Avril 2010. Le monde découvre NieR, un action-RPG unique tout droit sorti de l’esprit du génial Yoko Taro, révélé par la série des Drakengard. L’idée était de donner naissance à un titre qui parlerait à la fois aux puristes des RPG tout en visant un public plus large en lui offrant une sortie mondiale. Malgré les critiques un peu rudes, visant notamment l’aspect technique largement en deçà des standards de l’époque, NieR a su se créer une fanbase active et passionnée qui n’aurait jamais cru que 7 ans plus tard, arriverait une suite intitulée NieR: Automata (se prononce Nir Otomata). Pour le meilleur, et uniquement le meilleur.
Test réalisé sur PS4 à partir d’une version éditeur
Ne jamais re-NieR son passé
Il est intéressant de constater à quel point le spectre de NieR plane aujourd’hui sur l’univers vidéoludique, malgré des critiques fortement mitigées. D’ailleurs, le studio de développement, Cavia, a fermé ses portes 3 mois après la sortie du jeu. Un funeste destin pour un studio qui a pourtant su enfanter un titre ayant marqué sa génération (sans compter ses autres productions, bien évidemment). Sorti au Japon en deux versions (NieR: RepliCant sur PS3 et Nier: Gestalt sur Xbox 360), l’Europe ne connaîtra que la version Gestalt, sortie simplement sous le nom NIER. Un titre qui fait encore rêver nombre de joueurs, que ce soit pour sa direction artistique, son scénario, ou encore sa bande-son, saluée à maintes reprises, et qui s’est vue arrangée en plusieurs versions (Techno, jazz ou encore piano).
La licence s’est donc forgée, depuis 2010, une certaine réputation. Tant pour ses défauts que pour les aspects cités plus haut. Peut-être est-ce pour cela que ce NieR: Automata est tant attendu ? Après tout, depuis son annonce à l’E3 2015, le jeu a suscité l’attention d’un public plus large, et ce n’est pas la démo sortie au mois de décembre dernier sur le PlayStation Store qui a calmé les ardeurs. Bien au contraire, cette dernière n’a fait que confirmer le fait que NieR: Automata serait très probablement une réussite, bien qu’elle ait lancé de nombreuses interrogations concernant l’aspect RPG, cher aux amateurs du précédent opus et qui n’a pas vraiment été mis en avant. Pourtant, sachez-le, NieR: Automata viendra très probablement combler toutes vos attentes, et bien plus encore.
Le soulèvement des machines
L’action se déroule en l’an 11945, soit plusieurs milliers d’années après NieR. L’humanité s’est vue contrainte de quitter la Terre suite à l’invasion des machines et a donc trouvé refuge sur la Lune. Il incombe donc aux androïdes du groupe YoRHa de défendre la Terre afin que les centaines de milliers d’humains rescapés puissent un jour récupérer leur planète natale. On vous rassure, le fait de ne pas avoir jouer à NieR n’empêche en rien de profiter au maximum de cette suite puisque rien ne lie les deux jeux en termes de narration, même si de nombreux clins d’œil et références sont distillés tout au long de l’aventure.
C’est donc dans la peau de l’androïde 2B, accompagnée de 9S, que l’on se retrouve dans un univers post-apocalyptique, teinté de mélancolie et de tragédie. Deux composantes chères aux œuvres de Yoko Taro, directeur du jeu ayant officié sur la licence Drakengard, qui n’a pas failli à sa réputation. Tant dans les thématiques abordées que dans les histoires des personnages et PNJ que l’on croisera. On aimerait d’ailleurs développer ce point plus en détail, mais cela serait vous gâcher le plaisir qui vous attend. Cependant, le jeu parvient parfois à offrir quelques moments de douceur, parfois presque naïfs, mais attendrissants au possible. On y retrouve également une pointe d’humour à la japonaise, et là où des J-RPG lambda auraient perdu le joueur occidental avec des tirades un peu trop lourdes, NieR: Automata y parvient de façon subtile en clairsemant ces instants ici et là.
L’ensemble de la narration se veut également très fluide, et si l’on a en tête l’exemple de nombreux RPG très bavards, le titre de Square Enix se focalise sur le principal, ne lassant pas le joueur. Il nous laisse cependant la possibilité d’en apprendre plus sur son univers en discutant avec les PNJ, dont certains seront de bon conseil pour la progression. Ces mêmes personnages pourront parfois proposer des quêtes annexes qu’il sera préférable d’accepter. Tout d’abord car les récompenses en valent très souvent la chandelle. Mais également car elles permettent de faire la connaissance de protagonistes hauts en couleur et qui donnent tout de suite plus de contenance au background. Elles ont d’ailleurs le mérite d’être relativement diverses, ce qui donne l’occasion de varier les plaisirs et de faire quelques pauses dans les quêtes du scénario.
Patchwork vidéoludique
On ne peut pas dire que le premier NieR a fait l’unanimité en termes de gameplay, malgré quelques bonnes idées. Pourtant, il apparaissait nécessaire aux yeux des fans de conserver l’aspect jeu de rôle afin de ne pas dénaturer la licence. Force est de constater que même pendant son développement, les équipes de Platinum Games étaient déjà conscientes de cela, allant jusqu’à faire déplacer Yoko Taro dans leurs locaux à Osaka afin qu’il supervise le tout. Il faut dire que les développeurs nippons savent ce qu’ils font lorsqu’il s’agit de donner naissance à un gameplay nerveux et dynamique, comme en atteste celui de Metal Gear Rising: Revengeance, qui a d’ailleurs servi d’inspiration, ne serait-ce que de loin. En revanche, sorti du jeu d’action pur, le studio a clairement avoué qu’il ne saurait se débrouiller aussi bien. Et c’est probablement grâce à cette réaction humble que le gameplay de NieR: Automata s’avère être savoureux au possible.
En résulte alors un titre aux facettes multiples. Au premier regard, il s’agit d’un beat’em all dont les combats mélangent attaques de mêlée et attaques à distance à l’aide du pod qui nous accompagne. 2B dispose de deux ensembles d’armes, comprenant chacun deux armes (l’une correspondant aux coups faibles, et l’autre aux coups forts) ce qui lui permet d’effectuer des combos impressionnants, d’autant qu’il est possible de changer d’ensemble d’armes en plein enchaînement. On a tendance à dire que l’attaque est la meilleure des défenses, mais l’esquive s’imposera comme l’un des mouvements fondamentaux à retenir et à savoir exécuter au bon moment afin d’éviter les attaques ennemies et de placer une contre-attaque des plus efficaces. Que ce soit contre les mobs les plus basiques ou contre des boss impressionnants, Nier: Automata ne fait pas dans la demi-mesure et offre sans cesse un spectacle martial dont notre héroïne sera la star principale.
À côté de cela, le jeu surprend et prend parfois des dimensions complètement inattendues. En effet, dès lors que la protagoniste s’équipe de son module de vol, le gameplay change radicalement pour devenir, l’espace de quelques minutes intenses, un bullet hell qui alternera les angles de vue, pour mieux conquérir le joueur. Que ce soit en side-scrolling, en vue du dessus ou en 3D, on prend un véritable plaisir durant ces phases que l’on aimerait parfois voir durer plus longtemps. Notez également que tout au long du périple de nos androïdes, les angles de caméra changent, donnant plus l’impression de jouer à un platformer qu’à un action-RPG. Une idée bien pensée, tant cela nous fait voir le level design et la direction artistique sous un autre point de vue, en plus de fortement dynamiser l’action.
Enfin comme tout bon RPG, NieR: Automata récompense chaque ennemi tué par de l’expérience, de l’argent et parfois même quelques objets ou matériaux bienvenus. Des éléments indispensables et qui contribueront à rendre 2B plus puissante, mais aussi plus efficace. Entre les armes et objets de soutien à acheter, les armes à améliorer et les puces de fonctionnalités qu’il faudra se procurer, voire même fusionner pour renforcer leurs effets, le jeu requiert notre attention afin de modeler l’héroïne à notre image. Les puces de fonctionnalités sont d’ailleurs l’une des fonctionnalités les plus intéressantes du jeu puisqu’elles s’intègrent dans un espace de stockage donné (que l’on peut étendre). Chacune d’entre elle possède un niveau, une efficacité et une taille différente. Faire un passage chez les marchands doit donc vite devenir un gimmick pour maintenir le personnage au niveau.
En cas de mort, notre argent, nos objets et notre expérience demeurent indemnes. En revanche, on perd les puces de fonctionnalités équipées. Deux options s’offrent alors à nous. La première est de récupérer les puces sur notre cadavre et d’équiper les ensembles de puces en question immédiatement, tandis que la seconde permet de redonner la vie à ce corps inanimé pour le faire combattre à nos côtés. Cependant, si l’opération ne se déroule pas comme prévu, c’est le joueur qu’il prendra pour cible. L’avantage du choix offre donc une certaine adaptabilité en fonction des situations rencontrées. Et puisque le titre dispose de fonctionnalités online (à activer selon notre bon vouloir à la base), on peut potentiellement croiser les corps de joueurs du monde entier sur notre chemin, afin de récupérer quelques objets dessus.
Héritage artistique
La dimension artistique est un élément incontestable (et incontournable) de NieR: Automata. Si dans le cahier des charges du développement du jeu était indiqué que des graphismes revus à la hausse devaient être de la partie afin de palier les défauts de son prédécesseur, il faut reconnaître que le tout n’est pas à la hauteur des productions les plus en vogue actuellement. Environnements un peu vides et textures pas très convaincantes seront de la partie mais cela n’est clairement pas aussi choquant que lorsque NieR premier du nom est sorti, en remettant les choses dans leur contexte. Les graphismes sont assez épurés, mais n’oublions tout de même pas que l’on se trouve dans un monde post-apocalyptique, presque totalement détruit et ravagé par les machines. Aussi, si techniquement le jeu ne s’impose pas comme une référence, il nous a aussitôt fait oublier ce détail dès lors que l’on a pu constater à quel point la direction artistique faisait des miracles.
Que ce soit dans la ville en ruine, dans l’usine désaffectée ou dans le parc d’attraction maintenu en activité par des machines pour ne citer qu’eux, tous les décors du jeu sont uniques et travaillés, avec une atmosphère qui leur est propre. Au final, on préfère de loin que le titre de Square Enix montre quelques faiblesses techniques tout en privilégiant une direction artistique qui magnifie l’ensemble. D’ailleurs, l’ensemble du chara-design est au même niveau, avec des personnages charismatiques, des boss aussi imposants qu’impressionnants et un bestiaire presque attachant par moments, lorsqu’il ne se veut pas menaçant et inspiré.
Et dans tout cela, se trouve l’OST composée par Keiichi Okabe et sa société MoNACA. Le monsieur est connu dans la sphère vidéoludique pour ses travaux sur la série des Tekken, mais également Drakengard 3 ou encore la licene Taiko no Tatsujin (un jeu de rythme réputé au Japon). Son génie n’est plus à prouver, et si la bande-son de NieR vous avait enchanté, nul doute que celle de NieR: Automata vous envoûtera tout autant. À l’instar de l’ambiance mélancolique qui résonne, les compositions sont magnifiques et s’accordent à merveille avec les événements. La musique se fait donc plus rythmée lors des combats, voire même épique face aux boss. Tandis que les phases d’exploration seront l’occasion de découvrir des thèmes plus laconiques. Ou re-découvrir, puisque certains thèmes ont été puisées dans le répertoire de NieR et réinterprétés. À vrai dire, on a très vite cédé sous le charme des envolées lyrique de Emi Evans, J’Nique Nicole (non, nous ne ferons aucun commentaire sur son nom), Nami Nakagawa et Shotaro Seo sur fond de musique largement inspirée par le classique. Grandiose en tous points.
Tout est absolument génial dans Nier: Automata. C’est bien simple, il ne s’est pas passé un seul moment durant notre période de test sans que l’on ne reste admiratifs. Et là, vous devez probablement vous dire que ces adjectifs dithyrambiques trahissent un avis un poil trop subjectif. En effet, chaque joueur, en fonction de sa sensibilité, sera plus ou moins émerveillé face à un jeu en règle générale. Pourtant, les faits sont là, NieR: Automata nous a émerveillé. Il n’est pas parfait. Aucun jeu n’est parfait, quand bien même nous serions tentés de lui mettre la note maximale. Mais il se rapproche de cela avec une aisance tellement déconcertante qu’il serait bien difficile d’en parler en des termes moins mélioratifs. D’autant qu’il ne s’est, jusque-là, que très peu révélé. Square Enix a décidé de jouer la carte de la discrétion et de ne pas trop en dévoiler, là où certains titres ne cessent d’inonder la presse vidéoludique. Résultat : la surprise est totale. Jamais il ne se repose sur ses acquis et fait tout pour renouveler l’expérience du joueur, et ce, même lorsqu’il nous incite à relancer la partie une fois le premier ending obtenu.
Verdict : 9/10
Le plus dur aura finalement été d’en dire le moins possible, afin de maintenir la surprise intacte, tout en vous expliquant ce qui fait du titre de Square Enix un grand jeu. NieR: Automata résume à la perfection ce pourquoi l’on aime le jeu vidéo, il condense tout ce que l’on apprécie dans ce média parfois décrié. Ambitieux, sans tomber dans la surenchère, il s’impose ainsi comme un sérieux prétendant au titre de jeu de l’année et offre une superbe leçon de jeu vidéo, tant dans le game design et dans la bande-son que dans sa direction artistique. Si la démo de NieR: Automata vous a convaincu, il ne fait aucun doute que le jeu vous subjuguera et vous laissera comme un petit goût de revenez-y dès lors que votre console sera éteinte. Gageons que la sortie de titres médiatisés en grande pompe, tels que Horizon Zero Dawn ou encore The Legend of Zelda: Breath of the Wild, ne lui feront pas trop d’ombre. Car notre outsider possède largement les qualités pour jouer à armes égales avec ces deux jeux, si ce n’est plus. Un vrai chef d’œuvre.
YellowBloom
6 mars 2017 at 17 h 58 minEt bien, des grosses Notes pour le moment dans le JV.. espérons que cela Continue! =)
walmouss
6 mars 2017 at 18 h 14 minC’est surtout mérité !