Premier jeu développé par le studio polonais Critical Hit Games, Nobody Wants To Die est un jeu d’enquête à la première personne en mode film noir dans un New York futuriste. Vous êtes James Karra, un détective, et après votre dernier changement de corps, on vous confie une affaire confidentielle qu’on vous impose comme un suicide. Cependant, vous êtes convaincu que ce n’est pas le cas et que l’histoire est bien plus complexe que ça. Prenez votre respiration avant de plonger dans un univers mêlant Blade Runner et Altered Carbon. Les secrets ne sont pas si bien gardés quand on peut reconstruire les événements.
Test réalisé sur PC à l’aide d’une copie envoyée par l’éditeur
Une enquête prenante
Nobody Wants To Die se passe donc dans la ville de New York, des années après notre ère, dans les années 2329 et la vie n’y est pas aussi rose que cela puisse paraître. Le joueur rentre dans un univers où personne ne peut véritablement mourir. En effet, de grandes avancées technologiques ont permis de découvrir l’ichorite : une substance capable d’être transplantée d’un corps à un autre, correspondant à l’esprit d’un être humain. Grâce à l’ichorite, plus personne n’est capable de mourir, car même si le corps est détruit, tant que l’ichorite est intact, il sera toujours possible de louer un autre corps avec sa conscience à l’intérieur. Car oui, dans Nobody Wants To Die, seuls les plus riches sont capables d’acheter leurs propres corps. La population, elle, se voit louer des corps, avec ou sans défaut, et payer une assurance astronomique tous les mois depuis l’âge de 21 ans. C’est dans cet univers que vous incarnez James Karra, un détective aguerri au service Mortalité, chargé d’élucider une affaire confidentielle impliquant un haut placé. La réputation de James nous précède, il semblerait que notre personnage soit à l’arrêt forcé pour une affaire liée à un incident de train il y a deux semaines. Pour nous aider dans notre enquête, nous serons accompagnés à l’oreillette de Sara Kai, une officière de liaison capable de nous communiquer des informations manquantes lors de la reconstruction des scènes.
Votre supérieur vous fera comprendre que l’affaire en question n’est qu’un simple suicide et qu’il n’y a aucune raison d’enquêter plus que de raison. Malheureusement pour lui, James Karra n’est pas du genre à faire les choses à moitié. Le détective usera donc de tous ses accessoires de détective pour trouver la vérité derrière cette scène macabre : une lampe à UV, un appareil à rayons X ou de remonter le temps avec un gadget au poignet pour reconstruire une scène de crime. Chaque élément de gameplay se fera donc avec les gâchettes de votre manette pour scanner la zone en question. Chaque analyse se termine toujours par un bruit caractéristique ou une couleur particulière pour vous emmener au bon endroit. Et quand James pensera que ce n’est effectivement pas qu’un simple suicide, car après reconstruction de la scène, on comprendra très rapidement que l’ichorite a été altérée, cette personne est morte à tout jamais et cache bon nombre de secrets. James Karra devra faire preuve d’analyses en associant chaque indice obtenu auparavant sur un tableau d’enquête, sous forme de plateau de jeu de stratégie. Il faudra relier chaque théorie à chaque indice pour créer un fil rouge entre chaque élément, permettant à terme de conclure l’affaire convenablement.
Vous passerez tout de même un bon moment à discuter avec Sara Kai, votre officière de liaison, ainsi qu’avec d’autres protagonistes. Une connexion se fera entre vous deux particulièrement, à vous de choisir si vous souhaitez lui révéler la vérité ou non. Car dans Nobody Wants To Die, vos choix auront des conséquences sur l’histoire générale. Des dialogues ne seront disponibles que suivant certaines décisions ou certains éléments de décor que vous avez eu l’occasion d’observer durant votre session de jeu. Il vous suffira d’allouer 5 à 6 heures pour finir le jeu tranquillement. Cependant, ne vous attendez pas à recevoir tous les trophées lors de votre première partie. En effet, certains choix sont binaires et ne débloquent qu’un seul trophée sur les deux. Il vous faudra donc faire l’aventure au moins une deuxième fois pour débloquer l’autre partie desdits trophées. De plus, n’espérez pas pouvoir relancer une sauvegarde, ces dernières sont faites automatiquement et vous n’avez pas la possibilité de sauvegarder par vous-même. Heureusement, elles sont assez récurrentes, vous reprenez presque toujours à l’endroit où vous vous êtes arrêtés lors de votre session précédente.
Une aventure à sens unique
Nobody Wants To Die est un jeu d’aventure narratif. Il s’inspire de tous les autres jeux du même genre, en exploitant la puissance de l’Unreal Engine 5 pour proposer des graphismes photoréalistes de belle qualité. Sorti sur PS5, Xbox Series X|S et PC, Nobody Wants To Die est une expérience réussie. Ayant eu l’opportunité d’y jouer sur PC, nous avons eu la possibilité de pouvoir le tester autant au combo clavier/souris qu’en utilisant une manette. Les touches sont intuitives et ne nécessitent pas de combinaisons compliquées. Le titre tourne en règle générale avec les mêmes boutons, un seul à la fois. Il propose tout de même une séquence de fin où il faudra appuyer en continu sur un bouton. De plus, tout au long du jeu, il faudra proposer une réponse à un autre personnage où le temps s’écoule, un peu à la manière d’un Dark Pictures. Cependant, on aurait aimé que nos choix aient un peu plus d’importance que cela au cours du jeu. En effet, lors de ce dernier, on nous rappellera que nos décisions ont un impact sur le cours de l’histoire. Cependant, nous n’avons pas vu des embranchements différents en fonction de nos choix faits, si ce n’est à la toute fin. Le jeu proposera par ailleurs au minimum deux fins différentes.
Il faut l’avouer, le titre est fluide et les enquêtes s’enchaînent naturellement. Malheureusement, c’est le genre de jeu qui se veut très mécanique, sans d’autres alternatives possibles. Lors de l’étape de reconstruction d’une scène de crime, le jeu vous guidera de A à Z pour arriver au terme de l’enquête. Vous n’avez pas la possibilité de rater un élément. De plus, ce dernier propose une touche particulière pour vous indiquer la démarche à suivre si vraiment vous vous sentez perdu. Ce qui sera rarement le cas, car tout est relié sur un chemin très précis qu’il n’est pas possible de contourner. De la même manière pour l’étape d’analyse de l’affaire en cours sous forme de jeu de plateau, si vous vous trompez sur l’association entre deux éléments, pas de soucis. Le jeu vous montrera que vous avez tort et vous pourriez recommencer autant de fois que vous en avez envie, jusqu’à tomber sur la bonne réponse. Nobody Wants To Die veut simplement que vous arriviez à la fin du jeu sans souci, que ce soit fait de manière réfléchie ou un peu plus brute de décoffrage. Cela se comprend par la volonté d’assimiler les différents rebondissements de l’histoire, mais provoque une certaine frustration et un certain manque de liberté pour le joueur.
Malgré ces quelques soucis de gameplay voulus par le style de jeu, nous avons aussi remarqué un calibrage améliorable pour la musique. En effet, très fréquemment, la musique était plus forte que les dialogues des personnages. Cela détériore un peu l’atmosphère dans laquelle le joueur se plonge. Si on passe outre ces désagréments, le jeu est complet et propose une histoire complexe se jouant sur plusieurs tableaux. Même si trop courte, on nous plonge dans un débat entre le bien et le mal sur un fond de film noir croisé de néons et de voitures volantes. Des questions morales se posent tout au long, nous demandant notre avis sur la question. Notre vision de détective du secteur Moralité en rajoute une couche, James Karra n’est pas non plus tout rose avec son passé que vous apprendrez à connaître plus tard dans le jeu.
Visuellement rien à dire
Visuellement, l’œuvre est propre. On nous plonge dans un univers futuriste, ambiance film noir des États-Unis. Les immeubles sont hauts, la technologie avancée nous entoure et les néons publicitaires sont aussi grands que les bâtiments. Nous ne faisons face qu’à un fin filet de lumière venant du ciel, rappelant sans cesse que la population n’est qu’en bas dans la société. Les haut placés auront l’occasion de se balader dans des dirigeables tout autour de la ville, sans souci. Les cinématiques proposées par Nobody Wants To Die sont à couper le souffle. La puissance de l’Unreal Engine 5 montre toute sa force dans ces animations impeccables. Nous avons posé à plusieurs reprises notre manette pour admirer et profiter pleinement de l’ambiance étouffante de ce New-York du futur. Le studio assume à fond en proposant même des spots précis dans le jeu pour pouvoir simplement admirer la vue et l’ambiance oppressante avec toute cette vie qui grouille tout autour de notre personnage. Il pousse la proposition du film noir américain jusqu’au bout. Les voitures sont très américaines, les affiches de propagande sont dans le thème.
Même si l’ambiance est excellente pour le titre, il ne cache pas ses inspirations. Les références faciles à Blade Runner tant par l’univers que par la colorimétrie de ses plans. Nous avons aussi une très forte ressemblance avec la série Altered Carbon où le thème du transfert de conscience d’un corps à un corps est abordé. Une scène cartoonesque du début nous rappelle aussi de temps en temps les explications des jeux Fallout ou Bioshock. Malgré toutes ces inspirations, Nobody Wants To Die trouve ses propres codes et propose des enquêtes aussi cohérentes que dans les séries américaines. Car oui, il ne faudra parfois pas chercher plus loin. La science-fiction sera très souvent la réponse générale quand la réflexion est un peu trop poussée. De plus, quelques questions resteront sans réponses, et ce, même à la fin du jeu. Ce genre de titre propose donc de nous forger notre propre opinion sur certaines interrogations. Cela reste un peu dommage de ne pas avoir forcément le mot de la fin sur certains aspects de l’histoire.
Le titre remplit parfaitement ses fonctions de jeu d’enquête narratif. Il possède un rythme bien géré, une musique qui colle parfaitement à cette esthétique dystopique et les dialogues sont rondement bien menés. Le doublage est entièrement en anglais, mais les sous-titres sont disponibles dans de nombreuses langues, dont le français. Nous pouvons aussi changer les touches si vous jouez au format clavier/souris. Cependant, ce n’est pas le cas pour les détenteurs de manette. Par ailleurs, on regrettera la non-possibilité de pouvoir se mouvoir en dehors des scènes de crime. La ville nous est présentée comme impressionnante et s’étendant à perte de vue, mais impossible d’en découvrir plus tant le jeu nous enferme dans son couloir. Oubliez les balades en voiture volante, nous n’avons pas la possibilité de découvrir les différents endroits que James Karra semble connaître comme sa poche. Seuls quelques lieux clés nous seront proposés de manière cohérente à l’avancement dans notre histoire, l’un à la suite des autres.
Verdict : 7/10
Nobody Wants To Die est un jeu d’enquête narratif qui nous emmène dans un film noir de haute qualité. Le visuel est à couper le souffle et l’histoire est si prenante que nous n’avons pas vu le temps passer. Nobody Wants To Die a misé plus sur son histoire que sur son gameplay plutôt répétitif et plutôt fermé, malgré le genre qui veut cela. Un jeu plutôt court qui se finit en moins de 6 heures et dont le prix est largement suffisant pour tester une histoire un poil complexe, moralement pleine de sens. Nobody Wants To Die fait du bien par la volonté de proposer un jeu de type narratif et il est à tester si vous cherchez un jeu d’enquête guidé, dans un univers futuriste dystopique, au prix raisonnable de 25,99€ à sa sortie sur PC.
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