On l’aura attendu longtemps, ce quatrième épisode de la saga One Piece: Pirate Warriors. Cinq années se sont écoulées depuis One Piece: Pirate Warriors 3, ce qui a laissé le champ libre à d’autres projets centrés autour des folles aventures de Monkey D. Luffy, dont un jeu de combat et un titre qui a tenté la formule du monde ouvert mais sans grand succès. Avec One Piece: Pirate Warriors 4, Bandai Namco et Omega Force jouent davantage la carte de la sûreté en reprenant la formule de toujours tout en l’améliorant un peu ici et là, sans oublier d’augmenter encore une fois le nombre de personnages à jouer. Pari réussi ? Après avoir massacré des milliers de Marines, pirates du dimanche et autres loustics de l’univers de One Piece, on vous dit tout de suite si ça a été digne d’une des péripéties de Luffy ou si c’était plutôt une corvée.
Test réalisé sur Nintendo Switch grâce à un code fourni par l’éditeur
Retour vers le passé
One Piece: Pirate Warriors 4 est donc le quatrième volet de l’expérience Musou à la One Piece par Omega Force. Pour ceux qui ne connaissent pas le genre, c’est simple : les Musou, popularisés par les Dynasty Warriors, vous placent sur de larges champs de bataille afin de combattre des dizaines et des dizaines, voire centaines, d’ennemis à la fois. Une formule qui marche plutôt bien avec l’univers sorti tout droit de la tête d’Eiichiro Oda, Luffy et ses amis étant habitués à combattre un paquet de pirates, Marines et monstres sans perdre une goutte de sueur. Ainsi, One Piece: Pirate Warriors 4 propose de revivre divers arcs cultes du manga et de l’anime à travers diverses missions incluant beaucoup de combat, forcément, ainsi que quelques dialogues et cinématiques qui devraient, en théorie, régaler les fans et faire découvrir un monde fabuleux à de possibles néophytes attirés par ce volet.
Qu’en est-il, en théorie ? Eh bien il faut avouer que le résultat propose parfois du bon mais pas toujours. Déjà, One Piece: Pirate Warriors 4 n’inclut pas la majorité des arcs du manga, là où les anciens volets faisaient un effort pour inclure une bonne partie des passages les plus marquants de l’œuvre. Si on peut de nouveau régler nos comptes avec Crocodile, le CP9 et autres vilains dans les arcs d’Alabasta, Enies Lobby, Marineford, etc., pas mal d’arcs sont aux abonnés absents, comme Skypiea, une bonne partie des arcs du début de One Piece, L’Île des hommes-poissons, etc. C’est dommage, même si le jeu inclut quelques scènes ici et là pour faire une piqûre de rappel, surtout que de nombreuses scènes se contentent souvent de faire le minimum, autant en terme de narration que de mise en scène. En contrepartie, les arcs présents sont un peu plus étoffés et incluent plus de cinématiques travaillées, dont certaines qui devraient réussir à émouvoir une fois encore les admirateurs de toujours. L’arc final, celui de Wano, est évidemment original car toujours non conclu ni dans l’anime ni dans le manga. Il propose donc un scénario totalement fan service, pour le meilleur et pour le pire.
Ça va faire mal, ça va cogner la bagarre
Parlons désormais de ce qui fait l’attrait de One Piece: Pirate Warriors 4, à savoir la possibilité d’incarner de nombreux personnages de l’univers de One Piece afin de livrer des batailles gargantuesques à travers des lieux cultes. Autant le dire tout de suite, la formule n’a pas vraiment évolué malgré le temps passé mais il y a tout de même quelques petites nouveautés intéressantes. Dans le principe, on fait la même chose que toujours, à savoir taper, taper, taper, avancer puis on tape de nouveau. Bien entendu, il y a toujours quelques objectifs dans les missions qui cassent un peu la routine comme escorter telle ou telle personne, sauver un allié à temps, tuer des Marines ou des pirates spécifiques afin de faire avancer la quête mais dans les faits, on joue toujours de la même manière. Heureusement, cela reste amusant grâce à des affrontements on ne peut plus exagérés et des personnages aussi puissants que variés. Parmi les « principales » nouveautés, on peut désormais sauter afin de faire des combos aériens avec tous les personnages, qui ont vu leurs coups et mouvements étoffés voire modifiés, tous sans exception. Cet ajout est des plus sympathiques, rendant les combats encore plus fous et dynamiques qu’avant. Il y a également un dash qui permet de foncer vers un adversaire s’il est ciblé, même en plein air, ce qui rend les combats de boss un peu plus intéressants. Enfin, dans cet opus, on peut désormais sortir une attaque spéciale en appuyant sur R(1) plus l’un des quatre boutons d’action, au lieu des anciennes combinaisons (toujours présentes mais qui lancent du coup d’autres attaques). Un brin de modernité et de simplicité pour plus de confort et de plaisir en somme.
Enfin, les personnages sont séparés en quatre catégorie, à savoir puissance, rapidité, technique et vol. Dans le fond, ils se jouent tous de la même façon mais vous vous doutez bien, ils n’effectuent pas les mêmes actions. L’un des avantages de One Piece, c’est de proposer une galerie de personnages farfelus, puissants et tous différents les uns des autres, de quoi garantir un peu de variété dans les batailles. Heureusement, One Piece: Pirate Warriors 4 s’en sort plutôt bien de ce côté-là avec pas moins de 43 personnages dans le roster de base. Il y en a pour tous les goûts : héros puissants comme Luffy qui excelle au corps-à-corps avec son corps élastique permettant des coups excentriques, Sanji qui donne des coups de pied à la vitesse de l’éclair, Crocodile qui peut voler et manipuler du sable comme il souhaite, sans oublier certains nouveaux comme l’Empereur Kaido qui est gigantesque et fait des ravages dans les parages, surtout lorsqu’il se transforme en un énorme dragon surpuissant. Ce qui est également amusant, c’est que les tailles des personnages sont mieux respectées dans cet opus. Ainsi, en plus de Kaido, des personnages comme Big Mom (qui porte bien son nom) et Barbe blanche ridiculisent les ennemis qui ressemblent alors davantage à des fourmis qu’à des humains. On note quelques absents des précédents volets mais dans l’ensemble, le roster est vraiment bon. Pour ce qui est des contrôles et du feeling, cela reste donc bon et même mieux qu’avant, les déplacements et coups étant améliorés.
Cependant, le tout est loin d’être idéal malheureusement. Tout d’abord, malgré les nouveautés énumérées plus haut, la formule reste globalement la même et les missions proposées offrent une expérience très répétitive. Bien sûr, vu le genre, il est compliqué d’offrir de la variété mais on aurait aimé quelques trouvailles supplémentaires après toutes ces années d’attente, surtout que le premier One Piece: Pirate Warriors avait quelques idées originales comme l’utilisation de QTE pour donner davantage d’impact dans les combats de boss ainsi que l’exploration. Ici, on ne fait qu’avancer bêtement vers l’objectif tout en décimant tout sur son passage. C’est amusant, certes mais à la longue, on en veut plus, surtout que le level design reste pauvre, bien qu’un poil meilleur (sauf l’un des niveaux d’Ennies Lobby, avec plusieurs étages, une galère à parcourir à cause de la mini-carte mal fichue). Ajoutons à cela une caméra qui a souvent du mal à se positionner, même lorsqu’on cible un ennemi, offrant parfois des affrontements brouillons, notamment quand on affronte des dizaines et dizaines de lascars en même temps. Pour finir, la difficulté : la majeure partie du temps, on n’a même pas à se soucier des alliés à sauver ou de la santé à récupérer en fouillant les coffres des niveaux tant les ennemis ne représentent pas de danger. Les boss sont également assez faciles en général, puisqu’on peut abuser du dash et des techniques spéciales pour ne leur laisser aucun répit. Cependant, des fois, la difficulté monte crescendo et on se retrouve avec peu de vie en à peine quelques coups, ce qui peut vite devenir un calvaire lorsqu’on se fait assaillir de partout. On aurait aimé davantage de travail de ce côté-là, surtout que certains types de personnages, notamment ceux qui sont techniques, sont plus complexes à jouer que les autres.
Pour ce qui est des modes de jeu, il y a donc le mode Histoire qui propose 5-6 missions par arc, le mode Libre qui permet de refaire les missions du mode Histoire avec plus de liberté et enfin, le mode Trésor, proposant des challenges à accomplir avec des sélections de personnages spécifiques. Pour débloquer les personnages, le mode Histoire est évidemment le meilleur moyen mais il y a également des conditions spéciales pour en obtenir certains. Aussi, afin d’améliorer le casting, on obtient toujours de l’argent et des pièces de personnages après avoir accompli une mission, qu’on dépense dans des arbres de compétences, pour avoir tout le monde au meilleur niveau, il vous en faudra du temps. Il y a également un petit peu de personnalisation, avec le choix des compétences et attaques spéciales, à vous de choisir celles qui vous conviennent le mieux. L’un des attraits de ce quatrième volet, c’est aussi de jouer en multijoueur soit à quatre joueurs dans des modes spéciaux coopératifs, soit carrément jusqu’à douze avec le mode Bataille de territoires. De quoi relancer un peu l’intérêt et étoffer la durée de vie, assez conséquente si on adhère vraiment à l’expérience. Rien que le mode Histoire demande près de 10 heures mais on le rappelle, c’est assez redondant.
Des écrans bien remplis mais pas souvent comme il faut
Qui dit Musou dit souvent tonne d’ennemis à l’écran et aussi, malheureusement, divers soucis techniques. Qu’en est-il de One Piece: Pirate Warriors 4 ? Eh bien il est dans la lignée de ses prédécesseurs, avec ses hauts et ses bas. Pour ce qui est du positif, les personnages et décors sont plutôt bien modélisés, respectant les traits particuliers de l’univers d’Oda. La fluidité est également exemplaire, même sur Nintendo Switch, version que l’on a testée, alors que l’on combat tout de même des tonnes et des tonnes de méchants. Certes, c’est loin d’être du 60 images par seconde et ça varie souvent mais cela ne descend que très rarement en dessous de 30 images par seconde. En version dock, cela tourne également assez bien côté résolution, malgré quelques ombres pixelisées. L’interface est également plus réussie, à l’exception de la mini-carte qui reste illisible. Enfin, notons que les décors sont désormais destructibles avec des bâtiments, arbres et autres éléments qui explosent dans tous les sens, immergeant davantage dans les batailles épiques. Du côté des animations, on a une fois de plus du travail de qualité avec des déplacements et coups dans la pure folie de One Piece, sans oublier des effets réussis, ce qui empêche clairement de s’ennuyer totalement durant les affrontements malgré le côté répétitif.
Cependant, côté textures et variété dans les ennemis, c’est souvent pas terrible du tout, surtout en mode portable où l’on atteint un rendu ignoble par moments. Résolution très faible, aliasing prononcé, clipping davantage accentué (mais c’est également assez présent même avec la Nintendo Switch dockée), absence de décors par moments… Il y a même des passages où les textures sont totalement absentes et les décors très sommaires, donnant des résultats indignes de la Nintendo Switch. On comprend qu’un tel titre demande des ressources particulières, au vu du nombre d’ennemis à l’écran, entre autres mais cela n’excuse pas un retard technique de plusieurs années à certains moments. Un conseil, évitez d’y jouer en mode portable le plus possible, sauf si vous aimez vraiment y jouer ainsi (surtout si vous avez une Nintendo Switch Lite, où le choix n’est pas possible) et que vous avez déjà fini telle ou telle mission en mode dock. Il y a une réelle différence entre les modes dock et portable, contrairement à d’autres jeux sur la console de Nintendo. Heureusement, les cinématiques, elles, sont toujours réussies même en mode portable. Enfin, coté bande son, on note que les personnages ont droit aux doubleurs habituels de l’anime, offrant toujours de belles performances quelles que soient les circonstances. Pour ce qui est des musiques, si l’on a toujours pas des morceaux dignes de l’anime et du travail particulier du compositeur Kojei Tanaka comme dans One Piece: World Seeker (mais ça ne l’a pas sauvé pour autant), Omega Force livre encore des compositions rythmées mélangeant rock et orchestral qui collent plutôt bien au genre et la licence. Aucun morceau ne restera particulièrement dans votre mémoire mais cela fait bien le travail, assurément, de quoi vous motiver à travers les longs combats du jeu.
Verdict : 6/10
One Piece: Pirate Warriors 4 ne réinvente clairement pas le genre mais il propose tout de même de passer quelques bons moments en compagnie de Luffy et de bien d’autres personnages cultes issus de One Piece, afin de livrer des batailles démesurées et explosives. Cependant, il n’offre pas de grandes nouveautés et il manque cruellement de variété une fois de plus, tout en ayant divers soucis techniques, narratifs, etc. Dommage qu’il ne soit pas davantage travaillé, surtout que c’est loin d’être la première tentative d’Omega Force. Malgré tout, les fans de One Piece devraient y trouver leurs comptes malgré les défauts et les autres, eux, y trouveront un Musou efficace et fun mais qui aurait pu être bien meilleur avec quelques corrections.
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