Sorti d’abord en 2006 au Japon, puis en 2007 en Europe, Okami est un jeu d’action-aventure, signé Clover Studios (les papas de Viewtiful Joe), qui avait su enchanter les joueurs PlayStation 2 de par son esthétique des plus originales, ainsi que par le biais de sa somptueuse bande originale. Le bougre s’était pourtant assez peu vendu, et ce en dépit d’un accueil absolument dithyrambique de la part de la presse spécialisée (Joypad, ainsi que le magazine officiel de la PlayStation 2 lui avaient tout de même accordé la note de 20/20). En 2007, Clover ferme ses portes, mais Ready at Dawn (les développeurs de The Order: 1886) sont chargés par Capcom de sortir Okami sur Wii. Suite à quoi, Okami HD sortira finalement sur PlayStation 3 en 2012. Une énième itération que l’on pensait être la dernière… Pourtant, en ce 12 décembre de l’an 2017 s’apprête à débarquer le remaster d’Okami HD (qui lui-même en était un), sur PlayStation 4 mais aussi pour la toute première fois sur PC et sur une console Microsoft, la Xbox One. Verdict.
Test réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur
C’est donc, mine de rien, la quatrième fois que ce fameux Okami se voit édité, et Capcom espère sans doute ainsi que les retardataires vont enfin se mettre à la page. Il faut dire que si le titre de Clover est devenu culte, c’est que le bougre est un véritable régal. À la fois pour les oreilles mais aussi pour les yeux. Sur ce point d’ailleurs, il convient de rappeler quelles sont finalement les vraies nouveautés ajoutées au menu de cet énième Okami HD. Tout d’abord, sachez que le jeu tourne désormais en 4K. Eh oui ! Grâce à la technologie embarquée baptisée Extra Visual Mile, le titre, qui vient de fêter ses 11 ans d’existence, en profite donc pour se refaire une beauté façon Ultra-HD. Clairement, si nous étions plus ou moins sceptiques quant à l’impact de cette nouvelle résolution sur un jeu aussi âgé (à plus forte raison en cel-shading), le rendu nous a fait taire en quelques minutes à peine. Car si les textures sont toujours aussi basiques, les couleurs, elles, n’ont plus rien à voir avec la version 1080p, et encore moins avec la version 480p de l’époque, bien évidemment. Tout possesseur d’une dalle de qualité, prenant en charge la technologie HDR se verra donc récompensé, vous pouvez nous croire. Bien évidemment, seule la PlayStation 4 Pro, la Xbox One X, ou encore une config PC musclée vous garantit un rendu 4K. Tout autre support se verra « cantonné » au 1080p.
♫ Tétéou le grand méchant loup ♫
Deuxième ajout à noter sur toutes les versions : le choix du ratio. En effet, pour ceux qui voudraient retrouver l’ambiance de la version PS2, Okami HD vous laisse le choix via le menu Options de basculer en 16:9 ou en 4:3. Évidemment, cela n’a que très peu d’intérêt en soi, sauf si vous aimez les bandes noires. Sachez également que Capcom s’est décidé à remettre un bonus qui avait été retiré de la première version HD du jeu, à savoir les mini-jeux qui apparaissent durant les temps de chargement. Ces derniers vous permettent de remporter des Crocs de Démon, monnaie qui vous sera demandée si vous avez l’intention de vous procurer des objets en jeu. Enfin, ultime ajout, réservé cette fois à la version PS4 : le Pinceau Céleste (qui vous permet de dessiner des formes qui prendront vie à l’écran) peut à présent être utilisé grâce au pavé tactile de la manette DualShock 4. Bien évidemment, vous pouvez tout à fait utiliser cette fonctionnalité en utilisant les touches du pad (à savoir R1 + Carré), mais disons que l’ajout est appréciable. Concernant le framerate, toutefois, certains seront probablement déçus d’apprendre que le jeu tourne cette fois-ci encore à 30fps, tandis que les menus, eux, atteignent les 60fps. Il faut malgré tout comprendre que le jeu n’a jamais été pensé pour être joué autrement qu’en 30 images/seconde, et que le rendu « tremblotant » façon estampe s’en retrouverait complètement faussé.
Outre ces considérations purement techniques liées finalement à cette « nouvelle » version du jeu, il va sans dire que le titre initialement créé par Clover reste inchangé malgré le poids des années. Après tout, qui s’en plaindra ? Ce jeu d’action/aventure (que l’on pourrait sans trop de peine qualifier d’action/RPG) avait coutume, à l’époque, d’être fortement comparé à un Zelda. En soi, ce n’est pas là non plus la pire référence que l’on puisse citer, vous en conviendrez. Dans ce conte asiatique, rappelant des chefs-d’oeuvre tels que Mulan notamment, le monde a perdu ses couleurs et sa joie de vivre depuis qu’Orochi, le dragon démoniaque à 8 têtes, fait régner les ténèbres sur Terre. Sakuya, la déesse de la flore aimant se balader en petite tenue, va donc réveiller la déesse du Soleil nommée Amaterasu afin de sauver ce qu’il reste de nous. C’est justement cette fameuse Amaterasu que vous incarnerez durant toute l’aventure, mais réincarnée dans le corps du légendaire Shiranui. Autrement dit… vous êtes maintenant un loup blanc. Rassurez-vous, vous vous ferez très rapidement à la maniabilité lupine, qui s’avère être très souple et intuitive. Et si la caméra placée derrière Amaterasu vous dérange, sachez qu’une simple pression sur la touche L1 et le point de vue changera instantanément pour se placer au-dessus de vous. Enfin, sachez que vous serez aidé dans votre tâche par Issun, un artiste errant transformé en insecte. Ce petit personnage est extrêmement bavard et se montrera même lubrique lors de certains échanges avec la déesse Sakuya.
Mystère et boule de poils
Côté gameplay, le tout tombe très rapidement sous la main, mais c’est avant tout la progression de l’ensemble qui est fort bien pensée. En effet, outre ces nombreux PNJ et les quêtes secondaires qui vont avec, il vous sera demander pour avancer dans la trame principale d’apprendre les 15 techniques du Pinceau Céleste. Bien sûr, à la manière d’un Metroidvania, de nombreux endroits de ce gigantesque monde ouvert vous demanderont d’aller voir ailleurs, le temps que vous ayez obtenu les techniques nécessaires. Le jeu ne vous les octroyant qu’au compte-gouttes, on comprend vite qu’il va falloir beaucoup explorer, parler à tout le monde, mais aussi et surtout parcourir tous les donjons et affronter tous les boss du jeu. Côté affrontements, justement, Okami n’a rien à envier aux autres titres du genre. Ici, les démons vous attaquent à n’importe quel endroit de la map (hors villages). Ce qui donne lieu à la création instantanée d’une arène magique, fermée par un cercle spirituel, et de laquelle vous ne ressortirez pas avant d’avoir annihilé la menace locale. Aux simples coups de pattes viendront bientôt s’ajouter des attaques aériennes, des coups d’épée, des esquives, mais aussi des techniques de peinture apprises au cours de vos pérégrinations (tranchez les ennemis en deux, faites apparaître une bombe, etc.).
C’est d’ailleurs finalement, aussi, en ça que le jeu force le respect. Car oui, tout se rejoint et donne à l’ensemble une cohésion des plus plaisantes. On n’est pour ainsi dire jamais bloqué par quoi que ce soit, on prend plaisir à déambuler dans ce monde empli de spiritualité comme seuls les contes savent en distiller. D’ailleurs, heureusement que la balade est plaisante, car il ne vous faudra pas moins de 35 heures pour en voir le bout. Oui, le jeu bénéficie d’une énorme durée de vie comme seuls les titres de l’époque savaient en proposer. Ainsi, visez les 70 heures (et plus) si vous cherchez à obtenir les 51 trophées PSN dudit titre (Platine compris). Sans oublier les 99 perles errantes disséminées à travers la map, les 20 espèces animales à trouver (et à nourrir), les 36 trésors qui n’attendent que vous, ou encore les 17 techniques de combat à assimiler progressivement.
De quoi vraiment finir par se prendre pour un loup, tout du moins le temps de cette sublime invitation au voyage. Il faut dire aussi que le jeu propose un cycle jour-nuit des plus appréciables et, nous vous le disions (beaucoup) plus haut, une bande-son absolument magistrale. Composées, entre autres, par Rei Kondoh (Bayonetta, Ni No Kuni…) et Masami Ueda (Resident Evil, Devil May Cry…), les mélodies, très traditionnelles, qui nous accompagnent dans notre périple ont de quoi nous rappeler les meilleures pièces de Meiko Kaji par exemple. Un gage de qualité certain.
VERDICT : 9/10
Au-delà de ses qualités intemporelles, Okami revient une quatrième fois et il nous incombe de vous dire si cette version remasterisée du remaster (!) vaut véritablement le coup. Clairement, oui, mais pas pour tout le monde. Effectivement, si comme nous vous êtes un fan du jeu originel et/ou que vous désirez en prendre plein les yeux en 4K grâce aux rendu des couleurs que l’on qualifiera de chatoyant, alors il n’y a pas à hésiter une seule seconde. Idem si vous êtes un joueur PC, Xbox One, et/ou que vous n’avez jamais touché au jeu sur PlayStation 2 ou sur Wii. Dans ce cas précis la question ne se pose même pas, tant l’oeuvre de Clover mérite d’être parcourue au moins une fois dans la vie d’un gamer. En revanche (oui, car il y a un « en revanche »), si vous avez déjà fait le jeu, que vous l’avez encore et que cela vous a suffi, il est évident que cette énième version ne chamboulera pas votre quotidien. Toutefois, difficile de tirer sur l’ambulance lorsque celle-ci affiche un tarif de 19,99€, et ce que ce soit en digital ou en version physique.
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