Après une première tentative de monde ouvert guère concluante et un 4ème Musou, One Piece s’aventure à nouveau sur le sentier du RPG classique avec One Piece Odyssey, adaptation développée par ILCA. Malgré ce que son titre laisse penser, l’aventure se déroule sur qu’une seule île inédite mais grâce à un nouveau personnage, Luffy et son équipage revisitent certains lieux emblématiques de la saga d’une manière spéciale. Si nous n’avons pas tout à fait une odyssée digne de celle d’Homère (le poète grec, hein), One Piece Odyssey ne manque néanmoins pas d’un minimum d’attrait.
Test réalisé sur PS5 grâce à un code fourni par l’éditeur
One Piece: Chain of Memories
Dans One Piece Odyssey, tout commence comme d’habitude pour les fameux Chapeaux de paille ou presque : après une balade en mer, l’équipage de Luffy approche d’une nouvelle île nommée Waford. Les choses empirent rapidement avec une tempête ravageuse qui fait échouer Luffy et ses amis sur l’île, avec leur bateau Sunny en mauvais état et le squelettique Brook qui se retrouve en état de « fantôme » à cause de son corps resté en mer. Ils partent donc explorer l’île afin de trouver de quoi réparer le navire et suite à des mésaventures, ils tombent sur les seuls Humains habitant les lieux, à savoir Adio et Lim, des personnages inventés pour le jeu. Adio est un explorateur qui a lui aussi échoué sur Waford, il a décidé de rester avec Lim, une jeune fille mystérieuse qui a le pouvoir de voler les souvenirs et les capacités des êtres vivants. C’est d’ailleurs ce qu’elle fait à Luffy et le reste des Chapeaux de paille car elle n’aime pas spécialement les pirates pour une certaine raison. Ainsi, en plus de devoir réparer le Sunny, Luffy et ses camarades doivent percer les mystères de Waford, se lier d’amitié avec Adio et Lim puis plonger dans certains lieux de leurs souvenirs afin de redevenir tels qu’ils sont vraiment.
Vous l’aurez compris à la lecture de ces lignes, le scénario de One Piece Odyssey est en quelque sorte un prétexte pour que les fans de l’œuvre d’Eiichiro Oda puissent s’aventurer dans certains arcs emblématiques, pour le meilleur et pour le pire. L’histoire propre au jeu est anecdotique au final, vu que le principal se passe dans les endroits déjà visités par Luffy et ses alliés. Certes, il y a quelques faits intéressants à propos de Waford et un minimum de suspense autour des nouveaux personnages mais en dehors de quelques passages, il n’y a pas grand-chose à retenir de cette aventure des Chapeaux de paille. Si on ne s’attendait pas à la qualité d’un véritable arc écrit par Eiichiro Oda, bien que l’auteur ait planché sur le jeu, davantage d’ambition n’aurait pas été de refus, ce qui fut également le cas de One Piece: World Seeker.
Là où One Piece Odyssey a de quoi faire plaisir aux amateurs du manga et de l’anime, c’est par son respect des personnages et de l’ambiance One Piece. De ce côté, le travail d’ILCA est honorable avec des dialogues et situations dignes de la licence, tantôt drôles et exagérés, tantôt épiques et émouvants. En outre, il est plaisant de revisiter certains arcs de One Piece sous un angle légèrement remanié et si les surprises ne sont pas vraiment au rendez-vous, le charme opère toujours, surtout dans les arcs Alabasta et Water Seven qui ne manquent pas de moments cultes. D’ailleurs, pour les novices, même si One Piece Odyssey peut se laisser suivre, il est tout de même fortement recommandé d’être quasiment à jour dans le manga et l’anime au vu des multiples références. Dommage cela dit que le titre ait quelques soucis de rythme, ce qui gâche parfois le déroulement de l’épopée, autant dans son scénario que dans son gameplay.
Cap sur le tour par tour
Il suffit de peu de temps pour se rendre compte que One Piece Odyssey est un jeu à l’ancienne. On retrouve pratiquement tous les codes propres aux RPG d’antan : exploration de niveaux plus ou moins grands avec beaucoup de couloirs, coffres à ouvrir, combats à mener/éviter, passer du temps dans des menus afin d’améliorer les personnages, donjons à finir, quêtes à accomplir… Certes, cela s’applique également à plusieurs RPG d’aujourd’hui et même aux jeux d’action-aventure modernes mais One Piece Odyssey possède vraiment un feeling classique dans les moindres détails, ce qui ne joue pas toujours en sa faveur. Pour ce qui est de l’exploration justement, s’il y a quelques bonnes idées comme le fait d’exploiter les aptitudes des Chapeaux de paille à diverses occasions (Luffy peut atteindre des zones en hauteur, Zoro est capable de couper des portes et des coffres en métal, etc.), le tout se fait via des changements de personnage, animations et transitions qui prennent un certain temps, ce qui agace souvent. La vitesse de course est lente, il y a beaucoup d’interruptions avec des écrans noirs, ramasser des objets n’est pas immédiat, les allers-retours sont légion, le système de sauvegarde se fait via des checkpoints… Bref, de ce côté, ce n’est pas forcément la joie, même si cela reste tout à fait serviable.
Heureusement, le principal attrait de One Piece Odyssey, ce sont ses combats au tour par tour réalisés avec soin. Là aussi, les fans de RPG n’ont pas de quoi être dépaysés avec un système de commandes vu et revu : attaque de base, objets, aptitudes, fuite, changement de personnage… rien de spécial en soi mais originalité ne rime pas avec qualité. Avec les coups et actions spéciales, les caractéristiques de chaque Chapeau de paille sont davantage exploitées qu’en exploration et leur nombre a de quoi étonner. Ainsi, avec ses pouvoirs élastiques, Luffy a de nombreux coups frappant plusieurs ennemis à la fois et son Gear 2 améliore son attaque, Chopper peut soigner les alliés, Nami peut déstabiliser les ennemis avec ses éclairs ou son charme… ILCA connaît l’univers One Piece sur le bout des doigts et ça se ressent à chaque affrontement. Il y a même des choix qui ont de quoi donner le sourire aux inconditionnels de la franchise, comme le fait que Robin ait une attaque où elle attrape des… attributs masculins afin de les écraser, ce qui fait très mal, cela va sans dire.
En outre, rajoutez à cela un système d’avantage/faiblesse selon les classes des héros/ennemis ainsi qu’un autre focalisé sur l’emplacement – pour le coup, c’est plutôt original et bien vu car les héros et ennemis sont placés dans des zones à part, qu’on peut quitter ou rejoindre selon ce qu’on fait – et on obtient un gameplay aussi stratégique qu’amusant, même sans atteindre la profondeur d’un Persona ou autre. Dommage que la difficulté soit peu au rendez-vous, avec des combats de base qui se terminent très rarement avec un game over et des boss qui ne sont pas spécialement ardus en dehors de quelques exceptions. Aussi, le bestiaire n’est pas aussi étoffé qu’on l’aurait aimé mais on retrouve avec joie divers monstres et Humains croisés dans le manga/anime, en plus d’un peu de sang neuf ici et là.
Pour ce qui est de la gestion commune à pratiquement tous les RPG, on a une montée de niveaux et, surtout, des équipements à acquérir et à donner aux personnages. Ces derniers peuvent être trouvés ou achetés et il y a un système de cases afin de les équiper, donnant des améliorations comme une grosse augmentation de points de vie, de défense, plus de chance de coup critique, etc. En outre, on a de la fusion d’équipements, des objets à fabriquer avec Usopp, des aliments à cuisiner avec Sanji permettant de sauver la mise lors des combats et même des campements où les Chapeaux de paille font la fête, ce qui permet de les améliorer durant quelques batailles. Oui, c’est un peu n’importe quoi mais ça correspond tout à fait à l’esprit One Piece, prouvant que le mélange entre RPG et la licence fonctionne. Côté contenu, One Piece Odyssey n’en manque clairement pas mais hélas, le rythme pose définitivement problème avec un arc d’Alabasta bien trop long par rapport aux autres et les derniers arcs semblent avoir été faits à la dernière minute, avec beaucoup moins de choses à y faire et des événements raccourcis. Quant à l’annexe, rien de bien folichon avec beaucoup de quêtes dites FedEx mais si vous tenez à tout faire, il y a facilement plus de 30 heures de jeu garanties, pour peu que la répétitivité ne vous rebute pas trop.
Une odyssée qui vaut le détour ?
Lors de son annonce, les choix graphique et artistique de One Piece Odyssey ont fait vriller quelques sourcils mais pas autant que ceux de Sanji. Il faut dire que contrairement à du Naruto ou Dragon Ball FighterZ, encore une fois, on se retrouve avec un style plus éloigné de ce qu’on pourrait attendre d’une adaptation de manga/anime mais là où One Piece: World Seeker décevait en général en dehors du rendu des personnages, One Piece Odyssey se montre plus convaincant. Même s’il y a quelques effets un tantinet étranges et/ou trop « réalistes » pour du One Piece, l’aspect propre à la franchise est là avec des décors aussi charmants qu’exagérés et des textures dessinées qui font mouche. Quant aux personnages et monstres croisés sur le chemin, leurs modélisations sont honorables. C’est surtout l’animation qui fait son effet dans One Piece Odyssey, avec des cinématiques et des combats donnant lieu à de belles prestations.
Techniquement parlant, le résultat de One Piece Odyssey est toutefois un poil en retrait sur les dernières consoles. En mode résolution, le framerate semble plus lourd que dans d’autres productions et en mode performance, on a un aspect flou assez notable sur une grande télévision alors que nous sommes loin d’avoir un jeu poussant les machines à leurs bouts. Aussi, bien que les temps de chargement soient assez courts, le fait qu’il y ait beaucoup coupures gâche un peu la chose. Quant à l’utilisation de la DualSense sur PlayStation 5, elle est assez efficace mais les vibrations sont trop faibles, dommage.
Passons désormais à la musique, avec un choix étonnant de la part de Bandai Namco et ILCA. Si One Piece: World Seeker a bénéficié de la participation du compositeur de l’anime, ce qui a donné de belles musiques (mais mal utilisées), One Piece Odyssey a pour compositeur Motoi Sakuraba. Oui, vous avez bien lu, c’est le responsable de diverses bandes originales fortement connues du jeu vidéo comme dans les séries Dark Souls, Tales of, Baten Kaitos, Golden Sun et bien d’autres encore. Un excellent choix donc et le monsieur s’est parfaitement adapté à l’univers One Piece. Malgré la présence de quelques morceaux épiques détonnant peut-être un peu trop, semblant venir tout droit d’un Tales of, les musiques de One Piece Odyssey sont en général de très bonne facture et nous bercent les oreilles à différentes reprises.
Enfin, côté doublage, on retrouve une fois de plus les acteurs japonais de l’anime qui s’en donnent à cœur joie. Si tous les dialogues ne sont pas doublés, on entend tout de même beaucoup les Chapeaux de paille ainsi que d’autres nombreux personnages connus des fans. On pouvait redouter un travail bâclé vu qu’on retrouve des arcs revisités et pas aussi poussés que dans le manga/anime, forcément mais si les prestations ne sont pas aussi poussées, on retrouve quand même de l’émotion digne de Luffy et compagnie.
Verdict : 7/10
Sans être un jeu qui réinvente le genre, One Piece Odyssey est un RPG de qualité qui plaira notamment aux fans de l’œuvre d’Eiichiro Oda. Quelques défauts, il en a mais il a également du cœur et on ressent qu’ILCA n’a pas négligé le matériel de base, loin de là. Grâce à ses combats fun, son allure rendant plus ou moins honneur à l’œuvre d’Eiichiro Oda et sa bande-son efficace, One Piece Odyssey s’impose comme une adaptation convaincante et on espère que Bandai Namco éditera davantage de titres One Piece de ce calibre, chose qu’on ne voit clairement pas assez.
Laisser un commentaire