Après 4 ans depuis le dernier Paper Mario, Intelligent Systems et Nintendo, voulant célébrer la vingtième bougie de la série, nous proposent la nouvelle itération dénommée Paper Mario: The Origami King. Il est dévoilé le 14 mai 2020 à l’aide d’une bande annonce sur Twitter, alors que personne ne s’y attendait. Toujours présent à chaque nouvelle génération de consoles, celui-ci était attendu sur Nintendo Switch. Dans ce dernier encore, les genres sont variés, passant de la résolution de puzzles à des combats tour par tour remaniés à la sauce Paper Mario, sans oublier le côté action/aventure. Le jeu reprenant un peu ce qu’on déjà pu connaître avec Paper Mario: Color Splash, est ce que les développeurs ont su renouveler la formule en y apportant de la fraîcheur ou est-ce une simple photocopie ? Nous tâcherons de répondre au mieux à cette question dans ce test.
Test réalisé sur Nintendo Switch grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Une aventure qui marque le pli
Tout commence lorsque Luigi et Mario reçoivent une invitation de la part de Peach pour participer à l’OrigamiFest devant se dérouler à Toadville, là où se situe le château. Une fois arrivés en ville, nos deux comparses sont intrigués par les rues désertes et se dirigent donc au château pour s’assurer que tout va bien. Dès le seuil de la porte franchi, nos héros se retrouvent enfermés et décident de se séparer. Mario se met à la recherche de Peach mais une fois arrivé dans la salle du trône, il se retrouve face à une Peach quelque peu froissée. Événement suffisamment rare pour le noter, ce n’est pas à Bowser qu’incombe la responsabilité de cet acte mais bien à Olly, le roi autoproclamé cherchant à faire plier tous les habitants du royaume de papier à sa volonté. Ne voulant pas suivre son sombre dessein, Mario se retrouve emprisonné, rencontrant alors Olivia, la sœur au bon cœur du nouveau roi. Ce dernier décide d’envelopper le château de serpentins, lui permettant de le déplacer au sommet d’une montagne. Sachant Luigi disparu et la princesse enlevée, Mario et Olivia se mettent en quête de parcourir le royaume afin de défaire les serpentins et déjouer les plans d’Olly.
La liste des fournitures
Paper Mario: The Origami King propose une bonne variété de gameplay. Se voulant action/aventure, l’exploration est donc de mise, notamment avec moult objectifs tels que sauver les Toad, boucher les divers trous composant le monde, récupérer les mini-trésors et enfin frapper les blocs. Côté action, on est également servi puisque le jeu nous propose trois systèmes de combats différents, le tour par tour contre les ennemis classiques, celui contre les boss et les combats en temps réel. Le jeu ne se limite cependant pas qu’à cela, chaque monde nous offre aussi bien un nouvel univers graphique qu’un nouveau type de gameplay. Le premier servant plus de tutoriel, le suivant nous emmène dans un environnement contemplatif, puis plus stratégique par la suite. Le troisième monde quant à lui est une véritable enquête digne d’un Indiana Jones, dans lequel vous devrez découvrir tous les mystères entourant la zone. À vous de découvrir ce que réservent les autres mondes mis à votre disposition. Le jeu introduit également une mécanique qui permet à Mario d’interagir avec les décors en 3D grâce aux « Bras multi-pliés », outils très utiles aussi bien pour découvrir des secrets que dans les affrontements contre les boss. Toutes ces aventures se déroulent dans une ambiance colorée et bon enfant avec beaucoup d’humour, de drôlerie et mignonnerie, de quoi se plier en quatre et en deux.
Même si l’objectif peut vous paraître secondaire, sauver les Toad est important puisqu’ils peuvent vous débloquer des améliorations non négligeables. Entre autres, des points de vie supplémentaires, l’accès à des zones fermées, des nouveaux objets – et notamment le détecteur de Toad qui vous permet de savoir quand vous êtes proche de l’un d’entre eux, ou des astuces pour mieux comprendre le jeu. Les autres objectifs sont moins importants, malgré leur utilité si vous souhaitez être plus à l’aise lors des affrontements avec l’acquisition de divers objets de combat. À ce propos, le système d’attaque est semblable à celui de Color Splash mais sans l’utilisation des cartes. À savoir, appuyer sur A au bon moment quand on atterrit sur l’ennemi si on a choisi les bottes. Pour le marteau, le principe est le même sauf qu’on doit appuyer quand l’intensité de la lumière est au plus fort. Même procédé pour l’esquive, presser la touche juste avant d’être attaqué. Origami King se démarque quand même de son aîné puisque les duels se déroulent dans une arène circulaire en forme de cible où les ennemis sont éparpillés de part et d’autre. Afin de pouvoir attaquer, on doit aligner les adversaires par ligne de quatre, ou par rangées de deux par deux sur deux lignes. Pour ce faire, il faut soit pivoter une rangée, soit coulisser une ligne, et ce en fonction du nombre d’actions mis à notre disposition. Pour les boss, les combats s’organisent d’une autre manière : c’est le boss qui se situe au centre de la cible et c’est à nous de se mouvoir à travers les différentes cases d’actions disposées un peu partout dans l’arène. Le jeu reprend également le même principe que les Zelda, il y a plusieurs temples élémentaires dans lesquels on doit résoudre des énigmes ou passer des épreuves afin d’accéder aux boss appelés Espli. Petit changement à noter, vous obtenez un nouveau pouvoir qu’après les avoir vaincus. Ces pouvoirs nous sont ensuite utiles afin de débloquer des passages ou contre les autres boss. Petit point noir cependant, quand on a à l’écran le boss et l’Espli d’affichés en même temps, on peut noter de grosses chutes de FPS.
Un chef d’œuvre un peu brouillon
Ne voulant pas changer une recette qui gagne, The Origami King reprend la même formule que son prédécesseur, donc aussi bien les mêmes qualités que les défauts. Cela se traduit par une direction artistique qui, quoique plaisante à l’œil, souffre d’un cruel manque d’homogénéité, notamment quant au héros en papier, avec des ennemis en origamis, d’autres en papier mâché mêlés à des décors en carton/papier kraft. Sans oublier les textures des éléments presque photoréalistes lors des cinématiques qui font un tout quelque peu fouillis. La plupart des éléments sont plutôt réussis en soi et ne choquent pas quand ils sont isolés. Mais mais une fois tous rassemblés c’est plutôt incohérent et peu flatteur à l’œil, hormis la terre qui même seule laisse grandement à désirer. Le jeu brille également par son level design profond, sa qualité d’écriture et son humour qui sont aujourd’hui la marque de fabrique de cette licence. En effet, explorer le monde est très amusant car le paysage est en constante évolution et The Origami King offre une multitude de scènes, comme combattre un Pokey géant dans le désert, naviguer à travers des rapides ou entrer dans un café calme pour débattre avec les clients, qui sont les serviteurs de Bowser les plus forts, tout cela autour d’une bonne tasse de café. Lors de vos péripéties, vous rencontrerez divers compagnons qui vous aideront, certains uniquement pendant les combats, d’autres en plus pendant vos explorations. Il n’y en a qu’une poignée mais chacun est attachant et apporte beaucoup à l’histoire. Tous disposent d’un dialogue intelligemment écrit et jouent bien le côté comique, y compris l’adorable et extrêmement poli Bob-Omb (pour qui Olivia a une pléthore de surnoms). Olivia elle-même est mignonne et drôle, avec des périodes de folie extrême qui peuvent être attribuées à de la naïveté ou à de purs moments de distraction. Point plutôt amusant pour le noter, elle a l’habitude de casser le quatrième mur, en demandant par exemple à Bob-Omb « la raison scénaristique de sa présence ».
L’un des plus gros problèmes du jeu est son système de combat sous forme de casse-tête qui, les premières heures, avec sa logique très particulière, peut vous sembler incohérent au possible. Durant les premiers combats, on peut être frustré face à la difficulté à les résoudre. Échouer signifie devoir faire face à un affrontement plus corsé puisqu’on ne dispose pas du boost d’attaque et cela peut nous frustrer encore plus. On peut être amené à avoir l’envie de complètement abandonner le jeu si on ne se force pas à continuer quelques heures de plus pour le prendre en main. Même avec plusieurs dizaines d’heures de jeu à notre actif, il y a toujours des casse-têtes que nous n’arrivons pas à résoudre, surtout avec les Boo qui disparaissent à chaque début de tour. Il faut donc se rappeler de leurs positions en plus de chercher la solution. Mais malgré la supposée complexité, notre montant de point de vie fait qu’on ne peut perdre un combat, ce qui amène à se poser la question : est-ce que le système de combat se devait d’être aussi complexe ? Sachant qu’il est possible d’utiliser l’argent que l’on gagne au travers des combats ou durant notre exploration pour que les Toad qu’on a sauvés viennent nous aider, en nous permettant d’affaiblir ou de déplacer automatiquement les ennemis pour faciliter leur alignement. Pour nous aider à comprendre les combats, il existe un mini-jeu qui nous donne 30 énigmes à résoudre. Même si l’on n’arrive pas à les surmonter, le jeu nous propose la solution à la fin. Lorsque l’on recommence, on a juste à recopier la solution et après plusieurs essais, on finit par enregistrer le schéma afin qu’il devienne un automatisme quand on le retrouve dans un vrai combat. On sait ainsi ce que l’on doit faire dans cette situation.
Plus tôt dans l’article, nous parlions de la diversité de gameplay qu’offre le jeu. Cela nous permet de ne pas rentrer dans une certaine monotonie, ce qui est une très bonne chose vu sa durée assez élevée. Vous pouvez espérer au moins 25-30 heures si vous ne suivez que l’histoire principale et plus dans les 40 heures si vous faites tous les petits à-côté. Malheureusement, ces contretemps concernent fondamentalement les collectibles, avec notamment les 800 Toad à sauver, même s’il est très fréquent d’en sauver un bon nombre à la fois, ce qui revient plus à en trouver dans les 200. Malgré l’utilité certaine de quelques Toad, la plupart ne servent qu’à récupérer des points utilisables dans le musée se situant à Toadville, qui permettent d’acheter des tableaux correspondant aux concept arts des différents mondes. Concernant la monnaie, si comme nous, vous avez tendance à explorer chaque recoin, vous en récolterez un bon nombre que vous pouvez dépenser dans les divers magasins afin d’acheter des objets de combats ou des « reliques » (le détecteur de Toad). Cependant, on note que le prix des objets de combat est dérisoire par rapport au tarif des collectibles, qui eux nous demandent une grosse partie de notre argent de poche. Cela rend la durabilité des objets inutile sachant qu’ils sont de ce fait même facilement remplaçables. Pour finir, petit point sur la musique qui a un rôle très important dans le jeu puisqu’elle a de l’utilité scénaristiquement parlant, aussi bien dans certaines énigmes qu’en ayant un boss jouant sur ce thème. Des interludes musicaux style comédie musicale nous sont également proposés pendant la plupart des changements de zone. La bande-son a donc été réalisée avec beaucoup de soin, en particulier les parties où la musique se mélange et se transforme en fonction de certains aspects, comme en combat où elle reprend le thème du monde, ce qui rend unique chaque piste audio. On peut notamment y retrouver divers remix des musiques cultes de la série ou bien aussi de nouvelles compositions qui agrémentent agréablement l’aventure.
Verdict : 8/10
En lisant ce test, Paper Mario: The Origami King peut vous sembler avoir pas mal de défauts. Cependant, la plupart ne sont que dérisoires et ne gâchent en rien le plaisir de jeu. Excepté le système de combat qui, si vous n’arrivez pas à accrocher, en fera sûrement pour vous le pire jeu de la série. Au contraire, si vous passez outre l’adversité en vous forçant à aller voir plus loin que les combats, vous passerez des dizaines d’heures de jeu de plaisir à tâcher de trouver tous les secrets que nous réserve le royaume champignon dans une aventure sans prise de tête, avec de l’humour, une histoire bien écrite, parfois touchante et 100% chill. Si le gros défaut du jeu ne vous a pas fait peur, on ne peut que vous conseiller de vous plonger dans cette aventure, et ce sans hésiter.
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