Très attendu par les fans de Tiplouf et considéré comme l’un des meilleurs opus pour de nombreux joueurs, Pokémon Version Diamant et Pokémon Version Perle reviennent dans des « remakes » pour la console hybride de Nintendo : la Nintendo Switch. Nommés sobrement Pokémon Diamant Etincelant et Pokémon Perle Scintillante, la firme japonaise a confié cette adaptation non pas à Game Freak, studio créateur et habitué de la licence mais à ILCA, une société nippone déjà à l’origine de Pokémon Home, une application disponible sur smartphones pour échanger des Pokémon avec le système Nintendo Switch. Annoncé dans le même temps que Légendes Pokémon : Arceus, qui marquera à coup sûr un tournant historique pour la licence, Pokémon Diamant Etincelant et Pokémon Perle Scintillante permettent donc aux joueurs de se plonger dans une expérience plus traditionnelle. Près de 15 ans après la version originale sur Nintendo DS, la magie opère-t-elle encore ?
Test réalisé sur Nintendo Switch grâce à une copie numérique (version Perle Scintillante) envoyée par l’éditeur
Un style chibi pour un remake sans prise de risque
Sorti initialement en 2017, la Nintendo Switch est désormais quelque peu dépassée techniquement, du moins pour les titres qui tournent sous un moteur 3D détaillé et gourmand. Toutefois et comme ce fut le cas avec notamment le dernier épisode d’Animal Crossing, la console est encore parfaitement capable de gérer des jeux qui utilisent un style coloré et cartoon. Avec son modèle chibi, Pokémon Diamant Etincelant/Perle Scintillante réussissent à nous faire oublier aisément la version originale 2D sous forme de cases par une 3D adorable qui vous fera certainement craquer et qui permettra de jouer à un jeu mythique dans des conditions plus actuelles (en portable ou en docké). Parce que oui, Pokémon Version Diamant/Perle sont des jeux marquants de la génération Nintendo DS. Avec 150 nouveaux Pokémon grâce à l’arrivée de la quatrième génération, nous étions tous à l’époque convaincus par le modèle proposé. Reprenant aisément les solides racines des opus Game Boy Advance, les jeux apportaient surtout les échanges et combats en ligne, des fonctionnalités révolutionnaires pour l’époque, quasiment obligatoires aujourd’hui pour séduire le plus grand nombre de joueurs. Les attaques ont été retravaillées sur le plan esthétique et la plupart des animations, sans être extraordinaires, ont tout de même le mérite d’exister et d’apporter un plus non négligeable à l’œuvre originale. Au cours de notre aventure, de nombreux bugs sont survenus (problème de collision, Pokémon qui nous suit même sur les petits chemins pour le vélo…) mais Nintendo est au courant des problèmes rencontrés et déploie de nombreux patchs. Nous avons été surpris lors des combats par la beauté de certains arrière-plans et le nombre de détails qui fleurissent en plein combat (sauf pour les combats face à la Team Galaxie…).
Sur le plan de la jouabilité, nous retrouvons strictement les mêmes bases qu’il y a 15 ans. Nous avons donc droit à un RPG au tour par tour, chaque Pokémon ayant la possibilité de stocker quatre attaques différentes. Au cours de votre longue aventure (environ une quinzaine d’heures pour arriver à bout de la Ligue Pokémon), vous aurez sur votre passage la possibilité de capturer de nombreux Pokémon afin d’améliorer votre équipe. Premier « changement » comparé aux derniers opus, ILCA a décidé de reprendre le système original de capture et non celui instauré par Pokémon Go. Si les fans de la première heure apprécieront ce choix, ils seront moins sensibles au choix du Multi-Xp appliqué à l’ensemble de l’équipe, ou du moins sur la non-possibilité de désactiver cette option. En effet, ce système d’XP a deux avantages certains : permettre à un Pokémon capturé au niveau 3 (un Etourmi pour ne pas le citer) de monter en compétences, d’évoluer sans pour autant capturer son évolution et donc de pouvoir construire une véritable équipe et d’éviter le farming pour augmenter les niveaux de nos Pokémon. Malgré tout, nous ne comprenons pas pourquoi les développeurs japonais n’ont pas donné la possibilité aux dresseurs de désactiver cette option.
Le Multi-Xp n’est pas le seul changement notable sur cet opus. Le côté affectif des Pokémon a plus d’importance qu’à l’époque et ces compétences peuvent par moments être boostés. Reprenant le système des jeux précédents, un Pokémon qui sent l’amour de son dresseur aura tendance à délivrer des coups critiques plus facilement, se soigner du poison, à esquiver les attaques ou encore de résister à des attaques en gardant un PV. Il existe toujours divers moyens de séduire un Pokémon pour profiter au maximum de ces capacités : le choisir comme attaquant à outrance, lui concocter des Poffins ou encore d’utiliser des objets qui permettent de faciliter cette transmission d’émotions. Sur le plan des retours attendus, la Pokémontre est bien présente mais pas de la meilleure manière qui soit. En effet, en appuyant sur le bouton ZR de notre Nintendo Switch, nous avons la possibilité de faire apparaître, sur le grand écran de notre console, cette invention que vous récupérerez à Féli-Cité (le spoil). Malgré tout, si nous sommes ravis de son retour, son exploitation n’est pas des plus aisées et aurait eu le mérite d’être plus travaillée (même s’il faut bien l’admettre, le format à deux écrans de la Nintendo DS se prêtait très bien à ce gadget). Petit changement et non des moindres, les CS (Capacité Spéciale) sont utilisables via cet outil et il sera donc désormais inutile de charger un Pokémon faible en capacités spéciales pour avancer dans l’aventure, un excellent point. Enfin, l’exploitation des CT (Capacité Technique) est différente de ce que proposait les derniers opus puisque nous revenons au style d’antan avec une utilisation unique et non illimitée de ces CT. À utiliser donc avec intelligence et parcimonie.
Sinnoh, immense terrain de jeu
Toujours chargé par le Professeur Sorbier de remplir le Pokédex de la région tout en devenant en parallèle un Maître Pokémon, l’histoire est identique à la version originale. Sur votre passage, les sbires de la Team Galaxie vous mettront des bâtons dans les roues et vous serez obligé de sauver le monde en combattant son chef et de rétablir l’équilibre espace-temps. Inutile de vous préciser que cette histoire manque cruellement de profondeur et que cette dernière a mal vieillie dans sa construction. En revanche, nous avons retrouvé avec un plaisir non dissimulé les différents thèmes qui faisaient le bonheur pour ces deux opus. Remastérisée pour l’occasion, la BO est tout simplement magnifique ; mêlant moments épiques et chill, on tirera même un petit rictus franc à l’écoute, pour la première fois, du thème principal, un gros point fort de ces deux épisodes. Fait important également, ILCA a eu l’intelligence et la délicatesse de proposer (enfin) via le menu pause du jeu l’objectif en cours sur notre carte. On osera désormais une déconnexion au jeu pour une reprise quelques jours plus tard sans se dire « J’en étais où déjà ? ». Petit changement également du côté de notre personnage puisque nous avons désormais la possibilité de changer de vêtements via la boutique de Voilaroc, chose impossible en 2007.
Remake ou remaster, il n’y a qu’un pas pour ces Pokémon Diamant Etincelant/Perle Scintillante. Si la partie graphique a eu droit à une correction sympathique, ces opus s’appuient sur les modes originaux tout en ajoutant certaines fonctionnalités plus ou moins pertinentes. Les Grands Souterrains de Sinnoh sont notamment l’une des nouveautés les plus réussies de cet opus. Contrairement à œuvres d’origine, il sera désormais possible de capturer des Pokémon plus ou moins rares, ce qui redonnera un intérêt certain. Il sera toujours possible de créer sa propre galerie souterraine, de débloquer des pierres précieuses ou encore de trouver des fossiles qui, une fois restaurés, se transformeront en Pokémon. Véritable révolution lors de sa sortie en 2006, le multijoueur en ligne est toujours disponible avec la possibilité d’échanger en ligne/en local des Pokémon ou de s’affronter dans des joutes endiablées. Point important à noter, l’abonnement Nintendo Switch Online est obligatoire pour profiter des fonctionnalités en ligne alors que l’expérience originale ne demandait pas de souscrire à une telle formule.
Au cours de notre périple et après avoir choisi soigneusement notre starter de départ (Ouisticram pour les intimes), nous avons mis environ une quinzaine d’heures pour arriver à bout de la Ligue Pokémon et de Cynthia, dernière sage du Conseil 4. Bien-sûr, inutile de vous préciser que le end-game est costaud avec notamment la possibilité de se rendre au Parc Rosa Rugosa (anciennement le Parc des Amis), lieu qui abrite de nombreux Pokémon légendaires désormais capturables (les version s DS de l’époque ne le permettaient mais proposaient via le port GBA de récupérer ses Pokémon capturés dans les versions précédentes). Si le contenu est très généreux, nous sommes toutefois déçus par l’absence peu compréhensible des éléments de Pokémon Version Platine. Nous avons également pris le soin de tester le Super Show Concours, le nouveau mode Concours qui nous a laissé sur notre faim ; fini les épreuves de Danse, Style et Comédie et place désormais à une épreuve unique. Le style de votre Pokémon est désormais évalué en fonction des effets appliqués à votre Capscule Ball et des Poffins avalés. Le jeu de rythme est lui toujours disponible avec l’utilisation d’une capacité mais uniquement sur un tour.
Verdict : 7/10
Pokémon Diamant Etincelant/Perle Scintillante ne font guère dans l’originalité et s’appuient sur les fondations solides des jeux originaux. On retrouve le même univers, la même trame scénaristique et le système de capture traditionnel tant apprécié par les fans de la première heure. En revanche, l’histoire a pris un sacré coup de vieux et aurait mérité d’être plus approfondi, surtout quand nous connaissons les derniers épisodes. Si la technique avait quelque peu inquiété sur les premières bandes-annonces, il faut tout de même admettre que le rendu final est propre, coloré et rend honneur à ces monuments, que ce soit en version portable ou docké. Avec quelques ajouts sympathiques comme l’utilisation des CS via la Pokémontre ou encore la possibilité des Pokémon non-capturables dans les œuvres d’origine, il vaut mieux être prévenu avant de passer à la caisse : deux titres pour les fans non pas sans défauts mais qui sont toujours aussi plaisants à parcourir.
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