No Straight Roads est un jeu d’action-aventure musical développé et édité par Metronomik grâce à la collaboration entre Wan Hazmer, le Lead Game Designer de Final Fantasy XV et Daim Dziauddin, le Concept Artist de Street Fighter V. Au moment de son annonce lors du Tokyo Game Show 2018, No Straight Road avait pas mal intrigué en promettant aux joueurs l’harmonie entre le jeu vidéo et la musique sans en faire un jeu de rythme. Le métronome dans le logo du studio ne représente pas seulement le concept de leur jeu, mais symbolise le rythme de la vie en général.
Test réalisé sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Un chemin tout tracé
Lors de la conception de No Straight Roads, Metronomik a souhaité respecter la culture des deux genres musicaux ainsi que leurs histoires et leurs créativités afin de les raconter d’une manière que seul le jeu vidéo sait le faire. C’est à dire, en ayant moins recours aux cinématiques mais plus à la narration visuelle. Le jeu ne consiste pas seulement en un duel entre le Rock et l’EDM mais il met l’accent sur le choc des idéaux ainsi que les différentes mentalités qui motivent les gens à faire de la musique. Le but de ce jeu est de mettre à l’honneur le son car selon les créateurs, la musique est sous-exploitée dans la conception des jeux. Ils ont donc voulu combler ce manque pour que les joueurs puissent être acteurs de la musique même si ils n’ont aucune connaissance dans ce domaine. No Straight Roads est le concept servant à prouver ce postulat.
Dans No Straight Roads, on incarne Mayday et Zuke formant le groupe Bunk Bed Junction. Ensemble, ils souhaitent remettre le Rock au goût du jour dans Vinyl City, une ville contrôlée par le lobby de l’Electro Dance Music (EDM), vous l’aurez compris No Straight Roads (NSR). Dans ce monde, l’énergie est créée par les musiciens, c’est à dire que plus ils font d’audience, plus le montant d’électricité produit augmente. Cependant, même si l’EDM est la musique à la mode, l’énergie produite n’est pas suffisante pour alimenter la ville entière, ses habitants doivent donc faire face à de nombreuses coupures de courant. Avec ce nom de groupe nos deux comparses souhaitent créer des jonctions sur l’autoroute du succès qu’est l’électro dance pour attirer beaucoup plus la foule afin que les habitants ne vivent plus dans le noir. Pour cela, ils participent à une émission de télévision servant a dénicher de nouvelles stars pour NSR, mais le Rock ne plaisant pas au jury, ils se font virer. Suite à leur altercation avec Tatiana, la dirigeante de No Straight Roads, elle décide de bannir le Rock de Vinyl City. Pour se venger, Mayday et Zuke décident de saboter les concerts des musiciens du label NSR, qui possèdent tous un quartier. En les battant on récupère leurs disques de platine, signe du pouvoir des musiciens au sein des quartiers. Suite au premier sabotage, on rencontre notre premier fan « Kliff », qui souhaite nous aider dans notre combat en préparant le plan d’attaque contre les musiciens.
La Playlist aux 4 accords
No Straight Roads fait partie de ces jeux faciles à comprendre mais difficiles à maîtriser puisqu’il n’est qu’un jeu d’action-aventure musical. En effet, celui-ci consiste simplement à affronter un boss, s’améliorer, débloquer le nouveau quartier et l’explorer et tout cela en musique. Comme on le sait, dans ce genre l’exploration est souvent conseillée mais ici, elle ne sert qu’à trouver les stickers qui servent à améliorer les statistiques de nos protagonistes. Cependant, il est nécessaire de faire attention à ce que l’on équipe, car les stickers se dégradent au fur et à mesure des jours, ce qui implique une perte de l’évolution. Il existe jusqu’à trois niveaux de puissance. Si comme nous, vous n’avez pas compris où était inscrit la durabilité, sachez que ce sont les points blancs dans la marge gauche. On peut les équiper dans le logement secret, là où la magie opère. On y trouve entre autre l’atelier servant à ajouter les stickers et changer les modifications selon le combat que l’on souhaite prendre, la station de radio qui permet de communiquer avec nos fans, la salle des opérations où l’on établit le plan d’attaque ou la salle de concert qui sert d’arbre de compétences. En dehors des stickers, on doit récupérer les Mini Qwasas, éparpillés un peu partout dans le quartier. Ils symbolisent la monnaie du jeu et servent à rétablir le courant dans les quartiers. À savoir, lorsque l’on termine cette quête de puissance (électrique), on obtient le remix Rock de la musique de l’ancien propriétaire du quartier. Ces remix sont écoutables en ré-affrontant le boss du quartier puisque le jeu nous en offre la possibilité, et cela dans divers niveaux de difficulté. On débloque également d’autres remixs en terminant le combat dans une certaine complexité. Au final, toutes ces actions ont un seul et unique but : améliorer notre popularité et multiplier notre nombre de fans. Ceux-ci sont en réalité nos points de compétence. Ils déterminent le nombre de points à utiliser dans l’arbre (un fan = un point) et pour en apprendre une nouvelle, on doit en dépenser un certain montant. Il est conseillé de farmer les boss dans les diverses difficultés car c’est ce qui rapporte le plus de fans.
No Straight Roads ne consiste qu’à s’améliorer pour affronter le boss suivant. Les combats sont donc une part importante du jeu même s’ils sont assez restreints puisqu’on en dénombre qu’un total de six. Tous les sabotages de concert ont le même principe : récupérer les Mini Qwasas dispersés devant l’entrée de la salle. Une fois entré, nous devons passer les nombreux niveaux de sécurité qui consistent à détruire les ennemis représentant le système de protection nous empêchant d’accéder au boss. En ce qui concerne l’affrontement contre les stars de NSR, ils ont tous leurs propres faiblesses et c’est à nous de les découvrir, parfois même au péril de nos vies, malgré les indices que peut nous fournir Kliff lors de la préparation du sabotage. Mayday et Zuke ont la possibilité de pirater des systèmes de défense pour les retourner contre les ennemis ainsi que les boss. Il ne faut pas négliger cette mécanique car elle est très utile surtout dans la stratégie contre les différents boss. Ces derniers ont la possibilité de faire une attaque de couleur rose qu’on peut leur renvoyer si on lance une offensive au bon moment, comme on a déjà pu le voir sur Cuphead. Une fois la star déchue, nous obtenons à la fois son disque de platine, signe de son pouvoir et de son autorité au sein du quartier, et une modification qui est tout simplement une nouvelle compétence que l’on peut équiper. Lorsque l’on réussit un sabotage, on obtient un score final allant de C à S en fonction des dégâts subis, des contres réussis et le nombre total d’attaques enchaînées. Pour varier un peu le gameplay, tous les deux sabotages accomplis on a une phase de battle de Rap contre DK West, le frère de Zuke. Ces phases ont le même principe que les Guitar Hero, à savoir une grille défilante, sauf qu’ici, des ennemis sont disposés dessus et le but est de les esquiver. La grille est séparé en deux et on contrôle séparément deux mains qui naviguent des deux côtés. À notre sens, c’est la phase la plus compliquée du jeu car le gameplay est asymétrique et rapide, les obstacles pouvant être différents à gauche et à droite. Une fois le mini jeu terminé, on débloque un duo ultime, utilisable seulement quand les deux personnages ont leur jauge d’énergie au maximum.
Le Hit Parade
C’était avec plein d’espoir et d’impatience que nous avons lancé No Straight Roads. Cependant, la réalité nous a vite rattrapé. Dès les premières secondes de jeu, on a mi le doigt sur quelques imperfections plutôt inadmissibles en 2020, principalement autour des options. Dans un premier temps, le fait de devoir redémarrer le jeu si on souhaite changer son mode d’affichage, ou alors le fait de devoir retourner au menu si on veut modifier l’attribution des touches sont du jamais vu. Mais ce n’est pas le pire, on le rencontre une fois seulement les commandes en main, la sensibilité de la caméra à la souris est ingérable et on ne nous laisse pas la possibilité de l’ajuster. Ce qui est assez contraignant surtout pour les quelques phases de plateforme que proposent le jeu ainsi que pour l’exploration. Cela rend impossible la précision nécessaire pour accomplir ces différentes actions. Dans l’ensemble la caméra est assez contraignante puisqu’on ne peut pratiquement pas la contrôler. La caméra fait toujours en sorte que notre personnage soit au milieu en bas de l’écran donc quand on nous demande de retourner en arrière, elle ne fait pas demi tour, nous laissant au même endroit. Il nous est donc impossible de voir ce qui arrive devant nous. Après la première heure de jeu on a décidé d’abandonner le clavier et la souris au profit d’une manette. Encore une fois, de nouveaux problèmes se sont présentés : le jeu ne reconnaissant ni une manette de Xbox One ni une de PlayStation 4 malgré qu’il possède pourtant des options dédiées aux contrôleurs. N’ayant pas réussi à trouver de solution viable, nous avons un peu contourné le problème en passant par Steam Big Picture en utilisant l’option « d’Assistance configuration ». Une fois tous ces soucis de configurations réglés, nous avons enfin pu nous mettre sérieusement au jeu pour découvrir tout son potentiel.
Le principal intérêt du jeu est sa rejouabilité, son système de scoring et tout ce qui en découle. L’optimisation de notre personnage, qui passe par l’apprentissage des différents patterns des boss pour connaître les meilleures façons de les battre, pour savoir quelles modifications, stickers et duo ultime équiper. Tout cela pour obtenir le meilleur score possible dans une certaine difficulté afin d’obtenir le maximum de fans et de les utiliser dans le but d’avancer dans l’arbre de compétence mais également pour passer à la difficulté suivante. Vous aurez un énorme avantage dans ce jeu si vous comprenez la relation entre les attaques du boss et la musique. Si vous souhaitez aller dans ce sens, et selon vos capacités le jeu pourra vous prendre plusieurs dizaines d’heures. Cependant si vous ne souhaitez que vivre l’expérience dans ces grandes lignes, il nous vous suffira que de quelques petites heures pour en faire le tour, ce qui peut toujours varier si vous souhaitez terminer les boss sans mourir ou en recommençant au point ou vous êtes mort. Le jeu est légèrement trop cher pour le contenu qu’il propose, donc si vous faites partie de cette deuxième catégorie de joueurs, attendez qu’il soit en promotion pour l’acquérir. Pour les autres, le temps passé dessus rentabilise le coup. On peut déplorer que l’on nous propose seulement quatre types d’ennemis et leurs variations ce qui n’aide pas à oublier que le jeu en lui même est répétitif : on rentre dans une nouvelle zone, on loot, on passe les systèmes de sécurité, on affronte un boss, on remporte un quartier on l’explore… Le tout entrecoupé avec des phases de rap tous les deux quartiers remportés.
Malgré tout, le jeu possède une bonne difficulté, même en mode normal, on doit mourir quelques fois avant de bien intégrer la solution pour vaincre un boss et une fois accompli, les autres modes de jeu demandent plus l’excellence des mécaniques, à savoir: attaquer, esquiver, parer au bon moment. Petit point assez sympathique à noter, au fur et à mesure que l’on avance dans le jeu, il y a de plus en plus de tags anti NSR et de soutient pour notre groupe recouvrant les murs du centre ville. Pour le premier jeu d’un studio Malaisien, on appréciera l’effort fait pour exporter le jeu dans plusieurs pays, en proposant un sous titrage ainsi qu’un doublage dans différentes langues. En ce qui concerne le doublage français, Donald Reignoux et Kelly Marot qui sont respectivement les voix de Spider-Man dans le jeu Marvel’s Spider-Man et la voix de Dina de l’excellent The Last of Us Part II, sont aujourd’hui aux commandes de Zuke et Mayday. Ils sont rejoints par Céline Monsarrat (voix de Julia Roberts) qui joue Tatiana et de Julien Chieze (YouTuber et ancien journaliste) qui joue Kliff. La VF est dans l’ensemble très réussie malgré que l’on puisse déplorer la voix de DK West un tantinet cliché qui n’est pas sans rappeler le doublage d’Eddy Murphy à son époque. Julien Chieze n’étant pas un professionnel, il s’en sort convenablement même si on peut noter quelques changements de tonalités en plein milieu de phrases mais ce n’est pas vraiment gênant pour l’expérience. La musique est dans l’ensemble très réussie, chacune d’elles a sa propre identité et elles s’écoutent sans problème en boucle si on perd trop souvent. On se surprend même à fredonner les refrains des battles de Rap, qu’ils ont pris la peine d’adapter en Français.
Verdict : 7/10
No Straight Roads est une oeuvre dans l’ensemble réussie mais entachée par de nombreux défauts techniques qui nuisent, pour certains, à l’expérience de jeu. L’idée d’exploiter la musique aussi bien sur le fond que sur la forme est plutôt intéressante même si elle aurait gagné à être encore plus approfondie ne faisant du jeu bel et bien qu’un concept. En somme, un jeu sans prétention, s’appréciant pour ce qu’il est, une expérience agréable mais pas mémorable. Le jeu s’adresse aussi bien aux férus de challenge qu’aux amateurs en quête de découverte. Donc s un jour vous hésitez à vous le procurer, nous pouvons que vous le conseiller à condition d’un prix plus raisonnable et justifié.
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