Sorti il y a maintenant plus de 2 ans, Nights of Azure avait su charmer les joueurs malgré quelques défauts, notamment techniques. Une composante habituelle dans l’univers du JRPG qui ne nous choque plus vraiment à vrai dire. Lorsque l’on a compris que l’ambition de certains jeux est avant tout de se focaliser sur le gameplay, la narration ou enfin l’ambiance, on ne fait plus forcément attention à ce genre de détails-là, bien qu’on ne puisse exclure cette composante de notre jugement. Malheureusement, même en ne prenant pas en compte cet aspect-là, Nights of Azure 2 n’a à vrai dire pas grand-chose pour lui.
Test réalisé sur Nintendo Switch à partir d’une version physique fournie par l’éditeur
Comme une impression de déjà-vu
On a beau entendre de nombreuses plaintes concernant l’univers du jeu vidéo à propos du manque de protagonistes féminins, il n’empêche que le JRPG propose, lui, son lot d’héroïnes et d’histoires mettant en scène presque exclusivement des jeunes filles. Certes, leur image n’est pas toujours des plus reluisantes, les demoiselles ayant souvent des comportements pour le moins naïfs et enfantins (à l’instar des personnages féminins préférés des japonais), mais elles n’en restent pas moins pour autant au premier plan. On peut également noter le fameux fétichisme des joueurs nippons, poussant les développeurs à proposer des personnages aux tenues souvent affriolantes, comme c’est ici le cas. Tout comme son prédécesseur, Nights of Azure 2 met en scène des héroïnes féminines donc, qui auront pour lourde tâche de sauver (une fois de plus) le monde.
En effet, le jeu nous met dans la peau de la jeune Aluche (!), récemment promue au titre de templier, et dont la mission est d’escorter Liliana, une prêtresse dont le destin est d’être sacrifiée (en tant que tribut pour la Reine de la Lune qui menace l’existence entière). Là où les choses se compliquent, c’est dans la relation qu’entretiennent les deux jeunes femmes, puisqu’elles semblent partager plus que de simples liens d’amitié. Aluche va donc chercher à protéger sa chère et tendre Liliana, en trouvant un autre moyen que le sacrifice de cette dernière, afin de sauver le monde. Le postulat de base ressemble trait pour trait à celui du premier opus, pourtant les liens entre les deux épisodes ne sont pas vraiment expliqués, ce qui pourra laisser sur la touche les joueurs ayant terminé le précédent opus.
Si l’idée d’inclure des relations amoureuses entre des personnages féminins (on appelle cela le Yuri en japonais, le contraire du Yaoi) n’a absolument rien de choquant et relève plus de la bonne idée qu’autre chose, on regrette fortement que Gust n’ait pas exploité le filon comme il aurait fallu. On n’échappe malheureusement pas aux personnages clichés, au comportement on ne peut plus candide et très vite agaçant donc. Non pas que l’on soit contre les gimmicks des mangas et animes dans un jeu qui adopte cette esthétique, mais encore faut-il avoir pour soi un scénario prenant, une narration bien construite et des personnages intéressants pour que l’on puisse l’apprécier comme il se doit.
Les nouveaux venus n’auront, certes, pas cette désagréable impression de « déjà-vu », mais on leur souhaite bien du courage pour tenter d’accrocher un tant soit peu à l’histoire tant les dialogues absurdes ne donnent pas envie de continuer l’aventure. De plus, le découpage en chapitres et la progression trop hachée risque d’en décourager plus d’un. On ne leur jettera pas la pierre tant il nous a été compliqué de trouver la motivation pour avancer.
Choqué et déçu
Habitué aux jeux de rôle au tour par tour (avec la fructueuse licence des Atelier), Gust a cette fois tenté de proposer quelque chose de relativement nouveau avec Nights of Azure. Le jeu prend la forme d’un Action-RPG avec quelques petites subtilités qui lui sont propres, et lui donnent un certain intérêt comparé à un A-RPG lambda. Si l’on retrouve parmi les actions basiques des attaques faibles et fortes (que l’on peut combiner pour réaliser des combos), l’esquive ou encore la protection, le titre nous propose de toujours être accompagné d’une seconde protagoniste qui nous épaulera, elle, durant les combats et qui pourra nous faire profiter de ses talents. Au joueur de voir quelle Lilie (puisque c’est le nom qui leur est donné) sera la plus adaptée en fonction de la situation). D’ailleurs, chaque mission réalisée avec une Lilie augmentera le lien qui unit les deux demoiselles. Malheureusement, il n’y a pas de véritable aboutissement à cela, ce qui rend la chose relativement anecdotique. Puisque Nights of Azure 2 se penche sur les relations entre femmes, on aurait aimé qu’il y ait plus de consistance d’une manière générale, sur le fond comme sur la forme.
On retrouve également le système des Servants, ces monstres qui nous accompagnent en combat et que l’on trouvera tout au long de l’aventure. En plus de permettre l’accès à certains passages grâce à leurs pouvoirs, certains pourront se transformer en arme jusqu’à ce que leur jauge de MP soit vide. Néanmoins, leur utilisation reste moins intéressante que dans Nights of Azure premier du nom, puisque l’on ne peut désormais en choisir que 2 (contre 4 auparavant). En somme, il y a beaucoup de bonnes idées dans ce Nights of Azure 2, mais elles sont bien mal exploitées. Rajoutez à cela des affrontements (parfois trop nombreux) d’une mollesse certaine et des combats de boss dénués de tout intérêt, et vous obtenez une formule bancale.
La promesse de pouvoir embarquer un Action-RPG partout avec la Nintendo Switch avait de quoi séduire, d’autant que le premier Nights of Azure avait quelques qualités qui le rendaient indéniablement attirant pour les amateurs de jeux de rôle nippons. C’était hélas sans compter sur une réalisation datée et un framerate au ras des paquerettes en mode tablette. Un véritable comble pour un titre qui est censé miser sur l’action de ses combats et qui en vient même à saccader par moments, dès lors que l’action se veut un peu trop frénétique. Pourtant, la réalisation des effets de lumière et autres effets spéciaux est loin d’être remarquable, et l’ensemble des textures du jeu pourrait presque concurrencer un titre sorti en fin de vie de la PlayStation 2.
Lorsque la Nintendo Switch est dockée, le constat est en revanche un peu moins alarmant au niveau du framerate, et l’ensemble est un peu plus net que sur le petit écran de la console. Mais on retrouve toujours de l’aliasing et du clipping à foison. Le tout n’a d’ailleurs toujours pas été corrigé via un patch, même trois semaines après la sortie du jeu, ce qui laisse sous-entendre que les développeurs ne remédieront sans doute jamais aux problèmes de stabilité du titre. De ce qu’on a pu voir sur PS4, l’ensemble ne se porte pas beaucoup mieux et laisse songeur quand on sait que Nights of Azure 2 a été retardé en plus de ça. Visiblement, Gust aurait peut-être mieux fait de ne pas trop s’éparpiller et d’attendre un peu avant de sortir cette suite, quitte à simplement porter Nights of Azure sur Switch proprement, au lieu de nous proposer un deuxième opus directement, et clairement décevant.
Verdict : 3/10
Bien que l’on n’attendait pas vraiment ce Nights of Azure 2 au tournant, il n’en reste pas moins décevant tant l’idée de s’adonner à un A-RPG sympathique sur Switch nous séduisait. Il ne s’agit ni plus ni moins d’un titre bâclé, bourré de défauts techniques et peu intéressant, la faute à un scénario singeant celui du premier opus et à des personnages creux au possible. Dommage, car les relations entre Aluche et les Lilies auraient mérité d’être bien mieux exploitées tant elles auraient pu donner naissance à une véritable implication du joueur. De ce fait, après les 20/25 heures nécessaires pour boucler le jeu, on le rangera vite fait bien fait auprès des titres à oublier, si tant est que vous trouviez en premier lieu la force de le finir.
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