Shin Megami n’est pas forcément un nom très connu chez nous. Pourtant, la série sévit au pays du soleil levant depuis plus de 30 ans. Les jeux estampillés Shin Megami Tensei sont généralement des RPG prenant place dans des environnements surnaturels ou bien post-apocalyptiques. La franchise est subdivisée en plusieurs sous séries et spin-off, chacun comportant un gameplay propre mais aussi une pléiade de similitude d’un jeu à l’autre. Parmi eux, la série des Persona. Le premier opus débarqua en 1996 sur PlayStation sous le nom de Revelations: Persona – puis renommé Shin Megami Tensei: Persona avec son portage PSP en 2009. Depuis, la franchise a fait son bout de chemin et accouché de plusieurs autres titres jusqu’à très récemment avec Persona 5 Royal. Mais un peu plus de 10 ans avant cela nous arrivait Shin Megami Tensei: Persona 4 jadis sur PlayStation 2. En 2012 le titre fût réadapté sur PlayStation Vita sous le nom Persona 4 Golden, éclipsant définitivement la mention Shin Megami Tensei pour devenir une licence à part entière et non plus un simple spin-off. Aujourd’hui, Persona 4 Golden nous revient 8 ans après et sur PC !
Test réalisé sur PC grâce à un code numérique fourni par l’éditeur
Persona ? Kezako ?
Pour ceux qui découvriraient cette licence mythique via ce portage Steam, un petit récapitulatif s’impose. Les jeux Persona mettent très généralement en scène des étudiants qui se découvrent un pouvoir particulier : celui de pouvoir invoquer une entité à laquelle ils sont rattachés et de combattre d’obscures créatures communément appelées Shadows.
Dans Persona 4, l’histoire nous met dans la peau de Yu Narukami, fraîchement débarqué chez son oncle Ryotaro Dojima, inspecteur de police, pour poursuivre ses études pendant que ses parents sont hors du Japon pour raisons professionnelles. Alors que Yu s’installe tout juste, une sombre histoire de meurtres se révèle. Des gens disparaissent les soirs de pluie et sont retrouvés morts quand cette dernière laisse place au brouillard. Entre temps, Yu commence sa nouvelle vie dans la petite ville de Inaba et ne tardera pas à se faire de nouveaux amis répondant aux noms de Chie Satonaka, Yukiko Amagi et Yosuke Hanamura. Tout aurait pu aller pour le mieux jusqu’au jour où la jeune Saki Konishi pour qui Yosuke semble éprouvé un béguin, est retrouvée morte à son tour.
Avant cela, Chie avait mentionnée l’existence d’une étrange chaîne de télévision qui, chaque nuit de pluie à minuit, fait apparaître d’étranges silhouettes : le Midnight Channel. La fine équipe ne tarde pas à comprendre que ces fameuses silhouettes sont en réalité les victimes du mystérieux tueur. Yu Narukami se découvre la faculté de pouvoir passer à travers les télévisions – ne demandez pas pourquoi mais c’est possible ! – et, accompagné de Chie et Yosuke, tombe dans l’une d’entre-elles au centre commercial Junes. C’est ici qu’ils feront la rencontre de Teddie, étrange personnage mi-peluche mi-ourson, qui leur expliquera que quelqu’un envoie ses victimes dans ce lieu hostile où les Shadows règnent et un brouillard épais semble permanent. Le début des investigations commence réellement quand Yukiko Amagi s’avère être la nouvelle victime dans le viseur du tueur et est jetée à son tour dans ce monde étrange caché derrière l’écran de nos TV.
Chaque épisode étant indépendant l’un de l’autre, il n’est pas nécessaire d’avoir joué aux précédents opus pour apprécier Persona 4 à sa juste valeur, ce qui fait un point fort du titre – et de la série en général.
Inaba, ça vous gagne
La petite ville rurale et fictive de Inaba est sectionnée en 5 quartiers : Yasogami High School, Central Shopping District, Junes department Store, Samegawa Flood Plain et Dojima Residence – viendront s’ajouter Okina City et Shichiri Beach plus tard dans l’aventure. Chaque quartier fait office de petits hubs dans lesquels le joueur trouvera des choses à faire, où y passera du temps avec ses amis lors de ses moments de breaks entre deux enquêtes. Cependant, 4 d’entre eux vont réellement attirer notre attention. Yasogami High School est, bien entendu, votre école. Central Shopping District est le coin des affaires. Vous y trouverez des magasins où acheter de l’équipement et des consommables. Junes department Store est le centre commercial où vous et vos amis vous réunirez avant de décider d’entrer dans la TV. Enfin, Dojima Residence est votre maison, c’est là que vous terminerez vos journées. Vous pourrez choisir une dernière activité comme parler à votre cousine, Nanako, votre oncle – quand ce dernier est présent -, étudier, effectuer un petit boulot ou tout simplement aller vous coucher pour démarrer la journée suivante. Dans chacun de ces quartiers, vous trouverez également plusieurs passants qui vous demanderont des petits services contre des récompenses.
Dur, dur d’être lycéen
Le gameplay de Persona 4 Golden se scinde en deux parties distinctes. D’un côté, vous serez amené à parcourir des donjons pour affronter les affreux Shadows et sauver les victimes du tueur en série ; de l’autre il faudra gérer sa vie d’écolier ainsi que sa vie sociale. Les journées sont, d’ailleurs, beaucoup plus propices à cette deuxième facette du gameplay. Hors jours fériés, il vous faudra aller en cours, répondre aux questions posées par vos professeurs, vous inscrire à un club (ou non !), avoir un petit boulot ou encore même passer vos examens à certains moments de l’année. Tout ceci peut sonner trivial, mais il n’en est rien. Chacune de ces activités vous permettra de renforcer vos talents, puis de tisser des liens avec d’autres personnages, ce qui aura pour effet de développer vos possibilités de fusions de Personas. Chaque protagoniste avec lequel vous pourrez interagir représente une arcane majeure du jeu de tarot – une thématique récurrente dans la saga Persona. Les Personas sont, eux aussi, affiliés à ces mêmes cartes de tarots. Maxer vos relations avec ces personnes vous donnera accès à plus de variétés dans la fusion de vos Personas pour acquérir les itérations ultimes de chaque carte de tarot dans la Velvet Room, mais nous y reviendrons dans une autre partie. Certaines de ses relations peuvent même se transformer en amourettes avec la gente féminine. Nous ne sommes pas dans un simulateur de vie social non plus, mais il est tout à fait possible que l’une d’entre elles s’attache à vous. Contrairement à Persona 3 où vous pouviez être un véritable Don Juan, Persona 4 vous limite à une petite copine attitrée, les autres ne seront relayées qu’au stade « d’amies ».
Tisser des liens, ce n’est pas le tout. Vous aurez aussi une enquête à mener et des gens à sauver. Comme mentionné dans le synopsis, des protagonistes seront amenés à disparaître lors des nuits de pluie. Il faudra donc partir à la recherche d’indices pour aider Teddie à localiser leur donjon attitré. Si le jeu s’avère généreux en nombre de jours laissés pour sauver une victime, ne traînez pas trop cependant. Persona 4 regorgeant de petites activités annexes, on peut très vite se laisser dépasser et perdre la notion du temps. Il est donc important de consulter régulièrement la chaîne météo pour vous tenir informés du temps. Sachez que si vous ne parvenez pas à sauver une victime avant le prochain jour de brouillard, celle-ci meurt et c’est le Game Over pur et simple, vous obligeant à reprendre votre partie à la sauvegarde la plus proche.
Let’s Go Persona!
Ceci dit, passons maintenant aux combats. Depuis ses débuts, la série se veut être un RPG incluant des combats au tour par tour. Vous commencerez avec un groupe restreint, puis d’autres protagonistes intégrerons votre équipe au fur et à mesure de l’aventure. Au total, vous pourrez amener jusqu’à 3 compagnons avec vous dans les donjons en plus de Yu Narukami, votre personnage. Contrairement à son prédécesseur qui ne comportait qu’un donjon unique composé de plusieurs étages, Persona 4 vous en fera parcourir plusieurs, tous tournant autour d’une thématique liée à la personne portée disparue et que vous devrez donc secourir. Les donjons se composent d’un dédale de couloirs sur quelques étages dans lesquels les Shadows se mettront en travers de votre route. Au sommet du donjon vous y attendra la part « sombre » de chaque personne disparue que vous devrez combattre afin de la libérer à la fois du monde de la TV, mais aussi d’un sentiment profondément ancrée en elle qui la tourmente.
Lorsqu’un combat est engagé, vous et votre groupe encerclez un certain nombre indéfini de Shadows. Tous les Shadows ont leurs caractéristiques propres, leurs points forts et leurs points faibles. À vous de les déterminer en pratiquant une attaque sur ces derniers de façon spontanée, ou bien grâce à la faculté de l’un de vos coéquipiers – Teddie ou Rise en l’occurrence – qui pourront scanner vos ennemis pour vous. Si cette règle s’applique aux Shadows, elle s’applique aussi à vous et vos acolytes. En effet, chaque Persona a ses spécificités. Izanami, votre Persona de départ, est résistant aux attaques électriques (Zio) mais faible face aux attaque de vent (Garu). Tous les Personas que vous acquerrez subiront le même effet. A vous donc de jongler avec vos différents Personas en combat afin de vaincre vos ennemis.
Il est important de noter que si vous pouvez obtenir plus d’un Persona, la même chose ne s’applique pas à vos collègues qui conserveront la même Persona du début à la fin de l’aventure. Bien sûr, ces derniers prendront des niveaux et leurs Personas acquerront de nouveaux pouvoirs qui vous aideront en bataille. Là encore, chacun de vos amis a ses points forts et ses faiblesses. Pensez à vos besoins lorsque vous constituez votre groupe avant d’entrer dans un donjon. Il est toujours plus intéressant de constituer un groupe le plus hétéroclite possible afin de faire face au plus grand nombre de cas de figure. En ce qui concerne vos alliés, vous pourrez – au choix – décider de les contrôler en combat directement ou bien de laisser l’IA la gérer. Vous pourrez attribuer à l’IA un rôle prédéfini, comme par exemple de se concentrer sur les soins du groupe si la Persona du personnage choisi possède des capacités de heal ou encore de minimiser les attaques magiques en faveur d’attaques au corps à corps. Nous vous recommandons dans tous les cas de jouer chaque membre du groupe vous même afin de gérer au mieux vos combats.
Une fois le combat terminé, vous aurez l’occasion de déclencher un Shuffle Time de façon aléatoire. Les Shuffle Time vous propose de tirer une carte parmi un nombre pouvant varier de 2 à 6. Il peut aussi bien s’agir d’un boost d’XP, de la récupération d’une partie de vos HP et MP, d’une clé pour ouvrir certains types de coffres disséminés dans les donjons ou encore un tout nouveau Persona à acquérir. Cette dernière donne au jeu un aspect quelque peu similaire à un Pokémon, le but étant d’acquérir un maximum de Personas, les utiliser en combat afin de leurs faire acquérir de l’expérience et à terme de nouveaux pouvoirs, mais aussi de les fusionner pour donner naissance à d’autres types de Personas. Le nombre de Personas que vous pouvez porter sur vous varie selon votre niveau.
Welcome to the Velvet Room
La Velvet Room est un lieu récurrent dans la série des Persona. L’ambiance du lieu change d’un épisode à l’autre mais vous aurez toujours affaire à Igor, un personnage inquiétant et énigmatique dont seul le protagoniste principal semble être en mesure d’interagir avec. Prenant place à l’arrière d’une limousine dans Persona 4, c’est dans cette fameuse Velvet Room que vous pourrez fusionner les Personas collectés durant vos sessions de jeu dans les divers donjons. Vous pourrez les fusionner par 2 dans un premier lieu, puis par 3, par 4 et ainsi de suite. Acquérir certains Personas vous demandera d’avoir amélioré certaines relations avec vos amis et de posséder d’autres Personas bien précis. Préparez-vous à pas mal d’heures de jeux avant d’arriver à vos fins.
En plus de cette composante de fusion des Personas, la Velvet Room vous donnera accès à d’autres options. Acheter ou cloner des Skill Cards que vous pourrez ensuite affecter à vos Personas, remplir des quêtes annexes pour Marie et Margaret ou bien enregistrer les Personas en votre possession afin de pouvoir les récupérer si vous décidez de les fusionner à un moment donné. Car oui, fusionner des Persona est irréversible. Pensez bien à enregistrer vos Personas avant de les sacrifier au cas où vous regretteriez votre choix. Cependant, récupérer votre Persona aura un coût et ce dernier augmentera en concordance avec le niveau de celui-ci.
Minimum syndical = mauvais jeu ?
Ce portage sur PC est une version brut de décoffrage de la version PS Vita sortie en 2012. Là où la version portable était agrémentée de nouvelles features comparée à sa grande sœur sortie quelques années plus tôt sur Playstation 2 (nouvelles options de dialogues, nouvelles cut-scenes animées, nouvelles quêtes, nouveaux liens sociaux possibles, nouveaux modes de difficulté et plus !), n’attendez rien de nouveau pour Persona 4 Golden sur Steam. Les seules nouveautés, entre guillemets, sont le fait que vous pourrez désormais profiter de cette aventure dans une résolution plus haute que sur Playstation Vita, et que les voix japonaises sont enfin disponibles pour les puristes – la version originale en occident étant en anglais uniquement. Malgré cela, est-ce que cela amoindrit la qualité du titre ? Bien sûr que non ! Mis à part si vous êtes déjà possesseur du jeu sur PS Vita et que cette dernière vous contente très bien, alors l’investissement dans ce portage PC n’en vaudra pas forcément la chandelle. Pour les autres, néophytes ou fans hardcore de la saga, vous pouvez vous plonger dedans les yeux fermés. Certes, techniquement le jeu accuse le coup des années malgré son petit lifting graphique, mais l’aventure en elle-même en vaut largement l’acquisition.
Ce sont plusieurs dizaines d’heures de plaisir qui vous attendent, le tout agrémenté de personnages charismatiques et d’une intrigue prenante. Persona 4 comporte également plusieurs fins selon votre manière de jouer et les choix que vous ferez tout au long du jeu, ainsi que des boss cachés que vous louperez très certainement lors de votre premier run. Cela donne au titre une rejouabilité certaine si vous souhaitez tout découvrir. Touchons un mot sur la bande son générale de Persona 4 qui est juste aux petits oignons. Le jeu des acteurs aussi bien en anglais qu’en japonais est très convaincant et comporte quelques grands noms tels que Troy Baker (Far Cry 4, The Last of Us, Death Stranding) dans le rôle de Kanji Tatsumi ou encore Laura Bailey (The Last of Us Part II, Marvel’s Spider-Man) dans celui de Rise Kujikawa. Bien évidemment, que serait Persona sans ses thèmes musicaux signés Shoji Meguro. Hormis Persona 2 dont il ne fût pas le compositeur mais le réalisateur, Shoji Meguro a su se réinventer et donner à chaque épisode sa propre personnalité. Les compositions pour ce Persona 4 sont très orientés pop/rock et collent toujours parfaitement à l’action en cours.
Persona 4 Golden comporte également son lot de petits bonus accessibles via la section TV Listings à l’écran titre du jeu. Vous y retrouverez un jukebox regroupant divers thèmes musicaux du jeu, des artworks et concept arts, trailers ou encore des vidéos live de concerts Persona. Pour finir, et le seul bémol que nous pourrions mettre en avant, l’absence de sous-titres en version française est quelque peu regrettable. C’était le cas sur la version originale, certes, mais avec l’effort fourni par Atlus sur Persona 5 Royal on aurait pu espérer que l’éditeur-développeur nippon continue sur sa lancée et prenne le temps de traduire son RPG mythique en plus de langues. Pas dramatique, mais à coup sûr ceux qui n’ont aucune maîtrise de l’anglais et ont manqué la série des Persona pour cette raison, passeront à côté de ce titre majeur encore une fois. Dommage.
Verdict : 8/10
Persona 4 Golden est incontestablement un hit que les fans de RPG et d’univers japonisants se doivent de ne pas manquer. Divertissant, prenant et même touchant, la série Persona est véritablement une licence unique qui ne vous laissera pas indifférent. Retrouver l’un des meilleurs épisodes dans sa version Golden enfin sur PC est un pur bonheur. Bien sûr, pour les possesseurs du titre sur PS Vita, on aurait aimé voir arriver encore plus de bonus ou au moins une traduction française pour ceux dont l’anglais est vraiment un problème. Espérons que ce premier port de la saga sur PC est le début d’une nouvelle ambition de la part d’Atlus de présenter sa série à un plus large public, et que d’autres remasters verront le jour – pourquoi pas un éventuel Persona 3 FES !
Pierre-Jean
28 juin 2020 at 0 h 53 minIntolérable, il y a une faute dans le test ! « … Mais qui a prit un petit coup de vieux malgré tout » PRIS avec un S bon sang, vous faites du mal à la France et ses valeurs.