace. Mais son prix trahit des ambitions trop peu élevées. En solo, l’intérêt s’estompera assez vite car une fois le chouette mode histoire bouclé, on aura du mal à se contenter du simple mode en ligne offrant des combats classés. En l’absence de matchmaking et sans la possibilité de jouer entre amis online, on rangera vite le titre pour le ressortir de façon très ponctuelle.
Le manque de contenu est le principal défaut de Power Rangers: Battle for the Grid. Si le simple aspect technique était le seul défaut du jeu, nous pourrions évidemment passer outre, malheureusement le jeu oublie ce qui fait tout le sel des jeux de combat actuels, à savoir les récompenses et la personnalisation. Sans aucun élément à débloquer et sans la possibilité de personnaliser les combattants, difficile de maintenir l’intérêt du joueur. On pourra toujours espérer que nWay suivra le soft de la façon la plus assidue qui soit et sans le tuer dans l’oeuf car il subsiste malgré tout un potentiel certain que la fanbase n’a pas manqué de constater.
Avant de conclure, sachez que si la version Nintendo Switch que l’on a pu tester s’avère être un poil plus propre une fois la console dockée, il faudra peut-être se pencher vers les moutures PS4, Xbox One ou encore PC pour obtenir un résultat plus fin. Joué en version nomade, Power Rangers: Battle for the Grid ne fait guère de merveilles et accuse parfois quelques rares et légers ralentissements. Peu nombreux, certes, mais cela sera peut-être suffisant pour en rebuter certains.
Verdict : 6/10
On aurait voulu croire en Power Rangers: Battle for the Grid. Après tout, ç’aurait pu enfin être l’occasion pour nous autres, joueurs européens, de profiter d’un jeu tiré de l’univers des sentai. Malheureusement, le titre se rate à la fois sur l’aspect technique ainsi qu’en termes de contenu (peu de personnages, peu de niveaux, peu d’originalité dans les modes de jeu proposés). Il ne reste alors plus qu’à espérer que le suivi sur la durée ne se fera pas uniquement à base de Season Pass et autres DLC, car il n’en reste pas moins un jeu de combat efficace et sympathique étant donné le prix de l’édition simple, monnayée une petite vingtaine d’euros sur les différents stores en ligne.
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