Si les remake HD et autres remises à niveau de jeux ont toujours fait partie de l’histoire des jeux-vidéo, il faut avouer qu’actuellement ce genre de procédé devient monnaie un peu trop courante. Et généralement, les développeurs se contentent de nous offrir un bête lissage HD sans y apporter de réelle nouveauté. C’est dans ce contexte que New’N’Tasty débarque, mais fait-il partie de ce lot d’adaptations insipides dont votre porte-feuille se serait bien passé ?
Bienvenue à RuptureFarms
[dropcap]P[/dropcap]our ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de faire connaissance avec Abe et son monde étrange, il convient de faire un rapide point sur l’histoire afin de (re)poser les bases: Abe est un jeune mudokon travaillant comme employé à RuptureFarms. Son travail de balayeur semble le ravir, puisqu’il a d’ailleurs obtenu le titre d’employé du mois. Entre ça et travailler dans l’usine de viande qui produit de succulentes tartes au Paramite et de délicieux gâteaux au Scrab, la vie de notre protagoniste semble plutôt comblée. Mais ça, c’était avant. Car lors de sa dernière ronde, Abe a eu le malheur de surprendre Molluck, directeur de RuptureFarms en discussion avec les autres Glukons. Les ventes de tartes au Paramite et de gâteaux au Scrab dégringolent mais ce n’est pas un problème puisqu’une nouvelle recette destinée à faire exploser les ventes est sur le point d’arriver. Et cette nouvelle recette c’est vous ! Enfin, c’est Abe et tous ses collègues Mudokons. Ayant découvert ce terrible secret, il n’a plus d’autre choix que de s’échapper de l’usine de viande en emportant dans sa fuite un maximum de ses collègues. Mais on ne s’improvise pas sauveteur d’une race entière comme cela, et le périple sera parsemé d’embuches. Ceux qui ont joué à la version originale le savent très bien, Oddworld New’N’Tasty est tout sauf un jeu facile.
D’ailleurs, les habitués et amateurs du jeu d’origine auront vite fait d’avoir des étoiles dans les yeux dès les premières secondes de cinématique passées. Le travail effectué par les équipes de Just Add Water et Oddworld Inhabitants est phénoménal en tous points. Il faut avant tout savoir qu’en son temps, L’odyssée d’Abe avait su marquer les esprits grâce à sa direction artistique hors du commun. Les graphismes étaient déjà considérés comme magnifiques, mais plus encore, le jeu disposait d’une ambiance qui lui était propre. Cela favorisait l’immersion du joueur dans un monde peuplé de créatures étranges tout droit sorties des génies qui sont à l’origine de la saga. Que l’on aime ou pas, on ne peut que reconnaître le travail qui a été abattu pour monter de toutes pièces un univers unique, solide et surtout pertinent. Les personnages sont attachants, certains gimmicks sont devenus définitivement cultes (Qui ne connait pas le fameux « Salut ! » ou encore « Suis moi »?) et on se prend à baver devant les décors de mondes tels que Paramonia. On s’aperçoit au fur et à mesure du jeu que le constat s’applique pour cette version PS4. Ne voyez pas le jeu comme un banal remake en HD, ce serait une insulte au travail colossal fourni pour nous offrir New’N’Tasty. Non, prenez le comme une re-création des premières aventures d’Abe, comme si on vous disait « Mais qu’est-ce que ça aurait donné si, au lieu de sortir sur PSone en 1997, Oddworld: L’odyssée d’Abe était sorti en 2014 sur PS4 ? ».
« Salut. Suis moi. » « Okay »
[dropcap]E[/dropcap]n partant sur de nouvelles bases, les développeurs ne pouvaient que fournir un travail de qualité, puisqu’ils ont magnifié ce qui faisait le charme du jeu d’antan. Les graphismes sont d’une finesse exemplaire, les différentes créatures sont plus vivantes que nature – Mais ça, on ne s’en rend compte qu’après s’être fait poursuivre par un Scrab affamé – et les environnements sont à tomber par terre. Chaque nouvelle zone apporte son lot de petits détails, les arrières plans sont très fouillés et on se prend à poser la manette pour contempler certains panoramas. Pour un jeu en 2D, on n’en attendait pas tant et on peut sans aucun soucis le placer parmi les plus beaux jeux de la console. Si la refonte visuelle est une réussite, le constat est un peu plus nuancé pour le gameplay mais rien qui ne vient ternir le tableau, soyez rassurés.
Dans Oddworld, la réflexion prime sur l’action. Abe n’est pas un guerrier, ne peut pas se battre et n’a pas d’armes à disposition. En revanche, il pourra compter sur son pouvoir d’envoûtement pour révéler divers indices, prendre possession des Sligs ou encore ouvrir des portails qui permettront de libérer des Mudokons ou d’accéder à des zones secrètes. En tant que bon puzzle-game, il faudra réfléchir avant de se lancer dans la moindre action sous peine de devoir retourner au dernier checkpoint. Ces derniers étant disséminés à intervalles réguliers, le tout couplé au système de Quicksave (en utilisant le pavé tactile), tout est fait pour aider le joueur lors de passages corsés. Vos nerfs risquent d’être mis à rude épreuve si vous n’avez pas l’habitude de ce genre de jeux, et il faudra bien souvent mourir pour comprendre ses erreurs et mieux recommencer. Dans l’itération sur Playstation, le jeu était découpé par écran, tandis que maintenant les zones ne sont plus découpées. Cela veut dire qu’il faudra faire preuve d’un tant soit peu de doigté afin de passer certaines étapes, comme par exemple lorsque vous chevaucherez l’Elum, les créatures bipèdes qui se feront une joie d’aider Abe dans sa quête.
Ce qui nous fait donc mettre le doigt sur le point noir du jeu : Il faudra parfois être très méticuleux et calculateur dans vos moindres déplacements et sauts. Comme nous avons pu le constater lors de notre test, tout peut parfois se jouer au millième de seconde près ou au millimètre ce qui peut s’avérer très frustrant. Il faudra alors faire preuve de concentration car dans le fond le jeu ne présente rien d’insurmontable. Il faut juste comprendre qu’avant les déplacements d’Abe étaient beaucoup plus « carrés », correspondant aux possibilités technique de l’époque. Désormais les mouvements sont plus fluides et Abe ne pilera plus devant un fossé si au dernier moment vous inclinez le joystick dans la direction inversée. Preuve à l’appui, les connaisseurs seront perturbés, mais cela ne vient nullement gâcher le plaisir du jeu car on aurait difficilement pu envisager un personnage à la gestuelle digne d’une figurine articulée encore plus sur consoles next-gen.
Le Gamespeak est évidemment de retour et il renferme en lui le cœur du gameplay du jeu car c’est ce dernier qui vous aidera dans votre tâche afin de communiquer avec vos homologues Mudokons à sauver. C’est donc à base de « Suis moi » ou « Attends » qu’il faudra indiquer aux pauvres esclaves la marche à suivre pour s’en sortir en vie et éviter de finir dans le ventre de Glukons en mal de mets appétissants. Une fois les différents ordres en tête, vous n’aurez aucun mal à diriger les futurs échappés, encore faudra t-il être capable de leur faire éviter les moults pièges qui se mettront en travers de votre chemin. Mines, hachoirs, portails électriques, trappes, analysez bien votre environnement avant de vous lancer aveuglément dans un sauvetage. Un Mudokon averti peut en valoir facilement une dizaine…
Vis ma vie de Mudokon
[dropcap]L[/dropcap]e soft brille par ses graphismes et sa jouabilité mais n’oublions pas la mise en scène franchement réussie. Car si le but d’Abe est de sauver ses amis, il lui faudra également faire fermer RuptureFarms pour faire cesser tous ces carnages. L’aventure se révèle être une sorte de voyage initiatique pour le personnage comme pour le joueur car chacun prendra conscience des conséquences de la cupidité des Glukons. En effet, ces derniers sont des êtres qui veulent industrialiser le continent de Mudos afin de faire un maximum de profit quitte à exploiter toutes les ressources à disposition. Abe se rendra vite compte que la production de tartes au Paramite et de gâteau de Scrab ont un impact sur l’environnement. Au final l’histoire pourrait être vu comme une sorte de satyre du monde actuel, nous faisant réfléchir à l’impact que produira l’exploitation abusive de ressources naturelles. Le synopsis n’est pas aussi naïf qu’on le croit au premier abord et on prend vite en compte les tenants et aboutissants de la lutte d’Abe pour la survie de sa race.
En ligne droite, le jeu vous retiendra aisément 7 petites heures si vous ne l’avez jamais fait et dans son mode de difficulté normale, ce qui reste acceptable pour un puzzle-game. Pour autant, on ne joue pas à Oddworld pour le finir en ligne droite et ne plus y retoucher. Ce serait insulter la richesse d’un titre qui est bourré de passages secrets et d’une ambiance dont il faut s’imprégner tant il devient difficile de trouver des jeux qui vous procureront ce genre de sensations. Il y aura en tout et pour tout 300 Mudokons à sauver et 3 fins à débloquer, la replay value est donc au rendez-vous, d’autant que sauver les 300 Mudokons en 3h comme l’exige un certain trophée risque de demander du temps et de la patience aux plus téméraires. N’oublions pas dans tout ça que L’Odyssée d’Abe est un jeu apprécié des speed-runners. Avec la possibilité de streamer ses parties, autant dire que le jeu ne devrait pas tomber dans les oubliettes avant un petit moment.
Notons que depuis sa sortie, le jeu est très régulièrement mis à jour (Le patch 1.03 est sorti il y a peu, et le 1.04 est actuellement à l’étude) afin de corriger les bugs qui font leur apparition en pleine partie. Ils sont divers et variés, peuvent se produire à plusieurs reprises comme pas du tout mais certains ne sont pas forcément gênants. Le seul bug que nous avons rencontré lors de notre test a été Abe qui ne répondait plus alors qu’il était en plein envoûtement. Il nous a donc fallu recommencer le chapitre depuis le début à cause d’une Quicksave mal exploitée. On ne va pas vous mentir, c’est assez agaçant lorsque ça arrive, mais ces problèmes sont très ponctuels et en perpétuelle correction. Difficile de dire que cela ternit l’expérience de jeu et il serait dommage de bouder le jeu pour une raison aussi futile. Surtout quand on sait que le jeu possède des arguments de taille comme le cross-buy (sachez cependant que les versions PS3 et PSVITA sont encore en développement) ou encore comme le fait que de son succès dépend l’avenir de la série Oddworld. On espère alors que les nostalgiques auront envie de s’y replonger afin de redécouvrir cette aventure hors du commun et que les néophytes seront attirés par un jeu comme on en fait plus maintenant.
Verdict : 8.5/10
[dropcap]O[/dropcap]ddworld Inhabitants et Just Add Water ont réussi le tour de force qu’est de ré-adapter au goût du jour un jeu PSone sur PS4. Le pari était risqué car les remakes HD font de plus en plus bondir les joueurs et il fallait que le résultat puisse tenir tête aux grosses sorties du moment. Finalement Oddworld : New’N’Tasty s’impose comme un indispensable pour ceux qui ont su apprécier le jeu à l’époque mais aussi pour tous ceux en mal de puzzle-game. Le prix est largement justifié vu la qualité du titre et compte-tenu de l’aspect cross-buy du titre dès lors que les versions PS3 et PSVITA seront disponibles. Ajoutez-y une mise en scène léchée, un univers unique et vous obtenez une légende du jeu-vidéo qui parvient encore à surprendre. Certes on notera quelques imperfections mais dans le cas d’Oddworld : New’N’Tasty on aura du mal à parler de véritables défauts tant ils ne parviennent pas à ternir l’excellente expérience de jeu. On aurait aussi pu vous parler de la somptueuse bande-son dépaysante, mais logiquement là vous devriez déjà nous avoir quitté pour arpenter le PlayStation Store en quête de cet excellent titre.
adrien pletinckx
10 août 2014 at 11 h 50 minSalut,vraiment ce jeu est juste magnifique,fan depuis le premier oddworld en 1997,et bien franchement rien à dire sur ce remake HD,je m’en suis juste prix plein les yeux par ce graphisme, la jouabilité,duré de vie(histoire longue) etc… j’espère vraiment un nouveaux oddworld inédit ou le remake de exode d’abe.
YannP7
10 août 2014 at 17 h 28 minLa meilleure série de jeux-vidéos de l’Histoire ! J’espère que Lorne Lanning et ses équipes en sortiront encore et encore, et encore, et encooooore !
kensama
10 août 2014 at 19 h 28 minOn sait si ce sera aussi cross play?
adrien pletinckx
11 août 2014 at 13 h 07 minoui,sa sera cross play mais d’abord sur ps4 ensuite sur les autre console ps vita,ps3…
kensama
12 août 2014 at 8 h 50 minComme le test ne parlait que du cross-buy, c’est pour ça que je posais la question 😉
kensama
10 août 2014 at 19 h 41 minBon j’ai eu ma réponse ici:
http://www.oddworld.com/oddworldgames/new-n-tasty/
Et apparemment oui on pourra faire du cross Play et cross Save