Spécialisée dans l’adaptation des séries d’animation à des fins vidéoludiques, Outright Games revient à la charge en proposant un troisième titre marqué Paw Patrol, plus connu sous le nom de Pat’Patrouille en France. Si les deux premiers jeux étaient étroitement liés en proposant notamment un jeu d’action / aventure à destination des plus jeunes, voilà qu’un nouveau titre à la sauce Mario Kart-like débarque dans nos rayons. Disponible sur l’ensemble des plateformes, est-il conseillable à nos jeunes enfants en lieu et place de ce traditionnel monument du jeu vidéo ? La réponse est claire, nette et sans bavure, c’est un dérapage incontrôlé de nos développeurs anglais.
Test réalisé sur PS5 grâce à une version numérique fournie par l’éditeur
La Pat’Patrouille, une bande de chiens qui a besoin de votre aide
Si vous ne connaissez pas la Pat’Patrouille, c’est que vous êtes déjà assez mature ou que vous n’avez pas encore d’enfant à votre domicile. Diffusée sur de nombreuses chaînes françaises depuis quelques années, cette série d’animation a eu droit à 7 saisons ainsi qu’à un film d’animation sorti dans nos salles l’année dernière (un second long-métrage, suite directe de la première œuvre est en production pour une sortie prévue en 2023). Le dessin animé met en avant Marcus, Chase, Ruben et d’autres chiens sous le commandement de Ryder qui partent à la rescousse d’un être humain ou d’un animal de la Grande Vallée avec des épisodes indépendants. Le cadrage des opérations étant finalisé, il est temps de passer aux choses sérieuses en déroulant notre test de Paw Patrol, La Pat’Patrouille : Grand Prix et de comprendre pourquoi le titre n’est pas conseillable aux joueurs et encore moins aux enfants. Notons que le titre dispose du Smart Delivery sur Xbox et d’une mise à jour PS5 gratuite pour tout achat d’une version PS4, un élément anecdotique pour certains joueurs mais qui sera utile si vous souhaitez passer plus tard à la dernière génération de consoles (il est également disponible day one dans le Xbox Game Pass).
Testé sur PS5, le titre ne met pas en valeur la puissance de la machine : l’absence des vibrations HD et des gâchettes adaptatives conduisent donc à une non-prise en charge des fonctionnalités de la DualSense. On peut également parler de la réalisation qui n’est pas à la hauteur d’un tel événement : si le titre reprend les traits du dessin animé original avec une 3D pas forcément flatteuse et des couleurs chaudes, il faut admettre que l’ensemble pique les yeux et pourrait très bien tourner sur une PS2. Avec des décors vides, un moteur technique daté offrant du popping à outrance et une physique plus que douteuse (murs invisibles, collisions approximatives lorsque deux véhicules se touchent, chocs avec les barrières peu réaliste). Cerise sur le gâteau : si vous observez votre personnage, vous ne le verrez à aucun moment effectuer un mouvement des bras lorsque vous tournez à gauche ou à droite… On a donc l’impression de conduire un véhicule rectangulaire qui tourne de façon peu réaliste, une sensation assez désagréable qui n’aide aucunement à choisir cette production.
À destination des très jeunes joueurs, Paw Patrol, La Pat’Patrouille : Grand Prix offre tout de même quelques options d’accessibilité sympathiques… mais uniquement dans le menu principal. En effet, à chaque fois que vous survolerez une option sur l’écran, Ryder le dictera de la voix permettant ainsi à tous même à ceux n’ayant pas ou pas encore la capacité de lire de naviguer facilement entre les différents modes de jeu. Si le titre dispose des voix officielles, ces dernières sont cependant trop peu nombreuses et il peut arriver dès la première course d’entendre une dizaine de fois les mêmes répliques ce qui vous lassera très rapidement. Heureusement que les divers thèmes, sans être transcendants, redonne du cœur à l’ouvrage. Vendu un peu moins de 40€ à sa sortie, le titre dispose de quelques modes de jeu : course, aventure et multijoueur… Si la forme change, le fond reste identique puisqu’il s’agira toujours des mêmes circuits jouables seul ou à plusieurs sans aucune variante (pas de contre-la-montre, de mode bataille). Jouable jusqu’à quatre joueurs en local, le titre ne dispose pas des fonctionnalités en ligne permettant d’affronter d’autres patrouilleurs du monde entier, dommage !
Rien ne vaut l’original…
Si le mode course permet de jouer rapidement à une ou plusieurs courses, le mode aventure permet lui… de jouer aux mêmes courses dans un ordre défini. Avec un semblant de trame scénaristique pas bien épais, on enchaîne donc les différentes cartes du jeu qui manquent cruellement de diversité : plage, ville, jungle et neige sont les quatre thématiques du titre. Avec seulement 13 circuits et 17 épreuves pour le mode aventure (on reprend des circuits en y mettant deux variantes : nuit et jour) , il vous faudra moins d’une heure et demi pour venir une première fois à bout du titre. Au fur et à mesure d’enchaîner les exploits, vous débloquerez plusieurs skins : chapeaux, autocollants et étincelles de turbo qui permettront de donner une apparence unique à votre véhicule. Le casting final du titre est par ailleurs faible : avec seulement 7 personnages débloqués initialement plus 3 déblocables en jouant au mode aventure, on est très loin des jeux du même genre… Pour débloquer l’ensemble des récompenses, il faudra faire l’aventure avec tous les personnages (oui, vous avez bien lu…) soit 10 fois, beaucoup trop quand on connaît la pénibilité de jouer au soft.
Au premier lancement du titre, nous avons droit à un tutoriel pour le coup clair qui explique les principales commandes. S’il existe des alternatives en ce qui concerne les commandes (notamment L2 pour regarder en arrière), le jeu met en avant des contrôles pour le moins farfelus et peu pratiques : reprenons le cas mentionné entre parenthèses. Un joueur tient sa manette avec deux mains : la main gauche permet de diriger notre kart à l’aide du stick droit et la main droite elle appuie sur la croix pour accélérer de façon continue. Comment est-il possible d’utiliser le stick droit tout en continuant d’accélérer et en tournant afin de regarder ce qu’il se passe dans son dos ? Ce n’est tout simplement pas possible et on regrette le choix effectué par les développeurs. En dehors des contrôles, le gameplay est lui tout simplement mauvais en étant non seulement raté mais aucunement original. On se retrouve donc à faire la course face à 8 adversaires et on peut y ramasser divers items qui sont déjà bien connus des joueurs (turbo, tornade, invincibilité temporaire…) avec la possibilité d’effectuer quelques dérapages qui ne donnent pas de boost supplémentaire (une technique que nous avons peu utilisée lors de nos sessions de jeu).
La seule bonne idée provient de la jauge d’énergie qui une fois remplie en ramassant un certain item permet d’utiliser un pouvoir propre à chaque personnage. Sachez que tous les karts sont identiques en ce qui concerne la maniabilité, l’accélération ou la vitesse, il n’y aura donc pas de jaloux lors du choix des personnages. Pour conclure en beauté ce Paw Patrol, La Pat’Patrouille : Grand Prix, comment ne pas aborder la question de l’IA… Si nous avons joué en mode difficile durant toute l’aventure (il existe également d’autres difficultés : facile et moyen), il faut admettre que le comportement de nos adversaires est étrange. Déjà souffrante du syndrome Mario Kart (lorsque vous êtes devant, l’IA accélère et lorsque vous êtes en difficulté, l’IA vous attend), nous n’avions jamais vu de telles abominations dans un jeu de courses. En effet, il nous est arrivé de nombreuses fois de faire la course parfaite et lorsque nous entrons dans la dernière ligne droite, cette dernière nous double sans utiliser le moindre item (nous avons pu conforter cette théorie en utilisant la vue arrière et la seule façon de contrer cette manœuvre et de se mettre devant l’adversaire et de le bloquer). Sur 17 courses effectuées, nous avons vécu cette situation six fois, nettement trop sur 1h30 de jeu. Lot de consolation, cette dernière exploite très souvent le chemin le plus court lorsqu’il existe deux chemins alternatifs sur un tracé, c’est peu mais c’est déjà ça. Si jamais vous trouvez que le jeu offre trop peu de challenge, vous pouvez activer le mode Maire Hellinger qui viendra jouer les troubles-fêtes en tentant de vous ralentir en dressant quelques obstacles sur votre chemin.
Verdict : 3/10
Paw Patrol, La Pat’Patrouille : Grand Prix est un raté à tous les étages. Avec un concurrent pour le moins indétrônable depuis quelques années, il fallait un contenu conséquent et surtout des idées audacieuses pour tenter de séduire nos jeunes utilisateurs. Malheureusement, le jeu est un ratage complet et l’amusement est absent dès le tutoriel, la faute déjà à une maniabilité / une physique dans les choux et des circuits qui se ressemblent tous en raison d’un manque de créativité certain. Si le jeu tente tout de même de séduire en proposant un mode aventure, ce dernier est dénué d’intérêt et on regrette de la part des développeurs une durée de vie artificiellement gonflée pour récupérer l’ensemble des trophées du jeu. Votre enfant mérite mieux que ça : Mario Kart 8 Deluxe avec les options d’accessibilité ou encore le très bon Crash Team Racing : Nitro-Fueled, un titre plus technique mais accessible et toujours fun en mode facile.
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