Dans les grands maux de notre époque, l’exode des Parisiens fuyants l’oppresseur Covid le 29 octobre 2020 fût sûrement la pire. Voir ces familles sur le bord de route, les visages résignés, effectuer un repli stratégique dans le QG de campagne familiale pour garder ses dernières libertés, sont, encore aujourd’hui, des images terribles à regarder. « Nous nous sommes préparés (…) » annonçaient-ils fièrement avant de continuer : « (…) le jardin est aménagé, mon bureau ainsi que ceux des enfants sont prêts, chacun une pièce pour étudier sans se marcher dessus. Nous serons optimaux, mais c’est difficile d’imaginer un monde sans Uber ou sans un service de livraison à domicile, mais nous résisterons et ne laisserons rien à cet envahisseur ! » ont-ils expliqué. Des mots forts qui font écho à un autre exode qui s’est déroulé presque 80 ans plutôt, celui des Russes face aux Allemands en 1941 donnant naissance au mouvement des partisans.
Test réalisé sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Cueillette et propagande
Difficile d’introduire Partisans 1941 sans un peu d’histoire, alors voilà une version Wish d’une période charnière de la Seconde Guerre mondiale. Juin 1941, l’Allemagne se lance à l’assaut de l’Union soviétique avec une attaque aussi inattendue que violente. Très rapidement, les Allemands prennent une grande partie du pays et font plusieurs milliers de prisonniers, puis essayent de s’installer et de sympathiser avec les locaux. Partisans 1941 nous plonge donc dans un moment de résistance, quand les prisonniers de l’Armée rouge sont allés se cacher dans les bois pour entreprendre des opérations de guérilla contre les vilains boches. Un contexte singulier que les développeurs vont exploiter à fond.
On ne suit pas un personnage, mais un groupe de partisans mêlant femmes et un ado, tous de carrière militaire ou d’inspiration à celle-ci. C’est en deux phases que le jeu se divise : une partie gestion où l’on s’occupe des stocks (nourriture, munitions, armes, etc..) et journée des protagonistes, et une autre orientée infiltration/action en vue isométrique. Bien sûr inutile de dire que l’une est intrinsèque à l’autre et ne doit pas être négligée. Car oui, le côté gestion, sympathique aux premiers abords, permet d’organiser la vie du camp, comme partir à la cueillette aux champignons et à la pèche, pendant qu’un second camarade fait de la propagande dans le village voisin et qu’un autre élabore le déraillement d’un train nazi. C’est même génial les premières heures. En plus de ces corvées, il est possible de construire de petits bâtiments tels qu’une tour de chasse ou un séchoir à viande. Faire la cuisine pour faire grimper le moral des partisans. Un modeste X-Com du résistant qui malheureusement se ternit bien vite. Il n’y a pas grand-chose à bâtir. Mais surtout, les corvées (nommées opérations) sont sans véritables enjeux. Si on peut envoyer ses personnages attaquer un convoi, ces derniers reviendront toujours au minima avec les mains vides, même si l’opération a tourné au fiasco. Il aurait été intéressant qu’ils réapparaissent blessés, voire possiblement capturés, pour apporter un peu de sel à la gestion du bivouac. De même pour l’aspect plus général du campement, aucun événement perturbateur à l’horizon pour gêner la progression ou la vie de ses occupants. Bref, c’est basique et c’est dommage car il y avait moyen de faire plus immersif.
Ooh mon Commandos..
Heureusement, le soft réussit à se rattraper avec sa partie infiltration/action en temps réel. Alors non il ne renouvelle pas les codes de ce genre, et s’inspire allègrement des ténors de l’époque (et le fait bien). On peut avoir au maximum quatre partisans en simultané sur le terrain, chacun avec une capacité spécifique. Avec un total de huit personnages à recruter, ils sont uniques les uns des autres les rendant tous, à leur façon, indispensables. Puis ils ont une bonne tronche et une V.O agréable à l’oreille. Du coup une fois en opération spéciale (comprenez opération que vous devez obligatoirement jouer) on retrouve les grands classiques du genre : le cône de vision des ennemis, la gestion du bruit, différents niveaux d’alerte, le fait de se cacher dans les buissons ou divers réceptacles à rabattant, le fait de porter des corps, d’attirer les adversaires. Bref on l’a dit Partisans 1941 ne réinvente pas le genre de l’infiltration en temps réel. Il se différencie pourtant avec du loot mais surtout plusieurs échelons d’opposants. Ainsi si les collaborateurs russes font office de chairs à canon, les divisions SS sont de suite plus coriaces et cela se ressent directement. Un autre adversaire, plus vicelard celui-là, est de la partie : le berger allemand et son flair hors pair est capable de sentir du partisan sur une bonne distance et n’hésitera pas à chopper à la gorge le malheureux suintant la résistance.
Oui, c’est un bon Commandos-like dans ses mécaniques d’infiltration mais aussi un agréable soft de stratégie quand l’action pointe le bout du fusil. Si Partisans 1941 encourage à jouer discrétion, rien n’empêchera d’arriver à la porte d’un camp et de tirer à toute berzingue. Fusils à verrou, fusils semi-automatiques, pistolets, mitrailleuses et pistolets-mitrailleurs ou encore grenades et mines, vous aurez de quoi faire sauter plusieurs fois l’Allemagne en théorie. En théorie seulement, car les munitions sont limitées. D’autant plus que combattre à trois contre vingt, ça marche exclusivement dans les films de propagande américaine. Le jeu propose un système de couverture conventionnel au genre, ainsi que des raccourcis clavier et une pause active pour gagner en efficacité. Encore une fois, ça fonctionne bien. Unique petit bémol, le pathfinding des adversaires aux fraises : ces derniers ont la fâcheuse tendance à ne pas respecter la distanciation sociale et préfèrent s’agglutiner les uns aux autres, voire de faire la chenille.
Le pathfinding est perfectible
Verdict : 7/10
Partisans 1941 n’est pas parfait, il a ses travers comme une IA perfectible ou quelques petits bugs d’affichages, mais cela n’entache en rien le travail effectué par Alter Games. C’est un véritable hommage à la série Commandos tout en apportant des touches rafraîchissantes au genre. Nous avons passé une agréable quinzaine d’heures à suivre l’histoire, gérer le camp, à armer nos partisans, lire les notes et en apprendre plus sur cette période peu mise en avant de la Seconde Guerre mondiale. Il nous a même fait nous coucher tard par moment, happé par l’ambiance générale et son système d’équipements. Un premier jet convaincant pour ce jeune studio prometteur.
Laisser un commentaire