Depuis sa création en 1991, Blizzard n’a cessé de développer des titres toujours plus prometteurs, aux finitions soignées et au gameplay percutant : Warcraft, WoW, Diablo, StarCraft, HearthStone, Heroes of the Storm… Et si le STR (Stratégie en Temps Réel) reste l’un de ses terrains de prédilection, le studio, loin d’être effrayé à l’idée de s’aventurer en territoire inconnu, n’avait jusqu’à présent jamais franchi du FPS… compétitif de surcroît ! À l’heure où Call of Duty ne cesse de perdre en popularité, et où Battlefield tente quant à lui de renouer avec les fantômes du passé, Overwatch sera-t-il en mesure de s’imposer ? La guerre des titans est déclarée.
On n’apprend pas au vieux singe à faire la grimace
Depuis plus d’une semaine maintenant, les médias du monde entier scandent ce nom avec ferveur : Overwatch. Les notes ne cessent de pleuvoir et le constat semble être sans appel : ce titre est « parfait ». Pourtant, il ne semble pas exempt de défauts. Par exemple, Blizzard nous avait jusqu’à présent habitué à mieux, en termes de scénario. En effet, une fois la cinématique de lancement du titre terminée, nous voilà plongé manu militari dans un menu minimaliste. La promesse de départ était pourtant tout à fait alléchante. Pour rappel…
Dans un monde néo-futuriste, une guerre entre créatures vivantes et robots éclata. Une partie des Omniaques, ces êtres mécaniques disposant d’une conscience, décida de se rebeller face à l’oppression, scindant le clan en deux parties. C’est à ce moment que l’organisation Overwatch fut créée. Malheureusement, et comme dans toute organisation politico-militaire, des nombreuses tensions nées de la corruption éclatèrent, entraînant la scission de cette milice. La mort du commandant en chef Jack Morrison et son second Gabriel Reyes n’ont fait que parachever cette débâcle.
Mais aujourd’hui, une nouvelle menace plane… Overwatch, en formation !
Une histoire quasiment inexistante donc. Dommage, surtout lorsqu’on constate le potentiel du scénario initial. À l’heure où les FPS actuels (Titanfall, CoD, Battlefield…) ne parviennent plus à relater des faits percutants à travers une trame saisissante, il aurait été avisé de la part de Blizzard de nous proposer quelque chose de plus prenant. Espérons que les mises à jour futures nous permettent par exemple de profiter d’une campagne.
Hey mon chou !
La direction artistique proposée par Overwatch est pour le moins atypique, compte-tenu du type de jeu associé. Et pour cause, un FPS façon cartoon, ce n’est pas commun. Mais pourrait-on lui en tenir rigueur ? Absolument pas. Chacune des destinations que nous découvrons par l’intermédiaire des terrains de jeu est une véritable invitation au voyage. Les environnements ont été méticuleusement travaillés, notamment en terme de level design, afin de permettre un gameplay vertical. Nous profitons ainsi de maps plus aériennes qu’à l’accoutumée, créées tels des labyrinthes fourmillant de détails. On apprécie la chaleur qui se dégage de l’écran, la puissance des couleurs utilisées afin de rendre le soft plus dynamique. Au bord de la route 66, en plein cœur d’Hollywood ou au sommet des montagnes du Népal, nous sommes transportés à chaque partie dans un nouveau monde, une nouvelle planète. Dépaysement total. Côté personnages là encore, Blizzard a fait un travail formidable. Outre une modélisation réussie, c’est bel et bien le style adopté pour chacun d’entre eux qui fait mouche. Et ce n’est pas Tracer ou même Fatale, dont les formes généreuses ne cessent d’affoler la toile, qui diront le contraire… Chaque héros dispose ainsi de son propre univers artistique, riche, coloré (ou très sombre selon le personnage), entièrement inventé par Blizzard. Des références à certains personnages de World of Warcraft et StarCraft (pour ne citer qu’eux) ne sont pas à écarter, et ce, même si le studio a tenu à créer quelque chose d’unique. À vous de vous faire votre propre opinion.
Au sujet de la bande son, rien de particulier à dire. Simple, épurée, minimaliste, ajoutant un certain dynamisme bienvenu. Et ces quelques punchlines qu’il est possible de débloquer, comme les costumes d’ailleurs, au fur et à mesure des parties, ne sont pas pour nous déplaire.
La mort est parmi vous
Entamons les choses sérieuses. Une véritable problématique se pose alors : le studio s’est-il lancé un trop grand défi en développant un titre qui souhaite s’imposer sur la scène e-sport ? Peut-être pas. Car Ovewatch a de nombreux arguments. Son casting tout d’abord, puisque chaque joueur dispose d’un large choix de personnages, 21 au total, répartis selon quatre catégories :
- Tank : considéré comme le premier rempart, ce personnage a pour objectif d’attirer l’attention. C’est l’une des cibles prioritaires, un « sac à PV » disposant le plus souvent d’un bouclier relativement difficile à réduire à néant.
- Soutien : comme son nom l’indique, ce personnage doit coûte que coûte maintenir ses coéquipiers en vie. Les techniques sont nombreuses, mais le but unique.
- Défense : Sniper, tourelle ambulante, ingénieur mécanicien… À vous de choisir !
- Attaquant : probablement ceux dont les dégâts infligés sont les plus importants, mais dont la barre de vie ne tient qu’à un fil…
Chaque avatar est noté selon un certain niveau de difficulté allant de une à trois étoiles (du plus aisé au plus ardu). Mais en vérité, aucune classe n’est simple à maîtriser, et ce, malgré le nombre d’étoiles indiqué. Sachez simplement que pour être le meilleur à Overwatch, il vous faudra, au minimum, connaître une classe par catégorie, afin de vous adapter à chaque situation. Bien évidemment, l’intérêt du jeu est de parvenir à toutes les maitriser.
Au début de chaque partie, vous disposez d’un laps de temps suffisant pour choisir quelle classe aborder. Un indicateur propose aux six membres de l’équipe la composition optimale à déterminer (1 Tank – 1 Soutien – 1 Attaquant – 1 Défenseur – 1 Sniper – 1 Ingénieur par exemple), information qu’il est possible d’outrepasser, à vos risques et périls. Par ailleurs, comme tout FPS compétitif qui se respecte, Overwatch doit impérativement se consommer à plusieurs. Les parties solo se révèlent ainsi moins intéressantes, tant il semble primordial de devoir communiquer afin de s’adapter à la physionomie du match. Paradoxalement, il vaut mieux être seul afin de trouver une partie rapidement plutôt que de jouer à trois et devoir attendre deux minutes. Le matchmaking devra être fignolé à l’avenir.
Sur le champ de bataille, chaque joueur dispose d’une minute pour se placer, changer d’avatar… Sachez qu’il est possible d’en changer même durant l’affrontement, que vous soyez mort ou non ! Un système ingénieux, qu’il vous suffit « d’activer » (lorsque vous êtes en vie) en retournant dans votre Hub et en maintenant la touche carré. Une excellente idée, qui rend le soft incroyablement dynamique et stratégique, et ce, à travers les deux seuls modes de jeu proposés.
- Capture de point
- Convoi
Deux, c’est bien cela, vous n’avez pas rêvé. Et il s’agit là du point noir d’Overwatch. Son contenu faiblard. Paradoxal n’est-il pas ? Mais étrangement, la déception n’est que partielle, car en bon FPS stratégique qu’il est, Overwatch parvient malgré tout à donner du plaisir, en nous permettant de jouer à chaque fois dans un autre contexte. Deux modes de jeu certes, mais un nombre important de combinaisons de héros à utiliser et à affronter, dans divers environnements. C’est peu, il faut en convenir, mais c’est assez jouissif. L’addiction est quasi-inévitable, même si au fil des semaines, l’intérêt risque clairement de s’estomper. À Blizzard de réagir ou nous prouver le contraire.
Au final, le point fort de cette nouvelle licence réside dans la diversité du gameplay proposé. Alors que Mei est capable de contrôler la glace en vaporisant ses adversaires d’un air glacé, Faucheur et McCree peuvent de leur côté faire parler leurs gros calibres. Le bouclier de Reinhardt vous sauvera la vie plus d’une fois, tandis que Fatale se terre dans l’ombre, prête à fusiller celui ou celle qui franchira le réticule de son fusil à lunette. Quant à Tracer, elle est d’une rapidité à toute épreuve, peut se téléporter sur de courtes distances et même revenir sur ses pas… Une vraie savonnette ! L’équilibre entre les classes est globalement maîtrisé malgré une nette prédominance de Torbjörn ou Bastion à maîtriser la défense. Là encore, un travail de fond s’impose, mais on apprécie tout de même grandement la version actuellement proposée. Chapeau.
Les exactions commises ne font qu’accroître notre jauge de puissance qui une fois à son maximum (100) déclenchent « l’Ultimate », une capacité spéciale qu’il est possible d’activer à tout instant. Autant vous dire qu’il est important de choisir le moment propice tant cette technique peut faire pencher le sort de la partie d’un côté comme de l’autre. D’autant qu’une partie mal négociée peut être sauvée grâce à cette unique attaque (qui intervient finalement plusieurs fois dans une partie). À titre d’exemple, nous sommes parvenus à de nombreuses reprises à multiplier notre nombre de frags en utilisant l’Éclosion Mortelle de Faucheur, un attaque circulaire lui permettant de nettoyer une zone sur 360°. Résultat des courses, Éliminations : 30 – Morts : 4.
Justice sera rendue
En fin de partie, l’action du match est révélée à l’instar de la killcam finale de CoD, vous permettant par la suite de voter pour votre joueur préféré. Le joueur parvenant à obtenir cinq voix remporte un bonus d’expérience relativement conséquent. Malheureusement, l’XP engendrée ne sert qu’à une seule chose dans ce titre : atteindre des niveaux afin d’obtenir des coffres renfermant de nouveaux skins, punchlines et autres goodies digitaux. Aucun nouvel arsenal donc, évitant ainsi qu’un joueur soit mieux loti qu’un autre sur le champ de bataille. Certains habillages sont d’ailleurs très difficiles à obtenir, étant donné que leur taux de drop est extrêmement bas. Il ne reste donc qu’à enchaîner les parties à la recherche de ces revêtements collector. Un moyen comme un autre d’accroître l’expérience de vie du titre. En tout cas, nous sommes rassurés : le pay to win n’a pas sa place dans Overwatch, et tous les joueurs sont placés sur le même pied d’égalité, qu’importe l’expérience qu’ils auront pu engranger.
Verdict : 8/10
Notre test d’Overwatch vous a sans doute paru très critique, mais il est toujours plus aisé d’aborder les points négatifs d’un titre aussi prometteur. Son univers (malgré l’absence d’une véritable trame scénaristique), son équilibrage réussi, ses personnages hauts en couleurs et surtout son aspect ultra stratégique en font probablement l’un des FPS multijoueur les plus addictifs à ce jour. Hélas, la richesse de son contenu laisse à désirer, et ce, même en faisant mention des 21 avatars disponibles. Les prochaines mises à jour lui permettront sans doute de gagner en qualité.
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