Jeu d’aventure à la sauce visual novel et manga développé et édité par le studio Capcom, la licence Phoenix Wright avait rencontré un vif succès au Japon dès la sortie du premier opus en 2001 sur la Game Boy Advance. En 2006, Phoenix Wright débarque en Occident et en met également plein la vue aux amateurs du genre, dans sa version Nintendo DS. Après de nombreux portages sur PC et smartphones, Phoenix Wright: Ace Attorney a dernièrement débarqué sur PlayStation 4 et Nintendo Switch, en trilogie, pour ravir les joueurs nostalgiques des aventures du jeune avocat, et les nouveaux venus bien entendu. Jeu de notre enfance, la rédaction était bien évidemment au rendez-vous, au tribunal, pour juger de la qualité du portage.
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur.
« For Great Justice »
Malgré des notes très favorables à l’époque, notamment 81/100 sur Metacritic pour le premier opus de la licence, Phoenix Wright: Ace Attorney, et faisant office de modèle pour le genre du visual novel, il se peut très bien que vous n’ayez absolument pas entendu parler de cette licence. De ce fait, il convient de revenir quelques instants sur l’ADN même de la licence, tout en parlant des aventures narrées (spoil limité, promis) dans ces trois titres.
Dans le tout premier opus de la licence, intitulé Phoenix Wright: Ace Attorney, le joueur rencontre le protagoniste Phoenix ‘Nick’ Wright, un jeune avocat tout juste diplômé. Il commence sa carrière dans les bureaux du cabinet Fey & Co, dirigé par Maya Fey, une avocate reconnue dans le pays. Elle devient ainsi son mentor pour les premières affaires et aide Phoenix Wright à devenir un bon avocat de la défense, prêt à tout pour innocenter son client. Ce premier opus est originellement découpé en 4 affaires, mais une cinquième affaire avait été rajouté dans la version DS, et se retrouve également retranscrite dans ce portage. Dans la première affaire, Phoenix Wright devra absolument défendre l’un de ses amis d’enfance, Paul Defès, accusé d’avoir tué sa petite-amie. A l’inverse, dans la deuxième affaire, il devra faire cavalier seul pour résoudre un meurtre qui le touche au plus haut point. Mais la troisième affaire, intitulée « La volte-face du Samouraï » apportera un peu plus de légèreté et de fun, puisqu’il s’agira de défendre l’une des stars du moment, Gustavo Lonté, alias « Le Samouraï d’acier » dans la série éponyme pour enfants, accusé du meurtre d’un de ses collègues. La quatrième affaire, « Adieux et Volte-face », se déroule le soir de Noël, lorsque Benjamin Hunter, procureur à la Cour (que l’on rencontre dans les affaires précédentes), est cette fois-ci appelé sur le banc des accusés. La cinquième et dernière affaire, quant à elle, tranche un peu avec les autres et introduit de nouveaux personnages, que nous reverrons dans les opus suivants, notamment Ema Skye cherchant un avocat pour défendre sa soeur, Lana Skye, procureur général, accusée du meurtre de l’inspecteur Eric Lebon. Dans cet opus, plus que dans les autres, Capcom parvient très bien à équilibrer le niveau de difficulté, s’échelonnant progressivement au fil des affaires. Ce qui permet aux joueurs de s’habituer aux mécanismes du jeu, tout en douceur et graduellement, tout comme Phoenix Wright apprend lui aussi à défendre ses clients au tribunal.
Dans le deuxième opus de la licence, nous retrouvons toujours Phoenix Wright, accompagné par la sœur de Maya Fey, Mia, introduite dès Ace Attorney. Cette fois-ci, Capcom propose quatre affaires différentes qui vous permettront de rencontrer Maguy Loiseau, jeune inspectrice de police dès le premier procès. Par la suite, le jeu fait la part belle aux pouvoirs mystiques (traits de la famille Fey) de Maya, jeune médium en formation, lors d’une affaire se déroulant au village Kurain alors que cette première est accusée de meurtre. Comme pour Ace Attorney, la troisième affaire aborde un côté un peu plus fun puisqu’elle prend place dans un cirque : un jeune et célèbre magicien, Maximilien Galactica, est accusé d’avoir tué le dirigeant, Loïc Hullere. Et la quatrième affaire fait écho à celle de la « Volte-face du Samouraï » puisque nous y retrouvons Gustavo Lonté, lors d’une remise de prix du meilleur super-héros. Vous l’aurez compris, à en juger par ces synopsis concernant les deux premiers opus de cette trilogie, la licence Phoenix Wright intègre à la fois des situations plutôt fun, notamment avec l’affaire du cirque et de la série TV pour enfants, tout en incorporant des affaires un peu plus sombres, remettant en cause le passé lourd de certains personnages. Capcom arrive très bien à équilibrer le tout, afin de tenir le joueur en haleine tout au long des affaires.
Pour finir, Trials and Tribulations, opus dans lequel Phoenix Wright a gagné ses galons grâce aux précédentes affaires mais se retrouve toujours au tribunal pour défendre ses clients. Mais cet opus a le mérite d’aborder davantage le passé des protagonistes, notamment celui de Phoenix Wright. Et ce dès la première affaire, lorsque des années auparavant, notre cher avocat à tête d’hérisson (private joke dans le jeu) se retrouve sur le banc des accusés, alors qu’il est encore étudiant. Ainsi à travers ces cinq nouvelles affaires, deux flashback permettent aux joueurs d’incarner un personnage cher à la licence. Mais trois affaires se déroulent également dans le présent et amèneront Nick et Mia de nouveau au village Kurain où une relique sacrée a été volée ou encore auprès de Maguy Loiseau, jugée coupable dans une seconde affaire la concernant. Dans l’ensemble, ces trois opus se combinent à la perfection et permettent aux nouveaux venus une belle introduction à la licence. Les amateurs du genre et amoureux de la licence se replongeront probablement avec grand plaisir dans ces trois titres, qui font sens tous ensemble et sont étroitement liés au niveau de la narration. Malgré nos nombreuses heures passées sur la version DS, puis, il n’y a pas si longtemps, sur l’un des portages sur smartphones, on ne se lasse absolument pas des aventures de Phoenix Wright, même si depuis le temps nous les connaissons presque par cœur.
« Objection, votre Honneur ! »
Le gameplay est relativement simple en soi. Il respecte une ligne de conduite, similaire et présente dans chaque affaire et dans chaque opus. Pour chaque nouvelle affaire, Phoenix Wright est amené à enquêter sur les raisons du meurtre, tel un vrai Sherlock Holmes. Cela l’emmènera ainsi dans différents lieux, dont certains seront présents tout du long comme le Centre de détention ou le commissariat. Pendant les journées d’investigation, le joueur est donc amené à arpenter les différents lieux à la recherche d’indices, et devra également parler à plusieurs personnages pour connaître les faits. Là où réside la difficulté est dans le fait que certaines fois, il faudra amener notre interlocuteur à parler en lui montrant une preuve ou bien parvenir à débloquer une situation complexe en faisant preuve d’ingéniosité. En effet, il arrive parfois de rester bloquer, n’ayant plus rien à faire car vous aurez questionné tous les personnages et examiné tous les lieux. C’est qu’il vous reste encore une chose à faire, malgré tout. Dans ces cas là, il faut se creuser les méninges pour trouver la solution. Mais n’ayez crainte, cela reste tout de même très abordable. D’autant plus qu’à chaque nouvelle affaire, une introduction vous présente bien souvent le coupable. A vous, en tant que joueur seulement.
Après la phase d’investigation, rendez-vous directement au tribunal. Nommé avocat de la défense, le joueur incarnant Phoenix Wright devra absolument trouver des failles dans le témoignage des personnes appelées à la barre, afin d’innocenter le nom de son client. Ainsi, il faudra questionner les témoins à la barre lors de la phase de contre-interrogatoire ou présenter une preuve, prouvant la fausseté des propos énoncés par ces derniers. Mais attention, la marge d’erreur est tout de même assez restreinte, et est d’ailleurs matérialisée par une barre en haut à droite de votre écran lors du contre-interrogatoire. Le juge pourra ainsi vous sanctionner à tout moment, en cas de faux pas. Bien entendu, vous pourrez compter sur certains acolytes, comme Maya Fey à vos débuts, ou encore à sa petite sœur, Mia, par la suite. Les pensées de Phoenix introduites visuellement par des parenthèses peuvent également vous aider. Et le summum : les réactions des témoins à la barre. En effet, en fonction de votre interrogatoire, il se peut que le témoin change de traits et laisse transparaître un malaise, indiquant ainsi que vous êtes sur le droit chemin. Gardez également à l’esprit que vous aurez à tout moment accès aux preuves, en ouvrant le menu adéquat.
Comme dit précédemment, la difficulté monte graduellement et le jeu vous laisse le temps de prendre connaissance et de maîtriser les mécanismes. Tout comme pour l’apprentissage de Phoenix Wright, tout se fait en douceur. Mais au fil des affaires et des opus, vous serez amenés à vous débrouiller par vos propres moyens. D’ailleurs, ce n’est pas le système de touches qui vous mettra en difficulté tant il est parfaitement lisible et permet de prendre en main le portage rapidement et efficacement. Comptez ainsi une bonne dizaine d’heures pour venir à bout de chaque opus, selon une estimation moyenne. Dans certains cas, cela peut prendre un peu plus de temps… La durée de vie de chaque opus et de chaque affaire est variable et dépend principalement de la rapidité des joueurs à comprendre les situations et trouver la solution.
Un portage réussi ?
En ce qui concerne le portage de cette trilogie sur PlayStation 4, on rappellera qu’elle est seulement disponible en anglais et en japonais, pour le moment (le français arrivant dans les prochains mois). D’ailleurs, l’anglais reste très clairement abordable et assez simple. Et malgré cela, on retrouve tout de même l’humour originel de la licence, notamment quant aux noms des personnages, leur caractère et leurs réactions. Par exemple, l’inspecteur de police est nommé Eric Tektiv (pas besoin de vous expliquer le jeu de mot). Petit bémol simplement sur le nom de notre cher procureur, Benjamin Hunter nommé Miles Edgeworth en anglais… Ça donne un peu moins de frissons, quand même.
D’ailleurs, le portage bénéficie de graphismes remasterisés très plaisants à l’œil et à l’écran. La colorisation et les dessins façon manga des opus d’origines sont respectés. On notera tout de même un effet lissé sur les traits de visage des personnages qui est un peu moins convaincant. Si les développeurs ont travaillé sur le côté graphique des jeux pour ce portage, ils n’ont rien changé en ce qui concerne la bande-sonore, qui reste plutôt calme et apaisante. Ils ont cependant amélioré le système de sauvegarde, en offrant plusieurs slots, et surtout l’opportunité de sauvegarder à tout moment. Sur la version DS, il n’était possible de sauvegarder qu’à certaines phases.
Notre test s’est donc principalement concentré sur le portage PlayStation 4, mais il va s’en dire que la version Switch est probablement tout aussi convaincante. Et dans le cas d’un visual novel comme c’est le cas pour cette trilogie, pouvoir emmener les jeux, et continuer à incarner Phoenix Wright même dans les transports en commun, est une option très alléchante, sur le papier en tout cas.
Verdict : 8/10
Se replonger dans les aventures et affaires judiciaires de Phoenix Wright, dans cette trilogie portée sur la dernière console de chez Sony (et de chez Nintendo), pour seulement 29, 99 euros, est toujours aussi satisfaisant et plaisant. La qualité, que ce soit au niveau des graphismes, malgré un petit lissage moins convaincant, et surtout du côté de la narration, est toujours au rendez-vous et promet de très belles heures en compagnie de Nick, de ses acolytes et même de ses ennemis… Il n’y a pratiquement rien à objecter !
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