Avec la démocratisation de jeux narratifs multi-plateformes comme The Stanley Parable ou The Vanishing of Ethan Carter pour ne citer qu’eux, c’est tout à fait naturellement qu’Oxenfree, dernier-né d’anciens de Disney ou encore de Telltale pique notre curiosité. Avec une sortie sur PS4 un peu décalée par rapport aux autres plateformes, Oxenfree a-t-il réussi le pari de renaître sur PS4 ?
Quand le narratif efface le gameplay
C’est le pari que de plus en plus de développeurs et passionnés se risquent à prendre, tantôt réussi avec par exemple Gone Home et selon certains un peu moins avec Everybody’s Gone to the Rapture. Cela n’a pas empêché les développeurs d’Oxenfree de relever le défi en proposant une histoire sombre, mystique, qui se divise en une infinité de branches à la manière d’Until Dawn.
Nous découvrons le personnage d’Alexandra que le joueur incarnera tout au long de l’aventure. En deuil de son frère décédé un an plus tôt, celle-ci décide de retourner sur l’île où elle a passé ses derniers moments avec lui, accompagnée de quelques connaissances. Rapidement, des rivalités entre les comparses se dessinent, dans la limite de la liberté offerte au joueur qui manipule les dialogues selon son bon vouloir. C’est ensuite une exploration dans une grotte, à la poursuite d’une lumière mystérieuse, que l’endroit, désertique et brumeux, va révéler tous ses secrets et offrir la pire des nuits à ses visiteurs.
En termes de gameplay, tout a été réduit pour concentrer l’expérience de jeu sur l’histoire. On se contentera simplement des symboles sur la manette pour intervenir ou non pendant les dialogues. Alexandra dispose également d’une radio, dont la fréquence peut être changée, qui fera le lien entre le monde réel et les mystères de l’île, ses habitants fantômes communiquant par ce biais. Enfin, quelques interactions sont disponibles avec le décor.
Si le jeu dispose d’une rejouabilité exceptionnelle par la diversité des scénarios que l’on peut emprunter, il faut avouer que certains aspects d’une importance non-négligeable ont été mis de côté. Les graphismes sont honnêtes mais inexploités tant les décors sont fades et sombres, sûrement dans une volonté d’ambiancer ladite histoire d’horreur. Les déplacements sont lents et répétitifs, sans grand intérêt pour l’avancement du jeu. D’autre part, quelques collectibles ont été dissimulés ici et là (lettres, photos…) sans pour autant être efficacement exploités.
Il faut cependant rester attentif aux dialogues, qui sont l’unique valeur ajoutée de l’histoire. Entre paradoxes temporels et flashbacks, messages inaudibles et diverses apparitions, Oxenfree est un jeu qu’il faut terminer d’une traite, au risque de se perdre. L’absence d’une trace écrite ou de résumé comme l’on peut en trouver à chaque chapitre d’Until Dawn se fait malheureusement sentir, tant la complexité de l’histoire est grande.
Une progression lente mais intense
Ponctuée de quelques énigmes et autres coups de théâtre, l’expérience d’Oxenfree se veut pour le moins intense, malgré sa lenteur ambiante. Allergiques à la lecture, il faudra passer votre chemin. En effet, il faudra compter environ 5 heures pour un circuit entier, si le joueur prend le temps de découvrir l’environnement, d’orienter le caractère de son personnage et les relations avec les autres dans un certain sens. Le tout reste tout de même assez scripté et ne permet pas une liberté aussi grande que d’autres jeux du même genre, l’action n’ayant pas réellement d’impact sur l’histoire, tout repose uniquement sur les dialogues.
On ne peut s’empêcher de se laisser prendre au jeu quand d’un moment à l’autre, une soirée entre amis autour d’un feu bascule dans l’horreur, la possession, les démons et autres fantômes. Avec une chronologie saccadée par des flashbacks et paradoxes temporels ainsi que les arcs des différents personnages, Oxenfree saura tout de même satisfaire les amateurs du genre, en témoigne son succès lors de sa sortie sur PC et Xbox One.
L’expérience, teintée d’horreur avec une direction artistique plutôt honorable dans un jeu en 2D, quelques surprises et moments de stress sont au rendez-vous.
Point important à noter, l’expérience ne peut se renouveler qu’à partir du début du jeu, à la différence d’Until Dawn, qui fait décidément référence, et qui permettait de reprendre à partir de tel ou tel chapitre pour explorer les différentes fins.
VERDICT : 6/10
En somme, Oxenfree ne s’adresse pas à tous les joueurs. D’une part, la barrière de la langue est infranchissable pour les non-anglophones, le jeu n’ayant pas été traduit même lors de son passage sur PS4 (les sous-titres en anglais sont quand même disponibles). Mais également du fait de la complexité de son histoire, la répétitivité de celle-ci, ainsi que par le gameplay un peu léger pour une telle expérience.
On retiendra tout de même ce savant mélange de suspense et d’ambiance, justement dosé pour tenir le joueur en haleine, sans pour autant sombrer dans l’usine à jumpscare que l’on reproche à pas mal de titres similaires.
Oxenfree est disponible en version digitale uniquement au prix de 19.99€ sur le Playstation Store, avec un tarif préférentiel pour les abonnés PS+, qui reste cependant un poil trop onéreux à notre goût, surtout pour un jeu intégralement en anglais.
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