Les jeux vidéo tirés de licences issues du cinéma ont rarement donné vie à des expériences inoubliables. C’était donc avec crainte et une certaine forme d’impatience que nous attendions l’arrivée de Planet of the Apes: Last Frontier. La saga « La Planète des Singes » a toujours su happer le spectateur dans les salles obscures avec son monde post-apocalyptique et la rivalité sans précédent entre les animaux et les Hommes. Le titre du studio indépendant The Imaginarium devait donc réussir à capturer toute la force des films, tout en y ajoutant une vraie profondeur, pour en faire tout simplement un vrai jeu vidéo. Malheureusement pour nous, il va falloir se contenter d’un épisode pour consoles et PC relativement médiocre, voire mauvais.
Test réalisé sur PS4 à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
Ainsi, cette épopée nous permet donc d’assister à une histoire inédite qui oppose une fois encore les humains aux singes. L’hiver approche (rien à voir avec Game of Thrones) et les primates cherchent de quoi se nourrir, mais leur montagne est bien pauvre en ressources. Les hommes et les femmes d’une petite ville fortifiée se préparent aussi à cette saison difficile et le manque de nourriture commence là aussi à se faire sentir. C’est dans cette course pour la survie que les deux clans vont devoir s’affronter, ou bien tenter de s’entraider, car c’est le joueur qui choisira finalement la suite des événements… du moins en apparence. Ainsi, du côté des singes, nous incarnons Bryn qui fait de son mieux pour aider sa tribu à vivre convenablement tout en évitant les humains. Chez ces derniers, nous « contrôlons » Jess, qui doit diriger son groupe après la mort de son mari. Voilà pour le postulat de départ de cette aventure qui se déroule entre les deux films La Planète des Singes : L’Affrontement et La Planète des Singes : Suprématie, qui sont sortis en 2014 pour le premier et en 2017 pour le second. Afin de connaître le contexte historique, il est donc recommandé d’avoir vu ces deux longs-métrages. Rassurez-vous, il est tout de même possible « d’apprécier » pleinement le jeu sans avoir vu les films puisque l’histoire reste tout de même assez indépendante, et ce afin de ne pas perdre d’entrée un joueur qui serait néophyte dans la licence. Cependant, il ne faut pas s’attendre à un récit des plus passionnants, comme nous allons l’exposer à travers les lignes qui vont suivre.
Vous n’aurez pas la liberté de jouer
Comme nous l’avions précisé un peu plus haut, le joueur doit prendre des décisions tout au long de l’aventure. C’est aussi vrai pour les humains que pour les singes, puisque nous alternons d’un camp à l’autre au fil de la progression. Il faut généralement choisir entre deux propositions durant un dialogue, ou bien décider d’agir ou non. Lors de certaines séquences bien précises, le jeu nous invitera à presser la touche X (sur PS4) afin de tirer sur quelqu’un, ou pour réaliser une autre action par exemple. Ces petits QTE ne sont jamais obligatoires et ne conduisent pas non plus à un game over. Cependant, ils sont censés avoir des répercussions sur la suite, tout du moins en théorie. À plusieurs reprises, Planet of the Apes: Last Frontier nous fait effectivement miroiter une certaine liberté dans notre orientation morale, qui se résume généralement à être gentil ou non. L’histoire propose un chemin à suivre, et si nous décidons de ne pas faire telle ou telle chose, un autre personnage le fait généralement pour nous. Décidez de ne pas permettre à des inconnus d’entrer dans la ville, Maria (la médecin du groupe) s’en chargera à notre place. Lorsque vous incarnez Bryn (du côté des singes), vous pouvez vous opposer à votre frère Tora, afin de ne pas aller chasser dans les plaines et voler du bétail aux humains. Tant pis pour vous, le jeu vous obligera tout de même à le faire. Clairement, il y a de quoi se sentir trahi par le jeu lui-même, qui va au final dans une seule vraie direction, puisque les changements majeurs interviennent surtout à la fin. À ce niveau, nous sommes bien éloignés d’un panel de choix à la Heavy Rain (pour ne citer que lui) puisque le jeu suit tout de même des rails bien définis.
En plus de cette liberté simplement apparente, il faut aussi supporter la passivité totale dont doit faire preuve le joueur durant un peu plus de trois heures (ce qui est finalement très court pour un jeu de ce tarif). Dans Planet of the Apes: Last Frontier, nous ne contrôlons pas nos deux personnages à travers l’environnement. En réalité, il faut seulement se contenter de visionner une suite de cinématiques en orientant le récit (toujours en apparence) lorsque des choix apparaissent à l’écran. Toute la dimension jeu vidéo est donc reléguée au second plan et nous sommes ici plus en présence d’un film interactif qu’autre chose (cf Hidden Agenda). Hélas, le titre pèche aussi par son scénario assez mou et soporifique, conduit en prime par un casting pas très inspiré. Si les personnages semblent assez crédibles grâce à leurs animations faciales réussies, les répliques sont, elles, souvent ratées et l’ensemble se veut très monotone. Les décors sombres et enneigés n’aident pas non plus à nous émerveiller graphiquement parlant, surtout que de nombreux bugs d’affichage sont de la partie. Des textures apparaissent sous nos yeux, le tout manque de finesse, bref, c’est un travail de sagouins (ou de babouins, au choix). Nous n’évoquerons même pas la bande originale totalement oubliable tellement les musiques sont discrètes, voire parfois inexistantes lors de plusieurs séquences.
Passer un mauvais moment seul comme à plusieurs
Ce qui peut aussi passer inaperçu, c’est la dimension PlayLink de Planet of the Apes: Last Frontier. En effet, il est possible d’abandonner la manette pour utiliser notre smartphone via une application dédiée au jeu à l’instar de Knowledge is Power, Hidden Agenda et autres. Cependant, et contrairement à ces derniers, cette manière de jouer n’apporte rien (et est totalement facultative). Au final, notre périphérique ne nous sert que de manette, avec les touches traditionnelles affichées à l’écran. Ainsi, il s’agit surtout d’un gadget et vous reviendrez rapidement à ce bon vieux pad, bien plus ergonomique. L’intérêt, c’est en réalité le fait de pouvoir jouer jusqu’à 4 (car vous n’aurez peut-être pas assez de manettes pour tout le monde). Dégainer son smartphone devient alors une solution évidente, même si nous vous déconseillons vivement d’embarquer vos amis dans une aventure d’aussi mauvaise qualité. Vous l’aurez sans doute compris, le jeu de Imaginati Studios possède de grosses lacunes à presque tous les niveaux. Seuls les fans pourront vraiment apprécier l’histoire à sa juste valeur, mais même en sachant cela, eux aussi s’ennuieront sans doute face à la lenteur du récit. Les jeux de Telltale Games, Quantic Dream ou même Dontnod ne boxent pas dans la même catégorie, et cet opus de la Planète des Singes fait un peu pitié face aux cadors du genre. Nous terminons cette aventure avec une indifférence totale, quelque soit la conclusion apportée par l’ensemble des trois fins déblocables. Et comme si cela ne suffisait pas, vous êtes obligés de tout recommencer pour pouvoir découvrir ces trois conclusions en question. Croyez-nous, il vous sera bien difficile de trouver le courage de vous lancer dans une telle entreprise.
Verdict : 3/10
Vous l’aurez compris, Planet of the Apes: Last Frontier est à éviter absolument ! En plus de nous proposer une histoire soporifique, des graphismes d’un autre temps et une bande originale banale, le jeu se permet même de nous rendre totalement passif devant notre écran, en nous faisant miroiter une liberté de choix mensongère, sans oublier que l’aventure est très courte. Malgré des animations faciales travaillées et un univers toujours aussi fascinant, cet épisode de La Planète des Singes reste une déception totale puisqu’il se permet d’être aussi bien un mauvais jeu qu’un mauvais film.
Joana
22 mars 2020 at 15 h 42 minCest super nul
Cest un film a 25€ arnaque total