Dire que Nioh est le fruit d’un développement long et compliqué relève du doux euphémisme. Basé sur un script d’Akira Kurosawa, le projet a débuté en 2004 pour finalement être abandonné quelques 8 ans plus tard par manque de satisfaction quant au produit final. Puis, tel le phénix, il va renaître de ses cendres pour aboutir au jeu que nous avons désormais sous les yeux, prêt à reprendre le flambeau de Dark Souls, licence qui arrive à son terme. Nombre d’attentes pèsent sur le titre. Bien évidemment, les fans de la saga de From Software lorgnent de son côté, mais aussi les férus de Ninja Gaiden qui forcément voient en Nioh un héritier probable. La communauté, alors que le jeu n’est pas encore sorti, est déjà bien présente, notamment grâce à plusieurs sessions d’alpha bêta et démo organisées depuis l’annonce du jeu. Et maintenant qu’il est disponible, il est temps de savoir ce qu’il a dans le ventre et si toutes les promesses sont tenues.
Test réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur
Gaijin à la conquête de l’ambre jaune
Après un long conflit dans lequel la couronne anglaise est impliquée, notre héros se retrouve trahi par cette dernière, qui après avoir utilisé une magie mystérieuse pour remporter la victoire veut en effacer toutes les traces. On commence ainsi notre aventure dans une prison londonienne, la fameuse tour de Londres, avec pour principal objectif de s’en évader. Après quelques péripéties et évènements déclencheurs de bon aloi, l’aventure débute et William, notre héros, part en direction du Japon pour percer les mystères de l’Armita, ambre jaune renfermant un pouvoir mystique et dévastateur pour quiconque sait s’en servir. Cette dernière est aussi la clé vers le royaume des Yokai, les démons qui envahissent notre monde mais que seules quelques personnes peuvent percevoir. William aura pour objectif principal de remettre la main sur son esprit gardien qui a été dérobé par Edward Kelley lors de l’évasion de prison. Au cours de son aventure, il sera amené à rencontrer de nombreux personnages et à participer à un conflit de grande importance, qui l’amènera à prendre part à une lutte de pouvoir entre les différents clans du Japon.
Le scénario prend clairement son temps pour vraiment captiver le joueur et il est parfois difficile de bien identifier les personnages. Le jeu dévoile son intrigue par le biais de cinématiques pas toujours très bien animées ou joue parfois la carte de la simplicité en se contentant de simples images fixes avec un pavé de texte. Rien de bien gênant, même si parfois on se sent un peu perdu quand il s’agit de se lancer dans une mission principale sans avoir vraiment de mise en contexte.
La Team ninja a pris le parti de ne pas faire de Nioh une aventure en open-world. Le joueur devra choisir sur une carte du Japon la mission qu’il souhaite entreprendre. Que cela soit des quêtes principales, secondaires ou crépusculaires, le jeu vous proposera de faire votre choix dans la mission à réaliser et vous allez pouvoir prendre votre temps et flâner du côté des secondaires pour obtenir de nouveaux équipements, gagner de l’expérience, de l’argent, etc. Un bon moyen de doper la durée de vie du titre et de retourner dans des endroits déjà visités avec de nouveaux objectifs. Surtout que certains lieux seront parfois exclusifs aux missions secondaires. Vous remarquerez rapidement que le jeu est généreux en contenu. La liste des missions est longue et il faudra compter plus d’une quarantaine d’heures pour espérer en faire le tour. Surtout que, successeur des Dark Souls et des Ninja Gaiden oblige, Nioh est bien évidemment un jeu plutôt difficile. Dans la pure lignée de la saga des Souls, il faudra ainsi après chaque mort repasser sur son cadavre pour récupérer l’Armita. Et mourir, cela risque de vous arriver de nombreuses fois.
Un Samouraï n’est pas une Morteflamme
Si vous venez des Souls, et vous êtes nombreux nous le savons, le début du jeu va vous sembler vraiment difficile, car vos réflexes et habitudes vont vraiment vous nuire. Le rythme des combats se veut beaucoup plus vif, et la gestion de l’endurance s’avère être bien plus importante. Autre élément à ne surtout pas mettre de côté et qu’il vous faudra maîtriser rapidement : l’impulsion de ki. D’une simple pression de gâchette et au bon timing, vous pourrez récupérer de l’endurance et ainsi continuer votre enchaînement ou esquiver une attaque et vous sortir d’une situation difficile.
Également, le jeu vous invitera à régulièrement varier vos postures, que l’on trouve au nombre de 3, haute, moyenne et basse, chacune avec ses spécificités. La basse permet de faire des enchaînements rapides, à faibles dégâts, et consommant peu d’endurance, la haute consomme beaucoup d’endurance, fait mal et brise plus facilement la garde adverse. La moyenne est la posture médiane, comme son nom l’indique et vous permet d’avoir un bonus de garde afin de résister aux assauts adverses. La vivacité des combats et tous ces éléments à assimiler, à gérer, font de Nioh un jeu qui sort facilement de l’ombre de ses aînés. Par ailleurs, on peut ajouter à cela que vous allez pouvoir diversifier vos combos à l’aide de techniques qu’il faudra apprendre grâce à des points de compétences. Ces derniers peuvent être obtenus en montant de niveau ou encore en utilisant certains objets. Par ce biais, le jeu vous force à vous spécialiser rapidement dans le choix d’une arme ou deux et cela aura une incidence sur l’évolution de votre personnage.
Au bout d’un certain nombre d’ennemis abattus, vous allez également pouvoir déclencher l’invocation de votre esprit gardien qui viendra vous prêter main forte en combat, et ce, en vous rendant invulnérable et en augmentant vos dégâts. Cette invocation n’est cependant pas de longue durée et devra être utilisée au bon moment. La jauge se remplit néanmoins assez vite et vous allez pouvoir compter dessus assez régulièrement.
Mais Nioh n’est pas un jeu où prime uniquement l’affrontement au corps à corps, et la magie Onmyo ou les outils de ninja seront également de précieux alliés sur lesquels il faudra compter. Rien d’obligatoire puisque vous allez pouvoir vous en sortir même sans ces éléments, mais ils permettent de diversifier un peu le gameplay. Les outils de ninja permettent par exemple de piéger le terrain ou d’envoyer des shurikens, tandis que la magie Onmyo servira à buffer les armes de notre héros ou à déstabiliser les ennemis. A chaque sanctuaire, vous devrez préparer vos armes de jets ou vos sorts qui pourront vous extirper de situations délicates. A usage limité, ils seront à utiliser avec parcimonie. Rajoutez à cela dans votre panoplie de Samouraï l’utilisation d’arcs et de fusils, et vous disposerez d’un véritable arsenal pour venir à bout des ennemis les plus coriaces.
Malheureusement, il faut aussi noter que le mapping des touches n’est pas toujours des plus ergonomiques et dans le feu de l’action, utiliser des objets s’avère parfois difficile. Les combats vous demanderont de réagir rapidement, de bien choisir vos déplacements et d’utiliser vos objets parfois dans un laps de temps très court et voir une action qui ne s’effectue pas à cause d’un mauvais mapping est assez frustrant.
L’art du combat ne fait pas le Samouraï
On remarque que le titre de la Team Ninja a également pioché certains éléments du côté des hack n slash. En effet, rapidement, vous allez collecter énormément d’armes et de pièces d’armures. Votre premier réflexe sera de vous équiper des éléments les plus puissants, tout en respectant un certain poids pour éviter d’encombrer vos mouvements et de ralentir votre récupération d’endurance. Puis la forge fera son apparition, et cette effervescence d’équipements prendra du sens. En effet, tout ce loot récupéré lors de l’exploration des niveaux ou sur le cadavre de vos ennemis vous permettra d’obtenir des matériaux pour ensuite forger de nouvelles armes et armures, ou encore faire ce que le jeu appelle l’association d’âme. Cette dernière vous permet d’augmenter le niveau de votre équipement fétiche en le fusionnant avec un de niveau supérieur. Un bon moyen de garder votre arme favorite et de la rendre plus efficace. Petit point négatif, le jeu a tendance à être un peu avare dans ses explications et ce sera à vous de faire plusieurs essais avant d’arriver à quelque chose. Et niveau cosmétique, le jeu vous permettra également de redessiner le modèle de vos armes et armures, à savoir copier sur une armure le modèle d’une autre, par exemple. Purement esthétique, cela permettra à notre cher William d’être le plus fringuant possible, et ce en toute circonstance.
Pour l’amélioration de votre personnage et de ses statistiques, les fans des Souls se retrouveront en terrain connu. En effet, les points d’expérience sont représentés par un compteur d’Amrita, qu’il vous faudra dépenser dans les sanctuaires pour améliorer le niveau de votre personnage. Plutôt facile à comprendre puisque le jeu nous informe visuellement de l’impact que cela aura, dépenser des Amrita dans les statistiques sera aussi un moyen d’obtenir des points de compétence à distribuer pour obtenir de nouvelles techniques. Par ailleurs, certaines armes ou armures nécessitent un niveau minimum dans une statistique bien précise, il en est de même pour les outils de ninja ou la magie. On se retrouve ici avec un système vraiment similaire à celui des Souls, d’autant que les armes fonctionnent de la même manière avec ce principe de lettres qui vous permettra de savoir quels statistiques influent sur les dégâts. Au vu des nouveaux éléments à intégrer, être en terrain familier est plutôt réconfortant.
Le Samouraï face aux démons
Nioh est un jeu qui vous fera affronter de nombreux ennemis et boss au court de votre aventure. Comme dit plus haut, le titre se compose de nombreuses missions et jouit d’une durée de vie conséquente. Si le bestiaire est assez fourni, on pourra cependant reprocher au jeu de finalement peu diversifier les affrontements et nous confronter trop souvent aux mêmes genres d’adversaires. Alors certes, il existe plusieurs types de Yokai, mais les enchaînements de nos adversaires se renouvellent peu et cela se ressent beaucoup une fois passé le cap de la vingtaine d’heure de jeu, surtout si on souhaite réaliser toutes les missions. Heureusement, les combats de boss viendront casser cette monotonie ambiante. Ils sont plutôt nombreux et assurent un véritable challenge pour la plupart. Le jeu gagnera en facilité au fur et à mesure que vous vous familiarisez avec ses mécaniques, mais les combats contre les Boss resteront toujours des moments épiques et éprouvants pour votre endurance manette en mains. Chacun de ces affrontements commencera par une cinématique et vous permettra de découvrir toute l’ampleur du combat dans lequel vous allez vous engager. Et attendez-vous à devoir recommencer certains combats de nombreuses fois. Par ailleurs, ces ennemis particulièrement puissants seront parfois exclusifs à des missions secondaires, tandis que certaines missions crépusculaires vous feront en affronter certains de nouveau.
Les combats de boss sont également l’occasion de pouvoir casser une autre monotonie, celle de la musique. Très discrète en temps normal, cette dernière refera son apparition lors des combats de Boss. Malheureusement, nous sommes obligés de reconnaître qu’il est parfois difficile de vraiment y prêter une grande attention puisque nous sommes concentrés sur le combat, mais à force de répétition, certains thèmes se dégagent des autres et un véritable soin a été apporté à la composition. Les bruitages sonores sont également de qualités, tandis que le doublage de la plupart des protagonistes a été réalisé en japonais pour plus de réalisme. Détail amusant mais plutôt appréciable, certains PNJ nous parleront en anglais, avec un fort accent de l’archipel nippon. Et comme nous incarnons un anglais, certains s’offusqueront de ne pouvoir comprendre ce que ce cher William est en train de dire.
D’un point de vue technique, le titre s’en sort plutôt bien. Plusieurs modes d’affichage sont à votre disposition et nous avons une nette préférence pour le mode action qui permet d’afficher du 1080p 60 fps sans le moindre décrochage. Les autres modes, notamment celui propre à la PS4 Pro semblent un peu plus aléatoires niveau FPS mais rend le jeu vraiment plus beau. Cependant, les 60fps sont rarement atteints et le jeu peine à rafraichir correctement l’image. Dans les faits, cela se traduit par une chute drastique du taux d’images par secondes et donne parfois l’impression au jeu de ramer.
Reste que le jeu bénéficie de magnifiques effets de lumière et d’une direction artistique vraiment dépaysante. Le Japon a été une véritable source d’inspiration dans la création des lieux et même si certains environnements sont en ruines, un sentiment de grandeur et de prestance s’en dégage. Le level design quant à lui est tantôt inspiré, tantôt franchement moyen. Les zones s’avèrent souvent labyrinthiques et il est parfois difficile pour le joueur de s’y repérer facilement. Certaines zones par contre sont vraiment réussies, aussi bien au niveau de la direction artistique que de l’agencement du niveau. Et au fur et à mesure de votre progression, le level design vous jouera des tours en cachant des pièges ou des fossés qui causeront votre mort. Sans être ce qui se fait de mieux en la matière, les niveaux restent tout de même assez agréables à explorer et l’aspect labyrinthique diminue avec la découverte de raccourcis à l’approche de la zone du combat de boss.
Verdict : 8/10
Nioh ne servira clairement pas de vitrine technique pour la PlayStation 4, autant qu’il ne s’adressera pas au grand public. Forcément, il porte un héritage d’exigence sur les épaules, avec des licences comme Dark Souls et Ninja Gaiden comme sources d’inspirations. Néanmoins, la Team Ninja a réussi avec brio à se libérer de ses exemples et à ne pas finir comme une simple copie. Grâce à un système de combat dynamique et exigeant, une durée de vie conséquente et une ambiance vraiment marquante, il est sûr que Nioh pourra reprendre le flambeau de deux grands noms du jeu vidéo susnommés et saura se faire apprécier des joueurs. On espère qu’un deuxième épisode verra le jour et qu’il arrivera à gommer les quelques défauts mineurs du titre pour confirmer tout cela.
Diebolt Steven
7 février 2017 at 16 h 41 minune question il a des new game + ++ +++ +++ comme dark soul ou pas ?
Arcam
22 février 2017 at 11 h 44 minPersonnellement, ayant déjà jouer au dark souls, je l’ai trouvé plus facile. Par exemple, les potions sont plutôt généreuse, et on peut donc se permettre quelques erreur, chose qu’on a pas forcément le droit sur Dark soul. Peut être une vieille impression en tout cas ! Sinon les Boss, sont de vrais sac a pv, et donc de vrai défi a relever ! J’aime ce jeu, et si je ne fais pas attention je pourrais y passer des heures !